Mobile Suit Gundam Unicorn - RE:0096 - Actualité anime

Mobile Suit Gundam Unicorn - RE:0096 : Critiques

Critique de l'anime : Mobile Suit Gundam Unicorn - RE:0096

Publiée le Lundi, 26 Septembre 2016

A l’origine une série de dix romans signée Harutoshi Fukui, Gundam Unicorn fut adapté de 2009 à 2014 sous la forme de sept OAV, avant de bénéficier d’un remontage annoncé pour le printemps 2016. Gundam Unicorn RE0096 est le résultat de cette découpe et prévoyait d’inclure des passages inédits et des génériques nouveaux, le tout en diffusant l’œuvre sous forme de série télévisée de 22 épisodes. Unicorn est donc désormais plus accessible, notamment pour le public français tant les DVD et Blu-ray d’origine, bien que proposant des sous-titres dans différentes langues dont française, sont vendus en import à des prix exorbitants. Pour ceux qui ont raté les OAV, la séance de rattrapage est donc idéale !


En l’an 0001 du Siècle Universel (ou Universal Century), le changement de calendrier pour honorer la colonisation spatiale fut célébré en grande pompe par la Fédération, sur la station orbitale Laplace, un événement toutefois perturbé par un attentat qui causa la destruction de la station…
Presque cent ans après, en l’an 0096 du Siècle Universel, trois années se sont écoulées depuis l’ultime révolte de Char Aznable, commandant des forces de Neo Zeon, qui s’est soldée par un échec. Sur la colonie Industrial 7 a grandi le jeune Banagher Links qui rencontre de manière fortuite, mais étonnante une certaine Audrey Durn qui chutait directement depuis le ciel. Cette rencontre va forger le destin de la colonie et tout simplement du Siècle Universel puisque derrière le surnom d’Audrey Burn se cache Mineva Zabi, désireuse de rencontrer Cardeas Vist dans le but de parler de « La boîte de Laplace », un artefact qui serait capable de chambouler la Fédération. Au même moment, les survivants de Neo Zeon, appelés aussi Manchettes, attaquent Industrial 7 pour mettre la main sur la boîte…


Fidèle au schéma de nombreuses séries Gundam dont les plus classiques, Gundam Unicorn se présente comme la vaste épopée d’un héros évoluant entre l’Espace et la Terre au cœur d’un conflit qui dans un premier temps le dépasse, avant que le protagoniste en vienne à se forger sa propre vision de la guerre et du monde. Dans les faits, Unicorn est l’archétype des œuvres Gundam conçues dans les années 80 et 90, un retour aux sources bien volontaire puisque l’œuvre s’ancre dans le Siècle Universel, univers dépeint depuis la toute première série en 1979 et régulièrement actualisée.
L’intrigue de Unicorn s’avère néanmoins plus complexe que les dernières séries parus depuis moins de dix ans, de Gundam 00 à Iron-Blooded Orphans, ce parce qu’elle se repose énormément sur le passif du Siècle Universel pour forger ses propres réflexions. Ces 22 épisodes se présentent presque comme un état des lieux et des mentalités, s’intéressant au point de vue des différents camps tout en mettant très souvent de côté un manichéisme finalement présent seulement chez peu de personnages. Alors, difficile d’appréhender la série quand on est un néophyte de Gundam. Certes, les gros points du scénario sont compréhensibles, de même qu’un certain plaisir peut être pris lors des batailles de robots, très nombreuses sur la seconde moitié de l’œuvre, mais le background pourrait paraître extrêmement flou. De même, il serait difficile de comprendre l’ensemble des personnages dans ces conditions, nombre d’entre eux disposant d’une psychologie qui s’appuie sur les événements qui ont façonné le Siècle Universel, racontés dans Mobile Suit Gundam, Z Gundam, Gundam ZZ et le film Char contre-attaque pour ne parler que des intrigues clefs. Fort heureusement, ces séries jusque-là inédites en France devraient bientôt être accessibles…

