Ao Ashi - Playmaker Vol.11 : Critiques

Chronique 2 :

Si l'équipe de l'Esperion a fait une très bonne entame dans son match si important contre l'équipe de Musashino, elle n'a ensuite rien pu faire face au sens du collectif de son adversaire et à la détermination sans faille d'un Kaneda revanchard, ce dernier compensant facilement ses limites techniques par un instinct du buteur hors normes. Ashito et ses coéquipiers rentrent donc au vestiaire en étant logiquement menés au score, et le score aurait pu être plus lourd si Kuroda n'avait pas effectué un sauvetage héroïque quitte à en faire les frais. Forcément, Musashino prend la confiance, et Kaneda et les siens ne voient pas comment nos héros pourraient se relever mentalement en 15 petites minutes. Mais c'est sans compter sur certaines personnalité qui pourraient faire basculer bien des choses...

Après une première mi-temps rondement menée par Yûgo Kobayashi, le match contre Musashino, si bien préparé, si riche en enjeux personnels et collectifs, va donc entamer sa seconde moitié, mais avant ça c'est une mi-temps particulièrement cruciale que le mangaka nous offre, tant nombre de personnages ont un rôle à jouer, une place à y avoir. Car dans ce début de tome qui risque de marquer un tournant décisif dans la rencontre, l'auteur n'oublie personne: la rage d'un Kuroda refusant de perdre par fierté, la question de la cohésion défensive du duo Togashi/Takeshima, les différents conseils d'un Date plus bavard que d'habitude puis de Fukuda, sans oublier la place à part de Hana en tant que fan numéro 1 d'Ashito, sont autant d'éléments que l'auteur aborde avec précision pour mieux les rendre plus important ensuite, et c'est alors, comme espéré, un tout autre match qui démarre en deuxième mi-temps.

A vrai dire, dès lors qu'il y a eu cette mi-temps, le résultat final de la rencontre semble presque évident, on sent qu'il ne peut en être autrement. mais ce qui compte ici,c 'est bel et bien le cheminement des joueurs pour en arriver là, cheminement passant autant par le collectif que par l'individuel. Ashito et ses coéquipiers doivent tâcher de se mettre à la place des autres, les cerner, être certains de pouvoir se reposer sur eux en toute confiance, pour enfin atteindre peut-être une meilleure cohésion collective ainsi qu'un instinct plus prononcé. Cela donne un match encore plus riche, encore plus passionnant, encore plus intense qu'en première mi-temps, tant on sent les jeunes joueurs de l'Esperion évoluer en direct sur le terrain, de Togashi à Kuroda en passant par Otomo ou Tachibana. Mais dans tout ça, un garçon en particulier symbolise parfaitement toutes ces avancées en devenant une réelle pierre angulaire de l'équipe: Ashito, bien sûr. Nourri par les remarques de Fukuda entre autres, notamment avec les idées de créer des occasions de but sans se mettre en position de buteur, d'avoir une défense impeccable, d'avoir un impact sur les autres et de dépasser les attentes, notre héros, que l'on a l'habitude de voir ne rien lâcher, concrétise bien des avancées à la fois pour lui-même et pour ses coéquipiers, notamment en prenant mieux conscience de certaines tactiques (comme la course en diagonale) et, surtout, de la vision de jeu dont il est capable, en sachant "voir" l'ensemble de l'équipe et pas juste les joueurs séparément. Sous le dessin toujours aussi intense, fluide et précis de Kobayashi, on reste alors happé par cette rencontre, d'autant que le mangaka n'oublie pas non plus d'autres figures cruciales, comme un Kaneda qui doit se frotter à la fois à ses limites et à la cohésion avec ses coéquipiers de Musashino, et une Hana qui assiste à tout ça en voyant ressurgir en elle de vieux souvenirs comme de doux rêves.

A l'arrivée, Yûgo Kobayashi achève à merveille le match le plus riche et important depuis le début de la série, et nous offre le meilleur volume d'Ao Ashi à ce jour. Passionnante à suivre, la rencontre cristallise toutes les avancées personnelles et collectives ainsi que toute l'évolution irrésistible d'Ashito, en semblant même conclure toute une grande partie dans l'oeuvre au vu de ce qui nous est annoncé dans les toutes dernières pages.

Chronique 1 :

L'équipe B de l'Esperion se frotte au redoutable Tokyo Musashino, qui a accueilli en ses rangs le féroce Kaneda qui nourrit une soif revancharde après avoir été recalé lors des détections. Malgré les relations houleuses au sein de l'équipe d'Ashito, celle-ci a su marquer un premier but, et ainsi espérer remonter au score. C'est ainsi que débute une seconde mi-temps au cours de laquelle les joueurs de l'Esperion vont devoir mettre leurs différends de côté, dans le but de l'emporter. En ce qui le concerne, Ashito doit prendre la juste mesure du rôle que lui réserve Fukuda...

D'une intensité folle, le volume précédent ne traitait qu'une moitié de match, celui de la rencontre symbolique entre l'équipe B de l'Esperion et les joueurs de Musashino. Une rencontre intense, marquant le retour de personnages observés lors des détections, et qui s'impose comme la première grande épreuve pour les novices tels qu'Ashito. Le dixième tome ne décevait donc, pas, mais il ouvrait la voie à une suite encore plus marquante.

Et c'est justement tout ce qu'est le onzième opus d'Ao Ashi, marqué par la maîtrise d'écriture et narrative de Yûgo Kobayashi qui nous offre l'un des volets les plus grisants de sa série. Outre le fait qu'il mène à terme le match le plus percutant de la série jusqu'à maintenant, c'est surtout pour tout ce qui est conté autour des personnages, ainsi que leur manière d'évoluer sur le terrain, qui nous porte plus que jamais aux côtés de l'Esperion. Ainsi, Ashito n'est pas le seul à avoir son rôle sur le terrain, la place étant partagée avec les discordes qui se sont nouées entre Togashi et ses coéquipiers. Sans aller dans la facilité et en tenant compte de ses caractères qui se sont forgés par le sport, l'auteur affine ces portrait et les fait progresser de manière juste, créant moult rebondissement légitimes au sein du match et faisant évoluer en permanence la situation sur le terrain.

Un traitement d'autant plus habile que le héros a lui aussi une place importante, tant un semblant de résolution a l'air de nous être proposé quant à son nouveau rôle parmi les siens. Loin de rester sur son éternelle frustration, Ashito progresse plus que jamais, par des ficelles présentées en amont, jusqu'à porter l'intérêt du lecteur aussi bien que la puissance du match, passé un certain cap. Dès lors, Ao Ashi nous offre son meilleur : Une expérience de lecture sportive surréaliste, une effervescence de tous les instants, et une leçon de foot à travers la victoire des uns ou la défaite des autres. Si on a maintenant l'habitude que Yûgo Kobayashi nous régale à chaque volume, sa maîtrise semble monter d'un cran à chaque grande étape de son histoire.

Sans grande surprise, le onzième tome d'Ao Ashi figure donc parmi les meilleurs de la série à ce jour, et l'un des plus aboutis en terme d'équilibre et d'émotion. Parmi les œuvres footballistiques actuelles à retenir, l'aventure d'Ashito est très certainement en top du podium.