Jeu Video - Actualité manga

Le test du jeu video:

Publié le Jeudi, 22 Octobre 2015

Gran Turismo 5, la simulation ultime pour tous les amoureux de sports mécaniques a fait son grand retour le 24 novembre 2010. Depuis la sortie du jeu, les détracteurs s'en sont donnés à cœur joie tandis que les déçus se sont faits de plus en plus nombreux. La situation a finalement conduit le développeur, Polyphony Digital, à mettre à jour de façon massive son dernier rejeton. Gran Turismo 5 "jeu de l'année" ou "jeu damné" ? Voici notre verdict.



Chauffez les moteurs

"The Real Driving Simulator", ce sont des mois, des années d'attente et surtout un nombre historique de reports. D'ailleurs, à chaque reconduction de date, Kazunori Yamauchi, le papa du jeu, ne s'est pas privé de vanter les qualités exceptionnelles de l'ex-future simulation via des communiqués dignes de Peter Molyneux. Rappelons que Monsieur Yamauchi a tout de même annoncé que "Gran Turismo 5 pourrait être un jeu Playstation 4", fin de citation. Tout le monde s'attendait à découvrir un spectacle grandiose, mais les interrogations demeuraient nombreuses : voitures séparées en deux catégories (Premium et Standard), conditions météo absentes de certains tracés... En bref, tout n'était pas acquis. Si chaque épisode de Gran Turismo s'est à chaque fois vu accompagné d'une claque, celle du cinquième épisode fait mal, très mal, et dans le mauvais sens cette fois.



Bouillie

Sur les 1031 voitures disponibles dans le titre de Polyphony Digital, seules quelques unes ont pu obtenir la fameuse dénomination Premium. Mais quelle est cette différence d'appellation entre les modèles Premium et les modèles Standard ? Ne prenons pas de raccourci inutile, il s'agit d'un véritable camouflage de paresse. Comprenez par là que ces quelques voitures (environ 200 véhicules) Premium, ont bénéficié d'une modélisation propre et exploitant correctement la Playstation 3. Sans être la panacée attendue, on est tout de même ravi de voir une vue intérieure ainsi que des dégâts (malheureusement trop discrets) faire leur apparition. Et le reste alors, les voitures Standard ? Pas de vue intérieure, pas de dégâts, le tout accompagné d'une modélisation plus qu'étrange. La différence est encore accentuée dès lors qu'on compare les deux catégories en course. La cruelle vérité saute aux yeux : les quelques 800 bolides de la classe Standard, ne sont que des resucées HD des modèles déjà présents dans les précédents épisodes. Et ce traitement n'est pas exclusivement réservé aux véhicules. Il suffit de prendre pour exemple le circuit Deep Forest Raceway. Si les textures affreuses sont monnaie courante dans Gran Turismo 5, les arbres modélisés dans ce circuit sont symptomatiques : deux textures appliquées en croix. Le reste n'est que copié-collé. Nous notons également la pixelisation absolument atroce de la voiture dès qu'un nuage de fumée passe devant. Vous l'aurez compris, Gran Turismo 5 a certainement souffert d'un temps de développement trop long, mais il n'y a pas que ça.



Où est le travail ?

Le problème avec ce titre, c'est que l'on ne voit jamais vraiment les promesses avancées par l'équipe durant toutes ces années. Où sont les dégâts ? Où est le plaisir de conduire une Lupo façon PSone HD, sur un circuit aux textures fadasses ? Et surtout, où sont les innovations ? Impossible de répondre autrement que de façon négative à toutes ces questions. La gestion de collision est toujours à la ramasse, tout comme le bruitage "poc" qui l'accompagne systématiquement. Il est d'ailleurs encore possible de s'aider de l'adversaire ou des rambardes pour passer un virage sans trop freiner. En bref, et malgré quelques ajouts intéressants, on a, pour la plupart du temps, l'impression de jouer à Gran Turismo 4 en HD. Ceux qui douteraient encore, peuvent entrevoir une réponse dans le fait qu'on ne puisse pas choisir les conditions météo sur chaque circuit. Réellement, Gran Turismo 5, le vrai, ne correspond qu'à une infime partie du contenu promis sur la galette. Le reste n'est que moquerie.



