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Final Fantasy XIV - A Realm Reborn

Le test du jeu video:

Publié le Lundi, 30 Septembre 2013

Presque trois ans après une première sortie calamiteuse, FFXIV renaît de ses cendres. Traîné dans la boue et source de honte pour Square Enix, le MMO, à qui l'on ne donnait pratiquement aucune chance de survie, se voit transfiguré pour tenir la dragée haute aux standards du genre. En deux ans et demi, le nouveau producteur du jeu, Naoki Yoshida, ainsi que son équipe, ont abattu un travail titanesque en développant cette version 2.0 alors que la première était régulièrement mise à jour et améliorée. Les doutes étaient nombreux au départ du projet, mais les premières phases d'alpha et de beta ont tôt fait de donner le ton et de prouver qu'il y avait encore de l'espoir pour le jeu et la licence. Et, maintenant que la sortie officielle a eu lieu, il est plus que temps de voir ce que « A Realm Reborn » a réellement sous le capot.




Mais avant d’entrer réellement dans le vif du sujet, il est nécessaire de faire un rapide retour dans le passé et dans la première version du jeu. Cette dernière invitait les joueurs à suivre une intrigue se déroulant en Eorzea, région vaste d’Hydaelyn. Celle-ci devait faire face à une double menace : d’une part les primordiaux (équivalent des invocations récurrentes de la série) invoqués par les hommes-bêtes, d’autre part l’Empire Garlemaldais cherchant à envahir le pays. La quête principale invitait ainsi les joueurs à découvrir ce scénario jusqu’à l’affrontement final contre l’un des généreux de Garlemald alors que celui-ci avait mis en marche Dalamud, un gigantesque satellite servant en réalité de cocon à Bahamut en personne. A Realm Reborn prend place cinq ans après ces événements. Eorzea a été en partie ravagée par le gigantesque dragon sorti de sa prison, et la menace des primordiaux refait tout doucement surface. Dans le même temps, Garlemald, qui a été contraint de panser ses plaies lui aussi, retrouve ses ambitions d’invasion et s’apprête à entrer en scène. L’intrigue qui nous est proposée est donc relativement similaire à ce que les joueurs de la première version ont connu, si ce n’est, bien entendu, qu’elle a été grandement enrichie et qu’elle permettra désormais au joueur de faire progresser son personnage jusqu’au niveau 50 tout en suivant en permanence l’Epopée, nom donné à cette quête principale. Si elle souffre de quelques longueurs, elle n’en demeure pas moins, prise dans sa globalité, passionnante à suivre et nous réservera quelques surprises de taille, notamment vers la fin. Bref, bien que relativement classique, l’histoire d’A Realm Reborn se montre à la hauteur de la série. En parallèle, de nombreuses autres quêtes secondaires seront bien évidemment disponibles. Des quêtes pour la plupart de type « fast food », l’un des défauts majeurs de tout bon MMORPG qui se respecte. FFXIV n’échappe pas à cette règle et le plus souvent ces quêtes ne présenteront qu’un intérêt très limité en dehors de l’expérience et des récompenses qu’elles procurent. Ceci étant, on aura parfois de bonne surprises et certaines d’entre elles se révéleront étonnement intéressantes ou amusantes, tout en gardant un ton assez mature.

Puisqu’il est question d’expérience, sachez qu’il y aura bien d’autres moyens d’en gagner. Outre les mandats, petites missions d’une quinzaine de minutes nécessitant de remplir certains objectifs, qui refont leur apparition, on notera l’arrivée des fameux ALEAs. Ceux-ci apparaissent à intervalles plus ou moins réguliers sur les différentes cartes du jeu et proposent à tous les joueurs y prenant part d’affronter soit un ennemi unique sous forme de boss, soit une série de monstres. Et il faut encore compter avec les mandats spécifiques aux grandes compagnies (sur lesquelles je reviendrai plus tard), les opérations de guilde ou encore les donjons et raids, tout simplement. Ces derniers se veulent par ailleurs superbement réussis et diversifiés dans leur fonctionnement. Une réussite totale. Et s’il y a autant de moyens différents de gagner en niveau, c’est notamment parce que, à l’instar des précédents FF online, un personnage n’est pas limité à une classe unique. Si l’envie vous en prend, il est tout à fait possible de monter différentes classes de combats, de récolte, ou d’artisanat. Et l’un des intérêts de la chose sera la possibilité de pouvoir croiser ses techniques d’une classe à l’autre. Par exemple, en montant élémentaliste, il sera possible d’obtenir un sort de soin que l’on pourra alors assigner à n’importe quelle autre classe. En outre, chaque classe combattante a l’occasion, une fois le niveau 30 atteint, d’utiliser un cristal afin de passer dans le ou les jobs spécialisés lui correspondant. Si on perd alors en possibilité au niveau des techniques croisées, on gagne de nouvelles compétences propres à notre job. Notons enfin que chaque classe bénéficie d’une storyline qui lui est propre et qui se montre plus ou moins intéressante à suivre selon les cas. Quoi qu’il en soit, ce sera là encore une fois l’occasion d’en apprendre plus sur le monde d’Eorzea.




