Chaud, chaud les petits pains et autres ragots du quartier - Actualité manga

Avis sur Chaud, chaud les petits pains et autres ragots du quartier

nolhane

De nolhane [6606 Pts], le 25 Janvier 2021 à 00h21

17/20

Takita Yû est un auteur méconnu en France. Pourtant, son œuvre est non seulement intéressante mais importante historiquement. Comme beaucoup d'auteur, il mit un certains temps avant de trouver son propre style et à s'épanouir dans son art. Après la disparition des librairies de prêts dans lesquels il officiait, Takita Yû trouva ses marques dans la revue Garo. Peu attiré par le Gekiga (image dramatique), l'auteur fut fortement inspiré par Yoshiharu Tsuge (L'homme sans talent, La vis) dont il admirait le travail. Takita Yû s’orientât donc vers la bande dessinée du moi en dessinant principalement pour des revues littéraires. Seul 2 de ses mangas ont paru en France malgré son importance dans le manga autobiographique.

 

Dans Chauds, chauds les petits pains, nous suivons Kiyoshi, un petit garçon vivant dans un quartier pauvre du Tokyo du début des années 1940. Si quelques petites différences sont notables entre l'auteur et Kiyoshi, l'enfant est bel et bien l'avatar de l'auteur.

 

Ce manga est composé de 6 histoires courtes dans lesquels on voit Kiyoshi se promener dans son quartier, détourner l'argent destiné à payer la cantine. Chez lui ou en se promenant, Kiyoshi est confronté aux problèmes et aux intérêts des adultes. Il est la fois drôle et intéressant de sentir la vie de l'époque via le regard d'un enfant.

 

Avec humour et douceur, l'auteur dresse le portrait de l'époque de son enfance où les appels des prostituées, la météo, la nourriture, les affaires du quartier ou le vendeur de petits pains rythment le quotidien.

 

Ce manga est avant tout une lecture d'ambiance. On est bercé par le dessin qui fait renaître une atmosphère, un contexte, des ressentis.. la vie de tout un quartier. Takita Yû n'oublie pas d'amener son humour doux et personnel pour compléter l'expérience de lecture.

 

Le dessin pourrait en rebuter certains, pourtant cette fausse maladresse dans le trait tremblant apporte beaucoup de douceur et d’authenticité à l’œuvre. Les décors sont magnifiques et les personnages ont de sacrées bouilles.

J'aime beaucoup sa manière de retranscrire les pensés et sentiments des personnages dans des petites bulles illustrées.

 

L'auteur a découvert sa passion pour le Rakugo après la guerre. On sent l'influence du Rakugo dans sa manière de raconter avec légèreté son histoire au gré de petits chapitres. (ancien art populaire japonais où un conteur raconte des petites histoires comiques).

 

Le volume se clôture sur une postface des plus éclairantes qui permet d'en apprendre plus sur le mangaka et son œuvre.

 

Chauds, chauds les petits pains est un manga assez personnel. L'auteur livre une part de lui-même avec humour et douceur via les frasques d'un enfant perdu dans un monde d'adulte.

Si la lecture est avant tout légère, drôle et poétique, elle n'occulte pas les difficultés de la vie, notamment dans une terrible fin qui montre la fatalité de la guerre vue par un petit garçon.
Doté d'un regard unique sur l'enfance et sur une époque, ce manga est une lecture aussi importante que singulière. Il y a décidément beaucoup de bijoux trop méconnus dans le paysage du manga édité en France.

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