Code Geass - Lelouch of the Re;surrection - Actualité anime
Code Geass - Lelouch of the Re;surrection - Anime

Code Geass - Lelouch of the Re;surrection : Critiques

Critique de l'anime : Code Geass - Lelouch of the Re;surrection

Publiée le Jeudi, 01 Avril 2021

Code Geass fait partie des licences ayant marqué les années 2000, au point d'avoir représenté une porte d'entrée vers les œuvres de robot pour beaucoup, à l'instar de Gurren Lagann ou de Gundam 00 (pour ne citer qu'eux). Mélangeant politique, combats d'entités mécaniques et dilemmes humains, tant d'éléments classiques du genre associés à de nombreux éléments fantastiques, voire mystiques, la série divisée en deux saisons a aussi séduit plus qu'une autre pour son character-design élégant et élancé signé CLAMP (ensuite repris par Takahiro Kimura). L’œuvre a profité d'une solide réputation, au Japon comme en France puisque nous avons eu droit à la série animée sous format physique ainsi qu'à son spin-off Code Geass : Akito the Exiled, et à plusieurs mangas autrefois publiés aux éditions Tonkam alors qu'elles n'avaient pas encore fusionné avec Delcourt. Un engouement qui s'arrêta malheureusement assez subitement, au point que le dérivé papier Code Geass : Shikkoku no Renya n'ait jamais été porté à termes dans nos contrées.

2016 a marqué la première décennie de la franchise, une licence que le studio Sunrise était bien décidé à entretenir. Outre des parutions de mangas qui n'ont jamais vraiment cessé et le pan animation entretenu avec les OVA Akito, il était question de revenir aux sources, et en deux temps. Le premier projet fut une recomposition de la série animée en une trilogie cinéma, sortis au Japon entre 2017 et 2018, mais toujours inédits chez nous. Des films à ne pas confondre avec les deux "Special Edition", produits dans les années 2000. Si la trame est la quasi exactitude du scénario de la série d'origine, en très accéléré, quelques éléments ont été modifiés. Des changements qui sont loin d'être des détails puisqu'ils sont pris en compte dans le second projet anniversaire, celui qui fait l'objet de notre chronique.


Suite de ces films récapitulatifs plus que de la série d'origine, le film Code Geass : Fukkatsu no Lelouch sort le 9 février 2019 dans les cinémas japonais, et présente d'avance comme titre international Code Geass : Lelouch of the Re;surrection. Dans la droite lignée de tout ce qui a été fait auparavant dans la licence, la production conserve son staff d'origine. Goro Taniguchi reste à la réalisation en suivant le scénario d'Ichiro Okôchi, point essentiel puisque la trame de l’œuvre et la conclusion de la série sont des éléments forts qui devaient être respectés. CLAMP signe les nouveaux character-designs originaux, repris par Takahiro Kimura. Les compositions de Kotaro Nakagawa sont de nouveau de mise, mais ce dernier dirige de nouveaux morceaux pour servir l'ambiance musicale de cette suite. Enfin, Eiji Nakada et Kenji Teraoka rempilent sur le mechanical-design, le premier des deux officiant sur les fameux Knightmare Frame.

En France, il faudra attendre le mois de mars 2021 pour avoir accès au film. Pas de sortie sur support physique pour le moment, malheureusement, et encore moins une sortie cinéma. Une simple VOD via ADN nous est proposée, en version originale sous-titrée uniquement. Espérons que l'avenir soit un peu plus radieux concernant Code Geass chez nous, d'autant plus que l'anime Code Geass : Z of the Recapture est actuellement en production. Autrement dit, la licence est loin d'avoir tiré sa révérence.

Une paix éphémère

Plusieurs mois se sont écoulés depuis que la mort du tyran Lelouch Vi Britannia a permis d'unifier le monde. Le Japon et les pays annexés par Britannia ont retrouvé une autonomie, et tous œuvres pour le maintient d'une paix durable. Nunnally œuvre dans cette optique, accompagnée en permanence par Suzaku, caché dans le costume de Zero qui est devenu un symbole de liberté.

