Puisque vous m'abandonnez, je vous mettrai à genoux Vol.1 : Critiques

Fille de bonne famille issue d’une noble lignée, Agnès a été promise dès son enfance à Lucillus, le prince héritier du royaume. Pour la jeune fille, ce fut l’amour au premier regard, mais ces sentiments ne semblaient pas partagés par le futur monarque, ce dernier restant froid envers sa fiancée malgré les attentions de cette dernière. Alors, quand vient l’annonce de la rupture de leur relation pour permettre au prince héritier de se lier à Lilile, fille d’un puissant comte, Agnès est effondrée. Mais, avant de tirer sa révérence, elle échafaude un plan pour laisser une marque indélébile sur Lucillus, selon un plan échafaudé par son père. Si la manigance semble d’abord sans accrocs, Agnès ne se doute pas encore des répercussions de ces manigances…

Assez boudée jusque-là dans nos contrées, la romance spicy, shôjo et josei notamment, se fraie une place qui semble de plus en plus affirmée dans nos contrées. On pense forcément à la nouvelle collection des éditions Taifu, Crispy Love, tandis que Meian s’y met de son côté avec ce récit qui vient concrètement inaugurer sa collection Josei. ‘Puisque vous m’abandonnez, je vous mettrai à genoux’ est à l’origine un light novel écrit par Takako Midori et illustré par Mami Surada, inauguré en 2020 et achevé en deux volumes. C’est entre 2022 et 2024 qu’une adaptation manga est publiée sur la plateforme josei Comic Zero Sum Online de l’éditeur Ichijinsha, une version conclue en quatre opus. Sa mangaka, Selen, est aussi connue sous le nom de Kei Saiki. Son travail le plus important reste à ce jour Gambling School Twin, spin-off de la série Gambling School. Depuis l’année dernière, elle signe les illustrations du light novel ‘Belle Poupée no supadari kon’yaku’ et en signe même l’adaptation manga publiée sur l’application Manga Up ! de Square Enix.

La romantasy est en vogue, aussi bien côté littérature que dans le manga. Un sous-genre de la romance qui, pourtant, est rarement représenté sous le prisme de l’érotisme en ce qui concerne la bande dessinée nippone chez nous, faisant de ‘Puisque vous m’abandonnez, je vous mettrai à genoux’ un titre qui a de quoi attirer l’œil. Et, effectivement, l’histoire créée par Takako Midori ne lésine ni sur les passages sulfureux ni sur la tension dramatique à laquelle s’ajoutent quelques complots politiques pour donner un scénario particulièrement bien rythmé de bout en bout. Pour les amateurs de ce type de lecture, il y a de quoi être séduit tant ce premier tome est sans tome mort. Plus encore : ses éléments narratifs donnent l’envie d’en savoir davantage, tout particulièrement la relation particulière entre Agnès et Lucillus. Les sentiments nébuleux de ce dernier pour sa première fiancée apportent effectivement une note de suspense, le lecteur se questionnant peu à peu sur le potentiel double jeu auquel peut s’adonner le personnage. Rien que pour ça, on peut saluer la démarche de Meian de proposer les deux premiers opus en simultanée, ce qui constitue la première moitié de l’œuvre.

Mais pour entrer totalement dans la proposition du récit, il faut accepter d’avoir affaire à des personnages en constante zone grise et qui n’hésitent pas à franchir les frontières morales pour arriver à leurs fins. Ainsi, les scènes sulfureuses tendent très clairement vers les abus sexuels, donnant lieu à un manga exclusivement réservé à un public averti. Ce contrat entre l’œuvre et le lecteur conclu, force est de reconnaître que cet érotisme nocif maintient la tension dramatique du tome de bout en bout, et que le trait raffiné de Selen, la mangaka, parvient toujours à bien doser la sensualité pour ne pas tomber dans l’excessif.

En somme, pour un lectorat averti, ce premier volume tient bien sa promesse via une intrigue dynamique et rapidement propulsée par ses drames amoureux, pervers et torturés, et une amorce de travail psychologique sur ses personnages afin de nous faire apprécier le spectacle et nous donner l’envie d’en découvrir plus. Espérons donc que le manga saura se tenir en termes de qualité sur la durée, et que la suite ne se contentera pas d’une succession de scènes érotiques, sans quoi la routine pourrait bien vite s’installer.