D’ailleurs, l'une des erreurs de Square Enix aura peut-être été de mettre un peu trop l'accent sur le côté très fan service du titre qui va piocher des idées à droite à gauche parmi de nombreux épisodes de la série. En réalité, cet aspect d'A Realm Reborn est réduit, et n'est qu'un à côté à un univers unique allant chercher intelligemment ses inspirations dans ce qui existe déjà et construit avec talent. Il est donc davantage question de clins d'œil amusants qu'autre chose, et c'est tant mieux. Aussi, même s’il est question d’armures magitek, de tour de cristal, ou encore de Tiny Bronco, la mythologie d’A Realm Reborn existe bel et bien et se dévoile comme classique mais riche et fort agréable à découvrir.
Au delà de ça, l'un des atouts majeurs du titre, à côté de cet aspect scénarisé très réussi, est sans conteste son univers visuel. Allant à contre-courant de bon nombre de ses congénères, A Realm Reborn n'opte ni pour des graphismes cartoonesques (World of Warcraft et consorts) , ni pour des graphismes "plastique et chirurgie esthétique" (une bonne majorité des F2P coréens). Non, ici on a droit, comme pour la première version du jeu, à un style qui se veut la plupart du temps réaliste et sobre. Mais cela ne veut pas dire morne pour autant, au contraire. Le monde a beau être cohérent, il n'en demeure pas moins une véritable félicitée pour les yeux et il ne sera pas étonnant de se surprendre à explorer les zones de fond en comble tout en s'arrêtant au détour de l'un ou l'autre panorama simplement pour admirer le décor. D'un point de vue technique, le jeu est également à la hauteur et ne demande pas une configuration haut de gamme pour tourner convenablement. Il n'y a que lors de certains ALEAs fort prisés qu'il peut y avoir quelques problèmes, surtout lorsque ceux-ci sont surchargés de monde. Il y a de fortes chances dans ces cas là que l’on ne voit plus les ennemis ou tout simplement notre propre personnage, noyé sous une pluie d’effets visuels par moment un peu trop lumineux.

Au niveau de la bande son, qui a été confiée à une équipe dirigée par Masayoshi Soken, il n'y a pas grand chose à redire si ce n'est qu'elle est excellente. Non seulement les musiques d'ambiance sont particulièrement réussies, il n'y a qu'à se balader à Ul’dah de nuit ou dans ses environs pour s'en apercevoir, mais les compositions plus rythmées font également mouche. Les morceaux qui accompagnent les affrontements contre les primordiaux, notamment, ont l'art de rendre la chose doublement plus épique. En se montrant donc variée et efficace, parfois audacieuse, elle offre ce que l'on est en droit d'attendre de la série. On notera également que lors de certaines séquences, les personnages importants sont doublés (en japonais/anglais/français/allemand, au choix). La qualité de la chose dépend de la langue mais on saluera quoi qu'il en soit l'effort tout en regrettant juste que le travail semble quelque peu inachevé. C'est en effet assez étrange de se retrouver avec la moitié des cut scenes doublées et l'autre non. Et c'est aussi là qu'on sent que l'équipe en charge du jeu à dû faire quelques concessions...




Maintenant, tout n’est pas parfait non plus et quelques tares subsistent. On pense en premier lieu à certaines fonctionnalités de base qui manquent cruellement. Par exemple, malgré l’énorme soin qui a été apporté à l’interface, incomparablement plus ergonomique que celle de la v1, il y persiste certains défauts comme l’impossibilité de réellement trier son inventaire (c’est prévu dans une prochaine mise à jour, ceci-dit). Un autre problème de taille est la latence qui était déjà présente dans la première mouture du jeu et qui l’est toujours, suivant les moments, dans celle-ci, rendant certains combats tout simplement injouables si elle est présente. On notera aussi une grosse simplification dans les mécaniques de bases du jeu et au niveau des choix d’équipement, compensée par des combats faisant davantage appel aux réflexes et à la mobilité du joueur. Un choix qui s’explique par la volonté de toucher le plus grand nombre, au détriment de l’aspect stratégique que l’on pouvait autrefois trouver dans le fait de choisir avec soin et d’optimiser ses armes et armures. Bref, on se trouve face à quelque chose très grand public, surtout par rapport à ce qui nous avait été proposé par le passé mais, heureusement, cela n’est pas rédhibitoire pour autant. Pourquoi ? Parce que Square Enix a malgré tout su équilibrer de manière tout à fait convenable son jeu en le rendant intéressant aussi bien pour les néophytes que pour les assidus de jeux en ligne. Dans les points négatifs, il faudra également et un peu malheureusement souligner le rôle très en retrait des « grandes compagnies », des corps armés officiant dans chacune des trois citées majeurs d’Eorzea. Le choix nous est donné de rejoindre l’une d’entre elles mais, au final, il n’a que très peu d’importance et il n’y a pratiquement aucune quête ou mission qui leur est spécifique. Une déception, surtout par rapport à la version 1 qui donnait d'impact à chacune d’entre elles.