Mais cette paix ne profite pas à tout le monde, et certainement pas au royaume du Zilkhstan qui a toujours fait de la guerre et des combats le fer de lance de ses traditions et de son économie. Pour ces raisons, les forces de cette nation kidnappent Nunnally et Suzaku, ravivant les braises des batailles.

De son côté, C.C est en pélerinage, et elle n'est pas seule. Elle voyage désormais accompagnée de ce qu'il semble rester de Lelouch : Une coquille vide et un corps démuni d'âme. A la recherche des portails menant au Monde de C laissés intactes par Charles avant sa mort, elle cherche à ramener l'âme de son compagnon, possiblement enfermée dans la dimension de l'inconscient collectif. Son chemin va croiser celui de Kallen, alors en mission pour libérer Nunnally et Zero.


Le pari d'une suite

Lorsqu'on évoque une séquelle à l'histoire de Code Geass, il y a de quoi grincer des dents. Surprenante, dramatique mais superbe, la conclusion initialement écrite par Ichiro Okôchi a pour mérite de frôler l'unanimité, au point de faire figurer l’œuvre parmi les meilleures fins de l'animation japonaise, pour beaucoup. Et pour cause, nous quittions la série après avoir observé la chute d'un Lelouch passé de héros de l'ombre à tyran, ayant en réalité sacrifié son honneur et sa vie pour mourir après être devenu l'attracteur des maux du monde. Son décès fut sa rédemption et entraina une paix mondiale, menant à une fin ferme, audacieuse et positive malgré son climax déchirant.

Une suite ne pouvait se faire sans Lelouch, et devait donc prendre le risque de balayer cette finalité si appréciée. L'astuce proposée est presque fourbe, puisque Lelouch of the Re;surrection est moins une continuité de la série que celle des films récapitulatifs. Ces derniers proposaient la survie de personnages qui jouent un léger rôle dans la teneur du dernier long-métrage. De ce fait, celui-ci ne peut en aucun cas être la séquelle de la série animée. Voila un compromis pour satisfaire tout le monde, certes, mais surtout une occasion de lustrer un peu plus une poule aux œufs d'or en évitant la casse.

Alors, comment s'en sort le métrage à ce sujet ? Pas si mal que ça. Pour justifier un tel retour, il fallait forcément jouer avec l'univers surnaturel de la série et les possibilités offertes par le Geass, le Code et le Monde de C. Si une raison à la survie de Lelouch pouvait être convenue via les concepts d'immortalité de la série, Ichiro Okôchi a fait des choix plus audacieux en bousculant la mythologie de l’œuvre, quitte à permettre un peu tout et n'importe quoi, mais en entretenant ainsi des mystères jusqu'au final du film, et même au-delà. Pourtant, il y a bien un semblant de cohérence dans tout ça, ou du moins une suspension consentie d'incrédulité conservée au point de mener à une porte ouverte qui appelle une nouvelle suite. Il y a encore à faire avec les mythes de Code Geass, et c'est certainement le plus grand point fort de ce long-métrage.


Un rythme généreux, mais des personnages en reste

Code Geass : Lelouch of the Re;surrection est un film de près de deux heures, une durée non négligeable. Pourtant, Goro Taniguchi a mis sur pied un résultat épatant par son rythme effrené, le métrage ne prenant que rarement le temps de se poser. On peut clairement découper l'histoire en deux grandes parties, exception faite de l'introduction, d'une paisible transition et de sa conclusion. Pourtant, tout s'enchaîne de manière à ne jamais laisser le temps au spectateur de s'ennuyer, y compris lorsque l'histoire cherche à se freiner pour nous permettre de retrouver les personnages et leurs relations. C'est certainement un plus en terme de divertissement, mais cela amène le plus gros problème de ce film suite : Concernant les figures qu'on a appris à apprécier le temps de 50 épisodes, rien n'est réellement raconté.

