Death Note - Film (2017) - Actualité anime

Death Note - Film (2017) : Critiques

Critique de l'anime : Death Note - Film (2017)

Publiée le Lundi, 28 Août 2017

Les adaptations live ont le vent en poupe ces derniers temps, que ce soit du côté des studios japonais que des studios américains. Chacun y va de ses propres déclinaisons en longs-métrages en prises de vue réelles, parfois avec des projets bien ambitieux.
Des deux côtés, citons les exemples suivants : One Piece, Sword Art Online, Jojo’s Bizarre Adventure, FullMetal Alchemist… un programme qui a de quoi laisser les amateurs de pop-culture japonaise perplexes.





Mais il y a bien un projet qui a fait parler de lui durant les derniers mois : l’adaptation live du manga Death Note par Netflix. L’œuvre de Tsugumi Ohba et Takeshi Obata n’en est pas à son premier coup d’essai en matière de monture live incluant des acteurs. Deux films plus un troisième métrage autour du personnage de L furent produits dans les années 2000, suivis d’un drama japonais en 2015, puis un retour à la trilogie première avec un quatrième métrage lié à celle-ci : Death Note – Light Up the NEW World. Les USA ont aussi voulu tenter leur chance en adaptant ce thriller fantastique à l’écran. Le film, sobrement nommé Death Note, paraît ainsi le 25 août en simultanée dans le monde, via Netflix, un canal de diffusion original et qui tend à se développer. A la réalisation du projet, Adam Wingard, un homme qu’on a notamment pu voir à l’œuvre en 2016 avec le troisième film Blair Witch, métrage qui ne s’est pas vraiment attiré la sympathie des fans. Les fans attendaient donc ce Death Note occidental avec une certaine crainte, celle de voir un massacre de l’ordre d’un Dragon Ball Evolution, redoutant une incompréhension totale de l’œuvre d’origine. Tout le long de sa promotion, le film a créé bien des débats, à commencer par la polémique assez risible autour de l’acteur choisi pour incarner L, l’afro-américain Keith Stanfield. La polémique la plus légitime fut celle des intentions du réalisateur qui déclara vouloir apporter une maturité à son film à travers du sexe et de la violence… tout l’inverse de l’esprit du manga Death Note en fait. Il aura donc fallu attendre la fin du mois d’août 2017 pour rendre un jugement. Le film live américain Death Note s’est-il montré à la hauteur ? Malheureusement, pas du tout…



L’histoire se délocalisant aux Etats-Unis, un réajustement scénaristique devait avoir lieu. Le film suit Light Turner, un lycéen plutôt intelligent et discret qui reçoit un étrange cahier noir, tel un présent divin. Light vient d’entrer en possession du Death Note, un cahier tuant celui dont le nom est inscrit à l’intérieur. Plus intrigant encore : les règles du Death Note offrent de multiples possibilités à son possesseur. Le cahier a été remis à Light par Ryuk, créature démoniaque que seul lui est en mesure de voir. Poussé au vice par l’ange de la mort, Light se rend compte des pouvoirs du cahier en faisant sa première victime. En se servant de cette arme pour tuer l’assassin de sa mère, il se rend compte du don qu’il a reçu et qui peut lui permettre de tuer les criminels impunis. La légende d’un sauveur naît donc progressivement, Light s’attire le soutien de la fille pour laquelle il craquait, tandis qu’un détective hors pair va se mettre sur sa route : L.



Cette version de Death Note nous offre donc un contexte original tout en puisant dans les éléments principaux du manga de Takeshi Obata et Tsugumi Ohba. Et pourquoi pas, c’est même ce qu’on attendait de ce film : nous offrir une vision occidentale et, ainsi, une approche nouvelle de l’œuvre qui aboutirait à une expérience nouvelle. Car pour une redite presque exacte du manga, on a déjà l'anime et les films live nippons.

Le tout pouvait être une réussite, à condition que le film soit bien traité. Le premier élément fâcheux qui frappe rapidement est la dimension teen-movie de ce Death Note qui, dans ses orientations, semble vouloir conquérir les spectateurs amateurs de ce type de divertissements. Ainsi, dès les premières minutes, le film n’hésite pas à se montrer gore et violent, et ancre l’intrigue dans une dimension lycéenne malheureusement très maladroite et clichée, par exemple l'incontournable bullying, le persécuteur qu'on trouve dans bien des œuvres américaines à dimension scolaire. En particulier, la naissance de la relation entre Light et Mia dérange tant elle ne tient pas la route et naît d'une manière qui ne permet pas de prendre le film au sérieux. La suite sera à l’image de ce début de romance : tous deux agiront en bons complices, une collaboration sinistre où les deux individus ne montreront jamais précisément leurs intentions, et donneront l’air d’agir par simple volonté rebelle. Dans cette optique, on retrouve toutes les caractéristiques du teen-movie : le sexe sous-entendu, le gore à tout va, et une aisance pour dépeindre Light et Mia comme le ténébreux et la belle gosse fatale, tous deux défiant l’autorité qui les entoure. Pourquoi pas après tout, le souci étant que les deux têtes d’affiche ne sont jamais développées, aussi leurs psychologies tombent réellement à plat.



