Shaman King - 2021 - Actualité anime

Critique de l'anime : Shaman King - 2021

Publiée le Vendredi, 29 Avril 2022

Chronique partie 1 (épisodes 1 à 13) :

Shaman King fait partie de ces shônen d'aventure et d'action qui ont marqué la première moitié des années 2000, y compris la France. Lancé le 30 juin 1998 dans le célèbre Shônen Jump, le manga de Hiroyuki Takei tirera sa révérence en 2004 avec son 32e tome. Une fin abrupte, pour laquelle l'auteur n'a jamais caché sa frustration. Il se rattrapera néanmoins quelques années plus tard, en 2009 très exactement, grâce à l'édition deluxe de la série qu'il pourra enrichir d'une belle poignée de chapitres supplémentaires, donnant lieu à la conclusion à laquelle l'auteur pensait initialement. Rares sont les œuvres de l'écurie Jump bénéficiant d'un tel traitement de faveur.

Et si on n'aurait jamais pensé dire ça lors de la fin initiale de l’œuvre, force est de constater que Shaman King n'aura jamais été aussi vivant que plus de quinze ans après sa fin d'origine. Après une suite annulée avec son sixième tome (Shaman King Flowers) ainsi qu'une série d'histoires courtes/préquelles (Shaman King Zero) l'éditeur Kôdansha a repris la licence en 2018 pour permettre à Hiroyuki Takei de dessiner le troisième chapitre principal de sa saga avec Shaman King : The Super Star, toujours en cours avec 5 tomes au compteur. La série profite aussi de plusieurs spin-offs dont trois toujours publiés à l'heure actuelle : Shaman King Marcos, Shaman King & a garden et Shaman King Faust 8 : Eien no Eliza. Seul Shaman King : Red Crimson est achevé à l'heure où ces lignes sont écrites.
Bonne nouvelle pour le lectorat français puisque les éditions Kana remettent en avant l'univers, que ce soit par une réédition dite « star edition » incluant les tomes retouchés par l'auteur et les nouveaux chapitres de la série, ou par ses séquelles puisque Flowers et The Super Star sont disponibles dans nos librairies. Concernant les dérivés, ils intéressent aussi l'éditeur qui a déjà publié le roman Faust 8 tandis que Red Crimson est confirmé, sans date de parution pour l'heure.



Et côté animation, la série n'est pas en reste. Diffusée entre 2001 et 2002 pour un total de 64 épisodes, l'adaptation animée restait chère aux cœurs des fans sur certains points. Mais beaucoup espéraient tout de même une nouvelle proposition, plus fidèle au manga de Takei, et pourquoi pas en incluant la véritable fin de l'histoire. Ces vœux, des studios les ont entendus, mais le mangaka a semble-t-il décliné plusieurs propositions, notamment pour l'impossibilité de réutiliser les musiques de la première version. A priori, même l'auteur était attaché à la réalisation de Seiji Mizushima, malgré les divergences avec son propre récit.

Ce projet, longuement espéré, voit finalement le jour dès le 1er avril 2021. Ce qui sonnait comme un poisson concrétise de fortes attentes, aussi Shaman King est de retour via une série animée flambant neuve, sobrement nommée Shaman King, reprenant l'histoire à zéro et affichant l'ambition de retranscrire l'ensemble de l'intrigue sur un format sous-entendu d'une cinquantaine d'épisodes puisqu'il était signifié que la diffusion durerait une année. A voir ce que cela donnera, à terme.
Un compromis semble avoir été trouvé vis à vis des attentes du mangaka puisqu'une bonne partie du casting vocal reprend son rôle dans cette nouvelle version. Quelques changements au tableau comme Yôko Hikasa qui succède à Yûko Satô dans l'interprétation du héros, Yoh Asakura. Mais Katsuyuki Konishi revient en Amidamaru, Romi Park en Tao Ren, Minami Takayama en Hao, Megumi Yakashibara en Anna Kyôkama... Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, donc. D'ailleurs, Megumi Hayashibara reprend aussi certaines chansonnettes et signe notamment les premières génériques de cette adaptation. Quant à ses anciennes chansons... elles ne sont pas totalement oubliées, mais on préfère laisser la surprise aux spectateurs qui auraient eu le bonheur de connaître les mythiques Over Soul et Northern Lights.