Évidemment, les personnages importants et récurrents répondent présent, car il fallait bien ça pour contenter le fan. Néanmoins, chacun reste fidèle à sa place en tant que concept/archétype instauré par la série animée initiale. L'amitié entre Lelouch et Suzaku se fait toujours par des coups de poings puis des accolades de réconciliation, Lloyd demeure un comic-relief jusqu'au bout, Nunnally une demoiselle en détresse et Kallen une fière guerrière dont les atouts corporels restent mis en valeur à chacune de ses apparitions (ou presque). Rien de nouveau sous le soleil, et c'en est décevant. Au final, ces personnages n'accomplissent pas grand chose, si ce n'est mener une nouvelle bataille. Il faut alors observer de légères interactions pour apprécier quelques pistes qui ont comme dénominateur commun Lelouch, sa destinée, et sa rédemption auprès d'autrui. L'idée est passionnante, mais facultative à côté du reste de la trame du film.


Quelque chose de plus intéressant est pourtant tenté du côté des antagonistes dont l'existence résulte d'une réflexion pertinente vis à vis de la fin de Code Geass. Maintenant que le monde est unifié, est-ce que la paix profite à tous ? Mais là aussi, la thématique n'est explorée qu'avec légèreté, aussi le royaume du Zilkhstan ressemble plus à un prétexte pour légitimer un conflit qu'une vraie ambition d'explorer un sujet géopolitique pertinent. La subtilité d'un tel scénario vient de la liaison de cet ennemi au culte du Geass, un moyen de remettre le mystique de l'univers en avant et de l'associer aux enjeux de l'intrigue. Finalement, les ambitions sont un peu trop grandes pour des personnages qui n'ont que peu de temps d'apparition. Seule Shamna, la grande ennemie du film, parvient à capter notre intérêt, là où des personnages comme Shalio ne montrent pas grand chose, malgré des designs pourtant réussis.


Alors, oui, le divertissement est l'une des cartes maîtresses du métrage, puisque celui-ci contente difficilement avec son scénario pur et ses personnages. La production se voit alors servie par une mise en scène particulièrement souple qui parvient à retranscrire les différents pans de Code Geass, les instants fantastiques étant ceux bénéficiant du meilleur travail d'ambiance, de même pour les moments d'ampleur dans lesquels il s'agira pour Lelouch de renverser les rapports de forces. Le film garde donc le sensationnel de la série animée, dans une moindre mesure certes, confirmant que tout est fait pour rappeler au fan la série qu'il a apprécié, il y a plus de 10 ans.


L'avenir de Code Geass

Code Geass : Lelouch of the Re;surrection n'est pas un visionnage indispensable, bien que le film soit un divertissement très honnête qui réussit globalement dans sa volonté de faire se retrouver le fan et l'univers. Considéré comme une suite alternative, le métrage remplit son office, et on n'en attendait pas forcément davantage. Il y a des manqués, des écritures de protagonistes quasi inexistantes, mais on retiendra son respect de la « formule Code Geass » associée à un sens du rythme et à une volonté de faire évoluer le mysticisme de l'univers.

Alors, on se questionnera sur le devenir de la licence. Un nouvel anime est prévu, mais on ne sait pas encore quelle histoire il racontera. Il y a pourtant à faire avec l’œuvre, ne serait-ce par la fin du film qui se montre volontairement abstraite, comme si Lelouch of the Re;surrection n'avait été que l'introduction d'un nouveau cycle. On s'armera de patience pour voir ce qu'il en est, la hâte de retrouver la saga s'associant de nouveau avec une forme d'appréhension. Mais ce qui est sûr, c'est que Code Geass aura besoin du support de série et non pas de simple film pour conter une bonne histoire comme il se doit, en s'appuyant sur la mythologie si séduisante de la licence.

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato

14.5 20