Dvd Retour sur les questions/réponses avec Makoto Shinkai, lors de la projection avant-première du film Les Enfants du Temps
Le 12 décembre dernier a eu lieu l'avant-première française du film Les Enfants du Temps, dernière création en date du cinéaste d'animation Makoto Shinkai. A cette occasion, le réalisateur était présent afin de rencontrer les spectateurs, et en dire davantage sur son œuvre..
Car en amont puis après la séance, des discussions avec l'artiste ont eu lieu, animées par la présentatrice Marie Palot. Arnaud Routier, notre camarade de Supr3m3.tv a eu la chance d'être présent lors de la séance. Aussi, pour honorer la sortie nationale du film, nous vous proposons un retour sur les questions/réponses avec Makoto Shinkai. Attention toutefois, certaines réponses du réalisateur peuvent spoiler de légers éléments du film, mais aussi dévoiler le sort des personnages principaux du film Your Name...
Makoto Shinkai : Bonsoir, je suis Makoto Shinkai, réalisateur d’animation. Je suis très touché par votre accueil extrêmement chaleureux. Et je suis vraiment étonné de vous voir aussi nombreux, malgré la pluie et les grèves. J’ai même entendu que certains d’entre vous ont pris une chambre d’hôtel pour venir. Merci beaucoup !
Marie Palot : Qu’est-ce que ça vous fait d’être dans la plus grande salle parisienne, et face à ce public ?
Makoto Shinkai : En fait, j’e suis déjà venu au Grand Rex, il y a 6 ans, mais c'était dans une petite salle. Pourquoi ? Parce qu'il y avait la projection de Star Wars dans cette grande salle, le même jour. Je n’aurais jamais imaginé pouvoir un jour montrer mon film dans cette grande salle, c’est comme dans un rêve.
Marie Palot : En parlant du film, d’où vous est venue l’idée des Enfants du Temps ?
Makoto Shinkai : Il y a plusieurs choses qui m’ont inspiré pour écrire ce film.
La première est le changement climatique qui a lieu de nos jours. Vous devez aussi le ressentir, à Paris. Au Japon, c’est pareil, et surtout en été,. Nous connaissons de plus en plus de catastrophes naturelles, et il pleut beaucoup plus qu’avant. C’était ma première inspiration pour ce film.
Marie Palot : N’est-ce pas trop difficile de se remettre à écrire après un succès comme Your Name ?
Makoto Shinkai : Même après le succès de Your Name, je n’avais pas vraiment de pression. Pour un réalisateur, l'enjeu est de faire le film le plus intéressant possible. Finalement, le succès commercial dépend du producteur et du distributeur. Donc si le film ne marche pas, ce n’est absolument pas de ma faute.
Marie Palot : Vous venez souvent en France, qu’est-ce que vous aimez le plus ?
Makoto Shinkai : J’adore les grèves !
Cette réponse est très sérieuse? Je trouve qu’il y a une grande tolérance pour accepter la différence en France, par rapport au Japon. Pour ça, j’ai beaucoup de respect pour ce pays.
Marie Palot : La plupart des gens vont découvrir votre film pour la première fois. Avez-vous quelque chose à leur dire ?
Makoto Shinkai : J’espère vraiment que vous allez prendre plaisir à découvrir ce film.
Puis, la séance commença. Évidemment, nous ne reviendrons pas sur le film dans cet écrit afin de vous laisser la surprise du visionnage. Néanmoins, nous vous renvoyons vers les chroniques parues ou à venir... La projection terminée, une séance de questions/réponses avec le public a suivi.
Comment le film a été perçu au Japon ?
Makoto Shinkai : Concernant la fin du film, pour les habitants de Tokyo, cette fin n’est pas du tout plaisante. Avant la projection, je vous parlais déjà des changements climatiques que nous connaissons tous aujourd’hui. Notre monde est en train de devenir fou.
Hina, qu’on voit à la fin du film, n’a plus son pouvoir de fille du soleil. Et malgré ça, elle reste sous la pluie, face à la ville de Tokyo, en train de prier. Je pense que si j’ai fait ce film, c’est vraiment pour montrer ce plan-là. Chacun peut interpréter la fin du film comme il le veut, mais pour moi, il s’agit d’une fin très positive.
A la fin de Your Name, est-ce que les héros terminent ensemble ?