Cette nouvelle série, qui compte 29 épisodes à l'heure où cette chronique est publiée, est produite par le studio Bridge. Takeshi Furuta, qui a déjà une certaine expérience avec Saint Seiya : Soul of Gold, Eldlive, Double Decker et la saison 2 de Seven Deadly Sins, signe la réalisation en s'appuyant que la composition scénaristique de Shoji Yonemura. Loin d'être un débutant, ce dernier a déjà écrit des épisodes pour Death Note, Digimon X-ros Wars, Fairy Tail et la seconde série animée Hunter X Hunter. Yûki Hayashi s'occupe de la nouvelle bande originale, ce dernier n'ayant plus rien à prouver en terme de compositions endiablées depuis son travail sur Haikyû!!, My Hero Academia ou les séries Gundam Build Fighters. Enfin, nous devons le character-design à Satohiko Sano, artiste qui œuvre au même poste sur Welcome to Demon School! Iruma-kun ainsi que sur Talentless Nana. Sa tâche, ici, est d'adapter fidèlement la patte actuelle de Hiroyuki Takei, un travail de taille qui se soldera pas une réussite.


En France (et partout dans le monde), c'est sur Netflix que la série est diffusée. Décalée par rapport au Japon, elle ne profite pas d'un système de simulcast mais est proposée par fournées d'épisodes. L'avantage est une sortie bénéficiant d'un doublage français, mais qui débouche sur deux frustration : Le retard par rapport à la sortie japonaise d'une part (le « bingewatch » n'étant pas tellement une philosophie dans la consommation d'anime, chose que Netflix semble avoir récemment compris avec Blue Period et Komi Can't Communicate) et d'éventuelles difficultés quant à une sortie physique puisqu'il est bien connu que la plateforme est très avare quand il s'agit de vendre ses doublages. A voir ce qu'il en sera, à terme...

Ainsi, nous abordons dans cette chronique les 13 premiers épisodes, rendus disponibles par la plateforme le 9 août dernier. Ceux-ci adaptent les chapitres 1 au début du 85, soit du premier tome jusqu'à entamer le volume 10. Cette longue introduction étant faite, il est temps d'entrer dans le vif du sujet.


Une histoire de tournoi et de fantômes

Cachés des regards de la société vivent les shamans, des individus d'exception capables de voir les fantômes mais aussi de leur parler, et de ne faire qu'un avec eux pour démontrer d'étonnantes capacités. Dans les années 2000, le jeune Yoh Asakura est l'un de ces shamans et baigne depuis toujours dans un ésotérisme familial. Nouvel arrivant de sa ville, il fait la rencontre de Manta, un garçon de son âge petit et chétif qui va découvrir, par le biais de son nouvel ami, l'existence des esprits.

Yoh n'est pas arrivé dans cette cité par hasard. Il est là en vue de la tenue prochaine du Shaman Fight, un tournoi opposant les shamans qui a lieu tous les 500 ans, et qui désignera le prochain Shaman King. Pour l'adolescent au flegme particulièrement prononcé, ce sera l'occasion pour lui de réaliser son rêve : Mener la vie paisible qu'il a toujours désiré ! Il fera la rencontre de bien d'autres challengers qui nourrissent des desseins tantôt admirables, tantôt maléfiques, comme le cas de Ren Tao, un garçon qui ne jure que par la violence et la vengeance.



Un début d'adaptation fidèle, mais expéditif

L'exercice de la nouvelle adaptation d'un manga déjà porté en anime est toujours quelque chose de délicat. Ponctuellement, les créateurs derrière une telle démarche se heurtent à une problématique, celle de ne pas être un bis repetita de la première version. Dans ces processus, on note souvent la volonté de mieux correspondre à l’œuvre d'origine, ou aller d'aller plus loin que le premier anime. On se souvient ainsi des débuts de FullMetal Alchemist Brotherhood qui allaient à l'essentiel pour ne pas s'attarder sur ce que la version de 2004 avait déjà adapté. Mais il existe des contre-exemples comme l'itération de 2011 de Hunter X Hunter qui ne cherchait pas forcément à expédier le récit, voulant reprendre de manière complète l'histoire de Yoshihiro Togashi tout en poussant l'adaptation aux arcs des Fourmis Chimères et des Élections.


Les lecteurs du manga le comprennent dès le premier épisode, cette nouvelle version de Shaman King se place dans l'optique d'un FMA Brotherhood. Prévue a priori sur 52 épisodes, la série série cherche immédiatement à aller à l'essentiel. Là où le manga, comme bon nombre d’œuvres fleuves, y va à tâtons et à coup de petits arcs introductifs, la série dirigée par Takeshi Furuta ne reprend que les segments essentiels, et les combine par moment pour donner lieu à une intrigue fluide mais condensée. Difficile alors de se poser aux côtés des personnages pour apprécier les balbutiements de l'intrigue, comme c'est le cas dans le manga, puisque chaque épisode a une trame précise à retranscrire et prendra quelques raccourcis pour y parvenir.

Se pose alors la question de la compréhension. Par un tel rythme, est-ce qu'un spectateur novice pour adhérer à la série ? Oui. Et là est la prouesse de Shoji Yonemura, en charge de la structure scénaristique de la série animée. Si chaque épisode va à cent à l'heure, l'histoire ne perd en aucun cas le spectateur attentif. Le scénario se limite à l'essentiel, à ses enjeux, à ses combats et aux grandes pistes de l'histoire, et le tout reste pour l'heure assez simple pour qu'un néophyte ne soit jamais perdu et prenne plaisir à découvrir l'aventure de Yoh et les richesses de l'univers. Ce constat s'adresse aux 13 premiers épisodes, qui retracent le début jusqu'à l'arrivée des personnages aux États-Unis, mais il faudra voir si la composition narrative reste aussi précise par la suite, et si un tel rythme n'entravera pas la compréhension d'une intrigue vouée à se complexifier. On notera néanmoins que le final du treizième épisode, le dernier de la première fournée proposée par Netflix, a le mérite de s'achever sur un cliffhanger via une scène prouvant à la fois la cruauté du charismatique Hao et les premières bribes de ses objectifs.


Une production un peu trop légère ?


A l'heure où beaucoup cherchent dans ces nouvelles adaptations de shônen fleuves une certaine qualité technique, et notamment des séquences d'action au moins inspirées, au mieux époustouflantes, la version 2021 de Shaman King peut décevoir. La narration se limite en grande partie à des plans fixes reposant sur quelques effets visuels qui viennent traduire la puissances des Oversoul, les fameux pouvoirs shamaniques des personnages. Il n'y a donc pas de quoi être transporté par les affrontements, si ce n'est grâce à la composition musicale de Yûki Hayashi qui apporte toujours un certain degré de tension ou d'intensité. C'est assez frustrant dès le départ, d'autant plus que même les duels importants ne bénéficient pas d'un soin plus appuyé. La qualité, limitée, a pour mérite d'être constante, mais on espère tout de même un sursaut dans les futurs instants de la série.


Cette production amène pourtant un intérêt : La lisibilité de l'action. Par l'absence de toute fioritures ou de vraies tentatives animées, les combats se suivent sans aucune incompréhension. Et malgré la faiblesse du mouvement dans la globalité, on saluera l'harmonie visuelle globale, et un grand respect du character-design actuel de Hiroyuki Takei, si stylisé et séduisant. Satohiko Sano a donc fait un excellent travail à ce sujet, et les animateurs et directeurs d'animation sont là pour maintenir cette esthétique.

