Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 17 Septembre 2025
Quelques jours après le mémorable neuvième et dernier tome de Blue Giant Explorer, les éditions Glénat nous font le plaisir de ne pas traîner pour lancer en France la quatrième partie de la saga de jazz de Shinichi Ishizuka et de son co-scénariste Number 8: Blue Giant Momentum, qui suit son cours au Japon depuis le mois de juillet 2023, toujours au sein des pages du magazine Big Comic des éditions Shôgakukan.
Comme prévu, après avoir parcouru les Etats-Unis d'Ouest en Est, Dai, toujours accompagné de ses trois compagnons, laisse derrière lui Boston et Sawabe pour enfin poser ses bagages dans la gigantesque cité de New York. Lieu de tous les possibles dans l'esprit de notre héros, la mégalopole semble pouvoir laisser sa chance à tout le monde, et anéantir tout aussi vite cette chance. Car comme le dit Zod, les gens affluent ici depuis le monde entier pour tenter leur chance aussi bien dans le milieu de la musique que dans d'autres milieux, et la majorité d'entre eux repartent sans avoir réussi.
On comprend donc d'emblée qu'être enfin arrivés à New York, c'est bien beau, mais que tout reste à faire pour les quatre hommes dans cette ville... à commencer par les premières choses essentielles: trouver un moyen d'assurer ses finances en dénichant des petits boulots, se dégotter un logement avec toutes les difficultés que ça peut impliquer quand on n'a pas de garant et de revenu fixe, évidemment dénicher des lieux acceptant de laisser jouer un groupe qui reste encore peu connu... Ajoutons à cela la découverte de certains recoins de New York et de ses alentours par Dai afin de déjà renforcer vite et bien l'immersion à ses côtés dans cette immense ville, et on peut dire que les auteurs assurent bien, doucement mais sûrement, toute la mise en place de cette nouvelle étape... avant de visiblement attaquer les choses sérieuses dans la dernière partie du volume, avec un concert donnant rapidement le ton.
Car au fil de ce concert, dans un lieu où tout le monde n'est pas là pour écouter de la musique (qui plus est de la musique jazz) et où chacun vaque à ses occupations (simplement discuter, jouer à différents jeux, etc), au travers d'un cadre très hétéroclite, Ishizuka et Number 8 nous font facilement ressentir le fait que Dai et les siens devront plus que jamais batailler pour s'imposer, pour percer, pour attirer l'attention. Et dans cette optique,notre héros reste toujours aussi séduisant dans sa démarche, car même face à un public qui ne les écoute pas vraiment et qui peut même devenir hostile, il reste malgré tout fidèle à lui-même, donnant tout avec passion dans son saxophone, restant constamment bien décidé à susciter l'attention et l'intérêt de ne serait-ce qu'une petite poignée de personnes, et sachant estimer la valeur de ces personnes-là. Reste alors à voir, face à ça, comment ses trois compagnons géreront ça de leur côté, eux qui tâchent d'affirmer aussi leur foi en le quatuor qu'ils forment ensemble.
La mission est donc soigneusement accomplie par les deux auteurs au fil de ce premier volume qui met très bien en place les spécificités et les enjeux de cette importante étape new-yorkaise. Et l'édition française, bien sûr, reste dans la droite lignée des parties précédentes de la saga, avec une jaquette proche de l'originale japonaise, un papier certes fin mais restant suffisamment opaque, une satisfaisante qualité d'impression effectuée en France chez Dupliprint, un lettrage d'Anne Demars soigné (notamment en respectant bien les si importantes onomatopées des moments musicaux), et une traduction toujours aussi emballante de la part d'Anne-Sophie Thévenon.