Ranpo Panorama

Années après années, une véritable communauté de lecteur s’est construite autour du chef de file de l’ero-guro (érotique grotesque) japonais. Tant artiste que mangaka, Suehiro Maruo rassemble ici plus de cinquante œuvres en couleur parfois jamais publiée (affiches de théâtre, collages et peintures) qui lui ont toutes été inspirées par l’univers de l’écrivain Edogawa Ranpo auteur du Lézard Noir roman publié chez Picquier. Sont ici convoqués Lewis Caroll, Van der Weyden Edgar Allan Poe et Dracula pour un étrange voyage qui s’achève sur le court manga inédit intitulé « La danse du nain », lui aussi inspiré d’une œuvre de Ranpo. Un livre d’art à petit tirage luxueux qui ravira les fans de l’étoile noire du manga japonais dont une partie du tirage sera exclusivement réservée à l’exportation.

Avec Ranpo Panorama, le mot artbook prend tout son sens, car on tient là un véritable livre d'art, impeccable dans son édition, et qui nous invite réellement à appréhender toutes les facettes de Suehiro Maruo, un artiste aux multiples talents. Des illustrations d'un réalisme saisissant aux travaux plus épurés en passant par des collages géniaux, des dessins de manga aux affiches de pièces de théâtre en passant par des panneaux publicitaires (véritables images d'archives), l'ouvrage présente l'artiste sous toutes ses coutures, s'adressant autant au fan chevronné qu'au néophyte averti.

Dans le registre du manga alternatif, nombreux sont les auteurs originaux, dont l'inventivité et le talent naturel n'ont de cesse d'épater les lecteurs un minimum ouverts. Mais malgré de nombreux coups d'essai souvent percutants tentés en premier lieu par des éditeurs comme le Lezard Noir ou...

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Au cours des dernières années, Suehiro Maruo a entrepris l’adaptation de nouvelles écrites par celui que l’on considère comme le père du genre eroguro (érotique-grotesque), Ranpo Edogawa : tout d’abord L’Île panorama, sorti en France en 2010 puis La Chenille, paru la même année, deux récits datant de la fin des années 1920. Mais c’est depuis ses débuts dans les années 1980 que Maruo multiplie dans son oeuvre les références à Ranpo ; l’univers du mangaka est profondément lié à l’écrivain, à tel point que l’on ne saurait imaginer meilleure représentation visuelle de l’inquiétante étrangeté, de l’érotisme déviant et de la violence funèbre qui se dégagent des romans du maître de l’eroguro.