Nouvelle interview de Jay Skwar et Kim Jae Hwan autour d'Egregor- Actus manga
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Manga Nouvelle interview de Jay Skwar et Kim Jae Hwan autour d'Egregor

Dimanche, 04 Décembre 2022 à 18h00 - Source :Rubrique interviews

Lors de Japan Expo 2022, après deux étés sans salon, les éditions Meian honoraient de nouveau leur création originale, Egregor. L'auteur et le dessinateur de la série, Jay Skwar et Kim Jae Hwan, retrouvaient ainsi leur lectorat pour de nombreuses séances de dédicace. Entre deux d'entres-elle, la rédaction a pu se faufiler afin d'interviewer une seconde fois les deux artistes. Egregor touchant au point culminant de sa première grande partie scénaristique, l'occasion de faire un bilan était idéale.


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Depuis notre dernière rencontre en 2019, 5 nouveaux tomes d’Egregor qui ont été publiés. Jay, rencontre-vous des difficultés particulières à raconter votre histoire ?


Jay Skwar : Jusqu’au tome 9, c’était plutôt fluide, les idées venaient assez naturellement. Mais j'ai connu une petite difficulté pour conclure la première saison, parce que beaucoup d'intrigues ont été mises en place. On s’est rendu compte qu’il fallait leur accorder plus de place et plus de temps, afin qu’elles se développent proprement, et pour qu’on puisse terminer la première partie de l’histoire. On rencontre un nœud un peu complexe, mais on va le dénouer. La fluidité va à nouveau se faire sentir.


De votre côté, Jae Hwan, est-ce que vous pensez avoir bien cerné et appréhendé tout l’univers d’Egregor ?


Kim Jae Hwan : On ne peut jamais appréhender un univers parfaitement. Le monde est toujours en train d’être construit et, de toute manière, on rencontrera de nouvelles difficultés. Il faut toujours être prêt à étudier pour s'améliorer, sinon on ne pourra jamais atteindre le niveau parfait.


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Depuis notre dernière rencontre, le Covid a peut-être impacté chacun d’entre vous sur le plan créatif ?


Jay Skwar : En ce qui me concerne, ça n'a pas spécialement changé mon quotidien. Mais il y avait quand même une sorte de frayeur journalière de contracter la maladie, potentiellement mortelle finalement. Ça nous donnait presque une idée de la peur que pouvaient vivre les personnages d’Egregor face à la menace des Faucheurs, entre autres. D’ailleurs, pour l’anecdote, Jae Hwan a désigné les créatures arachnéennes en s’inspirant presque de sa propre perception des virus pendant le confinement, à l’époque. Mais pour ma part, ça n’a pas eu un grand impact. J’ai continué à écrire au même rythme.


Kim Jae Hwan : Le plus grand problème que j’ai rencontré à cause du Covid, c’est de ne pas pouvoir venir en France. À part ça, notre travail est toujours le même, on reste devant l’écran toute la journée, et on travaille beaucoup. Donc ça n’a rien changé.


Jay, lors de notre dernière rencontre, vous nous parliez des difficultés à composer la fin de la première saison d'Egregor. C'est vrai que le récit est plein d’intrigues de personnages qui évoluent en parallèle et qui se croisent. Pouvez-vous revenir un peu sur cette difficulté à maintenir l'équilibre, surtout dans les derniers volumes parus ? Sachant que certains personnages sont en retrait temporairement, pour laisser leur place à d’autres...


Jay Skwar : Le principal challenge de la première partie, sachant qu'une grosse guerre est mise en place à partir du tome 3, c’était de faire en sorte de réintroduire les trois autres personnages principaux en dehors du héros -Raust, Pillin et Hatal- de telle manière qu’ils puissent aussi jouer un rôle dans cette guerre qui est en train de se jouer. Nous nous sommes imposé, comme principal défi, de faire en sorte qu’ils puissent eux-mêmes avoir un impact à leur manière. On a cherché un moyen d'impliquer ces héros pour ne pas qu’ils soient complètement déconnectés de l’histoire, car ils restent des protagonistes importants. C’était la plus grosse difficulté rencontrée, d'autant plus qu'en ce qui concerne les autres intrigues liées à la guerre, le déroulé est assez assez fluide. Disons que les évènements, de ce côté, se développent naturellement. On sait vraiment comment ça va se passer et se conclure. Mais en ce qui concerne les protagonistes, c’est plus compliqué de faire en sorte qu’ils jouent un rôle dans l’intrigue. Mais ça va être le cas. Sans spoiler (rire).



Pour vous, Jae Hwan, une question se pose un peu dans cette optique. Avec ces intrigues qui évoluent en parallèle, il y a beaucoup de personnages à gérer. Comment parvenez-vous à renouveler les designs, et toujours établir un équilibre entre ces visuels et le scénario ?


Kim Jae Hwan : Quand je reçois le scénario et quand je découvre les personnages, je commence déjà à avoir une idée. Aussi, je reçois beaucoup d'éléments visuels et d’explications de la part de Jay, pour que je colle le mieux possible à ce qu’il avait déjà conçu dans sa tête.


Une petite question d’ordre d'écriture pour vous, Jay. Souvent les auteurs français se disent parfois pris au piège par leur propre récit. Ils sont dépassés par les évènements et par les histoires de leurs personnages, beaucoup plus que ce qu’ils envisageaient à l’origine. Est-ce votre cas avec Egregor ?


Jay Skwar : C’est vrai que c’est un peu le cas. De prime abord, ça a été indépendant de ma volonté. J’avais un plan pour la première partie de l’histoire, et il était censé être très différent de ce qu’on a actuellement. Mais je connais une certaine personne qui m’a dirigé vers une autre direction, et qui m’a donné la très bonne idée de déclencher une guerre dès le tome 3. On est sorti du schéma classique qu’on avait en tête à la base. Disons qu'au départ, ça a été un challenge, car il a fallu se remettre sur des rails et se stabiliser sur quelque chose d'imprévu. Mais depuis, je trouve ça très exaltant, car ça rend les choses plus imprévisibles. Pour le reste, en ce qui concerne la suite de l’histoire, à savoir la deuxième saison qui se déroule après la guerre, j’ai beaucoup beaucoup d'éléments en tête. Je tiens vraiment à m’y tenir, car je sais que ça va contribuer à faire évoluer les personnages dans une direction vraiment intéressante pour les lecteurs. La saison 2 sera beaucoup plus prévisible pour nous, auteurs. Mais pour les lecteurs, elle restera très imprévisible, peut-être plus que la saison 1.



Jay Hwan, pensez-vous que, par rapport au tome 8 qui montre une certaine montée en puissance, vous êtes parvenu à bien représenter cette grosse intensité graphiquement ?


Kim Jae Hwan : Je ne sais pas si j’y suis arrivé. Mais ce que je peux vous dire, c’est que je n’arrête pas de faire des efforts pour y parvenir.


Jay, à propos de ce fameux tome 8, le chemin qu'empreinte Foa mène à une vraie aventure de son côté. Une aventure qui, disons-le, n'avait déjà rien d'un long fleuve tranquille. Mais dans le tome 8, l’intensité monte d’un cran encore. Comment avez-vous réfléchi et travaillé ce basculement ?


Jay Skwar : Tant pis, je vais spoiler, car ça sera difficile de faire sans. Le tome 8, à la base, devait faire comme tous les autres volumes, d'environ 200 pages. Mais quand j’ai envoyé le scénario à Jae Hwan et qu’il a découvert un format de 250 pages, il s'est un peu agacé. Mais quand il a lu ce scénario, il a compris. Le but était de faire en sorte de confronter à nouveau le héros à sa némésis, l’antagoniste principal, Erebos. Il fallait représenter ces “retrouvailles”. Je voulais que ce tome-là marque à nouveau une confrontation entre ces deux personnages qui va s’étendre dans le tome 9, et prendre une ampleur bien plus importante. Ce n'était que le premier round du match retour. C’est effectivement une menace beaucoup plus importante que celle qu’il a rencontrée jusque là, c’est même la plus importante, et de loin.


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Une question d’ordre un peu technique autour du fameux journal de Foa. Nous avions parlé, la dernière fois, d'une future édition physique de ce journal. Est-ce que les choses ont avancé ?


Jay Skwar : C’est toujours envisagé de faire un recueil avec une couverture en simili cuir, réunissant tous les épisodes que Foa a écrits. Nous aimerions bien faire des croquis pour l’occasion, afin d'étoffer plus encore le journal, et on s’y tiendra. Il reste peut-être trois épisodes à écrire et à publier sur internet, puis nous aurons tous les chapitres à assembler. J'espère qu’il sera disponible à la vente, comme bonus, dans la box des 10 tomes qui composeront la première saison. Dans un an, je l’espère. C’est toujours un plaisir d'écrire ce journal parce que ça permet vraiment d’étoffer Foa, de le faire exister au-delà de sa propre histoire, de lui donner une dimension nouvelle et plus de relief encore. C’est quelque chose qui nous tient vraiment à cœur, aussi bien à moi qu’à Foa.



Chacun de vous deux pourra apporter sa réponse : Avec le retour des salons, après la grosse période Covid, comment se passe le contact avec le lectorat ? Est-ce que ces retrouvailles impactent la motivation ou la création ?


Jay Skwar : C’est vrai que la rencontre et le contact avec les lecteurs représentent la source de motivation la plus forte qui soit, parce qu'ils sont toujours chaleureux et bienveillants. Chaque convention fait un bien fou, ça recharge totalement nos batteries et nous permet de nous rebooster complètement. Certains personnages ont beaucoup de popularité auprès de certains lecteurs, ce qui donner envie de leur donner plus d'importance dans l'histoire. C’est le cas pour certains protagonistes, et on ne dira pas lesquels pour pas spoiler. Mais oui il y a des personnages qui ont plus de popularité qu’escomptés, donc ils auront plus de place dans l'intrigue, très certainement.


Kim Jae Hwan : Tout d’abord, je sens une sorte de fierté jaillir en moi. Puis, je me demande si je suis à la hauteur de l’attente des lecteurs. Ça me pousse à rechercher à m'améliorer, pour pouvoir fournir des dessins qui ont un niveau encore au-dessus à chaque fois.



Interview réalisée par Takato, retranscription par Jawn. Remerciements à Jaw Skwar et à Kim Jae Hwan pour leur accueil, ainsi qu'à Valérie Uzan des éditions Meian pour l'organisation de la rencontre.


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