Makoto Shinkai : Je ne sais pas si vous avez remarqué mais dans le film Les Enfants du Temps, on voit le personnage de Taki chez Madame Tachibana. A la fin, cette personne dit justement que Tokyo a retrouvé sa forme d’antan, en référence à la baie de Tokyo qui a été façonnée par l’Homme. Si vous avez bien remarqué, madame Tachibana porte la tresse de Mizuha.
Alors j’ai imaginé que Mizuha et Taki se sont mariés, puis que Mizuha a donné la tresse à la grand-mère de Taki.
Makoto Shinkai : Tout à fait, c’est volontaire. La pluie qu’on voit dans le film montre bien l’atmosphère très étouffante de la ville de Tokyo. La ville de Paris et la ville de Tokyo sont des villes très différentes, avec des ambiances différentes. Mais à Tokyo, quand on fait des erreurs, on se retrouve souvent attaqué par la communauté. Donc, cette pluie représente pour moi cette atmosphère très étouffante.
Hodaka fait tous ces efforts pour sauver le destin de Hina. Pour les autres personnes, c’est quelque chose de très gênant. Ce qui veut dire que leur bonheur est complètement opposé à autrui. Je me suis dit que si les spectateurs peuvent s’identifier au personnage de Hodaka, et s’ils comprennent un peu ce qu’il ressent, le monde sera un peu moins étouffant.
On retrouve beaucoup d'éléments dans vos films. Vous inspirez-vous de choses que vous vivez-vous dans votre vie personnelle pour réaliser vos films ?
Makoto Shinkai : Je ne parle pas de ma vie personnelle dans mes films. Je n’ai jamais eu de relation à distance, ni rencontré une fille du soleil. Mais je me souviens très bien de ce que je ressentais quand j’étais adolescent. A l’époque, j’éprouvais une solitude et j’avais vraiment envie de rencontrer quelqu’un qui serait plus important que moi. Et c’est en essayant de me rappeler ce que je ressentais à l’époque que je fais mes films.
Avez-vous une raison particulière d’avoir fait un film qui ne se base pas sur les relations à distance ?
Makoto Shinkai : Déjà, je ne suis pas un réalisateur spécialisé en histoires d’amour. Quand je suis allé à Tokyo à l’adolescence, j’ai vraiment été impressionné par cette ville. Et, comme Hodaka, je trouvais que Tokyo était super. En fait, j’ai voulu montrer la ville de Tokyo comme j'ai montré le personnage de Hina. C’est-à-dire que si on arrive à connaître Hina, on connait également Tokyo. Je les ai mis au même niveau.
Étant donné que Your Name et les Enfants du temps se passent dans le même univers, y a-t-il un lien entre les phénomènes surnaturels des films ?
Makoto Shinkai : Déjà, je ne fais pas de lien direct entre la météorite de Your Name et la pluie des Enfants du Temps. Les 2 films évoquent des catastrophes naturelles. Le Japon est un pays où il y a beaucoup de ces catastrophes, comme des tremblements de terre et des problèmes liés à l’eau depuis peu. Au niveau nature, Tokyo n’est pas du tout stable comme Paris, donc j’ai toujours l’impression que cette ville peut rapidement changer, voire un jour disparaitre. Ce sentiment que j’éprouve, c’est surement ce qu’on voit dans les films.
Un des meilleurs groupe de musique compose pour ce film, à savoir les Radwimps. Ils sont aussi présents dans Your Name, et je me demandais si vous allez continuer votre collaboration avec eux ?
Makoto Shinkai : Par rapport à Radwimps, je suis ami avec le chanteur de ce groupe, Yōjirō Noda. On va souvent boire un verre ensemble. Mais chaque fois que l’on se voit, on évite de parler de nos projets. C’est vrai que c’est un groupe de musique extraordinaire, et j’ai beaucoup travaillé avec eux. Mais c’est également un travail difficile, surtout quand il s'agit de les suivre. Je crois finalement que Radwimps doit se dire que ce n’est pas facile non plus de travailler avec moi. C’est intéressent, mais c’est dur.
Notre collaboration est vraiment très étroite avec Radwimps. Il m’arrive de faire des demandes de musique, et il arrive aussi qu’ils me demandent d’adapter mon scénario à leurs chansons. Radwimps et moi nous connaissons très bien les difficultés de travailler ensemble, nous sommes à la fois tentés et hésitants.
