Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 27 Février 2025
Chronique 2 :
Alors qu'il était indécis jusqu'à sa 60e minute, le match le plus important de la saison vient de basculer en faveur de l'Esperion, dès lors que Yuma a pu brillamment ouvrir le score, au terme d'une action collective de haute volée dont Ashito a été le maître penseur, le playmaker. Le titre de champion de la Premier League de la coupe Takamado se rapproche donc pour l'équipe tokyoïte, et même s'il suffirait d'une égalisation pour qu'Aomori Seiran repasse devant, l'équipe adverse semble pour l'instant sonné et désorientée. Les minutes qui suivent cette décisive 60e minute semblent alors tourner largement en faveur de l'Esperion, au fil desquelles Ashito, captivant à suivre, continue de prendre conscience de son talent spécifique de playmaker et des leçons que lui ont apportées les conseils de Fukuda ou d'Akutsu: l'essentialité pour lui de connaître parfaitement le style et le comportement sur le terrain de chacun de ses coéquipiers, choses que dans le fond il connaissait déjà à force de les observer depuis des mois. Mieux encore, notre jeune héros, galvanisé, retrouve même la fulgurante sensation inconnue qu'il n'avait pas pu exploiter lors du match contre Funabashi ! Mais c'est souvent quand les choses semblent de mieux en mieux que le contrecoup se fait sentir. Car le coach d'Aomori est aussi rusé qu'expérimenté et, surtout, audacieux, en osant opter pour une nouvelle stratégie à double tranchant et misant énormément sur une chose: la cohésion des joueurs de l'équipe avec celui qui est annoncé depuis le début comme le prodige: Ren Kitano.
Sans trop de surprises, ce match au sommet ne pouvait pas en rester à un bête 1-0 tranquillement géré par l'Esperion, et c'est donc tout le contraire de cette gestion pépère qui attend autant les joueurs que les coachs, les spectateurs et les lecteurs, dans une merveille d'intensité permanente comme sait si souvent nous l'offrir Yûgo Kobayashi. Car le mangaka, loin de se contenter de jouer sur de simples retournements de situations qui viseraient juste à entretenir le suspense jusque dans les dernières minutes, va comme toujours beaucoup plus loin que ça. Bien sûr, la précision des stratégies et des changements tactiques, ainsi que la fluidité des actions sur le terrain, sont toujours là pour nous immerger et nous régaler, mais on retiendra plus encore trois autres choses.
Tout d'abord, la place qui est désormais prise par Ren Kitano en tant que playmaker d'Aomori: jusque-là relativement peu en vue dans la rencontre alors qu'il était d'emblée annoncée comme le prodige de l'équipe, celui-ci se dévoile enfin dans tout son génie, mais aussi dans certaines facettes de son parcours et notamment dans la manière dont il vit, depuis l'enfance, cette étiquette de prodige que tout le monde lui colle. Ensuite, la manière dont Ashito, au fil des minutes et des péripéties de ce match, continue d'évoluer vis-à-vis de son talent de playmaker et de sa vision du jeu: en permanence, on sent que la personnage principal de la série prend conscience de certaines choses pour progresser toujours plus loin, toujours plus vite, jusqu'à concrétiser ce qui est préparé depuis des tomes, depuis cet instant où Fukuda a repositionné notre héros en défense, voire depuis bien plus longtemps encore. Et enfin, il y a touts les développements collectifs, les abords des joueurs gravitant autour de ces deux playmakers d'exception, donnant lieu à de nouveaux approfondissements réussis: on pense ici aux visions du football différentes qu'ont les coachs des deux équipes, mais plus encore à ce qu'Aomori représente pour ses différents joueurs désireux de changer, joueurs qui y gagnent vite et bien en empathie. Cela reste aussi l'une des grandes forces du mangaka: ne jamais faire des équipes adverses de simples adversaires.
A l'heure où il ne reste plus que quelques minutes dans le match à l'issue des dernières pages de ce volume, Yûgo Kobayashi fait donc encore brillamment monter les enjeux, les attentes et l'intensité. Tout est prêt pour le prochain tome, qui conclura enfin cette grandiose rencontre, et qui a d'ores et déjà tout pour être l'un des plus cruciaux de la série.
Chronique 1 :
Après une première moitié de match où le nul régnait, l’ est parvenu à marquer un but grâce à une combinaison des jeunes talents de l’équipe. Après avoir finement observé ses camarades, Ashito a pris conscience du potentiel de chacun et a permis aux siens de marquer une première fois… tel un playmaker ! Plus motivé que jamais, le groupe doit néanmoins redoubler de vigilance, car Aomori Seiran ne compte pas en rester là. Afin de tenter ne serait-ce qu’une égalisation, elle opte pour une tactique vieille de plus de 20 ans, qui gravite autour de son élément clé : Ren Kitano.
Dans cette étape du récit, tout bonnement exceptionnelle, Yûgo Kobayashi nous livre une rencontre au sommet. Le contexte est particulièrement fort puisqu’il rend possible une victoire déterminante pour l’Esperion suite à une période de trouble amorcée par la défaite face à Funabashi. Le sursaut de cette équipe pleine de potentiel est clairement attendu tandis que l’opus précédent s’achevait pas un moment fort et d’autant plus magistral qu’il connecte certains éléments et plusieurs joueurs introduits dès les débuts du manga.
Pourtant, le match contre Aomori Seiran est loin d’être terminé. À vrai dire, il n’est même pas achevé avec ce 26e tome et tirera certainement sa révérence au prochain. Conscient de l’importance de cette rencontre et de tous les éléments scénaristiques qu’il peut développer, Yûgo Kobayashi entretient une adrénaline permanente via une contre-attaque solide de l’adversaire. Fidèle à lui-même, le mangaka n’hésite pas à aborder de nouveaux angles tactiques, mais aussi à mettre en avant Ren Kitano, présenté comme rival de taille pour Ashito, mais que nous n’avons finalement que peu vu à l’œuvre durant le match. Chose rectifiée, donc, ce qui donne naissance à un nouveau mur de taille pour l’Esperion tout en donnant le focus à Aomori, ses joueurs et leur mentalité. L’auteur n’hésite pas à aller à fond dans la psychologie et les intentions de l’équipe adverse, à tel point que le lecteur pourra même se surprendre à les voir aller plus loin. Car si le groupe d’Ashito est celui que l’on soutient de par son caractère protagoniste, le traitement d’Aomori Seiran est suffisamment fort pour s’accaparer une bonne part de notre empathie.
En termes de sursaut, la rencontre est donc particulièrement puissante. Et si l’intensité règne en maîtresse, les derniers chapitres viennent définitivement nous sonner à différents niveaux, que ce soit le désespoir de certains rebondissements ou l'optimisme pour les minutes de rencontre restante. C’est là que Yûgo Kobayashi fait encore plus fort, menant Ashito toujours plus loin en jouant sur son état d’esprit qu’il avait contre Funabashi, moment charnière pour la série. Rarement la rage de vaincre du héros n’avait été si flamboyante tandis que son rôle pensé par Fukuda depuis leur rencontre tend à se concrétiser, et que la niaque du garçon liée à sa rivalité avec Ren monte encore d’un cran. Tout est puissant et enivrant dans ces dernières pages, et jamais Ao Ashi n’aura tant donné l’envie d’avoir la suite sous les mains. Certes, c’est un constat qui revient souvent et une pensée qui nous traverse au moins un tome sur deux, mais la frustration est ici décuplée tant l’intensité du match est exceptionnelle !