Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 19 Décembre 2022
Quelles furent les circonstances de la mort de Mako ? Est-ce bien Mizuki qui l'a tuée, alors que les deux adolescentes étaient les meilleures amies du monde ? Pourquoi la supposée coupable refuse-t-elle l'aide de l'avocat Tsuji comme si elle était prête à assumer toutes les conséquences de ce meurtre ? Quels lourds secrets les deux jeunes filles partageaient-elles en réalité ? Pour le comprendre, sans doute faut-il revenir quelques mois en arrière...
Après un premier volume qui instaurait une atmosphère aussi sombre que mystérieuse autour des circonstances de la mort de Mako, ce deuxième tome marque alors, en quelque sorte, une deuxième partie dans le récit, puisque NON y dissipe la part mystérieuse pour nous faire peu à peu découvrir les épreuves traversées par Mako, en nous faisant remonter le temps jusqu'à six mois auparavant jusqu'à, sans doute dans le tome 3, l'instant fatidique de son décès.
Au vu de ce schéma narratif, il va de soi qu'il y a quelques répétitions sur des éléments qu'on avait déjà compris dans le tome 1, notamment concernant l'abject oncle de Mako. mais ces moments-là on eux aussi leur intérêt dans la mesure où l'intégralité de ce volume est narré depuis le point de vue de la défunte Mako, et que c'est donc directement à travers elle que l'on voit tout ce qu'elle a pu endurer, pour un résultat qui fait forcément froid dans le dos. Derrière l'allure si pétillante de Mako, on cerne mieux une situation familiale brisée par un accident quelques années auparavant, les exactions de l'oncle, puis les manigances de Yûki Akatsuki en petit ami hautain et manipulateur au possible. Entre l'incapacité du père se reposant quand même beaucoup trop sur sa fille, la perversité du tonton et le portrait d'authentique pervers narcissique qui est fait de Yûki, NON dépeint des portraits d'hommes qui, chacun à leur manière, ont précipité Mako dans sa chute, jusqu'à la mort, en abusant de sa gentillesse, de sa naïveté, de sa jeunesse. La mangaka dénonce de manière marquante ce à quoi peuvent être exposées des filles de cet âge dans ce monde où les mecs se sentent parfois bien trop intouchables, et elle le fait avec d'autant plus de force qu'elle nous fait vivre de l'intérieur la détresse de Mako, et qu'elle se veut assez directe dans son rendu visuel où elle n'occulte rien en termes de violence et de sexe, tout en sachant s'arrêter au bon moment pour ne pas être trop voyeuriste.
C'est donc dans ce contexte si délicat pour Mako que l'on cerne également, mieux que dans le tome 1, la place qu'a pu avoir Mizuki dans sa terrible existence. Mizuki apparaît pourtant assez peu dans ce volume, mais à chaque fois elle a quelque chose à apporter: comment ces deux amies d'enfance ont renoué, comment la guillerette Mako a permis à Mizuki de s'ouvrir, l'inquiétude profonde de Mizuki pour sa précieuse amie alors que Mizuki elle-même essayait de lui cacher des choses pour ne pas l'inquiéter... On ressent bien une amitié forte, surtout dans les toutes dernières pages, ce qui rend l'inéluctable issue encore plus tragique.
Oeuvre éprouvante mais ayant des choses à véhiculer, Adabana confirme globalement ses qualités avec ce deuxième volume pas foncièrement étonnant (peut-être parce que, malheureusement, on a tendance à trop souvent entendre parler de ce genre d'horreurs dans la réalité alors qu'il ne faut jamais les banaliser), mais assurément nécessaire dans les choses qu'il dénonce. Tout reposera désormais sur le troisième et dernier volume de la série qui, on l'espère, saura conclure avec force et impact ce récit.