Et on pourrait relever bien des défauts similaires, dans l’orientation du film. L’un des plus marquants est l’ascension dans le spectaculaire, qui fonctionne plus ou moins bien selon les séquences. Si la scène finale de la roue apporte son lot d’intensité dramatique, elle ne doit sa présence qu’à une volonté d’en faire beaucoup afin d’épater la galerie. On notera aussi une certaine course-poursuite, totalement irréaliste, qui fait souvent sourire plus que scotcher le spectateur au siège. Voilà coïncide donc bien avec les propos d’Adam Wingard quelques mois avant la sortie du film, et donc aux craintes des fans du manga : plus que dans le thriller psychologique, nous sommes dans le récit à grand spectacle.

Pourtant, cette vision de Death Note apportait avec elle des pistes tout à fait intéressantes, à noter par un Ryûk qui tranche nettement avec celui connu dans le manga. Celui-ci n’est jamais vraiment décrit dans sa nature, aussi il demeure un certain mystère autour de lui, notamment en ce qui concerne ses intentions, une dimension mystique qui n’est malheureusement jamais vraiment exploitée.


Du côté de L, l’histoire du détective loufoque du manga est reprise dans ses grandes lignes et montrée différemment. Lakeith Stanfield incarne bien ce personnage totalement nouveau, moins insensible et justement souvent victime de ses propres émotions. Mais là aussi, son histoire est vite expédiée alors qu’elle aurait mérité un traitement plus approfondi, ne serait-ce pour qu’on se prenne d’empathie pour le personnage dans la dernière phase du film. Finalement, on déduit plus la cause de ses troubles qu’on ne les comprend, et ce parce qu’on devine l’intention de reprise de certaines pistes du manga ou de l’anime. Et côté prestations, Willem Dafoe n’a pas trahi notre confiance en incarnant un Ryûk malfaisant et effrayant, d’où la frustration quand arrive la fin du film et que l’ange de la mort n’a été que peu exploité. En revanche, Natt Wolf ne convainc jamais vraiment en Light Turner, le jeu de l'acteur apportant même certaines tranches de rire, involontaire de la part de l'acteur.



Là où ce Death Note cherche à approcher l’original, c’est dans sa tentative de créer quelques manigances en exploitant les capacités du cahier de la mort. Quelques idées assez bonnes sont trouvées là aussi, par exemple de nouvelles règles sur la possession du carnet ou la possibilité de revenir sur une mort écrite, mais n’aboutissent à pas grand-chose : quelques twists par ci par là qui ont une légère efficacité, mais servent surtout de facilité scénaristique pour amener le dénouement du film. Il semble aussi difficile de ne pas passer à côté de grosses incohérences scénaristiques : pourquoi l'intrigue se passe dans un pauvre commissariat de Seattle, entre les mains d'un seul homme ? Aucune idée. Bien sûr, il y a d'autres exemples qui viennent parfois faire grincer des dents...



En somme, la sauce Death Note est reprise pour créer du pur divertissement, pas bien psychologique malheureusement. Là où la recette ne fonctionne pas toujours, c’est dans l’aboutissement de tout ceci : la conclusion est une non-fin qui laisse croire à une suite, une intention qu’Adam Wingard a confié le jour même de la sortie du film, et une absence de finalité par rapport aux personnages. Et là, aussi, c’est quelque chose d’assez frustrant. Car la non-conformité totale du film par rapport au manga n’est pas un élément gênant, car le métrage avait la possibilité de puiser dans l’œuvre originale pour être un divertissement efficace. Le problème vient alors de l’absence d’écriture forte, de thématiques pas vraiment exploitées, de personnages peu profonds, de grosses facilités scénaristiques et incohérences diverses, et une impression que le film n’a pas tout dit de son intrigue.



Le gros intérêt du film sera alors sa réalisation, propre à souhait. Adam Wingard parvient à créer une atmosphère souvent froide et pesante dans son film, une sensation de combat perdu d’avance pour Light et Mia, et d’une absence d’humanité de la part de bien des personnages. On se laisse facilement happer par cette réalisation qui met la lourde atmosphère du film à l’honneur et, malgré une course poursuite plus amusante qu’autre chose, la séquence finale de la grande roue s’avère bien mise en scène en termes de scène dramatique finale. En revanche, toute la patte technique s’avère assez flinguée par une bande originale caricaturale, basée sur nombre de morceaux de pop-rock qui n'ont parfois pas grand-chose à faire là, soulignant parfois maladroitement l'évolution de la relation entre Light et Mia… teen-movie vous avez dit ?



Alors, l’adaptation live américaine de Death Note est bien une déception. Pourtant, les ingrédients pour créer une adaptation nouvelle du manga étaient là, certaines pistes scénaristiques ont même de quoi s’attirer l’intérêt du spectateur !
Malheureusement, le tout est noyé sous un trop grand nombre de défauts : dimension teen-movie dégoulinante de clichés, pistes scénaristiques trop peu exploitées, intrigue sans réelle finalité, surenchère du spectaculaire pas toujours justifiée, dimension psychologique qui reste en surface, direction musicale aux fraises… Il ne fallait pourtant pas grand-chose pour éviter nombre de ces défauts : une relecture plus minutieuse du scénario, ou une quinzaine de minutes supplémentaires afin d'exploiter davantage d’éléments narratifs ou développer les personnages.
Qu'à cela ne tienne, le film n'est pas la catastrophe que certains présentent, juste un film au fort potentiel, mais plutôt maladroit. Inutile, donc, de comparer ce Death Note au misérable Dragon Ball Evolution. Si suite il y a, on espère que Netflix aura conscience des faiblesses de cette première partie.

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato

8 20