Je ne sais pas si ce sera le cas pour mon prochain film, mais nous retravaillerons ensemble. Soyez patient.
Peut-on voir dans ce film un clin d’œil au Voyage de Chihiro ? Et pouvez-vous nous parler du clin d’œil à Pretty Cure ?
Makoto Shinkai : C’est vrai que j’ai pensé au Voyage de Chihiro, mais surtout dans la scène où les 2 personnages tombent du ciel. Lorsque j’écrivais le stroyboard, je me suis dit « zut, ça se ressemble ! ».
Et effectivement, on peut voir parmi les premiers clients, 2 cosplayers de Pretty Cure. Il faut savoir que cette série est très populaire au Japon. Les personnages voulaient simplement avoir un peu de soleil. Dans le film il y a également Godzilla, donc la prochaine fois que vous le verrez, faites attention.
On a pu voir que Your Name et les Enfants du temps sont reliés. Peut-on espérer un prochain film pour voir l’évolution des personnages ?
Makoto Shinkai : C’est vrai qu’il y a des liens entre les 2 films. Les Enfants du temps se déroule en 2021, tandis que Taki et Mitsuha se retrouvent dans Your Name en 2020. Je pourrais continuer dans ce sens-là, mais je ne souhaite pas faire comme de suite comme dans Avengers.
En plus du livre de « L'attrape-cœurs » de Salinger que l’on voit au début, quelles sont vos autres références et inspirations ?
Makoto Shinkai : C’est vrai que Hodaka amène son livre préféré qui est L’attrape-cœurs de Salinger. Pourquoi j’ai fait apporter ce livre ? Parce que le personnage principal de l'ouvrage ne se sentait pas adapté à la société et décide de fuguer. Pour avoir remarqué le livre, je constate que vous avez vu le film avec beaucoup d’attention, et je vous remercie beaucoup.
Tout à l’heure vous parlez du changement climatique,. Est-ce que ce film est un moyen de faire passer un message aux générations futures, et d’endosser les responsabilités ?
Makoto Shinkai : Je parle de manière personnelle, je ressens de vrais dangers quant aux changements climatiques. Mais pour ce film, je ne voulais surtout pas que l’écologie soit pris comme sujet direct, et c’est pour ça que j’ai éliminé le plus possible les termes y faisant référence. Je voulais vraiment que les spectateurs prennent du plaisir à voir un film de divertissement, autour d'une rencontre entre un garçon et une fille.
Si on trouve un message personnel sur le changement climatique dans le film c’est vraiment dans la scène finale sur le plan où l’on voit Hina en train de prier devant la ville de Tokyo inondée.
Ou-est-ce que l’on trouve le chien de l’opérateur téléphonique Softbank ?
Makoto Shinkai : Vous ne connaissez pas forcément les spots publicitaires de Softbank. Dans ces spots, il y a le personnage d’un chien blanc, et ce chien apparait dans le film, simplement par ce que nous avons un partenariat. Dans le film, trois plans présentent ce chien. Je vous dévoile un de ces plans : Quand Hodaka va au manga café, et l’on voit ce chien passer en second plan. Je vous laisse chercher vous-même les autres passages.
Toute cette histoire de la fille du soleil vient-elle de légendes japonaises, ou vient-elle de votre imaginaire ?
Makoto Shinkai : Les filles du soleil n’existent pas en France ?
En fait, une expression japonaise dit « je suis une fille du soleil » ou « je suis un homme de pluie ». Mais c’est un peu comme les superstitions, quand une personne est là et qu’il fait toujours beau. On l’appelle « fille ou homme du soleil ». Mais évidemment, quand on dit ça, on ne pense pas que ces personnes amènent à chaque fois réellement le soleil. Mais je me suis demandé ce qui se passerait, si une fille amenait vraiment le soleil à chaque fois.
Avez-vous eu le temps et les ressources pour ce film ? Avez-vous pu y mettre ce que vous vouliez ?
Makoto Shinkai : Grâce au succès de Your Name, j’ai pu obtenir des budgets assez conséquents. De ce point de vue, j’étais très satisfait. Mais en même temps, la durée de production a été raccourcie, et ce fut très dur. En tout cas, je peux dire que tout ce que je voulais développer dans ce film a été réalisé. Il y a trois ans, je suis venu à Paris et j’avais promis que je reviendrais. Alors, me revoici.
