Astra - Lost in Space Vol.3 : Critiques

Critique 2

Les neufs jeunes rescapés de l'équipage B5, après avoir échappé au pire sur la planète Shummoor, poursuivent leur périlleux voyage à travers l'espace jusqu'à atteindre leur étape suivante : Arispade, une planète qui apparaît bien plus accueillante que les deux précédentes : eau turquoise à perte de vue, plages magnifiques, nourriture assez abondante... C'est l'occasion pour le petit groupe de prendre un petit peu de repos, y compris en se faisant un peu dorer la pilule ! Et Kenta Shinohara a beau y livrer quelques brèves scènes un peu fan-service autour d'Aries, Quitterie et Yunhua, il en profite surtout très bien pour distiller quelques petites choses un peu plus légères autour de certains visages, notamment Aries et ses sentiments. Voila qui arrive à point nommé après les événements assez dangereux qui on précédé et qui ont au moins eu le mérite de consolider un peu plus le groupe et d'en dévoiler plus sur certain(e)s. Mais dans l'espace encore plus que sur Terre, le calme ne peut pas durer bien longtemps, et de nouvelles tempêtes se préparent...

Jusqu'à présent, Kenta Shinohara a très bien su mener son récit autour de différents axes : la lutte pour la survie de nos héros, la cohésion du groupe, la découverte de planètes souvent étonnantes, et des interrogations plus inquiétantes autour de la présence d'un mystérieux saboteur dans l'équipe et de la manière dont nos héros ont bien pu se retrouver ainsi perdus dans l'espace en ne pouvant compter que sur eux-même. Avec ce troisième volume, le mangaka ne change pas foncièrement sa recette : on découvre une nouvelle planète plus dangereuse que prévu et dont la « vie est bien pensée (pourquoi il semble y avoir peu d'animaux terrestres, etc...), on continue de voir l'entente du groupe testée et de découvrir plus en détails certains personnages... mais assurément, l'auteur commence à aller plus loin !

Ainsi la halte sur la planète Arispade va-t-elle mettre plus en avant deux personnages en particulier : Ulgar, assurément l'adolescent le plus mystérieux, solitaire et taciturne de la bande depuis le début, et Luca, qui pourrait bien cacher des secrets plus complexes que prévu derrière son côté assez jovial. Dès lors qu'Ulgar, en s'ouvrant un peu plus à Luca, en apprend un peu plus sur ce dernier, la situation vire au cauchemar, et le brun solitaire se retrouve à braquer une arme à feu sur le blondinet, visiblement décidé à l'éliminer ! Pour quelle raison ? Quel lien étrange les unit ?

Dans d'autres séries, cet événement aurait pu faire office de simple rebondissement, mais ici l'auteur va plus loin, car cet événement permet surtout de développer de manière assez inattendue le background des deux personnages, tout en entretenant la tension autour de la possible présence d'un saboteur. A partir de cette tension palpable, l'heure est venue pour Ulgar et Luca de dévoiler leurs plus difficiles problèmes, leurs tourments intérieurs, et le mangaka brille sur plus d'un point. Il y a bien sûr sa narration, toujours aussi impeccable depuis le début de la série, tant tout semble couler de sources, ais il y a aussi la façon habile avec laquelle le mangaka parvient à surfer sur certains sujets plus que jamais d'actualité, notamment les personnes LGBT+ et leur acceptation. Surtout, il y a des enjeux qui s'intensifient clairement autour d'un thème en particulier, un thème qui semble réunir tous les personnages : des situations familiales complexes voire problématiques, des relations parents enfants qui sont délicates ou qui ne sont pas forcément ce qu'elles semblent être, une chose qui continue d'être très bien distillée par la suite à travers le développement d'un autre personnage, Charce, qui a droit lui aussi à un très bon développement, expliquant bien là aussi son background autant que sa façon d'être, même s'il ne semble pas vraiment y avoir de surprise concernant ce qu'il est advenu de la dénommée Seira (il suffit d'observer son nom pour avoir une idée... mais peut-être est-ce une fausse piste!). Dès lors, comme le pense de plus en plus Kanata, y aurait-il un point commun qui lierait tous les membres de l'équipage, et qui pourrait expliquer qu'ils aient été réunis et envoyés en perdition dans l'espace ? Serait-ce lié à leurs familles ? Si oui, pourquoi ? Autant de questions qui se posent encore plus au vu du début du tome, qui s'intéresse justement un peu plus aux parents et où certaines réactions sont louches, mais aussi au vu des toutes dernières pages qui amènent un nouveau bouleversement on ne peut plus intrigant !

Après deux très bons premiers tomes, c'est avec ce troisième volume que l'intrigue d'Astra - Lost in space semble commencer à réellement montrer toute son étendue, ce qui pourrait mieux expliquer sa victoire aux Manga Taishô Awards en début d'année si cela continue dans cette excellente lancée. Tout en poursuivant sa bonne recette autour de la découverte de planètes et du background des personnages, Kenta Shinohara accentue les enjeux en nous laissant sur de très fortes attentes !

Critique 1

Voilà plus de quarante jours que les 9 élèves du lycée Caird ont disparu. Les parents des concernés, dont beaucoup sont des figures politiques et influentes, veulent considérer les recherches terminées. Seule la mère d'Aries se montre déchirée, et déterminée à poursuivre l'affaire jusqu'au bout, dans l'espoir de voir rentrer les élèves à la maison un jour...
Au même moment, les concernés profitent d'un repos mérité sur la planète Arispade, oubliant ses déboires à travers l'espace. Un moment de quiétude au cours duquel beaucoup vont pousser Aries à faire le premier pas vers Kanata, ayant bien compris les sentiments de la demoiselle. Pourtant, cette paix sera temporaire, et des disputes internes vont apporter un peu de tension au sein du groupe...

Le troisième tome d'Astra – Lost in Space s'ouvre de manière détonante : Pour la première fois, nous voyons le point de vue des parents des disparus, un passage aussi consternant qu'intrigant, durant lequel on est tentés de douter de bien des personnages... Alors, le petit moment de quiétude en bord de mer du côté des disparus tranche totalement avec cette situation, un bon moyen pour Kenta Shinohara d'adopter l'expression « calme avant la tempête ».

Car toute la suite du tome ne sera que frictions entre quelques personnages, explications de quelques concernés, et rebondissements amenant à une situation finale qui aura de quoi faire bondir ceux qui n'ont pas la suite à portée de main, notamment au moment de la parution tome par tome. Les précédents volumes d'Astra s'étant penché sur le background de quelques personnages, cette suite se concentre logiquement sur les suivants. C'est ici le cas de Luca, Ulgar et Charce qui nous dévoilent leurs secrets, un excellent moyen pour Kenta Shinohara de fouiller son univers, apporter une nouvelle progression au sein du groupe, ainsi que des moments forts pour tout ce beau monde.

On ne s'était pas trompé en remarquant que la thématique de l'émancipation des personnages vis à vis de leurs parents a du sens, ce troisième tome confirmant ce fait. Les intrigues des personnages et de leurs rapports parentaux se révèlent ici encore plus fort, amenant une situation qui aura de quoi créer des sueurs froides au lecteurs, créant une belle tension vers le début du tome mais aussi un rythme qui n'a jamais été aussi efficace jusqu'à présent. On pourrait se dire que cette réunion d'enfants rejetés est un bien beau hasard du scénario, mais l'auteur nous fait bien ressentir que rien n'est lié au hasard... Il ne fait nuls doutes qu'une intrigue plus sérieuse reliera tout ça, et c'est justement ce qui nous fait, parfois, redouter le tournant de chaque page.

Néanmoins, au delà de tout ce scénario et des situations dramatiques des neuf égarés, c'est bien la dynamique qu'est parvenu à créer Shinohara au sein du groupe qui nous happe. L'expérience d'écriture de l'auteur sur Sket Dance se ressent, on retrouve ainsi le même plaisir à suivre des interactions entre personnages qui ont évolué et appris à se connaître, sur fond d'une bonne humeur qui se savoure après quelques passages plus tendus. Tout ce cocktail aboutit à un troisième tome prenant et excellent dans ce qu'il entreprend, Astra – Lost in Space restant une lecture particulièrement efficace et riche en émotions. Il ne reste maintenant que deux tomes à la série, difficile alors de ne pas être impatient de voir ce que le mangaka nous réserve pour ces derniers opus, surtout après la conclusion de ce troisième volet.