Maintenant, est-ce qu'un sursaut est possible ? C'est tout ce qu'on demande, notamment car la démesure sera plus présente à l'avenir, et que certains arcs mériteront de profiter d'une réalisation parfois moins sommaire pour faire surgir les ambiances que le mangaka a proposé dans son œuvre.


La musique et le doublage

Nous avons évoqué plus haut les bonnes compositions de Yûki Hayashi qui retranscrivent l'univers ésotérique et les ambiances épiques de la série. A ce titre, son travail est efficace, même si certains regretteront possiblement l'absence de thèmes véritablement marquant, par rapport à ce qu'il a produit pour Haikyû!! ou My Hero Academia, pour ne citer qu'eux.
En dehors des musiques d'ambiance, on apprécie le retour de Megumi Hayashibara sur les premiers génériques. Par son timbre qui n'a pas pris une ride, l'artiste livre avec Soul Salvation un thème entrainant qui transpire l'énergie du début des années 2000, ce qui renvoie inévitablement aux openings qu'elle a interprété pour la première adaptation. En revanche, le premier ending qu'est Boku no Yubisaki divisera un poil plus du fait de du rendu synthétique (pas très utile) apporté sur la voix de la chanteuse, sur une chanson pourtant énergique et qui clôt avec entrain les différents épisodes.

Le doublage, lui, a été fait pour ravir les inconditionnels du premier anime, que ce soit en version originale ou en français. Côté Japon, une grande partie du casting d'origine a été repris. Quelques changements au programme, dont une Yôko Hikasa qui reprend correctement Yoh Asakura. La version française commandée par Netflix répond à cette même intension en rappelant une belle part des comédiens d'origine donc Taric Mehani sur Yoh et Hao, Nathalie Bienaimé sur Anna, Olivier Korol sur Ren, Benjamin Pascal sur Horohoro ou Stéphane Ronchewski sur Faust. On note toutefois quelques changements dont Benoît Fort-Junca qui succède à Vincent Violette sur Bokuto no Ryû, comédien pourtant présent sur cette VF (dans le rôle d'En Tao). Un choix qui traduit globalement une volonté d'ajuster le casting et de le diversifier. Exercice réussi, puisqu'on sent une petite variété appréciable pour ces 13 premiers épisodes, tout en restant sur une volonté de fidélité par rapport à la première adaptation animée. Et côté qualité, le rendu est globalement satisfaisant malgré certains personnages secondaires parfois en sous-jeu. Puis, chaque spectateur sera juge de l'effet proposé sur le timbre de Taric Mehani, assez spécial de prime abord mais sur lequel on finit par s'habituer. Il se pose aussi la question des acteurs repris de la première adaptation, aux voix graves et qui ne correspondent certainement pas à des enfants dans la douzaine, mais cela aurait impliqué des changements drastiques sur cette direction.


En route vers le Shaman Fight !

Ces treize premiers épisodes s'achèvent quand nos héros sont en route vers le village pache. Le premier bilan qu'on peut tirer de cette nouvelle adaptation dépendra vraiment du profil de spectateur, ce début pouvant tirailler par son rythme qui implique une omission de bon nombre d'éléments des débuts du manga, ou par l'animation très sommaire malgré la grand respect voué à l'esthétique de Hiroyuki Takei. On se demande forcément si les épisodes suivants changeront cette formule, et les néophytes découvrant l'histoire par l'anime attendront avec une probable curiosité le vrai lancement des hostilité. Car Shaman King n'en n'est qu'à ses débuts, l'intrigue de Hiroyuki Takei fourmillant d'idées, pas toujours très bien reçues par quelques lecteurs de son œuvre, mais largement appréciées par d'autres.



Chronique partie 2 (épisodes 14 à 26) :

L'été dernier, la nouvelle adaptation animée du manga Shaman King par le studio Bridge nous parvenait sur Netflix, via un premier paquet de treize épisodes diffusés en version originale sous-titrée et en version française. Narrant les débuts de l'aventure de Yoh Asakura et des siens dans la rude compétition pour devenir roi des shamans, ces premiers pas ont su vite entrer dans le vif du sujet, occultant les segments introductifs qui pouvaient être mis de côté pour directement aller à l'essentiel. Le choix est compréhensible, Bridge ayant certainement cherché à ne pas trop répéter ce qu'a adapté le studio Xebec avec sa version au début des années 2000, tout en se conformant à une longue prévue d'une cinquantaine d'épisodes environ, empêchant d'emblée tout focus sur les éléments mineurs de l'intrigue.

Par cette première fournée, les retrouvailles avec l'univers de Hiroyuki Takei se sont montrées plaisantes, notamment parce que le travail de character-design de Satohiko Sano s'est montré en phase avec l'esthétique moderne du mangaka, celle que l'on retrouve dans la deuxième partie de l'œuvre papier. Mais ces débuts ont eu leurs limites, techniques notamment, aussi l'action s'est très souvent limitée à une succession de plans fixes appuyées par des effets numériques pour créer un dynamisme visuel. Malheureusement, c'est un constat que l'on observe dans les treize épisodes suivants.

La suite de cette adaptation nous a été rendue disponible le 9 décembre, l'année 2021 se concluant ainsi avec la première moitié de cette nouvelle version pour nous. Dans cet épisodes 14 à 26, l'équipe de Yoh arpente l'Amérique en recherche de la terre des paches, lieu où les participant au Shaman Fight doivent se regrouper en vie de se qualifier pour la phase suivante de la compétition. Une aventure qui plante rapidement les enjeux du tournoi entre l'introduction (en fin de partie précédente) d'un Hao dangereux entouré par de puissants fidèles ou d'autres shamans redoutables dont certains deviendront de formidables alliés, ou encore par l'entrée en scène de la faction salvatrice des X-Laws, visant moins le trône du roi des shamans que la tête de Hao. Par cette deuxième partie, l'intrigue de Shaman King passe donc aux choses sérieuses !


Entre road-trip et tournoi

Par cette seconde partie de l'anime, nous atteignons déjà le chapitre 146 de l'oeuvre, soit en pleine dix-septième tome. Moins de la moitié du chemin a été parcouru alors que bien des éléments ont été occultés, ce qui laisse redouter une cadence accrue par la suite. Ce qui n'est pas le cas sur ces treize nouveaux épisodes qui montrent un rythme bien plus posés par rapport aux débuts qui se devaient de vite poser les bases et ne pas s'étendre sur l'adaptation des chapitres dits introductifs. En assez peu de temps, bien des événements sont donc retranscrits à l'écran, de la fin de la quête vers le village pache jusqu'à la première partie du tournoi, s'achevant en apothéose sur la toute puissance d'un Hao dont la terreur grimpe petit à petit.


La trame proposée pour le moment ne manque pas d'intérêt, tant les événements s'enchainent bien tout en se renouvelant à chaque segment. Ainsi, le road-trip en Amérique ne dure que quelques épisodes, avant que la série ne fasse sa transition vers le tournoi qui occupera la plus grosse partie de l'histoire. Toujours fidèle à l'œuvre de Takei sans jamais dévier, l'anime lancé en 2021 n'étonnera donc pas les lecteurs qui ont en tête la trame du manga, d'autant plus que beaucoup le (re)découvrent aujourd'hui par la nouvelle mouture des éditions Kana.

Dans cet exercice de fidélité, ce sont donc les moments forts présents dans les tomes 10 à 16 qui nous sont montrés, l'ensemble alternant efficacement les moments d'action et les développements importants du manga, ce qui concerne surtout les nouveaux personnages importants du récit. Il faut alors admettre que cette nouvelle partie de l'adaptation parvient à retranscrire le scénario sans oublis majeurs, et ce en ne perdant jamais une seule minute. L'ensemble se montre rythmé, certes, mais jamais expédié. On espère que cette cadence sera entretenue de la sorte pour les parties suivantes qui auront pour challenge de retranscrire un récit qui gagnera en complexité, et qui cumulera les péripéties.


Les limites techniques, toujours présentes

Malheureusement, ce qui faisait défaut aux treize premiers épisodes se retrouve dans les suivants. Si on salue l'harmonie visuelle entretenue et le fort respect à l'esthétique de Hiroyuki Takei, on constate une fois encore une réalisation qui peine à trouver sa force, tandis que les affrontements manquent d'un travail d'animation évident. Le côté nerveux du manga ne se retrouve pas dans cette suite, qui puise pourtant dans des éléments intenses du manga. C'est dommage, car la force de l'œuvre de Takei vient aussi de sa représentation des oversoul dans des affrontements palpitants. C'est donc pas des plans fixes agrémentés d'effets visuels que les équipes en charge de l'adaptation cherchent à créer du dynamisme. Et si l'intensité est présente par le biais de la bande originale composée par Yûki Hayashi ou par quelques moments de réalisation mieux sentis, qui savent donner plus de cacher à plusieurs instants clés, on reste sur un rendu bien trop sage et lisse pour une œuvre qui cherche à créer la démesure au fil des arcs. Si cette technique n'évolue pas par la suite, certaines scènes fortes de Shaman King pourraient perdre de leur force.


Tournoi intense, mais tournoi trop sage

Il faut donc être bon public pour adhérer pleinement à cette adaptation. Si la composition scénaristique de Shoji Yonemura est indéniablement une force de cet épisodes 14 à 26 qui parviennent à adapter bien des événements en peu de temps sans jamais gâcher l'intrigue du matériau initial, les limites des réalisation et d'animation empêchent très clairement cette nouvelle adaptation animée de montrer tout son potentiel. C'est dommage tant le segment adapté ici s'avère convaincant, y compris pour un nouveau public qui peut observer un univers qui gagne en richesse tandis qu'une intrigue pour ambitieuse se met doucement en place. Les personnages eux aussi ne manquent jamais de saveur, chacun apparaissant en profitant rapidement de traitements qui les rend attachants et/ou complémentaires par rapport au reste du casting. Car Shaman King, dans ce qui est conté épisodes après épisodes, s'enrichit de thèmes forts que les spectateurs pourront davantage apprécier par la suite. Et justement, il n'aura pas fallu attendre bien longtemps pour profiter de la vague d'épisodes suivante qui fut rendue disponible dès le début d'année 2022. Ce sont des moments forts qui seront adaptés, et des arcs qui ont parfois divisé le lectorat lors de la première parution française, ce qui mérite un intérêt supplémentaire donné à cette nouvelle version animée.


Enfin, les inconditionnels de la première adaptation animée apprécieront une nouvelle fois le respect à cette version d'époque via le casting vocal du nouvel anime. Parmi les figures importantes, signalons les retour de Yui Horie, Yoko Sômi et Motoko Kumai dans les rôles de Jeanne, Lyserg et Chocolove. Le refrain est assez différent concernant la version française qui redistribue le casting, les trois personnages étant ici incarnés par Lila Lacombe, Paolo Domingo et Benjamin Bollen. Les habitués de l'ancien anime seront potentiellement déstabilisés, mais reste que les nouveaux venus parmi les comédiens livrent de bonnes prestations, ce qui passe par de bonnes compréhension de leurs personnages et de leurs caractères. Le passage de la VO à la VF restera toutefois un exercice délicat dans le sens où les jeunes personnages sont, chez nous, incarnés par des adultes, là où l'interprétation japonais préfère des vois féminines pour retranscrire leurs âges.

On notera, en dernier point, un traitement tout particulier pour le personnage de Chocolove. Des retouches de son character-design ont été opérées, de manière à limiter les stéréotypes visuels raciaux. Et à l'occident, c'est tout simplement le nom du personnage qui est bricolé, passant de Chocolove à Jocko. On peut comprendre les intentions derrières, et sans doute que ces choix sont passés par une validation auprès des ayant-droits japonais.



