Ashita no Joe Vol.7 : Critiques

On le croyait fini, mais il est bel et bien de retour : après sa longue période de spleen, Joe revient sur le ring plus en forme que jamais et commence déjà à enchainer les victoires ! Afin de freiner son ascension, le voilà directement opposé à Tiger Ozaki, champion en titre des poids coqs ! Hélas, toujours victime des conséquences de son match face à Rikiishi, Joe n'ose plus porter de coups violents à la tête de ses adversaires. Ozaki saura-t-il exploiter cette faiblesse ?

Dans ce septième volume, nous découvrons une nouvelle facette de la psychologie de Joe, qui a grandement évolué depuis le décès de son plus grand rival. Alors qu'on le pensait tout à fait rétabli de son deuil, ce n'était là qu'une bonne forme de façade cachant un traumatisme enfoui dans son subconscient : le "fantôme de Rikiishi", comme le décrit si bien Danpei Tange. Si Joe affirme pouvoir encore frapper ses adversaires au visage, très vite son physique ne suivra plus, jusqu'à en devenir inquiétant. Serait-il, comme Rikiishi, à son tour vers une pente autodestructrice, ne voyant plus que la boxe comme seule raison de vivre, et de mourir ? Qu'il semble loin, le gamin des doyas ! Personnage d'une complexité incroyable, Joe rentre au panthéon des plus grands personnages maudits de la littérature, ayant dépassé depuis longtemps le simple rôle de héros courageux et sur de lui. Aujourd'hui encore, peu de premiers rôles lui arrivent à la cheville.

Considéré comme un lutteur déchu, Joe voudra continuer le combat contre lui-même envers et contre tous, quitte à suivre des chemins bien moins glorieux. Sa descente aux enfers de Joe l'emmènera vers le monde des matchs d'exhibitions, où d'anciennes gloires déchues s'affrontent dans des combats souvent truqués. Mais c'est une autre porte bien plus intéressante qui s'ouvre au sein de ce tome : la voie internationale, représentée par les personnages de Carlos Rivera, boxeur vénézuélien et sixième mondial chez les poids coqs, et son manager, Harry Robert, dont la réputation a déjà dépassé les frontières. Tous deux sont les invités de Yoko Shiraki, très à l'honneur dans ce passage par son intelligence et son brin de malice... Voilà de quoi assurer le spectacle, même lorsque Joe n'est plus au premier plan ! Il naitra néanmoins chez le lecteur une certaine frustration de ne pas voir Carlos développer tout son talent, passant d'avantage de temps à se ménager ou a courtiser les jeunes demoiselles nippones. On se contentera alors d'espérer un duel fatidique entre les deux protagonistes... preuve que les lendemains sont toujours prometteurs !

Joe l'insaisissable continue de nous fasciner par sa volonté, ses travers et ses tourments internes mis en exergue dans ce nouvel opus. Si le héros tombe de haut, ce n'est sans doute que pour mieux rebondir, tandis que se mettent en place, doucement mais surement, les éléments qui forgeront un jour sa légende...

Tianjun