Gran Turismo is Gran Turismo

Pourtant, la magie opère dès lors qu'on commence à s'intéresser au gameplay. Si avec un volant, les sensations se voient décuplées, jouer à Gran Turismo 5 à la manette suffit pour y rester scotché des heures durant. En outre, les menus sont loin d'être ergonomiques (notamment à cause de temps de chargements plutôt longs),  mais le mode carrière est une réussite. D'un côté, on trouve la partie A-Spec, qui vous fait piloter sur divers championnats allant de la catégorie "débutant" à celle "d'expert". Le tout est organisé sous forme de niveau à atteindre pour débloquer la suite : belle idée. Les exigences demandées par certains championnats sont par ailleurs assez complexes, comme par exemple le fait de devoir posséder une voiture japonaise sortie avant 1970. Les concessionnaires vous font évidemment payer le prix fort pour des modèles neufs, tandis que le marché de l'occasion donne le choix d'investir à moindre coût. Dans tous les cas, les crédits (monnaie du jeu), sont au centre de toutes les attentions ! La seconde partie du mode carrière n'est pas aussi convaincante qu'on pouvait l'espérer. Intitulée B-Spec, cette portion de jeu vous conduit à observer un ou plusieurs pilotes gérés par la console. En pratique, seuls trois ordres peuvent être donnés : accélérer, freiner ou garder l'allure. Ces maigres indications servent à garder les jauges d'énervement et de calme du pilote dans la moyenne. Autrement, le poulain risque bien de commettre une faute d'inattention ou de frustration. Un mode peu intéressant au niveau du gameplay donc, surtout si l'on a déjà obtenu des voitures plus véloces que la concurrence dans la partie A-Spec.



Les ajouts

Plusieurs défis "alternatifs" sont disponibles, leur intérêt variant en fonction des goûts de chacun. Le rallie n'est malheureusement pas au niveau de ce qu'on pouvait en attendre, tandis que le karting se révèle être bien plus amusant dans la vraie vie qu'à l'écran. Mention spéciale à l'épreuve de vans Volkswagen sur le circuit du Top Gear, aussi frustrante à réaliser que gratifiante une fois accomplie. Les quelques épreuves Nascar sont en revanche très réussies, nécessitant une précision d'horloger pour décrocher la médaille d'or. Le mode online n'est clairement pas encore au point, naviguant entre déconnexions aléatoires et lags en tout genre. On salue tout de même l'option de pénalité, qui évite ainsi à certains plaisantins de faire du rentre-dedans. Si vous possédez une caméra Playstation Eye, un bonus de "head-tracking" est activable : l'immersion est renforcée, et l'impression de contrôler les mouvements de la tête du pilote est excellente. Enfin, l'anecdotique mode photo encensé par Yamauchi est relativement bien réalisé.


Musée

Cependant, et c'est là tout le paradoxe de Gran Turismo 5, c'est qu'il a l'ambition plus grosse que la carcasse. L'aspect personnalisation amené par le mode photo est bien là, mais ne sert finalement pas à grand-chose dans les faits. Même constat pour le B-Spec, sorte de ralenti interactif, ennuyant les trois-quarts du temps. On salue le travail encyclopédique réalisé depuis le premier opus, avec des descriptions et des photographies d'engins complètes et compréhensibles par tout un chacun. Mais le résultat donne l'impression d'évoluer dans un titre froid, dont la personnalité n'a pas réussi à évoluer en même temps que la génération de console. Les sensations de conduites et le contenu du jeu en font encore la simulation de conduite ultime, mais la magie s'est estompée au profit du retour des vieux démons. Dans tous les cas, les mises à jour du soft vont être nombreuses, et ont d'ailleurs déjà commencé. Après des années de développement, Gran Turismo 5 n'est qu'un kit qu'on attend qu'il se développe réellement. Si Gran Turismo 5 n'est pas un jeu Playstation 4, il est loin d'être de qualité Playstation 3 et ça, c'est inadmissible.

Chroniqueur : Argod Argam

Note de la rédaction