A Silent Voice Vol.6 - Actualité manga
A Silent Voice Vol.6 - Manga

A Silent Voice Vol.6 : Critiques

Koe no Katachi

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 14 Janvier 2016

Shoya vient de voir se réaliser sa pire hantise : ses nouveaux amis ont appris les horreurs qu'il a fait subir à Shoko en primaire. En un instant, les disputes se sont enchaînées, et tout s'est brisé dans un effet boule de neige dévastateur... dont les conséquences sont encore pires que ce que le jeune garçon envisageait. Au bout d'une fête de quartier où tout semblait bien se passer, mais où le lecteur attentif pouvait observer silencieusement une Shoko rongée de l'intérieur, la jeune sourde tente de mettre fin à ses jours sous les yeux de Shoya...

La dernière partie du tome 5 nous laissait estomaqués face à ces événements amenés de main de maître, et la puissance des toutes dernières pages nous laissait K.O et dans l'attente fébrile de la suite. Celle-ci ne déçoit aucunement : alors que Shoya se débat pour maintenir Shoko et l'empêcher de chuter de l'immeuble, Yoshitoki Oima profite surtout du suspense et du tragique de la scène pour cristalliser avec force les pensées qui se bousculent en Shoya. Incompréhension, sentiment d'impuissance, mise au point sur lui-même et sur ce qu'il doit vraiment faire pour aller de l'avant... tout cela prend toute sa force dans la détermination de l'adolescent à ne pas lâcher prise, à ne pas laisser Shoko tomber. Et lui qui prenait tant de risques à sauter dans la rivière du haut du pont dans son enfance simplement pour le fun, il récidive pour une raison autrement plus importante.

Mais Shoya sera absent de la suite du tome. Le drame a frappé, a bousculé tout l'entourage du jeune garçon. Il y a alors ceux qui vont le voir, quitte à se l'accaparer comme le fait Naoka, ceux qui n'osent pas, ceux qui estiment ne pas avoir le droit de lui rendre visite... La récente dispute a eu raison des amis de Shoya, sa conséquence les a bouleversés. Et pourtant, le drame qui vient de survenir pourrait les aider à retourner de l'avant, eux aussi. En attendant, en espérant le retour de Shoya, l'envie de réaliser le film renaît en eux.

Se relever d'un drame pour tenter de faire le point sur soi-même et d'aller de l'avant, quoi de plus humain ? C'est ce que nous propose Oima dans ce tome s'intéressant aux amis de Shoya, les uns après les autres. Yuzuru, Tomohiro, Miyoko, Miki, Satoshi, Naoka. Autant de personnalités différentes, ayant vécu des choses très diverses qui ont conditionné ce qu'ils sont devenus. Ils ont tous tissé des liens avec Shoya différemment, ont tous une vision différente de Shoko, parfois très dure comme pour Naoka, ont tous des relations différentes les uns avec les autres. Mais à présent, l'heure est venue pour la plupart d'entre eux de dévoiler pleinement leurs faiblesses, leurs tourments, leur ressenti. Tomo ne peut que prendre pleinement conscience de tout ce que Shoya représente pour lui en tant qu'ami qui l'accepté tel qu'il est. Miyoko doit faire le point sur ses relations avec Shoko et surtout avec Naoka. Satoshi, en apparence si fière, laisse pleinement entrevoir ses problèmes d'enfance qui l'ont conditionné, et est poussé à remettre en question sa vision des choses et de Shoya... avait-il seulement le droit de le frapper ? Pour Miki, jeune fille qui ne semble pas avoir connu beaucoup de problèmes, l'heure est venue de s'interroger. Quant à Naoka, on comprend enfin un peu pus son amour pour Shoya, mais la jeune fille si butée a encore beaucoup de progrès à faire, essentiellement dans sa manière de considérer Shoko.
Des cas tous différents, qu'Oima expose avec un admirable souci de réalisme, en n'idéalisant rien ni personne, pas même la réaction de la mère de Shoya vis-à-vis de Shoko. Chacun a ses tourments qui peuvent le bloquer dans l'immédiat, chacun a ses torts, doit se remettre en question, doit avancer, tandis que le désir de réaliser le film reprend consistance et que le projet avance fébrilement au fil des pages. Ce film à réaliser, c'est le symbole d'une possible réunification du petit groupe, et le témoin de l'envie de ces adolescents de faire rédemption et d'avancer.

Et Shoko dans tout ça ? Elle est évidemment présente tout au long du tome, tentant de réparer les pots cassés, observée par ses camarades ou les observant, ou se confrontant simplement à eux avec son habituel caractère. Une fois de plus, le lecteur attentif a tout le loisir de cerner les tourments et efforts de la jeune fille en l'observant, et les deux derniers chapitres peuvent alors arriver dans une splendeur de mise en scène, où l'on voit enfin les choses à travers elle, puis où on la suit, bouleversée et plus attachante que jamais, dans une errance silencieuse traduisant tout ce qu'elle peut ressentir.

Encore un coup de maître pour la série, en somme. Oima exploite merveilleusement le drame de début de tome pour approfondir, sans traîner, mais avec réalisme et humanité, chacun de ses principaux personnages, avant de nous laisser sur Shoko dans une fin de volume à nouveau puissante et marquée par des dernières pages intenses et laissant une très forte attente. Trois mois d'attente pour découvrir la conclusion de la série, cela va paraître très long...


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs