Manga Rencontre avec Zuo Hsuan, autrice de Retour aux sources
Lors de l'édition 2019 du Festival International de la BD d'Angoulême, les éditions Kana ont eu un programme chargé. L'un de leurs auteurs présent est une autrice chinois, Zuo Hsuan, que nous avons pu lire pour la première fois en France en 2018 avec son manhua en deux tomes : Retour aux sources.
La jeune autrice a accepté de nous rencontrer afin de s'exprimer sur son œuvre, ses intentions et ses influences...
Pouvez-vous nous parler de votre parcours d'autrice ? Comment en êtes-vous venue à la bande-dessinée ?
Zuo Hsuan : J'ai d'abord fait des études de design. Comme un cercle d'amis s'intéressait beaucoup à la bande-dessinée, je me suis peu à peu dirigée vers l'illustration, puis vers la BD en tant que passion commune. Nous avons créé des œuvres avec mes camarades d'université, ensemble.
J'ai commencé par des illustrations individuelles, puis je suis passé aux histoires courtes, et enfin aux histoires plus longues. C'est comme ça que j'en suis venue à dessiner des récits plus complexes. Bon, pour l'instant, ma plus grande série ne comporte que deux volumes... (rires)
Est-ce que des auteurs, ou des artistes au sens large, vous ont influencée ?
Zuo Hsuan : Plus que par les manhua, j'ai été influencée par le cinéma, japonais notamment. J'aime les films japonais qui ont une atmosphère douce, des tranches de vies. Lorsque j'écris mes histoires, c'est ces longs-métrages qui me viennent en tête.
Dans Retour aux sources, vous parlez de la ville de Daxi. Pourquoi cette ville plus qu'une autre ?
Zuo Hsuan : Comme Retour aux sources est ma première œuvre publiée, je voulais partir sur quelque chose que je connais vraiment, afin de me baser sur des connaissances solides. C'est pour ça que j'ai choisi Daxi, ma ville natale.
Retour aux sources présente une atmosphère très douce. La série est un appel au voyage, surtout pour un lecteur français. Aviez-vous cette envie de dépaysement quand vous avez démarré la série ?
Zuo Hsuan : Les touristes qui visitent la ville de Daxi restent très peu de temps, en général moins d'une journée. Ils viennent juste déguster la spécialité locale, donc ils n'ont pas l'occasion de découvrir la ville. Mais quand on vit vraiment à Daxi, on se rend compte que la ville a des pans de culture et d'histoire que ces touristes n'ont pas le temps de découvrir. C'est pour faire davantage connaître cette culture que j'ai souhaité parler de Daxi dans mon manhua.
Sachant que Daxi est votre ville natale, avez-vous eu besoin de vous documenter pour dessiner Retour aux sources ?
Zuo Hsuan : Oui, j'ai eu besoin de beaucoup de documentation, mais pas au sens où on l'entend. Je n'ai pas cherché dans des ouvrages, mais je me suis basée sur des connaissances et des relations. Par exemple, je suis allée voir ma grand-mère afin qu'elle me raconte certaines histoires sur Daxi, puis elle m'a renseigné sur différents événements, en me conseillant les bonnes personnes du voisinage à aller voir. C'était plus du bouche à oreille.
Aussi, les plats de Daxi étant vraiment délicieux, j'utilisais aussi le prétexte de la documentation pour rentrer au pays et prendre quelques vacances. (rires)
Ce travail de documentation, par bouche à oreille, vous a-t-il demandé beaucoup de temps ?
Zuo Hsuan : Oui, car j'étais encore étudiante à l'époque. J'ai dû faire cette documentation en même temps que mes cours, donc parfois de manière interrompue. Cela m'a pris deux ans, au final. A savoir que la cérémonie du temple de Daxi a lieu une fois par an. Je devais donc utiliser à bon escient le temps dont je disposais pour ma documentation.
Chen est un personnage curieux et attachant. Y a-t-il une part d'elle en vous ?
Zuo Hsuan : Mon histoire est basée sur trois personnages : Un qui a toujours vécu à Daxi, un qui y vivait autrefois, et un qui ne connait pas du tout la ville. Je pense qu'il y a une part de mois en chacun d'eux, et dans chaque aspect de leurs connaissances de Daxi. Je me suis aussi servie de mon éditeur, une personne qui n'y est jamais allé. J'ai utilisé ses réactions face à sa découverte de la ville pour mon titre. (rires)
Votre éditeur est donc venu à Daxi avec vous ?
Zuo Hsuan : Oui, il m'a accompagné quelques fois là-bas.
Retour aux sources parle aussi de drames familiaux, notamment à travers la relation entre Xia et son père. D'où vous est venue cette idée de sujet familial dans un récit plus orienté vers le voyage et la culture ?