Pourquoi la réalisation du film s'est montrée difficile ? A cause de la durée de production. Aussi, ,j’aimerais vous promettre de revenir une nouvelle fois dans 3 ans. Même si avec cette promesse, je sais que je vais beaucoup souffrir.
N’est-ce pas trop difficile de se voir considéré comme le nouveau Miyazaki ? Le fardeau n’est pas trop lourd à porter ?
Makoto Shinkai : Le fait que l’on me considère comme le nouveau Miyazaki est un grand honneur, mais ça me gêne aussi. J’aimerais devenir comme lui. C’est un réalisateur vraiment unique, mais je ne peux pas faire la même chose que lui et à son niveau. Là dessus, je ne pourrais pas répondre à l’attente du public. Les gens me comparent avec Miyazaki, et ils me surestiment vraiment. C’est vrai que cette question se pose aussi au Japon. Qui sera le post-Miyazaki ? On commence même à parler d’un post-Shinkai. Je trouve que c’est beaucoup trop tôt, je suis toujours vivant, et Miyazaki travaille toujours sur des films.
Lors de l’avant-première des Enfants du temps au Japon, il pleuvait. Pareil à Londres, et pareil ce soir à Paris. On peut donc dire que je suis un homme de pluie.
Dans toutes vos œuvres, j’ai toujours un visuel ancré dans ma tête, comme un levé ou un coucher de soleil. Est-ce un plan imaginé, ou est-ce du vécu que vous voulez retranscrire dans vos œuvres ?
Makoto Shinkai : On dit souvent que mes films sont extrêmement réalistes, comme des photos, mais je ne cherche pas à faire des films « photos ». J’appellerai ça plutôt des paysages de souvenirs, ou de mémoires, et faire passer des émotions que l’on ressent en voyant des paysages. Par exemple, la couleur rougeâtre d’un coucher de soleil ou le sentiment de froid de la pluie. Ce sont plutôt ces sentiments que je veux décrire.
Pouvez-vous me dédicacer les affiches ?
Makoto Shinkai : Si nous nous rencontrons par hasard dans la rue, ce sera avec plaisir
Préférez-vous One Piece ou Naruto ?
Makoto Shinkai : Je suis vraiment désolé, mais je n’ai jamais vu ces séries. J’ai 46 ans, je fais partie de la génération Dragon Ball.
Pensez-vous vraiment que l’on peut vivre pour la planète tout en vivant pour soi ?
Makoto Shinkai : Dans la scène où Hodaka et Hina tombent du ciel, Hodaka lui dit « tu n’es plus unr fille du soleil, maintenant tu dois vivre pour toi » et elle acquiesce. Mais malgré ça, à la fin du film, on retrouve Hina en train de prier pour les autres. Car même si on décide de vivre pour soi, on finit par vivre pour les autres, et je pense que c’est ça les êtres humains.
Dans la première scène où l’on voit le premier éclaircissement, j’ai l’impression qu’il s’agit de l’endroit où les personnages de Your Name se retrouvent. Est-ce que vous confirmez ?
Makoto Shinkai : C’est vrai qu’on retrouve le même angle de caméra. On voit les deux personnages de profil, et on retrouve le même angle quand on voit la première éclaircie. En fait, cet angle est un peu une sorte de tic dont je n’arrive pas à me débarrasser. A chaque fois je me dis « encore, zut ».
Dans un de mes anciens films, La Tour au-delà des Nuages, on voit aussi le même plan.
Remerciements à Arnaud Routier du blog Supr3m3.tv pour le compte-rendu de l'événement.
Car en amont puis après la séance, des discussions avec l'artiste ont eu lieu, animées par la présentatrice Marie Palot. Arnaud Routier, notre camarade de Supr3m3.tv a eu la chance d'être présent lors de la séance. Aussi, pour honorer la sortie nationale du film, nous vous proposons un retour sur les questions/réponses avec Makoto Shinkai. Attention toutefois, certaines réponses du réalisateur peuvent spoiler de légers éléments du film, mais aussi dévoiler le sort des personnages principaux du film Your Name...
Makoto Shinkai : Bonsoir, je suis Makoto Shinkai, réalisateur d’animation. Je suis très touché par votre accueil extrêmement chaleureux. Et je suis vraiment étonné de vous voir aussi nombreux, malgré la pluie et les grèves. J’ai même entendu que certains d’entre vous ont pris une chambre d’hôtel pour venir. Merci beaucoup !
Marie Palot : Qu’est-ce que ça vous fait d’être dans la plus grande salle parisienne, et face à ce public ?
Makoto Shinkai : En fait, j’e suis déjà venu au Grand Rex, il y a 6 ans, mais c'était dans une petite salle. Pourquoi ? Parce qu'il y avait la projection de Star Wars dans cette grande salle, le même jour. Je n’aurais jamais imaginé pouvoir un jour montrer mon film dans cette grande salle, c’est comme dans un rêve.
Marie Palot : En parlant du film, d’où vous est venue l’idée des Enfants du Temps ?
Makoto Shinkai : Il y a plusieurs choses qui m’ont inspiré pour écrire ce film.
La première est le changement climatique qui a lieu de nos jours. Vous devez aussi le ressentir, à Paris. Au Japon, c’est pareil, et surtout en été,. Nous connaissons de plus en plus de catastrophes naturelles, et il pleut beaucoup plus qu’avant. C’était ma première inspiration pour ce film.
Marie Palot : N’est-ce pas trop difficile de se remettre à écrire après un succès comme Your Name ?
Makoto Shinkai : Même après le succès de Your Name, je n’avais pas vraiment de pression. Pour un réalisateur, l'enjeu est de faire le film le plus intéressant possible. Finalement, le succès commercial dépend du producteur et du distributeur. Donc si le film ne marche pas, ce n’est absolument pas de ma faute.
Marie Palot : Vous venez souvent en France, qu’est-ce que vous aimez le plus ?
Makoto Shinkai : J’adore les grèves !
Cette réponse est très sérieuse? Je trouve qu’il y a une grande tolérance pour accepter la différence en France, par rapport au Japon. Pour ça, j’ai beaucoup de respect pour ce pays.
Marie Palot : La plupart des gens vont découvrir votre film pour la première fois. Avez-vous quelque chose à leur dire ?
Makoto Shinkai : J’espère vraiment que vous allez prendre plaisir à découvrir ce film.
Puis, la séance commença. Évidemment, nous ne reviendrons pas sur le film dans cet écrit afin de vous laisser la surprise du visionnage. Néanmoins, nous vous renvoyons vers les chroniques parues ou à venir... La projection terminée, une séance de questions/réponses avec le public a suivi.
Comment le film a été perçu au Japon ?
Makoto Shinkai : Concernant la fin du film, pour les habitants de Tokyo, cette fin n’est pas du tout plaisante. Avant la projection, je vous parlais déjà des changements climatiques que nous connaissons tous aujourd’hui. Notre monde est en train de devenir fou.
Hina, qu’on voit à la fin du film, n’a plus son pouvoir de fille du soleil. Et malgré ça, elle reste sous la pluie, face à la ville de Tokyo, en train de prier. Je pense que si j’ai fait ce film, c’est vraiment pour montrer ce plan-là. Chacun peut interpréter la fin du film comme il le veut, mais pour moi, il s’agit d’une fin très positive.
A la fin de Your Name, est-ce que les héros terminent ensemble ?
Makoto Shinkai : Je ne sais pas si vous avez remarqué mais dans le film Les Enfants du Temps, on voit le personnage de Taki chez Madame Tachibana. A la fin, cette personne dit justement que Tokyo a retrouvé sa forme d’antan, en référence à la baie de Tokyo qui a été façonnée par l’Homme. Si vous avez bien remarqué, madame Tachibana porte la tresse de Mizuha.
Alors j’ai imaginé que Mizuha et Taki se sont mariés, puis que Mizuha a donné la tresse à la grand-mère de Taki.
Your Name parlait du sacrifice d’une relation pour le bien de la communauté. Et là, nous sommes clairement dans l’inverse, avec cette relation qui sacrifie le bien commun. Était-ce réfléchi de votre part? Est-ce un hasard, ou est-ce que les films se répondent comme un diptyque ?
Makoto Shinkai : Tout à fait, c’est volontaire. La pluie qu’on voit dans le film montre bien l’atmosphère très étouffante de la ville de Tokyo. La ville de Paris et la ville de Tokyo sont des villes très différentes, avec des ambiances différentes. Mais à Tokyo, quand on fait des erreurs, on se retrouve souvent attaqué par la communauté. Donc, cette pluie représente pour moi cette atmosphère très étouffante.
