Manga Chronique manga numérique: Be Yourself, chapitre 1
En cette période de confinement, les éditions Akata souhaitent apporter des solutions de lecture et de découverte passant par le format numérique, un format que l'éditeur s'applique à porter depuis déjà un bon moment. Dans cette optique, l'éditeur a annoncé en début de mois sa volonté de proposer encore plus de nouveautés numériques, parfois très récentes. Cela a démarré le 9 avril avec la publication de l'histoire courte Kusakabe et moi, un récit d'une vingtaine de pages paru au Japon tout juste deux semaines avant, qui a marqué le retour chez Akata de l'illustre Shuzo Oshimi, et sur lequel nous sommes déjà revenus le weekend dernier. Et à présent, une semaine plus tard, le 16 avril, c'est une autre artiste lancée en France par l'éditeur qui fait aussi son retour chez celui-ci, à savoir Ichigo Takano !
Cela fait déjà six ans que dure l'histoire d'amour entre Takano et l'éditeur, celle-ci ayant été initiée en juillet 2014 avec la parution de Dreamin' Sun, cette série ayant été l'une des dernières représentantes de la collaboration passée entre Akata et les éditions Delcourt. La suite, on la connaît: lancée en France en octobre 2014, la série orange fut l'un des premiers très beaux succès (largement mérité) des éditions Akata, reste l'une de ses figures de proue, et depuis l'éditeur n'a jamais lâché l'autrice, quand bien même celle-ci est réputée pour être peu prolifique et pour aimer prendre son temps afin d'offrir des oeuvres très qualitatives. On l'a donc ensuite retrouvée avec le premier tome "bonus" d'orange bien sûr, mais aussi avec les romans orange (qu'elle n'a pas écrits mais qu'elle a supervisés), puis avec les romans Le pâtissier de mes rêves dont elle a signé les illustrations. Mais il aura donc fallu attendre ce mois d'avril 2020 pour enfin la découvrir sur un tout nouveau manga, Be Yourself.
Toute dernière série en date de Takano, et première série longue qu'elle dessine depuis la conclusion d'orange, cette oeuvre a été lancée au Japon sous le titre Kimi ni Nare fin avril 2018, dans les pages du magazine Monthly Action des éditions Futabasha, magazine dans lequel elle avait déjà repris orange, et dont sont aussi issues des séries comme Le mari de mon frère ou Nos yeux fermés. A ce jour, elle ne compte qu'un seul volume papier, paru dans son pays d'origine en octobre 2018. Du fait de la lenteur de l'artiste dans son travail, Akata pensait initialement attendre encore plusieurs mois avant de lancer la série, pour laisser du temps à la mangaka de travailler sur ce tout nouveau projet et ainsi pouvoir proposer les tomes papiers à un rythme rapproché. Mais face à la situation actuelle et confinement, l'éditeur a décidé de lancer la version numérique plus tôt que prévu, afin de nous égayer un peu plus ! Le tome 1 comptant 5 chapitres, Akata publiera la version numérique au rythme d'un chapitre par mois, afin de ne pas rattraper trop vite les choses et d'offrir une actualité à l'oeuvre pendant 5 mois. Le premier chapitre s'étire sur une bonne soixantaine de pages, tandis que les chapitres suivants en compteront une trentaine.
Le signe particulier de la série ? Eh bien, son origine vient... d'une chanson ! Plus précisément, la chanson "Kimi ni Nare" du groupe Kobukuro, que l'autrice, en collaboration avec le groupe, a souhaité interpréter à sa manière. On découvre donc ici Taiyô Ashie, un lycéen qui se présente lui-même comme énergique, fonceur, toujours optimiste, et adorant s'imaginer des histoires, quitte à parfois épuiser un peu son entourage. Il a depuis tout petit une amie d'enfance très chère à son coeur, Sakura, passionnée de photographie, qui le soutient toujours. Et depuis un certain temps, il s'éclate au sein du club de musique, où il joue avec entrain de la guitare, une guitare qu'un mystérieux être encapuchonné lui a soudainement offert en lui affirmant qu'avec ça, il pourrait conquérir le coeur de tout le monde. Enfin, ça, c'est ce qu'il se plaît à dire. Car Taiyô n'a pas vraiment de talent en tant que guitariste. Et en prime, ses trois compères du club, à l'approche de la fin du lycée, préfèrent le lâcher pour préparer les examens universitaires, sans même avoir joué un seul concert ensemble. Qu'importe: avec son optimisme, Taiyô se met en tête de trouver de nouveaux membres avant le dernier festival du lycée, où il compte bien donner enfin un concert où il brillera forcément. Et puis, même s'il ne parvient pas à trouver des membres, il jouera seul. Il brillera. Il en est convaincu. Mais les choses peuvent-elles seulement si bien se passer ? Le dur retour à la réalité risque d'avoir lieu... Mais pour atteindre son rêve, peut-être pourra-t-il malgré tout compter sur le soutien de Sakura bien sûr, mais aussi sur sa rencontre avec Hikari Tsukamoto, adolescent solitaire et taciturne de sa classe cachant lui-même une certaine blessure...
A la lecture de ce premier chapitre, on comprend facilement pourquoi Ichigo Takano a souhaité se réapproprier la chanson d'origine de Kobukuro, tant on retrouve déjà ici des sujets chers à la mangaka: le besoin de se trouver du talent (et donc d'avoir confiance en soi) et de vivre ses rêves (c'était même le sous-titre de Dreamin' Sun), ainsi que l'importance de savoir s'ouvrir aux autres tout en les prenant eux-mêmes en considération. C'est déjà tout ce que véhiculent ces 60 premières pages à travers un personnage principal qui, sous ses allures toujours optimistes, altruistes et volontaires, risque pourtant de montrer ses faiblesses et de prendre conscience de certaines choses dès lors que la réalité le rattrapera. Car l'optimisme, c'est bien beau, c'est même essentiel, mais pas forcément quand il cache le reste aux yeux du principal concerné.
Ainsi, bien des choses attendant déjà Taiyô dans ce chapitre 1: une petite désillusion amoureuse qu'il choisit de prendre avec une certaine légèreté, un manque de talent à la guitare qu'il préfère camoufler derrières les histoires qu'il s'invente ou son côté positif... mais au bout d'un moment, il lui faudra forcément réfléchir sur lui-même pour réellement avancer, et cela passe aussi par une réflexion sur son entourage et sur la manière dont il considère ses proches. Car il a beau se montrer toujours sociable, vouloir sympathiser avec les autres, Taiyô a-t-il seulement déjà cherché à les découvrir et à les comprendre réellement ? Avait-il essayé de bien cerner ses potes du club avant qu'ils ne le quittent, où s'est-il contenté de vouloir les "utiliser" pour vivre uniquement son propre rêve ? N'a-t-il pas été prétentieux et égoïste en s'autoproclamant pote de Hikari en ne connaissant même pas un minimum de ses tourments et de ce qu'il peut ressentir ?
Ne nous y trompons pas: Taiyô est trèèèès loin d'être un mauvais bougre, et son côté optimiste et jovial le rend instantanément plaisant à suivre. Il veut simplement vivre son rêve autant que possible et être le héros de sa propre vie, chose que tout le monde souhaite forcément, le plus naturellement du monde. Mais être le héros de sa propre vie passe aussi, forcément, par un réel souci des autres, chose dont il semble déjà prendre conscience, même si on le laisse ici sur une toute dernière page assez douloureuse, comme on ne l'avait jamais vu lors des 60 pages précédentes. Simplement, Taiyô apparaît alors comme quelqu'un de très humain, avec ses qualités et ses défauts, ses bons et moins bons côté, mais avec des prises de conscience et sans doute un désir d'avancer dans le bon sens. A ce titre, la narration de Takano fait des merveilles, car à l'instar de ce qu'elle a fait dans orange, elle joue sur différents types narratifs: il y a bien sûr ce que vivent directement les personnages avec les dialogues, mais aussi les pensées de Taiyô qui offrent comme il se doit un aspect introspectif réussi. Mais en plus, il y a une troisième couche de narration, où Taiyô, en narrateur invisible, raconte/présente le tout comme des événements passés. Cette troisième couche de lecture était déjà présente dans orange, et on a déjà pu l'apprécier sur certains très grands mangas (comme Nana) finit d'apporter. ici, elle complète très bien le portrait que l'on peut se faire de Taiyô, et cela permet nombre de textes très forts et justes dans ce qu'ils ont à véhiculer. Qui plus est, le tout est soutenu par les qualités visuelles de l'artiste, qui ne sont plus à prouver. A des visages fins et profonds s'ajoutent des décors réalistes bien présents quand il le faut (mais c'est avant tout à travers les personnages que Takano s'exprime), ainsi qu'un sens du découpage franchement pertinent, pouvant aller d'une certaine sobriété, à des choses un peu plus éclatées pour coller à ce que vit ou ressent Taiyô.
Bien sûr, il faudra voir ce que donnera sur la longueur cette oeuvre qui, a priori, semble vouée à se construire autour de 3 personnages, avec a priori (ça reste à confirmer) un personnage central différent à chaque volume. Mais dans l'immédiat, Takano convainc très facilement avec ces 60 premières pages, de par ses qualités visuelles et narratives bien sûr, mais aussi grâce à tout ce qu'elle parvient déjà à transmettre avec beaucoup de justesse.
Cela fait déjà six ans que dure l'histoire d'amour entre Takano et l'éditeur, celle-ci ayant été initiée en juillet 2014 avec la parution de Dreamin' Sun, cette série ayant été l'une des dernières représentantes de la collaboration passée entre Akata et les éditions Delcourt. La suite, on la connaît: lancée en France en octobre 2014, la série orange fut l'un des premiers très beaux succès (largement mérité) des éditions Akata, reste l'une de ses figures de proue, et depuis l'éditeur n'a jamais lâché l'autrice, quand bien même celle-ci est réputée pour être peu prolifique et pour aimer prendre son temps afin d'offrir des oeuvres très qualitatives. On l'a donc ensuite retrouvée avec le premier tome "bonus" d'orange bien sûr, mais aussi avec les romans orange (qu'elle n'a pas écrits mais qu'elle a supervisés), puis avec les romans Le pâtissier de mes rêves dont elle a signé les illustrations. Mais il aura donc fallu attendre ce mois d'avril 2020 pour enfin la découvrir sur un tout nouveau manga, Be Yourself.
Toute dernière série en date de Takano, et première série longue qu'elle dessine depuis la conclusion d'orange, cette oeuvre a été lancée au Japon sous le titre Kimi ni Nare fin avril 2018, dans les pages du magazine Monthly Action des éditions Futabasha, magazine dans lequel elle avait déjà repris orange, et dont sont aussi issues des séries comme Le mari de mon frère ou Nos yeux fermés. A ce jour, elle ne compte qu'un seul volume papier, paru dans son pays d'origine en octobre 2018. Du fait de la lenteur de l'artiste dans son travail, Akata pensait initialement attendre encore plusieurs mois avant de lancer la série, pour laisser du temps à la mangaka de travailler sur ce tout nouveau projet et ainsi pouvoir proposer les tomes papiers à un rythme rapproché. Mais face à la situation actuelle et confinement, l'éditeur a décidé de lancer la version numérique plus tôt que prévu, afin de nous égayer un peu plus ! Le tome 1 comptant 5 chapitres, Akata publiera la version numérique au rythme d'un chapitre par mois, afin de ne pas rattraper trop vite les choses et d'offrir une actualité à l'oeuvre pendant 5 mois. Le premier chapitre s'étire sur une bonne soixantaine de pages, tandis que les chapitres suivants en compteront une trentaine.
Le signe particulier de la série ? Eh bien, son origine vient... d'une chanson ! Plus précisément, la chanson "Kimi ni Nare" du groupe Kobukuro, que l'autrice, en collaboration avec le groupe, a souhaité interpréter à sa manière. On découvre donc ici Taiyô Ashie, un lycéen qui se présente lui-même comme énergique, fonceur, toujours optimiste, et adorant s'imaginer des histoires, quitte à parfois épuiser un peu son entourage. Il a depuis tout petit une amie d'enfance très chère à son coeur, Sakura, passionnée de photographie, qui le soutient toujours. Et depuis un certain temps, il s'éclate au sein du club de musique, où il joue avec entrain de la guitare, une guitare qu'un mystérieux être encapuchonné lui a soudainement offert en lui affirmant qu'avec ça, il pourrait conquérir le coeur de tout le monde. Enfin, ça, c'est ce qu'il se plaît à dire. Car Taiyô n'a pas vraiment de talent en tant que guitariste. Et en prime, ses trois compères du club, à l'approche de la fin du lycée, préfèrent le lâcher pour préparer les examens universitaires, sans même avoir joué un seul concert ensemble. Qu'importe: avec son optimisme, Taiyô se met en tête de trouver de nouveaux membres avant le dernier festival du lycée, où il compte bien donner enfin un concert où il brillera forcément. Et puis, même s'il ne parvient pas à trouver des membres, il jouera seul. Il brillera. Il en est convaincu. Mais les choses peuvent-elles seulement si bien se passer ? Le dur retour à la réalité risque d'avoir lieu... Mais pour atteindre son rêve, peut-être pourra-t-il malgré tout compter sur le soutien de Sakura bien sûr, mais aussi sur sa rencontre avec Hikari Tsukamoto, adolescent solitaire et taciturne de sa classe cachant lui-même une certaine blessure...
A la lecture de ce premier chapitre, on comprend facilement pourquoi Ichigo Takano a souhaité se réapproprier la chanson d'origine de Kobukuro, tant on retrouve déjà ici des sujets chers à la mangaka: le besoin de se trouver du talent (et donc d'avoir confiance en soi) et de vivre ses rêves (c'était même le sous-titre de Dreamin' Sun), ainsi que l'importance de savoir s'ouvrir aux autres tout en les prenant eux-mêmes en considération. C'est déjà tout ce que véhiculent ces 60 premières pages à travers un personnage principal qui, sous ses allures toujours optimistes, altruistes et volontaires, risque pourtant de montrer ses faiblesses et de prendre conscience de certaines choses dès lors que la réalité le rattrapera. Car l'optimisme, c'est bien beau, c'est même essentiel, mais pas forcément quand il cache le reste aux yeux du principal concerné.
Ainsi, bien des choses attendant déjà Taiyô dans ce chapitre 1: une petite désillusion amoureuse qu'il choisit de prendre avec une certaine légèreté, un manque de talent à la guitare qu'il préfère camoufler derrières les histoires qu'il s'invente ou son côté positif... mais au bout d'un moment, il lui faudra forcément réfléchir sur lui-même pour réellement avancer, et cela passe aussi par une réflexion sur son entourage et sur la manière dont il considère ses proches. Car il a beau se montrer toujours sociable, vouloir sympathiser avec les autres, Taiyô a-t-il seulement déjà cherché à les découvrir et à les comprendre réellement ? Avait-il essayé de bien cerner ses potes du club avant qu'ils ne le quittent, où s'est-il contenté de vouloir les "utiliser" pour vivre uniquement son propre rêve ? N'a-t-il pas été prétentieux et égoïste en s'autoproclamant pote de Hikari en ne connaissant même pas un minimum de ses tourments et de ce qu'il peut ressentir ?
Ne nous y trompons pas: Taiyô est trèèèès loin d'être un mauvais bougre, et son côté optimiste et jovial le rend instantanément plaisant à suivre. Il veut simplement vivre son rêve autant que possible et être le héros de sa propre vie, chose que tout le monde souhaite forcément, le plus naturellement du monde. Mais être le héros de sa propre vie passe aussi, forcément, par un réel souci des autres, chose dont il semble déjà prendre conscience, même si on le laisse ici sur une toute dernière page assez douloureuse, comme on ne l'avait jamais vu lors des 60 pages précédentes. Simplement, Taiyô apparaît alors comme quelqu'un de très humain, avec ses qualités et ses défauts, ses bons et moins bons côté, mais avec des prises de conscience et sans doute un désir d'avancer dans le bon sens. A ce titre, la narration de Takano fait des merveilles, car à l'instar de ce qu'elle a fait dans orange, elle joue sur différents types narratifs: il y a bien sûr ce que vivent directement les personnages avec les dialogues, mais aussi les pensées de Taiyô qui offrent comme il se doit un aspect introspectif réussi. Mais en plus, il y a une troisième couche de narration, où Taiyô, en narrateur invisible, raconte/présente le tout comme des événements passés. Cette troisième couche de lecture était déjà présente dans orange, et on a déjà pu l'apprécier sur certains très grands mangas (comme Nana) finit d'apporter. ici, elle complète très bien le portrait que l'on peut se faire de Taiyô, et cela permet nombre de textes très forts et justes dans ce qu'ils ont à véhiculer. Qui plus est, le tout est soutenu par les qualités visuelles de l'artiste, qui ne sont plus à prouver. A des visages fins et profonds s'ajoutent des décors réalistes bien présents quand il le faut (mais c'est avant tout à travers les personnages que Takano s'exprime), ainsi qu'un sens du découpage franchement pertinent, pouvant aller d'une certaine sobriété, à des choses un peu plus éclatées pour coller à ce que vit ou ressent Taiyô.
Bien sûr, il faudra voir ce que donnera sur la longueur cette oeuvre qui, a priori, semble vouée à se construire autour de 3 personnages, avec a priori (ça reste à confirmer) un personnage central différent à chaque volume. Mais dans l'immédiat, Takano convainc très facilement avec ces 60 premières pages, de par ses qualités visuelles et narratives bien sûr, mais aussi grâce à tout ce qu'elle parvient déjà à transmettre avec beaucoup de justesse.
De akiko [5480 Pts], le 21 Avril 2020 à 14h46
Une nouveauté dont j'ai encore plus hate de découvrir a présent! Mais je me contente d'attendre sagement la sortie physiques :)