Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 10 Mars 2016
Ami est bien mort en 2015 du Calendrier Chrétien, c’est désormais un autre individu qui a pris sa place. Plus fou et déterminé que Fukube, il projette de détruire le reste de l’humanité tout en appelant à lui celui dont son attention ne s’est jamais détournée : Kenji. Progressivement, les différentes factions se réunissent dans Tokyo et ciblent l’Exposition Universelle et l’ultime affrontement est imminent. Quelle sera l’issue de la bataille ? Ami parviendra-t-il à détruire le monde ? Ou Kenji et les siens réussiront à reprendre leur symbole ?
Avec ce onzième volume Deluxe, nous voilà à la fin de 20th Century Boys… ou presque. En effet, la série originale s’est achevée au tome vingt-deux à cause de soucis de santé de Naoki Urasawa, avant de reprendre pour deux opus supplémentaires portant le nom de 21st Century Boys. Le volet présent propose donc la fin de la première série, mais un ultime pavé numéroté comme douzième livre viendra conclure la fresque, sans créer de rupture avec le reste de la série.
Savoir que nous avons affaire à l’avant-dernier tome et non le dernier a un avantage puisque cela nous permet de savoir à l’avance que l’histoire se poursuivra un peu, le temps de répondre aux questions qui restent en suspens. Car sur ce onzième volet, le combat contre le gouvernement Ami s’achève, et ce sur une montée en puissance qu’on reconnaît bien chez le mangaka. En effet, tous les éléments introduits depuis le début de l’arc prennent sens puisque tous les groupes formés ci et là, réunissant un nombre incroyable de personnages, convergent en un seul point, celui de la lutte face à Ami et ses plans maléfiques. Bien que la première partie du volume donne l’impression que l’auteur ne sait pas trop comment diriger la finalité de son récit, tout finit par prendre une cohérence pour en arriver à l’achèvement d’un long combat, une apothéose bien méritée pour le lecteur.
Pourtant, on sent que Naoki Urasawa a, au moment de la publication, précipité le tout pour mettre sa série en pause et se rétablir. En effet, la grande lutte contre Ami prend moins de temps qu’on l’aurait pensé et par quelques rebondissements assez curieux, la bataille prend une ampleur différente bien qu’elle soulève en parallèle un point très important : la nature du nouvel « Ami ». Ce personnage, énigmatique jusqu’au bout, est l’essence même de la frustration qu’ont pu connaître les lecteurs en pensant avoir affaire à la vraie conclusion de la série à l’époque. Beaucoup de mystères sont présentés autour du mystérieux enfant, notamment ses rapports à Kenji qu’il semble avoir toujours envié, mais rien ne nous est dit explicitement quant à son identité, son passé et ses motivations. De même, le sort de certains personnages clefs reste méconnu à la toute fin… Ami est-il mort ? Qui est-il vraiment ? Le combat a beau être achevé, il faudra attendre le douzième et dernier volume Deluxe pour espérer avoir quelques réponses et achever convenablement le thriller SF de Naoki Urasawa.
Gageons qu’en parallèle, d’autres points mériteraient d’être développés. On en attendait en effet beaucoup des retrouvailles entre Kenji et ses compagnons ainsi que sa famille, et on aimerait avoir une vision plus poignante de l’armée de Kenji au grand complet, tout comme on voudrait voir de plus amples interactions entre lui et Kana, les deux grands héros de la série. Le prochain tome saura-t-il nous satisfaire sur ce plan-là ? Rien n’est moins sûr…
La bataille contre Ami s’achève en grande pompe et Naoki Urasawa parvient à donner du sens à toutes les pistes entamées par son dernier arc, permettant d’achever le combat avec une belle efficacité. Mais en parallèle, la fin proposée ici est trop expédiée, ne plante pas d’épilogue et laisse bien trop de mystères autour du second Ami. Nos attentes quant au dernier volet sont alors élevées et on espère que celui-ci tiendra ses promesses.