Zuo Hsuan : Quand on parle de religion, on n'y pense pas forcément comme un moyen de rassembler les membres d'une même famille. J'ai justement voulu exprimer cette part religieuse qui, de la même manière que la famille, peut rassembler. Entretenir des liens familiaux fort est quelque chose d'aussi puissant que ce qu'on peut trouver dans la foi. Ce n'est pas forcément visible, mais ça reste fort.
Un peu comme Xia, vous êtes donc née à Daxi et avez quitté la ville pour faire vos études ?
Zuo Hsuan : J'ai grandi à Daxi, qui est la ville de mes grands-parents maternels qui m'ont élevé. Je suis ensuite partie à Taipei, la capitale, pour mes études, mais je revenais voir mes grands parents chaque été.
Ainsi, comme Xia, est-ce que l'idée de l'émancipation familiale est un sujet qui vous est cher ?
Zuo Hsuan : Oui, c'est un thème très important pour moi. D'autant plus que, quand on se promène à Daxi, on voit surtout des personnes âgées, et on peut se demander où sont passés les jeunes. Je reste très attachée à la ville, et c'est cet amour que j'ai voulu représenter dans Retour aux sources.
Était-ce un exercice difficile de mettre en dessin la ville de Daxi, là où vous êtes née ?
Zuo Hsuan : Justement, c'était parfois gênant de trop bien connaître la ville. Certaines chosent me paraissaient évidentes, mais n'auraient pas été compréhensibles par un lecteur novice, qui n'est jamais venue à Daxi. Par exemple, les différentes cérémonies. J'ai donc dû réfléchir à la manière de représenter les choses, de telle sorte à ce que tout le monde comprenne la ville.
Retour aux sources est très porté par la culture de Daxi. Y a-t-il d'autre horizons que vous aimeriez traiter dans de futures œuvres ?
Zuo Hsuan : Je travaille actuellement sur la biographie d'un peintre taïwanais qui utilisaient la peinture à l'huile. J'ai vraiment voulu traiter la dimension biographique, mais ça reste quand même un récit axé sur la Culture. Cette biographie se déroule durant l'occupation japonaise. A l'époque, c'était la mode de dessiner des choses très locales de Taiwan, c'est ce que j'ai voulu mettre en avant dans ce récit. Ce qui m'intéresse vraiment dans cet exercice, c'est le fait de donner une particularité à une culture locale qu'on connaît très bien. J'ai aussi ressenti le besoin d'aborder cette idée avec Retour aux sources.
Remerciements à Zuo Hsuan, à son interprète, et aux éditions Kana pour l'organisation de la rencontre.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours d'autrice ? Comment en êtes-vous venue à la bande-dessinée ?
Zuo Hsuan : J'ai d'abord fait des études de design. Comme un cercle d'amis s'intéressait beaucoup à la bande-dessinée, je me suis peu à peu dirigée vers l'illustration, puis vers la BD en tant que passion commune. Nous avons créé des œuvres avec mes camarades d'université, ensemble.
J'ai commencé par des illustrations individuelles, puis je suis passé aux histoires courtes, et enfin aux histoires plus longues. C'est comme ça que j'en suis venue à dessiner des récits plus complexes. Bon, pour l'instant, ma plus grande série ne comporte que deux volumes... (rires)
Est-ce que des auteurs, ou des artistes au sens large, vous ont influencée ?
Zuo Hsuan : Plus que par les manhua, j'ai été influencée par le cinéma, japonais notamment. J'aime les films japonais qui ont une atmosphère douce, des tranches de vies. Lorsque j'écris mes histoires, c'est ces longs-métrages qui me viennent en tête.
Dans Retour aux sources, vous parlez de la ville de Daxi. Pourquoi cette ville plus qu'une autre ?
Zuo Hsuan : Comme Retour aux sources est ma première œuvre publiée, je voulais partir sur quelque chose que je connais vraiment, afin de me baser sur des connaissances solides. C'est pour ça que j'ai choisi Daxi, ma ville natale.
Retour aux sources présente une atmosphère très douce. La série est un appel au voyage, surtout pour un lecteur français. Aviez-vous cette envie de dépaysement quand vous avez démarré la série ?
Zuo Hsuan : Les touristes qui visitent la ville de Daxi restent très peu de temps, en général moins d'une journée. Ils viennent juste déguster la spécialité locale, donc ils n'ont pas l'occasion de découvrir la ville. Mais quand on vit vraiment à Daxi, on se rend compte que la ville a des pans de culture et d'histoire que ces touristes n'ont pas le temps de découvrir. C'est pour faire davantage connaître cette culture que j'ai souhaité parler de Daxi dans mon manhua.
Sachant que Daxi est votre ville natale, avez-vous eu besoin de vous documenter pour dessiner Retour aux sources ?
Zuo Hsuan : Oui, j'ai eu besoin de beaucoup de documentation, mais pas au sens où on l'entend. Je n'ai pas cherché dans des ouvrages, mais je me suis basée sur des connaissances et des relations. Par exemple, je suis allée voir ma grand-mère afin qu'elle me raconte certaines histoires sur Daxi, puis elle m'a renseigné sur différents événements, en me conseillant les bonnes personnes du voisinage à aller voir. C'était plus du bouche à oreille.
Aussi, les plats de Daxi étant vraiment délicieux, j'utilisais aussi le prétexte de la documentation pour rentrer au pays et prendre quelques vacances. (rires)
Ce travail de documentation, par bouche à oreille, vous a-t-il demandé beaucoup de temps ?
Zuo Hsuan : Oui, car j'étais encore étudiante à l'époque. J'ai dû faire cette documentation en même temps que mes cours, donc parfois de manière interrompue. Cela m'a pris deux ans, au final. A savoir que la cérémonie du temple de Daxi a lieu une fois par an. Je devais donc utiliser à bon escient le temps dont je disposais pour ma documentation.
Chen est un personnage curieux et attachant. Y a-t-il une part d'elle en vous ?
Zuo Hsuan : Mon histoire est basée sur trois personnages : Un qui a toujours vécu à Daxi, un qui y vivait autrefois, et un qui ne connait pas du tout la ville. Je pense qu'il y a une part de mois en chacun d'eux, et dans chaque aspect de leurs connaissances de Daxi. Je me suis aussi servie de mon éditeur, une personne qui n'y est jamais allé. J'ai utilisé ses réactions face à sa découverte de la ville pour mon titre. (rires)
Votre éditeur est donc venu à Daxi avec vous ?
Zuo Hsuan : Oui, il m'a accompagné quelques fois là-bas.
Retour aux sources parle aussi de drames familiaux, notamment à travers la relation entre Xia et son père. D'où vous est venue cette idée de sujet familial dans un récit plus orienté vers le voyage et la culture ?
Zuo Hsuan : Quand on parle de religion, on n'y pense pas forcément comme un moyen de rassembler les membres d'une même famille. J'ai justement voulu exprimer cette part religieuse qui, de la même manière que la famille, peut rassembler. Entretenir des liens familiaux fort est quelque chose d'aussi puissant que ce qu'on peut trouver dans la foi. Ce n'est pas forcément visible, mais ça reste fort.
Un peu comme Xia, vous êtes donc née à Daxi et avez quitté la ville pour faire vos études ?
Zuo Hsuan : J'ai grandi à Daxi, qui est la ville de mes grands-parents maternels qui m'ont élevé. Je suis ensuite partie à Taipei, la capitale, pour mes études, mais je revenais voir mes grands parents chaque été.
Ainsi, comme Xia, est-ce que l'idée de l'émancipation familiale est un sujet qui vous est cher ?
Zuo Hsuan : Oui, c'est un thème très important pour moi. D'autant plus que, quand on se promène à Daxi, on voit surtout des personnes âgées, et on peut se demander où sont passés les jeunes. Je reste très attachée à la ville, et c'est cet amour que j'ai voulu représenter dans Retour aux sources.
Était-ce un exercice difficile de mettre en dessin la ville de Daxi, là où vous êtes née ?
Zuo Hsuan : Justement, c'était parfois gênant de trop bien connaître la ville. Certaines chosent me paraissaient évidentes, mais n'auraient pas été compréhensibles par un lecteur novice, qui n'est jamais venue à Daxi. Par exemple, les différentes cérémonies. J'ai donc dû réfléchir à la manière de représenter les choses, de telle sorte à ce que tout le monde comprenne la ville.
Retour aux sources est très porté par la culture de Daxi. Y a-t-il d'autre horizons que vous aimeriez traiter dans de futures œuvres ?
Zuo Hsuan : Je travaille actuellement sur la biographie d'un peintre taïwanais qui utilisaient la peinture à l'huile. J'ai vraiment voulu traiter la dimension biographique, mais ça reste quand même un récit axé sur la Culture. Cette biographie se déroule durant l'occupation japonaise. A l'époque, c'était la mode de dessiner des choses très locales de Taiwan, c'est ce que j'ai voulu mettre en avant dans ce récit. Ce qui m'intéresse vraiment dans cet exercice, c'est le fait de donner une particularité à une culture locale qu'on connaît très bien. J'ai aussi ressenti le besoin d'aborder cette idée avec Retour aux sources.
Remerciements à Zuo Hsuan, à son interprète, et aux éditions Kana pour l'organisation de la rencontre.
De Korom [495 Pts], le 04 Juin 2019 à 16h01
Cette interview m'a vraiment donné envie de lire son oeuvre! ^^merci
De Yacine [1349 Pts], le 05 Mai 2019 à 13h21
Super, merci !
Cela confirme bien mon ressenti sur Retour aux Sources : l'histoire était bien mais sans plus. Ce qui a rendu la lecture agréable c'était la sensation de dépaysement ainsi que l'amour de l'auteure pour sa ville natale qui transparaissait, notamment grâce à tous les petits détails apportés.
Je lui souhaite de poursuivre sa carrière et de continuer à nous partager ce qu'elle aime.