Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 04 Juillet 2023
Chronique 2 :
Dans le cadre du tournoi de Premier League, l'Esperion doit jouer contre l'équipe de Tokyo Vans. Mais parce que plusieurs joueurs clés ont été dépêchés pour des matchs internationaux, les trous de l'équipe sont comblés par les premières années, fraîchement promus en équipe A.
Suite à leurs entraînements nocturnes intensifs, Ashito et les siens parviennent à tenir une défense solide. Mais il suffit que l'adversaire passe aux choses sérieuses pour faire déchanter les nouvelles recrues...
Avec le quinzième tome d'Ao Ashi, Yûgo Kobayashi nous offrait un début de rencontre prenant, voué à présenter les efforts collectifs des premières années, persuadé de pouvoir rivaliser avec des équipes de Premier League. Une nouvelle fois, l'auteur joue entre espoir rêveur et cruel retour à la réalité, une ficelle du manga sportif, pour amener le match vers d'autres horizons avec ce seizième volume. Et, disons-le, l'auteur nous offre probablement l'un des plus grands opus de sa série, si ce n'est le plus percutant et le mieux géré, depuis le début de la parution.
Alors que Tokyo Vans parvient à déjouer la défense d'Ashito et les siens, l'espoir d'une victoire de l'Esperion semble s'amenuiser. De son côté, Yôichi Kiriki ne semble pas vouloir honorer la confiance de Kuribayashi a placé en lui, celle de la gestion d'une équipe comptant des rookies en ses rangs. Dès lors, la crainte d'une issue négative du match pour les héros se fait de plus en plus tenace, si bien qu'on imagine difficilement comment la rencontre pourrait tourner en la faveur de l'Esperion, à moins d'un miracle. Narrer une victoire des protagonistes sans excès surréaliste semble vain... jusqu'à ce que le mangaka n'apporte diverses surprises anticipées et menant le match vers une optique sportive nouvelle.
L'une des facultés de Kobayashi, en plus de son traitement sportif réaliste du football, c'est sa superbe gestion des personnages, attachants, et qui ont tous un rôle à jouer. Alliant la tactique aux atouts de chacun de ses joueurs, l'auteur apporte des rebondissements percutants, permettant au match de gagner en rythme, et ce tout en créant un cadre crédible pour nous faire croire aux progrès de ces jeunes joueurs, qui ne font que comprendre de mieux en mieux la réalité d'une rencontre à haut niveau. En somme, Yûgo Kobayashi exploite des pions qu'il a minutieusement posés et développés depuis le début de l'histoire, pour créer une progression logique, qui donne un match intense.
Vient ensuite un autre élément : Kiriki. Le leader actuel de l'équipe, inconnu pour le lecteur avant ce match, a aussi droit aux honneurs du traitement de personnage, dans une optique sportive. Pendant un moment, le mangaka s'amuse à faire traîner un certain suspense quant à la remise en question du personnage, et ses possibles choix vis-à-vis de cette équipe nouvelle, mais en partie inexpérimentée. Les réponses apportées sont autant de moyens de donner encore plus de relief et de suspense à la rencontre qu'une opportunité de développer Kiriki, mais pas seulement. Encore une fois, c'est parce qu'il connaît ses personnages et qu'il sait les faire évoluer dans une dimension footballistique bien établie que Yûgo Kobayashi donne lieu à un match sous haute tension. Allons plus loin encore : il livre ici une rencontre quasiment parfaite dans ses rebondissements et dans les développements, créant une adrénaline qui trouve un aboutissement dans les pages finales de l'ouvrage. La frénésie du jeu est là, derrière des pages plutôt que sur un vrai terrain, de quoi donner envie de hurler pour soutenir l'Esperion.
Alors, peut-être avons-nous sous les yeux ce qui peut se faire de mieux en termes de manga sur le football. Néanmoins, cette pensée nous a déjà traversé l'esprit, et Yûgo Kobayashi est toujours parvenu à nous surprendre par une suite encore plus géniale. L'aventure sportive d'Ashito et les siens continue de nous régaler, aussi on en redemande encore.
Chronique 1 :
Dans l'important match contre Vans où ils sont privés de plusieurs cadres partis en sélection nationale, les joueurs de l'Esperion, et plus particulièrement la peu expérimentée défense, sont longtemps parvenus à contenir les attaques rapides de leurs adversaires, mais il a fallu d'un seul changement tactique du côté de ces derniers pour que nos héros se retrouvent soudainement dépassés, en ne devant leur salut qu'à une succession d'arrêts décisifs du gardien Akiyama. Malgré la coordination exemplaire qu'ils ont montrée, les quatre défenseurs Ashito, Takeshima, Tachibana et Asari rentrent alors au vestiaire dans le doute... Les 15 petites minutes de la mi-temps leur laisseront-elles l'opportunité de réfléchir sur ce qui a déraillé, pour mieux repartir de l'avant ?
Cette mi-temps est évidemment vouée à être un tournant important dans ce match à enjeu, et ces 15 minutes révéleront donc plus d'un intérêt, à commencer par la mise en valeur des jeunes défenseurs: même si leur défense a fini par être mise en échec, ils ne rejettent pas la faute sur les autres et ont chacun conscience qu'ils ont déconné. Il ne leur reste plus qu'à comprendre exactement en quoi. Mais dans tous les cas, ils ne se laissent pas abattre et conservent leur motivation. Dans cette même idée, on appréciera tout autant le fait que les deux récents promus (dont Asari) prennent conscience du niveau de la Premier League et en ressortent transcendés. Mais la détermination ne fait pas tout, loin de là, et nos jeunes héros vont forcément avoir besoin de leur entourage: c'est là qu'interviennent tout d'abord des conseils essentiels d'Akiyama et Kobayakawa qui leur font prendre conscience qu'ils ne sont pas que 4 en défense, et une nouvelle tactique audacieuse de Fukuda qui si elle réussit, pourrait encore changer la vision du football qu'ont Ashito et les autres...
Alors, cette nouvelle stratégie sera-t-elle payante ? On vous laisse évidemment le découvrir, mais une chose est sûre: Yugo Kobayashi montre encore et toujours un talent fou pour décortiquer l'action, proposer du football limpide et précis, et faire évoluer ses joueurs en pleine partie. Le mangaka s'applique à faire ressentir l'aspect technique et tactique: l'intérêt d'une défense compacte, le choix de laisser la possession du ballon pour mieux contrôler les mouvements de l'adversaire... et dans tout ça, on sent bien que chaque joueur, animé par une volonté commune et une détermination sans faille, avance encore. A l'image d'un Ashito qui prend goût à la défense dont il entrevoit toujours plus les possibilités, d'un Ôtomo qui se voit bien mis en valeur dans un rôle spécifique, et dans l'élément-clé que constitue un joueur en particulier, à savoir Kiriki. Trop égoïste, sous-estimant ses coéquipiers, ce dernier saura-t-il enfin prendre conscience de ses erreurs et de sa mauvaise mentalité, voire transcender son égo pour le mettre au service de l'équipe ?
A l'arrivée, comme d'habitude, Kobayashi offre à sa série un déroulement très prenant et immersif, où il prend soin de chaque aspect de son récit au fil de cette deuxième mi-temps rondement menée. Les aventures footballistiques du passionné Ashito et de son entourage restent irrésistibles.