Enfin, évoquons brièvement le futur. Les prochaines mises à jour devraient voir l'apparition du PvP dans des zones qui lui sont spécialement dédiées ainsi que du housing (achat et aménagement de maisons aussi pour soi que pour sa compagnie libre) et d'un nouveau donjon end game qui n'est autre que la tour de cristal. Il a également été annoncé que de nouveaux jobs devraient tôt ou tard arriver tout comme de nouveaux combats contre les primordiaux et des versions plus difficiles de ceux déjà présents. Bref, il y aura de quoi faire, d'autant plus que l'équipe annonce une mise à jour très conséquente tous les 2 à 3 mois environ ! Une chose est donc certaine, le contenu ne manque pas et ça ne risque pas d’être le cas avant longtemps.

En définitive, A Realm Reborn s’est donc inspiré de ce qui se faisait chez les autres et de ce que la série a créé comme univers en presque 25 ans pour nous proposer un MMO qui se veut être un véritable plaisir à parcourir. Eorzea est un monde splendide et soigné et les personnages qui y évoluent valent le détour. Sans être trop hardcore mais tout en proposant du challenge pour celui qui en veut, FFXIV version 2.0 s’adresse aussi bien aux joueurs occasionnels qu’à ceux à la recherche de sensations fortes. Mais avant toute chose, il se destine à celles et ceux qui prendront leur temps de découvrir ce qu’il leur réserve et imprégneront petit à petit de son univers.




Graphisme:
L'un des plus beaux MMOs du marché si pas le plus beau tout simplement. Le monde d'Eorzea est un bonheur de tous les instants à découvrir, les personnages sont superbement bien modélisés (chose rarissime pour un jeu du genre) et, techniquement, cela se révèle tout à fait correct.

Bande son :
Si des doutes étaient permis, ils seront bien vite effacés. Soken réalise un sans-faute et délivre quelques perles qu'il serait dommage de manquer tout en se montrant original. Concrètement, l'OST est digne d'un Final Fantasy et les thèmes sont aussi variés que convaincants.

Durée de vie :
Il est possible de monter une première classe au niveau maximum en suivant l'Epopée et en faisant les diverses quêtes sur lesquelles on tombe durant notre cheminent. Du coup, arriver au niveau maximum se fait relativement rapidement. Parcourir le jeu dans son ensemble, par contre, promet une durée de vie tout à fait énorme.

Scénario :
L'intrigue principale se révèle fort intéressante mais a le désavantage d'être aussi très lente à se mettre en place. De manière générale, les quêtes sont écrites de belle manière et l'on plonge dans un univers cohérent et mature (le jeu n'a pas usurpé son PEGI 16) qu'il est très plaisant de découvrir.

Jouabilité :
Que de changement par rapport aux débuts de la V1 ! Ici, tout a été pensé pour le confort total du joueur. L'interface, bien que demander un petit temps d'adaptation du fait des nombreux éléments présents, se révèle efficace à souhait et il est possible de pratiquement tout paramétrer selon nos envies. Que demander de plus ? Sans oublier ce qui a été prévu pour ceux qui préfèrent jouer à la manette.

En résumé :
Est-ce que FFXIV – A Realm Reborn révolutionne le genre MMO ? Non, certainement pas. Est-ce qu'il est irréprochable ? Non plus. Maintenant, il a pour lui l'avantage irremplaçable d'avoir été fait avec le cœur et les trippes par une équipe à qui il avait été confié un projet presqu'impossible et qui a sué sang et eau pour le mener à bien malgré tout. Et le résultat est à la hauteur de nos attentes, c'est le moins que l'on puisse dire. A Realm Reborn n'est peut-être pas un chef d'œuvre intouchable, mais il s'adresse avant tout aux fans, leur fait plaisir, mais sans pour autant faire fi d'une personnalité propre. D'une âme bien à lui. Et ça, ça change tout. Peut-être pas le plus parfait de la série, mais pour certains, ce FF s’annoncera très certainement comme un véritable coup de coeur.

Shaedhen

Note de la rédaction
Note des lecteurs