Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 12 Avril 2024
Anna arrive à Parys, la capitale d'Albion, en compagnie de Kenneth, le prince héritier auquel elle s'est fiancée puisque tous deux partagent des objectifs en commun. Rapidement livrée à elle-même, Anna va de découverte en découverte sur son futur époux qui lui cache encore bien des choses. Et afin de parfaire son rôle, la voilà à intégrer l'école Saint Ur, vouée à former les futures grandes dames du royaume. Une nouvelle vie mouvementée pour Anna qui va rapidement comprendre la teneur de son rôle ainsi que les ambitions de Kenneth...
Après un tome d'introduction plus que convaincant, "Anna et le Prince d'Albion" promettait une belle évolution. Ce n'est pas peu dire, tant ce deuxième opus fixe les enjeux tout en abordant plus concrètement la vie nouvelle de l'héroïne.
Car on ne savait pas vraiment quel serait le nouveau quotidien d'Anna loin des siens. La réponse nous est donnée, ce qui permet à la série d'embrasser une dimension quasi scolaire via une école bien particulière où la protagoniste doit apprendre les bonnes manières d'une grande dame idéale. Métaphoriquement parlant, l'idée à du sens : pour Anna qui n'a jamais répondu aux attentes imposées par la société, c'est dans un établissement entièrement voué à ces codes qu'elle doit apprendre pour mieux jouer son rôle pour servir ses desseins politiques et ceux de Kenneth.
Une vie nouvelle, donc, façonnée par son lot de rencontres, avec des alliées, mais aussi avec des rivales et ennemies. De ce côté, An Ogura aborde un schéma assez classique du genre, en nous présentant notamment plusieurs jeunes femmes de l'élite aristocratique en guise d'adversaire, des personnages un poil clichés, mais parfaits dans leurs rôles de figures qu'Anna devra remettre à leurs places. Mais c'est ailleurs que le volume vise plus loin et nous régale entièrement. Car l'intrigue de l'école Saint Ur est une vraie façade qui camoufle les réelles ambitions de plusieurs personnages. Ainsi, la mangaka exploite à merveille cette dimension du récit comme un tremplin pour nous guider, nous et Anna, vers la trame politique de la série. Dès lors, c'est Kenneth qui prend une certaine ampleur, et il en va de même pour Claire, la nouvelle amie de l'héroïne, ainsi que cette dernière. D'une manière générale, les personnages alliés qui pouvaient paraître caricaturaux gagnent une épaisseur bienvenue et légitime, résonnant avec le grand scénario du titre présenté jusque là, et poussant les promesses de la série encore plus loin. Toute la séquence finale entre Anna et Kenneth n'en devient que plus intense, avec une planche finale assez lourde de sens en ce qui concerne la dimension romantique du récit. Là aussi, tout est fait pour nous emballer en vue de la suite.
Avec ses deux premiers tomes, "Anna et le Prince d'Albion" nous aura donc conquis. Derrière un genre très schématisé dans lequel il est facile de répéter les autres œuvres, An Ogura aborde une romance princière prenante, dynamique, garnie de personnages plus nuancés que ce qu'il n'y paraît, portant une intrigue politique de lutte des classes qui s'annonce passionnante. Les moins attachés au papier seront largement tentés de partir découvrir la suite sur Piccoma, tandis que les plus allergiques à la lecture numérique devront prendre leur mal en patience. Voilà donc une belle surprise dont on attendra la suite avec hâte !