Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 11 Décembre 2023
En peu de temps, la collection Yuri des éditions Meian s'est bien développée. Ainsi, pas moins de trois séries intègrent le label en cette fin d'année 2023, avec parmi elles "Anémone Flamboyante".
Signée Ren Sakuragi, une mangaka qui s'est lancée à la fin des années 2010 et qui demeure très active, la série est en cours au Japon depuis 2020, sous l'intitulé original "Anemone wa Netsu wo Obiru", au sein de la revue Manga Time Kirara Forward de l'éditeur Hôbunsha. À ce jour, 5 tomes sont parus dans le pays d'origine de l'œuvre. Hasard du calendrier, le 6e volet y paraîtra justement demain, le 12 décembre, tandis que le manga vient d'être lancé chez nous.
Anémone Flamboyante, c'est d'abord l'histoire de Nagisa Ôtsuki, une adolescente qui a tout pour réussir, et qui visait même un lycée prestigieux. Mais cet objectif a échoué quand, le jour de l'examen d'entrée, la demoiselle a porté assistance à une jeune fille en plein malaise, l'empêchant de se rendre au fameux examen. Comble du hasard : la fameuse adolescente fébrile est dans la même classe que Nagisa, et est même sa voisine de salle ! Mashiro Komiyama est l'exacte opposée de Nagisa, et sa faible constitution rend son quotidien difficile. De son côté, la studieuse élève fait tout pour voir le positif, et va même tenter de ne pas détester Mashiro. Car si elle est bien consciente que sa camarade n'y est pour rien en ce qui concerne son état de santé, une frustration de l'échec la hante. Déterminée à ne pas voir le négatif de la situation, Nagisa va épauler sa camarade et se rapprocher d'elle, faisant ainsi face à divers sentiments contradictoires...
Romance lycéenne, Anemone Flamboyante démarre par une amorce qui peut déconcerter par son approche. Si l'idée de réunir deux personnages principaux psychologiquement opposés est particulièrement classique, créer un sentiment de haine chez l'une de ces héroïnes envers l'autre est assez surprenant. Ou plutôt, Nagisa éprouve un vrai rejet de Mashiro pour ne pas avoir pu se présenter à l'examen d'entrée du lycée qu'elle convoitait, un sentiment complexe tant la jeune fille sait que sa camarade, de faible constitution, n'a pas choisi son état de santé. Ce plot de base va symboliser toute la dualité émotionnelle de ce premier tome, le personnage étant partagé entre un rejet non maîtrisé et une volonté de s'ouvrir à sa nouvelle "amie". Quant à Mashiro, c'est une autre forme d'opposition qui la caractérise, celle de sa santé bien fragile fasse à une volonté d'aller de l'avant et à ne pas être mise de côté pour cette spécificité.
C'est sur des airs de comédie romantique que se développe un début d'intrigue exclusivement centré sur ces deux protagonistes, avec un focus tout particulier fait sur Nagisa. Il faut dire que la psychologie du personnage est plutôt complexe, pour notre grand plaisir, aussi Ren Sakuragi met un soin tout particulier à développer les contradictions de la jeune fille, tout en nouant un lien ambigu avec Mashiro. Au final, on découvre une tête d'affiche bien fermée aux relations humaines, qui se questionne tant sur l'amour que sur l'amitié, et qui tente en permanence de lutter face à des émotions difficiles à maîtriser, opposant son bon sens personnel à ses émois intérieurs qui, eux, ne se soucient pas de la logique ou de la morale.
Un début de récit humain délicieusement complexe, donc, et qui s'ancre dans une tranche de vie finalement très légère et amusante, dont les jolies ambiances sont soulevées par le trait maîtrisé et ravissant de Ren Sakuragi. Ses planches transpirent de vie et de bonne humeur, ce qui va de pair avec l'énergie positive véhiculée tout le long, alors même que l'intrigue avait largement de quoi créer un climat mélancolique tout le long. On attendra de voir avec grande curiosité comment évoluera la suite du récit, et de découvrir comment la mangaka développera la relation ainsi que les personnages qu'on attend de voir creuser davantage. Bon point pour le lancement du manga chez nous : Meian a eu la bonne idée de sortir les deux premiers tomes en simultanée, de quoi permettre de prolonger directement la découverte et de se faire une meilleure idée de l'œuvre.
Côté édition, il n'y a jamais beaucoup à redire du travail de Meian qui nous a habitués aux ouvrages aux belles finitions. Dans le cas d'Anémone Flamboyante, on apprécie la présente d'une dorure cuivrée sur le titre de la série, ce qui donne un bel effet à la couverture. Marina Bonzi nous propose une traduction qui semble à même de retranscrire les complexités de personnages et la bonne humeur générale du titre, tandis que le lettrage d'Elodi Baunard est aussi de bonne facture.