Hodaka fait tous ces efforts pour sauver le destin de Hina. Pour les autres personnes, c’est quelque chose de très gênant. Ce qui veut dire que leur bonheur est complètement opposé à autrui. Je me suis dit que si les spectateurs peuvent s’identifier au personnage de Hodaka, et s’ils comprennent un peu ce qu’il ressent, le monde sera un peu moins étouffant.
On retrouve beaucoup d'éléments dans vos films. Vous inspirez-vous de choses que vous vivez-vous dans votre vie personnelle pour réaliser vos films ?
Makoto Shinkai : Je ne parle pas de ma vie personnelle dans mes films. Je n’ai jamais eu de relation à distance, ni rencontré une fille du soleil. Mais je me souviens très bien de ce que je ressentais quand j’étais adolescent. A l’époque, j’éprouvais une solitude et j’avais vraiment envie de rencontrer quelqu’un qui serait plus important que moi. Et c’est en essayant de me rappeler ce que je ressentais à l’époque que je fais mes films.
Avez-vous une raison particulière d’avoir fait un film qui ne se base pas sur les relations à distance ?
Makoto Shinkai : Déjà, je ne suis pas un réalisateur spécialisé en histoires d’amour. Quand je suis allé à Tokyo à l’adolescence, j’ai vraiment été impressionné par cette ville. Et, comme Hodaka, je trouvais que Tokyo était super. En fait, j’ai voulu montrer la ville de Tokyo comme j'ai montré le personnage de Hina. C’est-à-dire que si on arrive à connaître Hina, on connait également Tokyo. Je les ai mis au même niveau.
Étant donné que Your Name et les Enfants du temps se passent dans le même univers, y a-t-il un lien entre les phénomènes surnaturels des films ?
Makoto Shinkai : Déjà, je ne fais pas de lien direct entre la météorite de Your Name et la pluie des Enfants du Temps. Les 2 films évoquent des catastrophes naturelles. Le Japon est un pays où il y a beaucoup de ces catastrophes, comme des tremblements de terre et des problèmes liés à l’eau depuis peu. Au niveau nature, Tokyo n’est pas du tout stable comme Paris, donc j’ai toujours l’impression que cette ville peut rapidement changer, voire un jour disparaitre. Ce sentiment que j’éprouve, c’est surement ce qu’on voit dans les films.
Un des meilleurs groupe de musique compose pour ce film, à savoir les Radwimps. Ils sont aussi présents dans Your Name, et je me demandais si vous allez continuer votre collaboration avec eux ?
Makoto Shinkai : Par rapport à Radwimps, je suis ami avec le chanteur de ce groupe, Yōjirō Noda. On va souvent boire un verre ensemble. Mais chaque fois que l’on se voit, on évite de parler de nos projets. C’est vrai que c’est un groupe de musique extraordinaire, et j’ai beaucoup travaillé avec eux. Mais c’est également un travail difficile, surtout quand il s'agit de les suivre. Je crois finalement que Radwimps doit se dire que ce n’est pas facile non plus de travailler avec moi. C’est intéressent, mais c’est dur.
Notre collaboration est vraiment très étroite avec Radwimps. Il m’arrive de faire des demandes de musique, et il arrive aussi qu’ils me demandent d’adapter mon scénario à leurs chansons. Radwimps et moi nous connaissons très bien les difficultés de travailler ensemble, nous sommes à la fois tentés et hésitants.
Je ne sais pas si ce sera le cas pour mon prochain film, mais nous retravaillerons ensemble. Soyez patient.
Peut-on voir dans ce film un clin d’œil au Voyage de Chihiro ? Et pouvez-vous nous parler du clin d’œil à Pretty Cure ?
Makoto Shinkai : C’est vrai que j’ai pensé au Voyage de Chihiro, mais surtout dans la scène où les 2 personnages tombent du ciel. Lorsque j’écrivais le stroyboard, je me suis dit « zut, ça se ressemble ! ».
Et effectivement, on peut voir parmi les premiers clients, 2 cosplayers de Pretty Cure. Il faut savoir que cette série est très populaire au Japon. Les personnages voulaient simplement avoir un peu de soleil. Dans le film il y a également Godzilla, donc la prochaine fois que vous le verrez, faites attention.
