Assaisonnement du bonheur (l') - édition spéciale FIBD - Actualité manga
Assaisonnement du bonheur (l') - édition spéciale FIBD - Manga

Assaisonnement du bonheur (l') - édition spéciale FIBD : Critiques

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 01 Février 2024

Après quelques années d'absence, les éditions Kotoji vont faire leur grand retour en cette année 2024, en prenant désormais strictement le nom d'Asian District ! Et la première étape de ce retour a eu lieu il y a quelques jours, à l'occasion du Festival International de la Bande Dessinée d'Angoulême, où l'éditeur tenait un stand sur lequel on pouvait trouver en avant-première trois nouveautés prévues en librairies un peu plus tard dans l'année (visiblement début avril): le volume 9 de l'excellente série d'arts martiaux Blood & Steel, le tome 1 de Libra Zero, et le one-shot qui nous intéresse dans cette chronique, à savoir L'assaisonnement du bonheur. Pour cette sortie en avant-première, l'ouvrage d'environ 160 pages se pare même d'une jaquette exclusive conçue par l'auteur pour l'occasion et étant aux couleurs du FIBD.

Ce recueil datant de 2011 nous permet de lire pour la première fois en France le travail de Ruan Guang-min, un auteur taïwanais qui est diplômé en design publicitaire et en architecture d’intérieur et qui a été assistant dessinateur pendant plusieurs années, avant de se lancer lui-même dans la deuxième moitié des années 1990. Depuis, il a signé plusieurs oeuvres, notamment en 1997 "A Civilian-turned-President Abian", en 2002 "Fame" qui a connu une adaptation en dessin animé à la télévision taïwanaise, en 2006 "It’s My Way" qu’il a dédiée à sa fille aînée, et en 2009 "The Spring at the Emergency Room" ainsi que "Donghuachun Barbershop" qui lui a permis de remporter le premier prix du GIO.

Comme dit plus haut, L'assaisonnement du bonheur est un recueil qui regroupe sept histoires courtes, dont les six premières ont pour point commun d'avoir toutes un rapport avec la cuisine, tandis que la dernière, qui occupe les 50 dernières pages, se centre sur un docteur dans la campagne chinoise qui, derrière son attachement à soigner les habitants, semble cacher des regrets passés. Ici, l'auteur nous invite à suivre des personnages aussi divers que variés: un propriétaire d'épicerie qui a tout fait pour entretenir sa précieuse boutique jusqu'à la fin, un patron de restaurant regrettant le manque d'intérêt de son fils pour l'entreprise familiale, une personne faisant le bonheur de ses clients avec sa sauce soja unique, un vendeur de galettes intimidant qui s'est rangé après avoir été un malfrat, une serveuse étrangère qui attire depuis longtemps l'un de ses fidèles clients...

Si les situations apparaissent généralement très anodines et proposent des personnages principaux assez simples et réalistes, comme si l'on pouvait croiser ces gens à n'importe quel coin de rue, c'est pour que l'auteur y aborde encore mieux ce qui l'intéresse: les humains qu'il peut y avoir derrière ces silhouettes. Des humains ayant leurs bonté, bons côtés, leur regrets, leurs erreurs... et dégageant tous, précisément, quelque chose de très juste dans les brèves descriptions que Ruan Guang-min parvient à en faire à travers ses textes bien ciselés et jamais trop bavard, un peu comme le ferait un certain Jiro Taniguchi. Alors que chacun de ces récits, hormis le dernier qui est vraiment à part, apparaît bref voire parfois trop bref, il se dégage toujours de belles nuances chez ces différents visage que, le temps de quelque page, on apprend à découvrir jusqu'à avoir l'impression de les connaître depuis longtemps.

A cette jolie impression générale s'ajoutent non seulement de chouettes petites métaphores culinaires et des douces mises en valeur des aliments, de la cuisine et du goût en tant que liant entre les gens et en tant que rehausseur de saveur dans la vie, mais aussi un rendu visuel bien adapté, avec des designs réalistes, des découpages et cadrages assez posés, et des décors tirés de photos qui font suffisamment bien le job.

A l'arrivée, on a droit ici à des tranches de vie ne manquant pas de qualités ni d'humanité, l'auteur démontrant un certain talent pour saisir ses personnages et les instants qu'il dépeint. Si vous êtes client de tranches de vie humaines façon Jiro Taniguchi (pour ne citer qu'un seul représentant de ce genre), L'assaisonnement du bonheur devrait avoir de quoi vous séduire.

Côté édition, en plus de la jaquette exclusive déjà évoquée, on a droit à un grand format appréciable qui s'ouvre sur pas moins de 32 premières pages en couleurs sur papier glacé ! A part ça, on saluera la très honnête qualité de papier et d'impression, la traduction assez claire de la part de Sarah Grassart, et le lettrage assez propre effectué par Pierre Sery (le patron d'Asian District en personne).


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.5 20
Note de la rédaction