Chronique partie 3 (épisodes 27 à 38) :


Au terme de son épisode 26, la nouvelle adaptation animée de Shaman King atteignait sa moitié, puisque la série s'est récemment conclue au Japon avec son 52e épisode. Pourtant, moins de la moitié du manga a été atteinte à ce stade, ce malgré les très gros raccourcis du début de la série. Tout porte à croire que la cadence ne fera que s'accélérer pour cette troisième partie, celle regroupant les épisodes 27 à 38... Ce qui sera peut-être un mal pour un bien, puisque ce segment aborde aussi l'un des passages les plus controversés du manga de Hiroyuki Takei.




Tournoi en pause ?


Au terme du violent combat ayant opposé l'équipe de Hao à l'un des groupes des X-Laws, la réincarnation du puissant onmyôji a montré toute sa puissance, provoquant des dégâts qui forcent la compétition à se mettre en pause le temps de quelques heures. Durant ce laps de temps, les grands événements de manquent pas. Tandis que Yoh dévoile à ses amis la véritable identité de Hao, celle de son frère jumeau, plusieurs affrontements ont lieu en marge du tournoi. Ainsi, Mikihisa, père de Yoh, met Ren et son équipe à l'épreuve, avant qu'un gardien Pache ne décide de venger son frère, assassiné par l'héritier des Tao avant sa rédemption. Un terrible événement survient, contraignant Yoh à prendre une irrémédiable décision...



Il se passe donc des choses dès ce début de troisième partie, indéniablement. Tandis que le récit a pour audace de mettre son tournoi en pause, il ne lésine pourtant pas sur les affrontements et rencontres diverses, faisant se croiser différents destins. Durant tout ce segment, on peut avoir la sensation que le récit se perd, ou plutôt qu'il fait des détours de manière à aborder ses thématiques, mais délaisse ses enjeux principaux. Hao est toujours là, et le menace qu'il représente ne faiblit jamais. Pourtant, et malgré la grande révélation de Yoh, il n'est pas le point central de ces 13 nouveaux épisodes. A la place, une grande intrigue parallèle est amorcée, une occasion pour cette nouvelle adaptation de Shaman King d'aborder ses personnages de manière plus conforme au manga. Par de multiples digressions marquées par des affrontements entre shamans, il est donc bien question de développements, donnant à l'ensemble une allure intimiste mais néanmoins déroutante pour quiconque s'attendait à une progression linéaire du Shaman Fight.

En se montrant fidèle au manga, le récit en profite pour aborder différents sujets, dont celui du cercle vicieux de la haine. L'événement fort de cette fournée d'épisodes enclenche les hostilités, aussi le destin de Jocko / Chocolove couplé au fameux combat contre le Golem renforcera tout cet aspect. D'un point de vue des enjeux strictes du scénario, on se demande bien où la série cherche à en venir, d'autant plus qu'on sait bien qu'au terme de cette troisième partie, le temps sera compté avant le grand final. Néanmoins, pris indépendamment, ce segment a son intérêt, surtout quand on sait que Hiroyuki Takei, l'auteur du manga original, a autant à cœur la morale de ses œuvres que le scénario qu'il raconte, si ce n'est plus.



Quid de l'adaptation ?

Dans le manga, cette interstice est un moment assez controversé auprès du lectorat francophone. S'écartant du classicisme de la compétition, il aborde des histoires parallèles sans tellement évoquer les enjeux du Shaman Fight, en plus de durer sur une belle poignée de volumes. Avec cette nouvelle adaptation qui ne lésine jamais sur la cadence au point de condenser ou éluder plusieurs scènes, l'un des défauts des cet arc narratif est gommé. Ce qui était une tare pour les deux premières parties devient presque une qualité, tant ce rythme permet de mieux apprécier ces événements. Assez ironique, mais voilà au moins un point positif dans ce gros travail d'adaptation.

Évidemment, cela ne gomme pas les aspects techniques qui marqueront sans nuls doutes la série jusqu'à son dénouement : Si visuellement la cohérence par rapport au style de Hiroyuki Takei couplé à de belles utilisations de couleur rendent une esthétique particulièrement belle, l'animation et la réalisateur demeurent bien limitée, un récit comme Shaman King méritant beaucoup plus que ça.



« On se reverra au Mont Osore »

Tandis que cette troisième partie s'ouvre sur la mort de Ren, que Yoh doit corriger en abandonnant simplement le tournoi, voilà que l'intrigue (fidèle au manga) se permet une véritable transition en revenant, le temps de quatre épisodes, sur l'histoire de la rencontre entre Yoh et Anna. Cet arc a un nom, Osorezan Revoir, et demeure une partie extrêmement appréciée des fans, devenue emblématique avec différents dérivés comme la chanson du même nom interprétée par Megumi Hayashibara, seiyû de Anna et chanteuse des génériques de la première adaptation animée.



Tandis que le jeune Yoh demeuraient un piètre shaman, voilà que son épouse doit lui être présentée : Anna, une itako disciple de la grand-mère du garçon, mais dotée d'un fort caractère et ne cherchant pas à se sociabiliser. Derrière ce comportement, Anna cache un secret puisqu'elle est maudite et hantée par de puissants démons. Aux côtés de Matamune, un puissant esprit félin servant les Asakura, Yoh doit faire face à sa promise qu'il cherchera à sauver de sa malédiction.

Si ce flashback est tant aimé, c'est notamment par sa mélancolie générale, la force de l'évolution de Anna, et le développement du personnage de Matamune qui devient une figure marquante en peu de temps. Adapté pour la première fois en anime, ce segment était attendu, chose que le studio Bridge a bien compris au point de créer des visuels clés et trailers spécialement pour l'occasion. Et si l'adaptation subit les tarres techniques que l'on connait à cette version 2021, force est de constater que le travail technique, de la musique notamment, parvient à recréer l'ambiance que l'on trouvait dans le manga. Pour un spectateur déjà charmé par ce scénario dans le récit d'origine, il est assez difficile de ne pas être touché, voire de lâcher sa petite larme lorsque se joue la chanson Osorezan Revoir, en fin de quatrième épisode de l'arc.



Vers le climax de la série

Condensant une large digression dans le déroulement du Shaman Fight, cette troisième partie s'achève sur une promesse d'un retour de la compétition. Le programme est enthousiasmant, mais il y a de quoi redouter quelque peu la quatrième et dernière partie de la série quand on sait que celle-ci devra adapter en 14 épisodes toutes la fin du manga, soit les volumes 24 à 35. Il y a énormément à faire, tout en sachant que l'enchaînement de séquences de combat permettront, peut-être, un agencement effréné sans trop de pertes de l'intrigue originale.

14 épisodes pour narrer la fin du tournoi, la traversée des Plant, et le combat final. Le pari est risqué, et on espère qu'il sera honoré en apportant quelques fulgurances, même si on n'attend rien de particulier du côté de la réalisation ou de la qualité d'animation.

Enfin, notons qu'à l'heure de la parution de cette chronique, nous savons que le nouvel anime Shaman King donnera lieu à une suite. Si celle-ci ne prend pas le risque de porter de nom précis pour l'heure, nous savons qu'elle puisera inévitablement dans le manga Shaman King Flowers, puisqu'elle promet de narrer l'histoire de Hana Asakura, fils de Yoh et Anna. Alors, pour quelqu'un n'ayant pas connaissance de la vraie fin de Shaman King, la curiosité de découvrir les derniers événements est légitime. Cette fin, nous devrions la découvrir dans un avenir proche, probablement vers la fin de printemps ou durant le début d'été, bien que Netflix n'ait pas confirmé de date précise.

Critique 3 : L'avis du chroniqueur
Takato

15 20
Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Takato

14 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato

14.5 20