On a pu voir que Your Name et les Enfants du temps sont reliés. Peut-on espérer un prochain film pour voir l’évolution des personnages ?
Makoto Shinkai : C’est vrai qu’il y a des liens entre les 2 films. Les Enfants du temps se déroule en 2021, tandis que Taki et Mitsuha se retrouvent dans Your Name en 2020. Je pourrais continuer dans ce sens-là, mais je ne souhaite pas faire comme de suite comme dans Avengers.
En plus du livre de « L'attrape-cœurs » de Salinger que l’on voit au début, quelles sont vos autres références et inspirations ?
Makoto Shinkai : C’est vrai que Hodaka amène son livre préféré qui est L’attrape-cœurs de Salinger. Pourquoi j’ai fait apporter ce livre ? Parce que le personnage principal de l'ouvrage ne se sentait pas adapté à la société et décide de fuguer. Pour avoir remarqué le livre, je constate que vous avez vu le film avec beaucoup d’attention, et je vous remercie beaucoup.
Tout à l’heure vous parlez du changement climatique,. Est-ce que ce film est un moyen de faire passer un message aux générations futures, et d’endosser les responsabilités ?
Makoto Shinkai : Je parle de manière personnelle, je ressens de vrais dangers quant aux changements climatiques. Mais pour ce film, je ne voulais surtout pas que l’écologie soit pris comme sujet direct, et c’est pour ça que j’ai éliminé le plus possible les termes y faisant référence. Je voulais vraiment que les spectateurs prennent du plaisir à voir un film de divertissement, autour d'une rencontre entre un garçon et une fille.
Si on trouve un message personnel sur le changement climatique dans le film c’est vraiment dans la scène finale sur le plan où l’on voit Hina en train de prier devant la ville de Tokyo inondée.
Ou-est-ce que l’on trouve le chien de l’opérateur téléphonique Softbank ?
Makoto Shinkai : Vous ne connaissez pas forcément les spots publicitaires de Softbank. Dans ces spots, il y a le personnage d’un chien blanc, et ce chien apparait dans le film, simplement par ce que nous avons un partenariat. Dans le film, trois plans présentent ce chien. Je vous dévoile un de ces plans : Quand Hodaka va au manga café, et l’on voit ce chien passer en second plan. Je vous laisse chercher vous-même les autres passages.
Toute cette histoire de la fille du soleil vient-elle de légendes japonaises, ou vient-elle de votre imaginaire ?
Makoto Shinkai : Les filles du soleil n’existent pas en France ?
En fait, une expression japonaise dit « je suis une fille du soleil » ou « je suis un homme de pluie ». Mais c’est un peu comme les superstitions, quand une personne est là et qu’il fait toujours beau. On l’appelle « fille ou homme du soleil ». Mais évidemment, quand on dit ça, on ne pense pas que ces personnes amènent à chaque fois réellement le soleil. Mais je me suis demandé ce qui se passerait, si une fille amenait vraiment le soleil à chaque fois.
Avez-vous eu le temps et les ressources pour ce film ? Avez-vous pu y mettre ce que vous vouliez ?
Makoto Shinkai : Grâce au succès de Your Name, j’ai pu obtenir des budgets assez conséquents. De ce point de vue, j’étais très satisfait. Mais en même temps, la durée de production a été raccourcie, et ce fut très dur. En tout cas, je peux dire que tout ce que je voulais développer dans ce film a été réalisé. Il y a trois ans, je suis venu à Paris et j’avais promis que je reviendrais. Alors, me revoici.
Pourquoi la réalisation du film s'est montrée difficile ? A cause de la durée de production. Aussi, ,j’aimerais vous promettre de revenir une nouvelle fois dans 3 ans. Même si avec cette promesse, je sais que je vais beaucoup souffrir.
N’est-ce pas trop difficile de se voir considéré comme le nouveau Miyazaki ? Le fardeau n’est pas trop lourd à porter ?
Makoto Shinkai : Le fait que l’on me considère comme le nouveau Miyazaki est un grand honneur, mais ça me gêne aussi. J’aimerais devenir comme lui. C’est un réalisateur vraiment unique, mais je ne peux pas faire la même chose que lui et à son niveau. Là dessus, je ne pourrais pas répondre à l’attente du public. Les gens me comparent avec Miyazaki, et ils me surestiment vraiment. C’est vrai que cette question se pose aussi au Japon. Qui sera le post-Miyazaki ? On commence même à parler d’un post-Shinkai. Je trouve que c’est beaucoup trop tôt, je suis toujours vivant, et Miyazaki travaille toujours sur des films.