Alors, avec des connaissances du Siècle Universel, Unicorn devient rapidement passionnant tant son scénario cible les fondements du cet univers. La quête initiatique de Banagher, formule classique de nombreuses séries Gundam, est alors souvent un prétexte pour s’intéresser au point de vue des différentes factions, ce qui légitime presque les changements de camps réguliers de certains personnages, bien que le tout paraisse un peu trop simple parfois. La fameuse Boite de Laplace se révèle aussi passionnante, entretenant le mystère jusqu’aux derniers épisodes de la série, et aboutissant à une révélation bien menée dont les conséquences auraient pu être retentissantes. Le seul souci est que la série vient s’intégrer au milieu d’une ère où les suites, créer bien avant le roman, viennent contredire la finalité de Gundam Unicorn qui n’aura finalement que peu de portée sur l’ensemble de la saga.

Gageons que du côté des personnages, nous avons aussi affaire à des figures archétypales de la saga. Place donc à Banagher, le héros indécis qui se montrera comme un talentueux pilote, Mineva qui fait office de femme forte, les quelques figures patriarcales guidant les héros et sans oublier le fameux ennemi masqué en la personne de Full Frontal que l’intrigue présente rapidement comme le fantôme de Char Aznable, célèbre antagoniste de la saga. Cela n’empêche pas certaines figures d’être plaisantes à suivre, voire attachantes, en atteste les interactions entre Marida et Zinnerman qui est la relation la mieux exploitée de l’œuvre, là où d’autres binômes ont un traitement largement survolé, le lien entre Banagher et Mineva en premier lieu.

L’intrigue, plaisante dans sa globalité et passionnante par la montée en puissance des derniers épisodes, souffre néanmoins de défauts. Le premier et pas des moindres est le souci de l’écriture qui parfois tendance à passer du coq à l’âne, si bien qu’on se demande parfois si on n’a pas raté un épisode entre deux rebondissements. Aussi, les deux derniers épisodes ont de quoi déstabiliser par le parti-pris de l’intrigue qui dérive dans une tonalité presque mystique un peu poussive, laissant alors quelques points d’ombres sur la fin, mais qui permettent au grand spectacle de s’assumer comme il est.

En termes de réalisation, Gundam Unicorn RE0096 est sans doute l’une des plus grandes réussites de la saga. Il faut dire que la série triche un peu puisque les plans de celle-ci proviennent de la série d’OAV, réalisée sur plusieurs années avec peut-être un budget plus conséquent qu’une simple œuvre télévisée. En particulier, on retient la mise en scène audacieuse des derniers épisodes qui présentent les événements sous un jour époustouflant, tout en sachant que la série ne souffre pas de fausse note de réalisation sur la globalité.
En revanche, le travail de découpage de Sunrise est plus bancal, un bémol qui se ressent même par le spectateur qui n’a pas vu la totalité des OAV puisque les coupures, hasardeuses, reprennent parfois une même scène entre deux entractes. Les « scènes inédites » promises sont simplement les résumés des épisodes précédents, récurrents, qui s’étendent parfois sur les quatre premières minutes de l’épisode. Les vrais moments animés inédits sont donc les génériques d’ouverture et de conclusion, dirigés musicalement par le compositeur Hiroyuki Sawano, mais qui présentent des animations dynamiques et représentatives du ton de la série.

En France, Crunchyroll a diffusé la série en simultanée avec le Japon. Ainsi, Gundam Unicorn RE0096 est intégralement gratuite, mais une sortie physique semble assez difficile à l’heure où @anime s’apprête à lancer une nouvelle tentative d’implanter les séries Gundam en France par la prise d’œuvres antérieures. Pour les plus curieux, aucune excuse pour passer à côté de la série, désormais, si le dématérialisé ne vous effraie pas.

En définitive, si elle souffre de la comparaison avec sa forme d’OAV, Gundam Unicorn RE0096 est une série au scénario qui captive de plus en plus par sa montée en puissance, mais souffre de défauts d’écriture. Les thèmes proposés sont aux aussi passionnants pour les adeptes de l’histoire du Siècle Universel, il faudra simplement accepter quelques délires autour de la fin de l’intrigue pour apprécier le spectacle à sa juste valeur. Pour tout spectateur qui détient quelques notions de la saga, il serait dommage de passer à côté de cette série globalement de très bonne facture, ce malgré ses défauts.
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato

16.5 20