20th century boys - Spin off - Actualité manga

20th century boys - Spin off : Critiques

20th Century Boys - Ujiko Ujio Shû

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 28 Août 2012

Mine de rien, au fil des années, la France aura été bien gâtée en ce qui concerne les œuvres de Naoki Urasawa. 2012 est loin d'être une année morte avec l'arrivée de Billy Bat et l'annonce de Master Keaton, entre autres séries en cours de parution. A l'occasion de la venue de l'auteur à la Japan Expo, Panini Manga a ainsi tenté de marquer le coup en sortant un one-shot bien particulier. "Tenté", c'est le mot, puisque le dit ouvrage est finalement sorti à la fin du mois d'août... Bon allez, disons-nous que c'est l'intention qui compte. Oui mais voilà, quelle intention ? Qu'est-ce qui se cache véritablement derrière ce spin-off d'un des plus grands succès du mangaka ?

Comme la plupart des séries ou one-shots dérivés, il est souvent inutile de l'ouvrir sans bien connaitre le terreau de base. Cela est encore plus vrai ici, car ce spin-off de 20th Century Boys s'intéresse surtout à deux rôles très secondaires : Ujiki et Kaneko, les voisins de Kanna à la pension Tokiwa, et mangakas de "profession" sous le pseudonyme commun de Ujiko Ujio. Le tome s'ouvre d'ailleurs sur la récupération d'une des scènes du manga, où le tandem présente l'une de ses histoires à Yukiji, tutrice de Kanna, avant de se faire rembarrer par la médiocrité de leurs planches... Or, ces fameuses planches médiocres, c'est que nous propose justement de découvrir cet ouvrage !

Vous l'aurez compris, ce tome offre aux quelques curieux la possibilité de découvrir les travaux des deux auteurs fictifs, sous la forme d'un canevas cyclique. Recevant une critique de Yukiji, les deux artistes interprètent mal ses propos et partent dans de nouvelles histoires, s'axant la plupart du temps dans le registre du "shonen pantsu" (voire sans pantsu du tout). Partez ainsi en connaissance de cause : 20th Century Boys - Spin Off est un recueil de nouvelles volontairement grotesques et téléphonées. Et Urasawa réussissant plutôt bien tout ce qu'il entreprend, nous avons là quelque chose de mauvais, non, de très mauvais. Un sacré exercice de style, en somme, de se forcer à la nullité ! Enfin, c'est bien beau tout ça, mais....
Pourquoi ?

Derrière la farce, il n'y a tout simplement aucun intérêt à l'ouvrage. On oublie évidemment une lecture au premier degré, sous peine d'être vulgaire. Mais qu'y a-t-il d'autre à voir ? Une critique sans aucune subtilité du shonen harem, avec un pastiche direct de Love Hina ? Un "hommage" à Indiana Jones sous un air de vrai/faux plagiat ? Une allégorie de la pression éditoriale qui rejette tout en bloc, incarné par Yukiji ? Non, non, tout est trop gros, trop brut, pour se montrer digne de livrer un quelconque message. A ce titre, la mise en abyme présentée en ouverture de Billy Bat est bien plus pertinente. Les seuls passages prêtant à sourire restent ceux entre les chapitres, où l'on retrouve la stupidité du duo, même si l'on est loin du comique virtuose apprécié dans Happy! D'autres lecteurs se contenteront de revoir quelques visages de la série le temps de quelques cases, mais ce spin-off n'offre rien de particulièrement nouveau, s'offrant de luxe de reprendre quelques scènes à la case près, ou presque.

Allez, à bien y réfléchir, le seul intérêt à l'ouvrage, s'il faut en trouver un, reste au niveau graphique. Vu qu'aucun autre dessinateur n'est mentionné, hormis le pseudonyme fictif d'Ujiko Ujio en couverture, tout porte à croire que c'est bien Urasawa qui est au bout de la plume, s'efforçant au mieux de grimer son trait. Le doute subsiste bel et bien, même si certains détails (les décors ? le découpage des cases retournant à la régularité du seinen) nous confortent dans cette idée. Il est ainsi amusant de voir l'auteur dans un style beaucoup plus classique (bien qu'n peu rétro), avec des héroïnes aux yeux aussi ouverts que leurs décolletés bien remplis... Du côté de l'édition, Panini offre un travail assez satisfaisant, s'intégrant bien avec la série originale dans la collection sans dénaturer la couverture d'origine. On s'étonnera simplement de ne pas voir Happy! apparaitre parmi les autres œuvres de l'auteur chez l'éditeur en fin de tome...

En un mot comme en cent, 20th Century Boys - Spin Off est une blague. Oui mais, une mauvaise blague, partant d'une idée amusante mais à la concrétisation douloureuse, et qui ne satisfera que les plus grands fans de l'auteur. Pari gagné pour Urasawa : voici sa première daube magistrale. Oui, mais qu'y a-t-il de plus absurde que de voir un maitre se pousser volontairement à la médiocrité ? Un ovni dans la carrière du mangaka, qui permet difficilement de se remémorer quelques moments de l'un de ses principaux chefs-d'œuvre, et de sourire du coin des lèvres. Hélas, à près de 10 euros l'ouvrage inutile et volontairement nul, on rit jaune...


Tianjun


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Tianjun
8 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs