Manga Interview de Jérôme Alquié, auteur de Capitaine Albator - Mémoires de l'Arcadia
A l'occasion du lancement de la bande-dessinée originale Capitaine Albator - Mémoires de l'Arcadia l'été dernier, mais aussi de la venue de Leiji Matsumoto en France, l'artiste français Jérôme Alquié était présent à Japan Expo. Il y a rencontré ses lecteurs, d'une part, ainsi que le maître en personne.
De notre côté, nous avons eu la joie de nous entretenir avec l'auteur, autour de sa bande-dessinée qui s'est vendue comme des petits pains sur le salon, surtout en ce qui concerne l'édition collector. A travers une longue discussion, Jérôme Alquié est revenu sur son projet mais aussi sur sa passion de l'animation japonaise et, surtout, sur sa passion d'Albator et l'influence qu'a eu Leiji Matsumoto sur sa carrière... En prime, l'artiste nous a autorisé à immortaliser en photo quelques originaux de sa série, dont vous trouverez les clichés dans cette interview !
Bonjour Jérôme. On sait que tu es un fan d'animation japonaise depuis les années 80-90, quand tu étais petit...
Jérôme Alquié : Tout à fait ! Je suis tombé dedans quand j'étais petit, comme Obélix. Je suis de 1975, j'ai donc vu l'arrivée des tous premiers comme Goldorak, Capitaine Flam, et évidemment Albator. Quoique je n'ai pas trop suivi la série lors de sa première diffusion car j'avais 5 ans, c'était un peu trop tôt. Mes premiers souvenirs datent vraiment de 1981 avec Capitaine Flam et Ulysse 31. J'ai entraperçu Albator en 1987, lors de sa rediffusion sur M6, puis surtout en 1994 quand la série est repassée sur Télévisator 2, de notre ami Cyril Drevet. Là, ça a été la claque. C'était d'enfer, avec un univers riche et des dessins extrêmement réussis...
Justement, pourquoi Albator t'a marqué plus qu'une autre série à l'époque ?
Jérôme Alquié : Je ne peux pas dire qu'il m'ait plus marqué qu'un autre à l'époque. Car dans mes jeunes années, c'est plus Goldorak et Ulysse qui m'ont passionné. Après, ce sont les blockbusters du Club Dorothée qui m'ont captivé, donc Saint Seiya puis Dragon Ball. J'ai d'ailleurs découvert Albator durant l'ère Dragon Ball Z. J'y ai redécouvert tous ce que j'aimais dans ces séries animées, à savoir les notions d'honneur, de sacrifice et de courage. Aussi, le charisme d'Albator était impressionnant.
Les séries des années 80 étaient assez manichéennes. Les gentils avaient des têtes de gentils, et les méchants des têtes de méchants... Mais dans Albator, c'était novateur car il n'y avait pas deux mais trois entités qui s'affrontaient. Nous étions même dépeints comme une civilisation peu reluisante : les terriens étaient décrits comme décadents, les gens n'avaient plus le goût du travail et ne rêvaient plus, et le gouvernement était corrompu. Celui qui devait nous défendre, notre Superman, a été banni de notre planète car considéré comme un hors la loi parce qu'il essayaient de réveiller les consciences. Là aussi, c'était très novateur. J'appréciais notamment beaucoup le personnage de Stellie, Mayu en version originale, qui fait le lien entre la Terre et Albator. C'est un personnage auquel les enfants pouvaient davantage s'identifier, et qui permet à Albator de reprendre son rôle de protecteur. Venait enfin la troisième entité, un peuple extra-terrestre venu reprendre sa planète. On pouvait y voir un parallèle évident à l'écologie et la nature, puisque ce sont des femmes végétales qui voulaient redonner à la nature son importance sur la planète. C'est toute cette distribution des rôles qui était particulièrement originale.
Cette dimension écologique se retrouve aussi dans ta bande-dessinée qui fait énormément écho à la situation actuelle de notre planète. Était-ce important pour toi de retranscrire tous ces thèmes dans ta BD pour en faire une œuvre moderne ?
Jérôme Alquié : Sans parler de ma BD, quand tu regardes Albator 78 et ses thèmes abordés, que se soit l'écologie voire la robotique, bien que ça doit davantage le cas dans Galaxy Express 999, on voit un écho aujourd'hui incroyable. C'est totalement d'actualité. C'est pour ça que quand on me demande si Albator n'est pas une série un peu vieille, je répond qu'elle est au contraire très contemporaine, plus que d'autres récits qui ont pris quelques décennies avec le temps.
Concernant ces thèmes dans ma bande-dessinée, j'espère parvenir à rendre tous les ingrédients qui me plaisaient dans l’œuvre de Leiji Matsumoto, avec sa validation bien entendu. A travers ce projet, je voulais marquer la perception d'un français qui possède une culture française, qui a donc perçu Albator et non Capitaine Harlock, c'est à dire dans les années 80. Les souvenirs de la télévision, qui était en couleur, justifient ainsi le choix d'une BD couleur. J'essaie de faire une synthèse de ce qu'est Albator au Japon, mais aussi en France. J'espère avoir réussi cet exercice et donné cette madeleine de Proust aux gens qui ont connu cette époque, tout en l'adressant aussi à un jeune public.
Le premier tome est sorti il y a une semaine (ndt : à l'heure où l'interview a été enregistrée), et je suis surpris des retours. D'abord parce que les gens de la première génération apprécient, mais en plus parce qu'ils essaient de la faire découvrir à leurs enfants. Je reçois des messages de jeunes entre 11 et 16 ans qui me disent avoir découvert Albator à travers ce que leurs parents leur ont montré via la BD. Ça, c'est la cerise sur le gâteau ! Si ma série permet à Albator de briller encore davantage auprès de la jeune génération, c'est tant mieux. Tout ce que je fais, ce n'est pas pour moi ni pour ma gloire : C'est pour que l’œuvre de Leiji Matsumoto puisse perdurer dans le temps. C'est pour ça que ce genre de retour me remplit de joie, c'est vraiment le but recherché.
Tout simplement, comment est né ce projet de bande-dessinée ? Est-ce l'éditeur, Kana, qui est venu vers toi, ou l'inverse ?
Jérôme Alquié : J'avais un projet d'adapter des BD en format franco-belge. Avant, je faisais de la BD chez Delcourt, dont un titre qui s'est arrêté au bout de 4 tomes : Surnaturels. C'est déjà pas mal, mais j'aurais voulu continuer. Je pensais que le public répondrait davantage présent, mais tant pis. Je me suis néanmoins rendu compte que j'aimais énormément faire de la BD.
C'est long et difficile. Je suis illustrateur de base, j'ai fait beaucoup de jaquettes de DVD, et j'ai souvent une réaction immédiate devant une illustration, un format qu'on peut considérer comme un one-shot. Dans une BD, c'est beaucoup de dessins qui servent une histoire. Sans parler de faire uniquement ça, j'ai beaucoup aimé l'exercice.
Comme j'adore les années 80, j'ai cherché à joindre les deux mondes. Je sais que les auteurs de comics aiment ce genre de chose, pour Transformers par exemple. On a eu tellement de belles licences en France que je trouvais super de les faire revivre via le format BD. Puis, vers 2013, j'ai monté un dossier sur Albator. L'année suivante, je rencontrais Thibaud Desbief qui est un traducteur de chez Kana. On s'était rencontré autour de Saint Seiya, puisque Kana avait un projet à l'époque. J'ai présenté mon travail sur Albator, et il se trouve que par le plus pur hasard, la directrice éditoriale partait en même temps au Japon pour rencontrer Leiji Matsumoto. Elle a pris mon dossier sous le bras pour lui montrer, et M. Matsumoto a beaucoup aimé. C'est là qu'il a donné son feu vert, et c'est à partir de ce moment qu'on a entamé les discussions autour du cadre administratif.
D'un point de vue purement productif, j'ai fourni les premiers éléments de scénario début 2017. Du côté du circuit, il y a donc moi, auteur et dessinateur selon l’œuvre de Leiji Matsumoto qui fournit mon travail à Kana, qui passe ensuite par une personne de l'éditeur japonais Akita Shoten. Il s'agit d'un certain monsieur Kobayashi, qui est fantastique et qui connait l'univers de Leiji Matsumoto sur le bout des doigts. Il va souvent chez lui pour faire valider tout un tas de choses, et il s'est proposé pour être l'intermédiaire entre M. Matsumoto et nous. Ainsi, dès qu'on envoie un élément, que ce soit du scénario ou des visuels, nous avons le retour du Maître par Akita Shoten dans la semaine. C'est du travail presque en direct tellement leurs retours sont rapides.
C'est encore plus intéressant du fait que les remarques et retours de M. Matsumoto ne sont pas toujours les mêmes que celles d'Akita Shoten, il y a deux regards différents. Ça aussi, ça nourrit énormément le scénario. Sans trop en dire, il y a un personnage que j'avais écrit d'une certaine façon dans le tome deux. M. Matsumoto m'a demandé une modification, car il n'était peut-être pas assez noble par rapport à ce qu'on pouvait attendre de ce personnage. J'ai trouvé ça super intéressant, non pas parce que je me disais que je me suis planté, mais parce que j'avais pris conscience de ce que l'auteur original avait en tête, ce qui m'a permis de rester dans sa lignée. La fidélité envers Albator est vraiment importante, aussi bien pour M. Matsumoto que pour le lectorat.
Quelle fut l'implication exacte de Leiji Matsumoto ? A-t-il apporté quelques pistes de scénario ? D'autres petites choses à la BD ?
Jérôme Alquié : Il a validé, c'est déjà pas mal. Ce qui signifie qu'il valide aussi les modifications. M. Matsumoto a eu un œil particulièrement bienveillant. C'est un bonheur de travailler avec un artiste qui a sa personnalité, son charisme et son univers. Évidemment, je suis fan, donc je ne suis pas du tout objectif ! Mais c'est une chance de travailler avec quelqu'un comme ça.
Mais en même temps, je me suis imposé une forte exigence. Je me souviens du début du projet : Je n'avais pas le stress de la page blanche, mais j'avais du mal à me lancer véritablement, car je ne me pensais pas à la hauteur. D'autres auteurs me rassuraient sur le fait que ça allait n'être que du bonheur. Et, effectivement, une fois qu'on est dedans, c'est à dire à 120%, c'est beaucoup de joie. Car même lorsque les remarques du Maître ne vont pas toujours dans mon sens, c'est très constructif et extrêmement bienveillant. Il ne dira jamais qu'une idée est pourrie, mais qu'il pense plutôt orienter le propos d'une autre manière. C'est très valorisant, car si je suis là pour respecter son œuvre, M. Matsumoto respecte mon travail en retour.
Peut-être que tu voulais en parler plus tard et que je vais griller les étapes, mais je reste sidéré de ma rencontre avec M. Matsumoto qui a eu lieu tout à l'heure. Et c'est lui qui me remerciait en se tapotant le cœur, alors que c'est moi qui voulais me mettre à genoux pour le remercier de me permettre de faire vivre son univers ! Tu vois, ce respect-là, c'est quelque chose de terriblement motivant pour la suite. J'étais à 120%, et je passe à 140% !
Tu as un style globale très inspiré de celui de Leiji Matsumoto, ce qui se ressent énormément dans ta bande-dessinée. Qu'est-ce qui t'a plu dans l'esthétique de l'artiste ?
Jérôme Alquié : J'ai découvert ses mangas dans le courant des années 90. C'est vrai que, par rapport à ce qui se faisait à l'époque, c'était très différent. J'adore ses silhouettes, féminines notamment, avec ces femmes aux chevelures qui partent à l'infini et ces corps très allongés. Les personnages masculins ont aussi beaucoup de charisme, ils sont très déformés. Sachant que Leiji Matsumoto s'inspire souvent de personnes qu'il a croisé, il y a un côté caricatural, aussi.
Ça me fait penser à une anecdote. J'aime dessiner les mentons un peu pointus, ça doit être l'inspiration Saint Seiya de Shingo Araki, dont je suis totalement fan. Ce n'est pas une touche très "matsumotoïenne". Et, justement, l'une des remarques du Maître vers la fin était une demande pour arrondir les mentons.
Pour en revenir à son style à proprement parler, j'ai des mangas anciens de lui et d'autres plus récents, et on voit l'évolution de son trait. Leiji Matsumoto est un grand monsieur, aussi connaître l'histoire de cette évolution est aussi important. C'est un artiste fortement influencé par la Seconde Guerre Mondiale, pour des raisons évidentes, et ça se ressent aussi. Il rend hommage aux soldats qui ont perdu la vie à cette époque, ça se perçoit dans ses personnages et dans sa manière de dessiner. Il a un style qui va à l'essentiel. A son époque, une planche ne proposait pas des milliers de traits. Il suffit de prendre, par exemple une page de Tsukasa Hôjo, pour voir la différence d'époque. Attention, ce sont tous deux des mangakas que j'adore ! De cette différence, on peut voir que Leiji Matsumoto parvient à simplifier son dessin pour rendre une émotion de manière directe. C'est quelque chose que je dois apprendre, car j'ai tendance à mettre trop de détails dans mes planches. Mais la narration doit être canalisée dans les éléments importants d'une page, et c'est quelque chose que Leiji Matsumoto fait très bien.
Combien de temps t'a pris la réalisation du premier tome ? As-tu rencontré certains obstacles ?
Jérôme Alquié : Oui, le respect de l’œuvre originale. C'était ce qui me guidait, car je voulais faire revivre des émotions que les gens ont connu à l'époque. C'est une philosophie qui m'a guidé tout le long.
D'un point de vue plus technique, je ne travaille pas du tout comme les auteurs franco-belges qui font souvent des pages entières. Je dessine case par case, voire plan par plan, un peu comme dans la technique du dessin-animé. Ce n'est pas forcément évident, c'est une contrainte que je m'impose, mais j'aime ça.
J'ai mis environ un an pour écrire et dessiner le premier tome, tout en sachant que je travaille en parallèle sur une autre bande-dessinée, avec un autre éditeur. C'est un projet collaboratif qui s'appelle Les Mythics, fait notamment avec Patrick Sobral. Comme je planchais sur les deux albums, je passais de l'un à l'autre. C'est donc dur de fixer une durée de travail précise pour le premier volume mais, si je devais considérer uniquement les mois de boulot "albatoriens", je pense qu'on serait autour des 7-8 mois.
Le professeur Reiji, qui apparaît dans ta BD, est un hommage à Leiji Matsumoto. Comment l'a-t-il reçu ?
Jérôme Alquié : (rires)
Je te dit texto le retour que j'ai eu à ce sujet : « Monsieur Matsumoto a été très amusé et flatté de se voir dans la bande-dessinée. Il aime beaucoup son personnage. »
Pour le reste, je vais simplifier pour ne pas spoiler. Leiji Matsumoto s'inquiétait de savoir si son personnage avait perdu la vie dans le premier tome, ou pas. Je lui ai répondu par rapport à ça. C'est une chose qu'on m'a expliqué : Il aime de moins en moins voir les personnages de ses histoires mourir. Dans le cas où j'avais décidé de tuer son personnage, il a demandé à ce qu'un flou puisse planer, pour qu'on ne soit pas exactement certains. Mais il n'y aura pas de flou, et le sort du professeur Reiji est fixé dans le deuxième opus.
C'est un hommage qui lui a beaucoup plu. Évidemment, le personnage ne s'appelle pas Reiji pour rien. Néanmoins, M. Matsumoto apparaissait déjà dans l'équipage de l'Arcadia, derrière la figure du Contremaître. Mais comme il s'agit du Leiji Matsumoto d'il y a 30 ou 40 ans, on fait la différence avec le Matsumoto d'aujourd'hui dans ma BD.
Le trailer officiel de la bande-dessinée fait intervenir le grand Richard Darbois, comédien qui prêtait déjà sa voix à Albator/Harlock dans les dessins-animés d'autrefois. Peux-tu nous parler de cette collaboration ? Y as-tu participé ?
Jérôme Alquié : Oh oui, je peux t'en raconter trois heures sur Richard Darbois ! Pour ceux pour qui ce nom ne dit rien, c'est le génie d’Aladin, Buzz l'éclair, Patrick Swayze, Harisson Ford et le Batman de la série des années 90. Ce qu'on oublie, c'est qu'avec une voix plus fluette, c'était la voix d'Albator 78 ! Il est ensuite revenu à Albator en incarnant un narrateur au début du film de 2013, je pense que c'était un hommage qui lui était demandé. Il a aussi repris le rôle dans les OAV L'anneau des Nibelungen ainsi que dans les OAV Endless Odyssey.
Je n'imaginais pas un seul instant que si quelqu'un parle sur la bande-annonce, ça ne soit pas Richard Darbois. J'ai pris ma feuille, ait fait un dessin à Richard accompagné d'une lettre lui expliquant le projet, en lui demandant s'il acceptait de prêter sa voix sur la bande-annonce. Il a mis du temps à me répondre car le paquet s'est a priori perdu et a voyagé dans le monde, sachant que Richard Darbois habite en Guadeloupe. Je n'attendais plus sa réponse, puis je reçois un jour un appel d'un numéro que je ne connais pas. Vu que c'est souvent de la publicité dans ce genre de cas, je réponds assez sèchement. Il m'a dit « C'est Richard ! ». Après quelques secondes de réflexions, car je connais beaucoup de Richard, il a précisé « Richard Darbois ». Je me suis décomposé ! On a commence à tchatcher, ça a duré une petite heure durant laquelle il a été adorable. Il a précisé qu'il ne faisait plus ce genre de doublages habituellement, et qu'il continue à faire la voix de la radio NRJ surtout car la boîte lui a installé un studio à son domicile, en Guadeloupe. Il fait encore quelques doublages, comme Harisson Ford, mais c'est tout. Il m'a dit que je lui ai présenté le projet avec tellement de passion qu'il a accepté de reprendre Albator sur la bande-annonce. Il a accepté de le faire pour moi, mais je lui ai dit de le faire aussi pour la communauté de fans d'Albator qui lui serait très reconnaissant. Le rendez-vous a ensuite été pris pour l'enregistrement. Et lorsque la bande-annonce a été diffusée sur les réseaux sociaux, j'ai reçu une quantité impressionnante de messages de remerciements pour Richard. Des messages que je lui ai fait parvenir en début de semaine (ndt : Début juillet, à l'époque où l'interview a été enregistré). Il s'est montré touché et remercie d'ailleurs tous ces fans.
C'était une superbe aventure, d'autant plus que Richard Darbois est un monsieur qui a une voxographie démentielle, et qui est d'une gentillesse et d'une humilité impressionnante. Je connais certaines pseudo stars qui devraient en prendre de la graine. C'est en tout cas un grand monsieur. C'est d'ailleurs ce que je lui ai dit à la fin de nos entretiens : Je connaissais la grande voix, et j'ai maintenant la chance de pouvoir apprécier le grand homme.
Interview réalisée par Takato. Remerciements à Jérôme Alcquié pour sa disponibilité, sa sympathie et ses réponses, et à Agathe Ouvrard des éditions Kana pour l'organisation de la rencontre.
De notre côté, nous avons eu la joie de nous entretenir avec l'auteur, autour de sa bande-dessinée qui s'est vendue comme des petits pains sur le salon, surtout en ce qui concerne l'édition collector. A travers une longue discussion, Jérôme Alquié est revenu sur son projet mais aussi sur sa passion de l'animation japonaise et, surtout, sur sa passion d'Albator et l'influence qu'a eu Leiji Matsumoto sur sa carrière... En prime, l'artiste nous a autorisé à immortaliser en photo quelques originaux de sa série, dont vous trouverez les clichés dans cette interview !
Bonjour Jérôme. On sait que tu es un fan d'animation japonaise depuis les années 80-90, quand tu étais petit...
Jérôme Alquié : Tout à fait ! Je suis tombé dedans quand j'étais petit, comme Obélix. Je suis de 1975, j'ai donc vu l'arrivée des tous premiers comme Goldorak, Capitaine Flam, et évidemment Albator. Quoique je n'ai pas trop suivi la série lors de sa première diffusion car j'avais 5 ans, c'était un peu trop tôt. Mes premiers souvenirs datent vraiment de 1981 avec Capitaine Flam et Ulysse 31. J'ai entraperçu Albator en 1987, lors de sa rediffusion sur M6, puis surtout en 1994 quand la série est repassée sur Télévisator 2, de notre ami Cyril Drevet. Là, ça a été la claque. C'était d'enfer, avec un univers riche et des dessins extrêmement réussis...
Justement, pourquoi Albator t'a marqué plus qu'une autre série à l'époque ?
Jérôme Alquié : Je ne peux pas dire qu'il m'ait plus marqué qu'un autre à l'époque. Car dans mes jeunes années, c'est plus Goldorak et Ulysse qui m'ont passionné. Après, ce sont les blockbusters du Club Dorothée qui m'ont captivé, donc Saint Seiya puis Dragon Ball. J'ai d'ailleurs découvert Albator durant l'ère Dragon Ball Z. J'y ai redécouvert tous ce que j'aimais dans ces séries animées, à savoir les notions d'honneur, de sacrifice et de courage. Aussi, le charisme d'Albator était impressionnant.
Les séries des années 80 étaient assez manichéennes. Les gentils avaient des têtes de gentils, et les méchants des têtes de méchants... Mais dans Albator, c'était novateur car il n'y avait pas deux mais trois entités qui s'affrontaient. Nous étions même dépeints comme une civilisation peu reluisante : les terriens étaient décrits comme décadents, les gens n'avaient plus le goût du travail et ne rêvaient plus, et le gouvernement était corrompu. Celui qui devait nous défendre, notre Superman, a été banni de notre planète car considéré comme un hors la loi parce qu'il essayaient de réveiller les consciences. Là aussi, c'était très novateur. J'appréciais notamment beaucoup le personnage de Stellie, Mayu en version originale, qui fait le lien entre la Terre et Albator. C'est un personnage auquel les enfants pouvaient davantage s'identifier, et qui permet à Albator de reprendre son rôle de protecteur. Venait enfin la troisième entité, un peuple extra-terrestre venu reprendre sa planète. On pouvait y voir un parallèle évident à l'écologie et la nature, puisque ce sont des femmes végétales qui voulaient redonner à la nature son importance sur la planète. C'est toute cette distribution des rôles qui était particulièrement originale.
Cette dimension écologique se retrouve aussi dans ta bande-dessinée qui fait énormément écho à la situation actuelle de notre planète. Était-ce important pour toi de retranscrire tous ces thèmes dans ta BD pour en faire une œuvre moderne ?
Jérôme Alquié : Sans parler de ma BD, quand tu regardes Albator 78 et ses thèmes abordés, que se soit l'écologie voire la robotique, bien que ça doit davantage le cas dans Galaxy Express 999, on voit un écho aujourd'hui incroyable. C'est totalement d'actualité. C'est pour ça que quand on me demande si Albator n'est pas une série un peu vieille, je répond qu'elle est au contraire très contemporaine, plus que d'autres récits qui ont pris quelques décennies avec le temps.
Concernant ces thèmes dans ma bande-dessinée, j'espère parvenir à rendre tous les ingrédients qui me plaisaient dans l’œuvre de Leiji Matsumoto, avec sa validation bien entendu. A travers ce projet, je voulais marquer la perception d'un français qui possède une culture française, qui a donc perçu Albator et non Capitaine Harlock, c'est à dire dans les années 80. Les souvenirs de la télévision, qui était en couleur, justifient ainsi le choix d'une BD couleur. J'essaie de faire une synthèse de ce qu'est Albator au Japon, mais aussi en France. J'espère avoir réussi cet exercice et donné cette madeleine de Proust aux gens qui ont connu cette époque, tout en l'adressant aussi à un jeune public.
Le premier tome est sorti il y a une semaine (ndt : à l'heure où l'interview a été enregistrée), et je suis surpris des retours. D'abord parce que les gens de la première génération apprécient, mais en plus parce qu'ils essaient de la faire découvrir à leurs enfants. Je reçois des messages de jeunes entre 11 et 16 ans qui me disent avoir découvert Albator à travers ce que leurs parents leur ont montré via la BD. Ça, c'est la cerise sur le gâteau ! Si ma série permet à Albator de briller encore davantage auprès de la jeune génération, c'est tant mieux. Tout ce que je fais, ce n'est pas pour moi ni pour ma gloire : C'est pour que l’œuvre de Leiji Matsumoto puisse perdurer dans le temps. C'est pour ça que ce genre de retour me remplit de joie, c'est vraiment le but recherché.
Tout simplement, comment est né ce projet de bande-dessinée ? Est-ce l'éditeur, Kana, qui est venu vers toi, ou l'inverse ?
Jérôme Alquié : J'avais un projet d'adapter des BD en format franco-belge. Avant, je faisais de la BD chez Delcourt, dont un titre qui s'est arrêté au bout de 4 tomes : Surnaturels. C'est déjà pas mal, mais j'aurais voulu continuer. Je pensais que le public répondrait davantage présent, mais tant pis. Je me suis néanmoins rendu compte que j'aimais énormément faire de la BD.
C'est long et difficile. Je suis illustrateur de base, j'ai fait beaucoup de jaquettes de DVD, et j'ai souvent une réaction immédiate devant une illustration, un format qu'on peut considérer comme un one-shot. Dans une BD, c'est beaucoup de dessins qui servent une histoire. Sans parler de faire uniquement ça, j'ai beaucoup aimé l'exercice.
Comme j'adore les années 80, j'ai cherché à joindre les deux mondes. Je sais que les auteurs de comics aiment ce genre de chose, pour Transformers par exemple. On a eu tellement de belles licences en France que je trouvais super de les faire revivre via le format BD. Puis, vers 2013, j'ai monté un dossier sur Albator. L'année suivante, je rencontrais Thibaud Desbief qui est un traducteur de chez Kana. On s'était rencontré autour de Saint Seiya, puisque Kana avait un projet à l'époque. J'ai présenté mon travail sur Albator, et il se trouve que par le plus pur hasard, la directrice éditoriale partait en même temps au Japon pour rencontrer Leiji Matsumoto. Elle a pris mon dossier sous le bras pour lui montrer, et M. Matsumoto a beaucoup aimé. C'est là qu'il a donné son feu vert, et c'est à partir de ce moment qu'on a entamé les discussions autour du cadre administratif.
D'un point de vue purement productif, j'ai fourni les premiers éléments de scénario début 2017. Du côté du circuit, il y a donc moi, auteur et dessinateur selon l’œuvre de Leiji Matsumoto qui fournit mon travail à Kana, qui passe ensuite par une personne de l'éditeur japonais Akita Shoten. Il s'agit d'un certain monsieur Kobayashi, qui est fantastique et qui connait l'univers de Leiji Matsumoto sur le bout des doigts. Il va souvent chez lui pour faire valider tout un tas de choses, et il s'est proposé pour être l'intermédiaire entre M. Matsumoto et nous. Ainsi, dès qu'on envoie un élément, que ce soit du scénario ou des visuels, nous avons le retour du Maître par Akita Shoten dans la semaine. C'est du travail presque en direct tellement leurs retours sont rapides.
C'est encore plus intéressant du fait que les remarques et retours de M. Matsumoto ne sont pas toujours les mêmes que celles d'Akita Shoten, il y a deux regards différents. Ça aussi, ça nourrit énormément le scénario. Sans trop en dire, il y a un personnage que j'avais écrit d'une certaine façon dans le tome deux. M. Matsumoto m'a demandé une modification, car il n'était peut-être pas assez noble par rapport à ce qu'on pouvait attendre de ce personnage. J'ai trouvé ça super intéressant, non pas parce que je me disais que je me suis planté, mais parce que j'avais pris conscience de ce que l'auteur original avait en tête, ce qui m'a permis de rester dans sa lignée. La fidélité envers Albator est vraiment importante, aussi bien pour M. Matsumoto que pour le lectorat.
Quelle fut l'implication exacte de Leiji Matsumoto ? A-t-il apporté quelques pistes de scénario ? D'autres petites choses à la BD ?
Jérôme Alquié : Il a validé, c'est déjà pas mal. Ce qui signifie qu'il valide aussi les modifications. M. Matsumoto a eu un œil particulièrement bienveillant. C'est un bonheur de travailler avec un artiste qui a sa personnalité, son charisme et son univers. Évidemment, je suis fan, donc je ne suis pas du tout objectif ! Mais c'est une chance de travailler avec quelqu'un comme ça.
Mais en même temps, je me suis imposé une forte exigence. Je me souviens du début du projet : Je n'avais pas le stress de la page blanche, mais j'avais du mal à me lancer véritablement, car je ne me pensais pas à la hauteur. D'autres auteurs me rassuraient sur le fait que ça allait n'être que du bonheur. Et, effectivement, une fois qu'on est dedans, c'est à dire à 120%, c'est beaucoup de joie. Car même lorsque les remarques du Maître ne vont pas toujours dans mon sens, c'est très constructif et extrêmement bienveillant. Il ne dira jamais qu'une idée est pourrie, mais qu'il pense plutôt orienter le propos d'une autre manière. C'est très valorisant, car si je suis là pour respecter son œuvre, M. Matsumoto respecte mon travail en retour.
Peut-être que tu voulais en parler plus tard et que je vais griller les étapes, mais je reste sidéré de ma rencontre avec M. Matsumoto qui a eu lieu tout à l'heure. Et c'est lui qui me remerciait en se tapotant le cœur, alors que c'est moi qui voulais me mettre à genoux pour le remercier de me permettre de faire vivre son univers ! Tu vois, ce respect-là, c'est quelque chose de terriblement motivant pour la suite. J'étais à 120%, et je passe à 140% !
Tu as un style globale très inspiré de celui de Leiji Matsumoto, ce qui se ressent énormément dans ta bande-dessinée. Qu'est-ce qui t'a plu dans l'esthétique de l'artiste ?
Jérôme Alquié : J'ai découvert ses mangas dans le courant des années 90. C'est vrai que, par rapport à ce qui se faisait à l'époque, c'était très différent. J'adore ses silhouettes, féminines notamment, avec ces femmes aux chevelures qui partent à l'infini et ces corps très allongés. Les personnages masculins ont aussi beaucoup de charisme, ils sont très déformés. Sachant que Leiji Matsumoto s'inspire souvent de personnes qu'il a croisé, il y a un côté caricatural, aussi.
Ça me fait penser à une anecdote. J'aime dessiner les mentons un peu pointus, ça doit être l'inspiration Saint Seiya de Shingo Araki, dont je suis totalement fan. Ce n'est pas une touche très "matsumotoïenne". Et, justement, l'une des remarques du Maître vers la fin était une demande pour arrondir les mentons.
Pour en revenir à son style à proprement parler, j'ai des mangas anciens de lui et d'autres plus récents, et on voit l'évolution de son trait. Leiji Matsumoto est un grand monsieur, aussi connaître l'histoire de cette évolution est aussi important. C'est un artiste fortement influencé par la Seconde Guerre Mondiale, pour des raisons évidentes, et ça se ressent aussi. Il rend hommage aux soldats qui ont perdu la vie à cette époque, ça se perçoit dans ses personnages et dans sa manière de dessiner. Il a un style qui va à l'essentiel. A son époque, une planche ne proposait pas des milliers de traits. Il suffit de prendre, par exemple une page de Tsukasa Hôjo, pour voir la différence d'époque. Attention, ce sont tous deux des mangakas que j'adore ! De cette différence, on peut voir que Leiji Matsumoto parvient à simplifier son dessin pour rendre une émotion de manière directe. C'est quelque chose que je dois apprendre, car j'ai tendance à mettre trop de détails dans mes planches. Mais la narration doit être canalisée dans les éléments importants d'une page, et c'est quelque chose que Leiji Matsumoto fait très bien.
Combien de temps t'a pris la réalisation du premier tome ? As-tu rencontré certains obstacles ?
Jérôme Alquié : Oui, le respect de l’œuvre originale. C'était ce qui me guidait, car je voulais faire revivre des émotions que les gens ont connu à l'époque. C'est une philosophie qui m'a guidé tout le long.
D'un point de vue plus technique, je ne travaille pas du tout comme les auteurs franco-belges qui font souvent des pages entières. Je dessine case par case, voire plan par plan, un peu comme dans la technique du dessin-animé. Ce n'est pas forcément évident, c'est une contrainte que je m'impose, mais j'aime ça.
J'ai mis environ un an pour écrire et dessiner le premier tome, tout en sachant que je travaille en parallèle sur une autre bande-dessinée, avec un autre éditeur. C'est un projet collaboratif qui s'appelle Les Mythics, fait notamment avec Patrick Sobral. Comme je planchais sur les deux albums, je passais de l'un à l'autre. C'est donc dur de fixer une durée de travail précise pour le premier volume mais, si je devais considérer uniquement les mois de boulot "albatoriens", je pense qu'on serait autour des 7-8 mois.
Le professeur Reiji, qui apparaît dans ta BD, est un hommage à Leiji Matsumoto. Comment l'a-t-il reçu ?
Jérôme Alquié : (rires)
Je te dit texto le retour que j'ai eu à ce sujet : « Monsieur Matsumoto a été très amusé et flatté de se voir dans la bande-dessinée. Il aime beaucoup son personnage. »
Pour le reste, je vais simplifier pour ne pas spoiler. Leiji Matsumoto s'inquiétait de savoir si son personnage avait perdu la vie dans le premier tome, ou pas. Je lui ai répondu par rapport à ça. C'est une chose qu'on m'a expliqué : Il aime de moins en moins voir les personnages de ses histoires mourir. Dans le cas où j'avais décidé de tuer son personnage, il a demandé à ce qu'un flou puisse planer, pour qu'on ne soit pas exactement certains. Mais il n'y aura pas de flou, et le sort du professeur Reiji est fixé dans le deuxième opus.
C'est un hommage qui lui a beaucoup plu. Évidemment, le personnage ne s'appelle pas Reiji pour rien. Néanmoins, M. Matsumoto apparaissait déjà dans l'équipage de l'Arcadia, derrière la figure du Contremaître. Mais comme il s'agit du Leiji Matsumoto d'il y a 30 ou 40 ans, on fait la différence avec le Matsumoto d'aujourd'hui dans ma BD.
Le trailer officiel de la bande-dessinée fait intervenir le grand Richard Darbois, comédien qui prêtait déjà sa voix à Albator/Harlock dans les dessins-animés d'autrefois. Peux-tu nous parler de cette collaboration ? Y as-tu participé ?
Jérôme Alquié : Oh oui, je peux t'en raconter trois heures sur Richard Darbois ! Pour ceux pour qui ce nom ne dit rien, c'est le génie d’Aladin, Buzz l'éclair, Patrick Swayze, Harisson Ford et le Batman de la série des années 90. Ce qu'on oublie, c'est qu'avec une voix plus fluette, c'était la voix d'Albator 78 ! Il est ensuite revenu à Albator en incarnant un narrateur au début du film de 2013, je pense que c'était un hommage qui lui était demandé. Il a aussi repris le rôle dans les OAV L'anneau des Nibelungen ainsi que dans les OAV Endless Odyssey.
Je n'imaginais pas un seul instant que si quelqu'un parle sur la bande-annonce, ça ne soit pas Richard Darbois. J'ai pris ma feuille, ait fait un dessin à Richard accompagné d'une lettre lui expliquant le projet, en lui demandant s'il acceptait de prêter sa voix sur la bande-annonce. Il a mis du temps à me répondre car le paquet s'est a priori perdu et a voyagé dans le monde, sachant que Richard Darbois habite en Guadeloupe. Je n'attendais plus sa réponse, puis je reçois un jour un appel d'un numéro que je ne connais pas. Vu que c'est souvent de la publicité dans ce genre de cas, je réponds assez sèchement. Il m'a dit « C'est Richard ! ». Après quelques secondes de réflexions, car je connais beaucoup de Richard, il a précisé « Richard Darbois ». Je me suis décomposé ! On a commence à tchatcher, ça a duré une petite heure durant laquelle il a été adorable. Il a précisé qu'il ne faisait plus ce genre de doublages habituellement, et qu'il continue à faire la voix de la radio NRJ surtout car la boîte lui a installé un studio à son domicile, en Guadeloupe. Il fait encore quelques doublages, comme Harisson Ford, mais c'est tout. Il m'a dit que je lui ai présenté le projet avec tellement de passion qu'il a accepté de reprendre Albator sur la bande-annonce. Il a accepté de le faire pour moi, mais je lui ai dit de le faire aussi pour la communauté de fans d'Albator qui lui serait très reconnaissant. Le rendez-vous a ensuite été pris pour l'enregistrement. Et lorsque la bande-annonce a été diffusée sur les réseaux sociaux, j'ai reçu une quantité impressionnante de messages de remerciements pour Richard. Des messages que je lui ai fait parvenir en début de semaine (ndt : Début juillet, à l'époque où l'interview a été enregistré). Il s'est montré touché et remercie d'ailleurs tous ces fans.
C'était une superbe aventure, d'autant plus que Richard Darbois est un monsieur qui a une voxographie démentielle, et qui est d'une gentillesse et d'une humilité impressionnante. Je connais certaines pseudo stars qui devraient en prendre de la graine. C'est en tout cas un grand monsieur. C'est d'ailleurs ce que je lui ai dit à la fin de nos entretiens : Je connaissais la grande voix, et j'ai maintenant la chance de pouvoir apprécier le grand homme.
Interview réalisée par Takato. Remerciements à Jérôme Alcquié pour sa disponibilité, sa sympathie et ses réponses, et à Agathe Ouvrard des éditions Kana pour l'organisation de la rencontre.
De destroy [550 Pts], le 17 Novembre 2019 à 17h05
Excellente interview merci! Sa passion et son humilité sont évidentes. Il est bien digne de Matsumoto!
De Cyril91 [1590 Pts], le 17 Novembre 2019 à 14h18
La sincérité et l'enthousiasme de Jérome Alquié font plaisir à voir.