Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 29 Octobre 2024
L'heure est bientôt venue pour Dai de dire au revoir à Jason, mais avant ça le skateur baroudeur avait une dernière surprise à lui faire: un détour par le Mexique où notre héros a rencontré Antonio, un pianiste de jazz avec qui les rapports deviennent vite houleux: Dai et Antonio ont effectivement le sentiment de ne pas pouvoir s'entendre et se clashent un peu, avec la convictions que leur façon respective de jouer est incompatible. Pourtant, Jason suggère à Antonio de faire équipe avec Dai... mais pour quel résultat ? Et ces deux-là accepteront-ils seulement de coopérer ?
Il faudra attendre pour le savoir, car dans un premier temps cette perspective, dernier "cadeau" laissé par Jason à Dai, n'est qu'un point de départ pour amener chez notre héros de nouvelles évolutions intérieures importantes qui vont d'abord se concrétiser à Albuquerque, sa prochaine halte: face au manque d'argent et à l'impossibilité de jouer seul dans l'unique club de jazz de cette ville, notre héros prend une autre voie pour s'en sortir, en particulier en dénichant temporairement un petit boulot de prof particulier de jazz pour quatre élèves d'âges et de caractères bien différents. Bien sûr, la façon dont Dai improvise son parcours, en chopant des petits bulots pou subsister et en dormant dans sa vieille Honda pour économiser, colle toujours aussi bien à l'esprit jazz où l'improvisation compte beaucoup. Qui plus est, cela permet à Shinichi Ishizuka et Number 8 de renouveler un petit peu la recette de cet arc, en place le jeune saxophoniste japonaise face à une situation encore nouvelle pour lui. Mais surtout, à travers les quatre élèves de Dai, les auteurs approfondissent une idée installée précédemment via Antonio: il peut y avoir des façons très différentes d'appréhender le jazz en tant que musicien. Que ce soit Antonio ou chacun des quatre élèves, chacun a sa manière de vouloir faire du jazz, a ses aspirations, a ses ambitions plus ou moins marquées, a son rythme d'apprentissage... Et même si tous ne sont pas incompatibles, il ne fait aucun doute que chacun a à apprendre des autres pour élargir de plus belle son propre univers jazzy, et c'est exactement ce que Dai tâche de faire, jusqu'à nous laisser sur une perspective très prometteuse en vue de prochain volume.
A part ça, l'oeuvre ne s'arrête pas tout à fait à ça, car le voyage de Dai vers Albuquerque, à nouveau en solo, est lui aussi très intéressant. Ici, notre héros repense à tous ceux qu'il a laissés derrière lui pour vivre son rêve certes égoïste mais n'appartenant qu'à lui et animant sa vie. Là, sa traversée d'une partie désertique des USA lui fait vivre nombre de nouvelles petites expériences naturellement enrichissantes: la chaleur de jour, les nuits froides dans sa voiture, les animaux sauvages, les sites comme Monument Valley lui inspirant même de nouvelles réflexions, des rencontres succinctes et en même temps riches de sens (notamment avec les bikers lorsqu'il joue sur le rocher)... Chaque petite étape enrichit Dai, ici dans un petit parfum de road trip très stimulant.
Comme le laisse bien cerner le titre de cette troisième partie de la saga Blue Giant, Dai continue alors d'explorer les possibilités s'offrant à lui, et d'avancer dans son ambitieuse quête musicale en enchaînant les nouvelles petites expériences, pour un résultat toujours aussi irrésistible.