Lors de l’avant-première des Enfants du temps au Japon, il pleuvait. Pareil à Londres, et pareil ce soir à Paris. On peut donc dire que je suis un homme de pluie.
Dans toutes vos œuvres, j’ai toujours un visuel ancré dans ma tête, comme un levé ou un coucher de soleil. Est-ce un plan imaginé, ou est-ce du vécu que vous voulez retranscrire dans vos œuvres ?
Makoto Shinkai : On dit souvent que mes films sont extrêmement réalistes, comme des photos, mais je ne cherche pas à faire des films « photos ». J’appellerai ça plutôt des paysages de souvenirs, ou de mémoires, et faire passer des émotions que l’on ressent en voyant des paysages. Par exemple, la couleur rougeâtre d’un coucher de soleil ou le sentiment de froid de la pluie. Ce sont plutôt ces sentiments que je veux décrire.
Pouvez-vous me dédicacer les affiches ?
Makoto Shinkai : Si nous nous rencontrons par hasard dans la rue, ce sera avec plaisir
Préférez-vous One Piece ou Naruto ?
Makoto Shinkai : Je suis vraiment désolé, mais je n’ai jamais vu ces séries. J’ai 46 ans, je fais partie de la génération Dragon Ball.
Pensez-vous vraiment que l’on peut vivre pour la planète tout en vivant pour soi ?
Makoto Shinkai : Dans la scène où Hodaka et Hina tombent du ciel, Hodaka lui dit « tu n’es plus unr fille du soleil, maintenant tu dois vivre pour toi » et elle acquiesce. Mais malgré ça, à la fin du film, on retrouve Hina en train de prier pour les autres. Car même si on décide de vivre pour soi, on finit par vivre pour les autres, et je pense que c’est ça les êtres humains.
Dans la première scène où l’on voit le premier éclaircissement, j’ai l’impression qu’il s’agit de l’endroit où les personnages de Your Name se retrouvent. Est-ce que vous confirmez ?
Makoto Shinkai : C’est vrai qu’on retrouve le même angle de caméra. On voit les deux personnages de profil, et on retrouve le même angle quand on voit la première éclaircie. En fait, cet angle est un peu une sorte de tic dont je n’arrive pas à me débarrasser. A chaque fois je me dis « encore, zut ».
Dans un de mes anciens films, La Tour au-delà des Nuages, on voit aussi le même plan.
Remerciements à Arnaud Routier du blog Supr3m3.tv pour le compte-rendu de l'événement.
De Océane, le 23 Juillet 2022 à 13h37
J'ai commencer l'anime maiis je ne l'ai pas terminer par fatigue, je conte m'y remettre trèes rapidement, j'ai fais attention a ne pas me faire spoiler, merci beaucoup pour l'interview.
J'avoue etre un peu deçu de ne pas avoir de suite direct de Your Name, mais ce n'est pas très important, j'ai hate de terminer cette anime, étant fan du travail de Shinkai !
De Océane, le 23 Juillet 2022 à 13h37
J'ai commencer l'anime maiis je ne l'ai pas terminer par fatigue, je conte m'y remettre trèes rapidement, j'ai fais attention a ne pas me faire spoiler, merci beaucoup pour l'interview.
J'avoue etre un peu deçu de ne pas avoir de suite direct de Your Name, mais ce n'est pas très important, j'ai hate de terminer cette anime, étant fan du travail de Shinkai !
De Yacine [1349 Pts], le 10 Janvier 2020 à 21h29
J'y étais, la question sur les ressources est d'ailleurs de moi :D
Merci de ne pas avoir conservé la deuxième fois où quelqu'un demande une dédicace, c'était si malpoli.
Passé cela, c'était une très bonne soirée et c'est sympa de votre part de la partager :)
De akiko [5480 Pts], le 08 Janvier 2020 à 18h07
Des Lundi je pourrai découvrir cette nouvelle poésir, j'ai tellement hâte!
Merci pour cette interview, j'ai fais attention a ne pas me spoiler ;)