Baron Vol.1 - Actualité manga
Baron Vol.1 - Manga

Baron Vol.1 : Critiques

Baron

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 03 Octobre 2018

Critique 2
Auteur jusqu'ici inconnu en France, Noboru Rokuda est pourtant un mangaka qui a un certain nombre d'oeuvres à son actif, au Japon. L'éditeur Black Box, très attaché à sa politique des coups de cœur, corrige cette injustice en éditant deux premiers titres de l'artiste : Billy the Kid 21, et Baron. Si le premier titre est une adaptation libre de la vie de l'un des plus célèbres brigands du far-west, Baron est une œuvre totalement originale, une série à suspense en 8 volumes qui fut initialement publiée entre 1991 et 1993 aux éditions Shôgakukan. Deux séries très différentes donc, mais parfait pour témoigner justement de la carrière de l'auteur.
A cause de sa taille titanesque et sa force imposante, Namirô Itsuki est surnommé « Baron » par son entourage. Témoin des soucis de couple de sa mère, qui ne veut pourtant pas divorcer pour ne pas déstabiliser l'équilibre de son rejeton, Baron demande en mariage sa petite-amie, Yôko, et se montre déjà prêt à avoir des enfants avec elle. Un quotidien plein de drame qui dépassera les frontières du réel suite à une succession d'événements : tandis que Yôko commence à avoir des visions et faire des rêves étranges, un tas d'événements paranormaux ont lieu autour de Baron. Les phénomènes s'étendent jusqu'en Australie, là où travaille le frère de Yôko comme reporter et photographe... Serait-ce le présage de catastrophe inéluctable, ou d'une présence extra-terrestre ?
Œuvre à suspense en huit tomes, Baron semble faire partie de ces titres au scénario riche, et dont il est difficile d'estimer toute la teneur avant d'en découvrir la fin. La série phare de Noboru Rokuda démarre en effet sur les chapeaux de roue avec ce premier volume, introduction dense à la série qui nous fait passer d'un drame familial teinté d'absurdité à une véritable enquête surnaturelle où il sera question d'OVNI, de disparition, et peut-être même de fin du monde. Pourtant, difficile de prévoir une telle tournure sur les premières pages du récit qui mettent largement l'accent sur la force herculéenne de Baron, de son contexte familial particulier, et de la passion à la fois naïve et touchante qu'éprouve le héros envers sa petite-amie, Yôko. C'est notamment par la représentation graphique du personnage, colosse en apparence, mais gros nounours au fond, que celui-ci est rendu attachant, et ne permet pas d'envisager une suite aussi sérieuse et riche en promesses.
Car la contextualisation concernant Baron n'est qu'une mise en bouche, la suite multipliant les voyages, péripéties et points de vue pour introduire tout le cadre surnaturel de la série. Progressivement, Noboru Rokuda introduit de nombreuses pistes et laisse planer la menace d'un ennemi invisible. Danger mystique, références volontaires à des extra-terrestres... L'auteur semble nous en dire volontairement trop et pas assez à la fois, de manière presque décousue et en introduisant de nombreux personnages, pour rendre le scénario abstrait tout en donnant l’impression de savoir où il va. Le mangaka joue assez bien avec l'idée qu'on se fait de la menace invisible, associée ici à la théorie du complot. Petit à petit, Baron découvrira que celle menace ne sort pas de nulle part, et que de nombreux individus sont concernés par ce qui se passe autour de lui.
Le seul bémol de cette introduction vient alors de son rythme, parfois inégal. Certains chapitres sont particulièrement intenses, amenant de grands rebondissements, là où d'autres semblent avoir plus de mal à introduire de nouvelles informations. A la décharge de l'auteur, son récit semble si dense qu'il paraissait délicat d'associer le développement de tant de données à un rythme effréné tout le long. Aussi, Baron est peut-être le genre de titre qui se déguste sur la durée, et dont les premiers tomes prendront une toute autre dimension une fois que le lecteur aura toutes les informations en tête.
Autre point fort du titre : le style séduisant de Noboru Rokuda. Un peu daté, le coup de crayon du mangaka réussit dans son rendu des personnages, toujours très vivants. Ne lésinant pas sur la profondeur de ses planches, il nourrit aussi quelques mises en scène intéressantes, inquiétantes quand il faut dépeindre quelques métaphores surnaturelles, et toujours fouillées en ce qui concerne les arrières-plans. Là aussi, il est intéressant de découvrir Baron en même temps que Billy the Kid 21, les deux titres attestant deux pattes différentes de l'auteur.
L'édition de Black Box, elle, est de belle facture : une édition toujours sans jaquette, mais au papier cartonné brillant, quelques pages couleur qui nous immergent d'entrée de jeu dans cette histoire surnaturelle, et une traduction vivante signée Mélissa Millithaler et Corentin Le Corre.
Intrigant, visuellement intéressant et porté par un protagoniste aussi sauvage qu'attendrissant, Baron nous offre une bonne entrée en matière, donnant sans grand mal l'envie de connaître la suite de cette histoire ambitieuse. La série durant 8 tomes, on s'attend alors à un titre globalement riche en rebondissements, et peut-être encore plus dense qu'il n'y paraît.


Critique 1

Jusqu'à présent inédit en France, Noboru Rokuda est pourtant un mangaka dont la carrière dure depuis près d'une trentaine d'années. Ayant démarré sa carrière en 1979, cet ancien assistant de Naoki Urasawa a, depuis, signé plus d'une trentaine de séries, dans des registres pouvant être très différents : sport, comédie, drame, historique, romance, science-fiction, western... Alexandre Régreny, directeur éditorial des éditions Black Box, avoue qu'il rêvait depuis longtemps de pouvoir éditer et lire en français cet auteur à la carrière bien riche et éclectique, et c'est désormais chose faite avec, pour commencer, deux oeuvres de style et d'époque différents: d'un côté le western Billy the Kid 21 qui date des années 200, et de l'autre la série qui nous intéresse aujourd'hui: Baron un thriller d'aventure et de science-fiction en 8 tomes, qui fut initialement publié de 1991 à 1993 aux éditions Shôgakukan. Croyant en ce nouvel auteur-phare de son catalogue, l'éditeur a, par ailleurs, d'ores et déjà prévu de publier 4 autres mangas de lui en 2019.
Baron nous plonge aux côtés de Namirô Itsuki, un lycéen surnommé "Baron" à cause de sa silhouette colossale (il mesure plus de 2m), de sa force herculéenne, et de sa tendance à frapper avant de réfléchir. Dès le départ, on comprend bien que cet adolescent n'est pas très malin et que parfois son allure et son côté instinctif le desservent, mais on cerne également très vite un coeur franc et sincère: il n'est pas du tout dans le calcul, et aime très sincèrement et profondément sa petite amie Yôko Shiina, une élève aussi belle que sérieuse, qu'il demande même assez naïvement en mariage alors qu'ils ne sont encore qu'au lycée ! Une fois les premiers a priori passés, on s'attache assez facilement à ce personnage principal assez fort et courageux... Et du courage, il lui en faudra, au vu des épreuves incroyables qui l'attendent !
En effet, son quotidien jusque-là assez banal, ponctué par ses petits problèmes de famille ou de coeur, va commencer à être chamboulé lorsque Yôko lui avoue faire depuis peu des rêves très étranges, puis aperçoit dans le ciel ce qui ressemble à un OVNI. Pendant ce temps, en Australie, sur les auteurs d'Ayers Rock, Kôhei, le grand frère photographe de Yôko, disparaît mystérieusement... En se rendant avec Yôko jusqu'en Australie, Baron ne sait alors pas que ces premiers événements de mauvais augure ne sont qu'un début...
Le moins que l'on puisse dire est que Rokuda installe très bien, rapidement, une atmosphère où plane d'emblée une atmosphère de danger insondable, comme si une menace sourde planait. L'auteur sait évoquer quand il faut, à quelques reprises, les premiers signes inquiétants, comme les rêves de Yôko, la disparition de Kôhei, l'apparition d'une soucoupe volante... tout en installant bien ses principaux personnages. Très bien huilé, avant que tout ne commence à se précipiter en Australie. A partir de là, on va éviter d'en dire trop, mais on peut dire que Baron devra conserver toute sa détermination et sa droiture s'il veut espérer comprendre ce qui se passe et, surtout, sauver Yôko, visiblement déjà promise à un sort terrible.
L'aura de mystère et d'inquiétude est omniprésente, celle de danger s'accentue petit à petit. Et au-delà des premiers éléments de SF comme l'OVNI et la disparition, Rokuda distille aussi, petit à petit, bien d'autres énigmes prometteuses: les agissements dans l'ombre de certaines personnes qui semblent en savoir long, le rôle de Yôko, celui du mystérieux père de Namirô... ou, tout simplement, le statut de Namirô lui-même. Dans l'aventure qui commence, notre héros pourra évidemment compter sur des alliés : sa mère, un jeune passionné d'OVNI... Mais il lui faudra aussi se méfier de bien des figures plus ambigües: un membre du ministère de la défense intrigant, un énigmatique "homme en noir" qui ferait taire quiconque veut trop en dire sur les OVNI... Qui plus est, en prenant appui sur Ayers Rock ou sur des éléments "réels" comme des photos d'OVNI, l'auteur ancre bien son récit dans notre monde, en le rendant alors encore plus immersif.
En somme, il y a vraiment du matos pour offrir un divertissement tenant la route sur 8 volumes, et côté dessins ça suit plutôt bien. La série ayant été créée dans les années 1990, Rokuda y propose un style un peu old-school assez propre à cette période. Ses personnages sont tous bien expressifs, assez matures dans leur dégaine, et dotés de petites particularités physiques qui les rendent aisément identifiables. Certains ont d'ailleurs des petits airs de ce qu'Urasawa pouvait faire à ses débuts, sur Pineapple Army par exemple. Les décors sont plutôt très présents, assez riches quand il le faut, et participent bien à l'immersion. Le découpage des cases est généralement assez académique, mais le dessinateur sait régulièrement bien les utiliser en proposant quelques angles de vue intéressants.
C'est donc un début très prometteur que s'offre cette série qui a tout pour gagner en intensité par la suite. Pas mal de points de mystère, des personnages assez intrigants, un parfum de danger bien présent... Affaire à suivre !
Concernant l'édition, on retrouve ici l'habituel grand format de Black Box, avec rabats, mais sans jaquette amovible, et avec une illustration de couverture inédite assez sobre. Bien blanc, souple et sans transparence, le papier est agréable à manipuler, d'autant que la reliure est tout aussi souple. L'impression est très honnête, et le sous-titrage des onomatopées est bien présent tout en restant assez discret. A la traduction/adaptation, Mélissa Millithaler et Corentin Le Corre livrent quelque chose de très soigné, notamment concernant la façon de parler de Baron, qui colle assez bien à sa personnalité. On appréciera tout autant le travail de relecture soigné, qui permet d'éviter toute coquille (un problème qui était auparavant assez récurrent chez l'éditeur).

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Takato

14 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs