5 Minutes Forward Vol.1 - Actualité manga
5 Minutes Forward Vol.1 - Manga

5 Minutes Forward Vol.1 : Critiques

Go fungo no sekai

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 09 Juin 2020

Ikebukuro. L'un des plus importants quartiers de Tokyo au point d'être une véritable ville à lui seul. C'est dans ce quartier qu'a toujours vécu Yamato Shiroaya, aux côtés de Yûto, son frère jumeau de 5 minutes son cadet, et de Michiru Isumi, leur amie d'enfance à tous les deux. Enfant, Yamato prenait un malin plaisir à toujours avoir le dessus sur son frangin adoré, car d'après lui quoi de plus normal que l'aîné, même de 5 petites minutes, soit au dessus du cadet ? Mais depuis cette époque, les années sont passées, les trois inséparables enfants sont devenus trois inséparables adolescents, ils viennent d'entrer au lycée, et Yamato s'est fait une raison: que ce soit physiquement, sportivement ou intellectuellement, Yûto est meilleur que lui en tout. Est-ce qu'il lui env eut ? Non. Mais sans doute y a-t-il en lui un petit complexe derrière sa nonchalance, d'autant plus que son flair lui dit qu'un jour Michiru finira en couple avec Yûto... Ainsi va la vie pour ce jeune garçon qui semble un peu renier ses propres sentiments et, peut-être, ses propres qualités... Mais pourra-t-il les renier encore longtemps ?
Un matin de mai, sur la route pour aller en cours, un étrange voyant l'aborde en lui demandant si ça l'intéresserait de voir l'avenir. Yamato sent venir le supercherie, mais finit par se laisser convaincre, car une chose l'intrigue plus que tout concernant le futur: son frère et Michiru finiront-ils par se mettre en couple, ou tous trois pourront-ils rester ensemble ? Après tout, la proposition du voyant est gratuite, il n' a rien à y perdre... quand bien même l'étrange individu encapuchonné lui remet un mystérieux bracelet magique et des consignes précises: ce bracelet permet d'aller dans le futur puis de revenir dans le présent, mais ne peut être utilisé qu'une seule fois en récitant une incantation de 3 mots. Qui plus est, impossible de savoir à quel moment du futur on atterrira.
Qu'importe: en l'utilisant, le jeune garçon se retrouve dans un Ikebukuro du futur ressemblant en tous points au sien, et ne tarde pas à retrouver Yûto et Michiru, toujours vêtus de leur uniforme de lycéens, signifiant qu'il est sans doute au maximum 3 ans dans le futur. Mais c'est là que l'impensable se produit: au coeur du quartier, d'imposantes statues de bouddhas menottées sont apparues et commencent à massacrer tout le monde ! Face à cette horreur inimaginable et invraisemblable, Yamato fuit avec ses deux amis, tout en se disant qu'il vaudrait mieux retourner pour lui retourner au plus vite dans le présent. Après tout, cette improbable attaque de statues religieuses n'aura sans doute lieux que dans plusieurs mois, un an, deux ans... ce qui lui laisserait le temps de s'organiser pour assurer la survie de ses proches. Mais l'effroyable vérité lui saute aux yeux en regardant l'heure sur le téléphone de Michiru: entre son présent et ce futur apocalyptique, il ne s'est écoulé que 5 toutes petites minutes...

En plus de Shibuya Hell chez Pika, le hasard du calendrier a voulu que, la même semaine, débarque aux éditions Kana un autre manga-catastrophe où une menace improbable surgit dans notre monde pour massacrer tous les humains passant à sa portée. Mais dans 5 Minutes Forward, exit les poissons rouges géants, et bonjour aux statues bouddhiques et jizôs meurtriers ! De son nom original Go fungo no sekai (littéralement "Le monde après 5 minutes"), cette série bouclée en 7 volumes a été prépubliée au Japon en 2018-2019 dans le célèbre magazine Shônen Sunday de Shôgakukan, e ton la doit à Hiroshi Fukuda, ancien assistant de Kazuhiro Fujita, et mangaka déjà connu en France pour la malheureuse série Jinbe Evolution, actuellement en stand-by chez les incompétents de Delcourt/Tonkam depuis 2015.

