Au début de la fin du monde : Critiques

Sekai no Owari no Hajimari ni

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 15 Mai 2025

Toujours désireuses d'explorer toute la diversité dont est capable le shôjo manga, les éditions Akata viennent d'accueillir dans leur catalogue une nouveau on-shot facilement intrigant: Au début de la fin du monde, une histoire qui se déroule en pleine épidémie zombie. Prépubliée au Japon pendant l'année 2014 sous le titre "Sekai no Owari no Hajimari ni" (dont le titre française est une traduction littérale) dans le magazine Lala DX des éditions Hakusensha, cette oeuvre est la toute première publication française de Kei Tanaka, une autrice active dans son pays d'origine depuis la fin des années 2000.

Tout commence le plus simplement du monde dans cette histoire se déroulant sur l'île de Hokkaidô. Dans la ville de Sapporo, la lycéenne Maiko a la chance de vivre l'idylle parfaite avec Mitsuo, son voisin et ami d'enfance devenu désormais son petit ami. Ces deux-là ont toujours été ensemble, s'aiment profondément, n'envisagent pas la vie l'un(e) sans l'autre, s'amusent même déjà à penser à leur avenir commun quand ils seront adultes... soit un climat d'insouciance qui ne leur fait pas prendre tout de suite conscience des inquiétantes informations circulant depuis quelque temps: suite à l'irruption d'un singe infecté par un virus inconnu et agressif, une étrange maladie se répand petit à petit, jusqu'à prendre des proportions toujours plus grandes car elle se transmet très facilement. Appelée "syndrome du mort-vivant", la maladie possède tous les symptômes d'une apocalypse zombie, transformant quiconque est mordu ou égratigné en mort-vivant uniquement mû par la volonté de s'en prendre aux vivants... Dans un tel monde, l'espoir est-il encore permis ?

Dans un rendu visuel assez standard mais où elle n'épargne personne (pas même les enfants) et où elle joue quand même sur quelques effusions de sang, Kei Tanaka propose un récit choral qui, au fil des chapitres, sera loin de se limiter aux personnages principaux de départ. Ici, Maiko et Mitsuo, pris dans cette apocalypse dont on ne sait encore rien, tâchent de se soutenir et de survivre face aux dangers mais aussi au sentiment d'isolement voire d'abandon puisque Hokkaidô connaît rapidement un blocus total. Là, un jeune garçon asocial et laissé en plan par ses propres parents va devoir composer, bien malgré lui, avec Ryôhei, un gamin de 5 ans qui voit en lui un super-héros. Puis Nagisa, Arashi et Kazuma, trois collégiens attristés de ne pas avoir pu chanter et jouer de la musique pour la fête de leur école, décident de donner un mini-concert dans le centre où ils se trouvent pour tenter de donner du baume au coeur aux survivants. Et ainsi, de fil en aiguille, la mangaka parvient à esquisser rapidement mais avec suffisamment de force divers sujets comme la perte d'êtres chers, le deuil qui va avec, le désespoir... et, surtout, des idées plus positives comme le besoin de se soutenir, la possibiltié de révéler son humanité dans un tel contexte d'entraide, le besoin de se reconstruire, ou l'envie de vivre à fond malgré tout, tout en sachant que tout pourrait s'arrêter demain.

C'est sûrement cet aspect humain qui touche le plus au fil de cette courte lecture, et pour ça l'autrice joue assez bien son coup en faisant s'entrecroiser et se réunir les destins de ses différents personnages, et en nous invitant à voir leur évolution sur des jours, puis des mois, puis des années, en rendant alors l'aspect choral de son manga assez impactant. Toutefois, avouons-le: il ne faut s'attendre à absolument aucune surprise dans ce récit, dès le premier chapitre qui va de cliché en cliché, et jusqu'à l'issue prévisible quand on est un minimum habitué à ce genre d'oeuvre. De même, au vu du format, les choses vont généralement vite, même si l'autrice sait soigneusement aller à l'essentiel.

Mais qu'on se le dise, cette absence de réelle surprise et cette rapidité ne gâchent pas vraiment la lecture. Bien qu'assez simple et classique quand on connaît assez de récits de zombies, Au début de la fin du monde est une proposition intéressante, qui doit beaucoup au désir de Kei Tanaka de s'intéresser aux humains survivants et à leurs évolutions souvent porteuses d'espoir dans un tel contexte apocalyptique.

Enfin, au niveau de l'édition française, on a droit à la bonne qualité habituelle des petits formats shôjo/shônen d'Akata: le papier est souple et assez opaque, l'impression est convaincante, la traduction de Jocelin Meunier est claire, le lettrage de Raf. est propre, est la couverture conçue par Tom "spAde" Bertrand reste proche de l'originale japonaise tout en se parant d'un logo-titre fort bien pensé.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.75 20
Note de la rédaction