Le principe de ce premier tome est globalement assez simple: après une petite présentation rapide des principaux personnages et l'arrivée de Yamato dans ce futur de 5 minutes, on assiste essentiellement à la découverte des statues meurtrières, puis à la fuite de nos héros, de leurs amis et des habitants face à ce danger inimaginable. Bien sûr, cela donne déjà lieu à un paquet de morts, dont certaine sont leurs petites pointes d'originalité, avec à la clé des petits élans sanglants sur lesquels l'auteur a toutefois le bon goût de ne pas faire de surenchère. En gros, c'est violent, mais pas non plus exagérément gore, d'autant que les morts les plus "trash" ne sont jamais en gros plan, sauf pour une qui est vraiment essentielle à l'intrigue. Il en résulte surtout une impression: la puissance physique de ces statues énigmatiques, à l'allure bizarre puisqu'elles ont la bouche bâillonnée et les mains attachées, à la taille souvent imposante (mention spéciale à l'une d'elles, géante au point de pouvoir raser une partie du quartier rien qu'en se déplaçant) et à la force physique certaine. Que faire face à une telle menace, qui plus est quand elle ne semble répondre à aucune logique ?

En tout cas, une chose est sûre: l'ensemble se veut très rythmé, soutenu, dépourvu de temps morts, et surtout déjà ponctué de quelques climax efficaces où certains visages-phares disparaissent par sens du sacrifice, non sans une certaine émotion dans leur scène finale, et avec d'autant plus d'attachement que leur petit background est, à chaque fois, vite et bien exposé. D'ailleurs, les principales têtes n'ont aucune difficulté à être plaisantes à suivre, surtout le trio tête d'affiche dont on cerne très bien le lien fort qui existe entre eux depuis qu'ils sont tout petits, et de ce fait le désir tout naturel qu'ils ressentent quand il s'agit de se protéger les uns les autres. Mention spéciale à la littéraire et posée Michiru, jeune fille attachante dans sa façon de vouloir être rassurante, quand bien même elle aussi ne peut qu'avoir peur. Mais n'oublions pas un personnage comme "Carotte", l'un des meilleurs amis de Yamato, petit bonhomme un peu enrobé (ce qui lui a joué des tours par le passé), habituellement plutôt faible et lâche, mais qui finira ici par joliment prouver sa valeur.

Dans ce cadre où le danger est omniprésent, où les habitants meurent à la pelle, où les êtres chers disparaissent dans le désespoir, Yamato apparaît pourtant comme une figure d'espoir pour ses proches, de par sa possibilité de retourner dans le passé pour empêcher tout ça... Mais encore faut-il savoir comment, et on arrive là à ce qui ajoute une touche de piment supplémentaire à l'intrigue: quand il retournera dans le passé, Yamato n'aura qu'une seule chance, et n'aura que 5 petites minutes pour empêcher le pire de se produire. Avant de repartir dans son époque, il lui faudra donc trouver le plus de renseignements possibles sur cette situation chaotique, tout en évitant de se faire tuer, et nul doute que ce sera là l'un des enjeux intéressants de la série. D'autant que, dès la dernière page du tome, une donne supplémentaire vient intriguer davantage via un nouveau personnage. En revanche, on se demande quelle sera l'utilité du flair au dessus de la moyenne de notre héros, un élément un peu installé sans explications. Tout comme on se demande si ces 5 minutes entre le présent et le futur auront un quelconque rapport entre les 5 minutes espaçant la naissance des deux frères.

Pour le reste, Fukuda livre une copie visuelle dans l'ensemble très plaisante. Certains personnages manquent peut-être légèrement d'expressivité parfois (surtout Yamato et Yûto,en fait), et les statues ne donnent pas toujours l'impression d'être en pierre, mais rien de problématique. En revanche, les designs humains sont bien pensés et vifs, tout comme les designs des statues sont vraiment denses, intenses et assez flippants, d'autant que leur allure et leurs têtes sont fidèles aux statues que l'on peut voir dans notre réalité. Les décors d'Ikebukuro sont soignés, par le biais de photos assez retravaillées et immersives, et les passages de destruction rendent très bien (notamment le passage au temple, avec ce décor détruit que la statue balance pour essayer de choper nos héros). C'est limpide dans l'action, jamais vide: bref, facilement emballant.

Dans un déroulement pour l'instant classique, l'auteur livre donc un début facilement emballant, grâce à des personnages suffisamment bien campés, à un rythme soutenu fait de pas mal de rebondissements, et à cette perspective où Yamato devra empêcher le pire en seulement 5 minutes. De quoi se laisser facilement entraîner et ça tombe bien puisque le tome 2 sort tout juste une semaine après le 1er volet !

Côté édition, on retrouve là le petit format typique des shônen de Kana, avec un papier fin mais sans transparence et permettant une qualité d'impression tout à fait correcte. Les choix de police sont convaincants, y compris pour le sous-titrage des onomatopées, et la traduction très vivante de Frédéric Malet ne souffre d'aucune fausse note.
    

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs