Manga Chronique Manga - Otaku Blue
« Crois-moi, rien dans cette ville n'arrive par hasard, depuis bien longtemps déjà. Tout cela est bien plus cohérent qu'il n'y paraît. »
Otaku blue est une bande dessinée en deux tomes, avec au scénario Richard Marazano, au dessin Malo Kerfriden et à la colorisation Thorn. Il s'agit d'un thriller qui se passe de nos jours à Tokyo et plus particulièrement dans le quartier geek d'Akihabara. L'histoire se développe en deux axes, que l'on suit en alternance. D'un côté, des meurtres sordides ont lieu : des prostituées sont assassinées, et le coupable prélève toujours une partie du corps de ses victimes (ses pieds, ses mains...). Les deux policiers chargés de l'enquête piétinent, sans comprendre les motivations du tueur. Dans le même temps, la jeune Asami, étudiante en sociologie, essaie d'obtenir une bourse pour sa thèse. Son sujet d'étude : la culture otaku. Pour ses recherches, elle a travaillé quelque temps dans un maid café et tente de rencontrer des otaku pour les interviewer. Ce faisant, elle va faire la connaissance de Maïko, une gothic lolita qui pourrait bien l'aider à se faire remarquer dans ce monde si particulier, et pourquoi pas par le geek absolu...
A la lecture du tome 1, Richard Marazano nous donne l'impression de suivre deux scénarios différents. Pourtant à la fin du volume ceux-ci sont mis en relation de manière très maîtrisée puisque c'est seulement grâce à un détail auquel le lecteur devra être sensible. Ce changement de tome marque aussi une rupture dans le développement de l'histoire : il est dès lors partagé en trois plans qui se rapprocheront au fur et à mesure pour apporter la résolution de ce thriller.
Par le biais du personnage d'Asami et de sa vision sociologique, ce scénariste français offre une analyse de ce pan encore peu connu de la société japonaise et évoque même le postmodernisme. Toutefois, il élargit encore sa réflexion en mettant également en scène des personnages désenchantés concernant le monde d'aujourd'hui et son évolution.
« Nous voulons comprendre et nous cherchons du sens, car nous ne sommes pas satisfaits de ce que le monde autour de nous est devenu... ». Le quartier d'Akihabara (tant pour les décors et l'ambiance), les clients et les serveuses dans le maid café, la psychologie des collectionneurs, sont très bien représentés, ce qui démontre un travail de recherches de qualité réalisé en amont. Toutefois, certaines réactions manquent de crédibilité. La façon dont les policiers vont suspecter Kotaro n'est pas très logique ni leur manque de réaction face à une disparition déclarée. De plus, la fin aurait pu être moins brutale. Il aurait été pertinent de montrer, dans un épilogue peut-être, les sentiments et les réactions des protagonistes face au dénouement.
Les personnages sont bien développés, très profonds pour une série courte. Asami est déterminée. Pour atteindre ses objectifs, elle n'hésite pas à travailler dans un contexte qui lui fait honte ni à se confronter à d'autres visions que la sienne en essayant de les comprendre. Même en situation de danger, elle reste actrice et agit pour s'en sortir. Le policier le plus âgé, Keibuho, a quant à lui un lourd passé. Il prend du recul sur les événements ce qui lui permet de repérer et d'accorder de l'importance à des détails qui paraîtraient anodins à ses pairs. Il a aussi un côté cynique et répète à son équipier, comme un avertissement : « Tout change, Ryohei... tout change... ». Bien sûr, le tueur a lui aussi une psychologie complexe, et son intérêt pour Asami est très fort : « Vous êtes... différente... et […] cela à une énorme valeur pour moi ».
Richard Marazano profite également de cette série pour illustrer les difficultés dans les relations, familiales et amoureuses. Kotaro, le petit ami d'Asami, est assistant pour la réalisation de films d'horreur et les deux jeunes gens ont, comme beaucoup de nos jours, du mal à trouver un équilibre entre leur investissement personnel dans leur métier ou leurs études et l'évolution de leur relation qui en devient très houleuse. Le statut de flic et les désagréments que cela peut causer sont aussi mis en avant par le plus jeune coéquipier. Il a une femme et des enfants et soutient à son collègue que celle-ci comprend qu'il soit si peu présent. Pourtant, il fréquente régulièrement une prostituée, la seule à qui il confie ses pensées et ses doutes, car à sa femme : « Je ne peux pas lui raconter tout ça, elle ne comprendrait pas. ». D'ailleurs, tout au long de l'histoire, on ne le voit jamais avec sa famille.
Les dessins sont de style réaliste, parfois maladroit, mais dans l'ensemble efficace. Des ombrages très marqués viennent renfoncer l'intensité de certains passages. L'édition est de bonne qualité avec un grand format et un papier épais. En revanche l'ajout de notes de bas de page dès le tome 1 aurait été judicieux pour expliquer certains termes spécifiques, tels qu’hikikomori, qui ne parleront pas forcément à un lectorat qui ne connaît pas ou peu le Japon. En bref, un thriller de qualité, sombre et réfléchi, qui présente des personnages à la psychologie forte.
Otaku blue est une bande dessinée en deux tomes, avec au scénario Richard Marazano, au dessin Malo Kerfriden et à la colorisation Thorn. Il s'agit d'un thriller qui se passe de nos jours à Tokyo et plus particulièrement dans le quartier geek d'Akihabara. L'histoire se développe en deux axes, que l'on suit en alternance. D'un côté, des meurtres sordides ont lieu : des prostituées sont assassinées, et le coupable prélève toujours une partie du corps de ses victimes (ses pieds, ses mains...). Les deux policiers chargés de l'enquête piétinent, sans comprendre les motivations du tueur. Dans le même temps, la jeune Asami, étudiante en sociologie, essaie d'obtenir une bourse pour sa thèse. Son sujet d'étude : la culture otaku. Pour ses recherches, elle a travaillé quelque temps dans un maid café et tente de rencontrer des otaku pour les interviewer. Ce faisant, elle va faire la connaissance de Maïko, une gothic lolita qui pourrait bien l'aider à se faire remarquer dans ce monde si particulier, et pourquoi pas par le geek absolu...
A la lecture du tome 1, Richard Marazano nous donne l'impression de suivre deux scénarios différents. Pourtant à la fin du volume ceux-ci sont mis en relation de manière très maîtrisée puisque c'est seulement grâce à un détail auquel le lecteur devra être sensible. Ce changement de tome marque aussi une rupture dans le développement de l'histoire : il est dès lors partagé en trois plans qui se rapprocheront au fur et à mesure pour apporter la résolution de ce thriller.
Par le biais du personnage d'Asami et de sa vision sociologique, ce scénariste français offre une analyse de ce pan encore peu connu de la société japonaise et évoque même le postmodernisme. Toutefois, il élargit encore sa réflexion en mettant également en scène des personnages désenchantés concernant le monde d'aujourd'hui et son évolution.
« Nous voulons comprendre et nous cherchons du sens, car nous ne sommes pas satisfaits de ce que le monde autour de nous est devenu... ». Le quartier d'Akihabara (tant pour les décors et l'ambiance), les clients et les serveuses dans le maid café, la psychologie des collectionneurs, sont très bien représentés, ce qui démontre un travail de recherches de qualité réalisé en amont. Toutefois, certaines réactions manquent de crédibilité. La façon dont les policiers vont suspecter Kotaro n'est pas très logique ni leur manque de réaction face à une disparition déclarée. De plus, la fin aurait pu être moins brutale. Il aurait été pertinent de montrer, dans un épilogue peut-être, les sentiments et les réactions des protagonistes face au dénouement.
Les personnages sont bien développés, très profonds pour une série courte. Asami est déterminée. Pour atteindre ses objectifs, elle n'hésite pas à travailler dans un contexte qui lui fait honte ni à se confronter à d'autres visions que la sienne en essayant de les comprendre. Même en situation de danger, elle reste actrice et agit pour s'en sortir. Le policier le plus âgé, Keibuho, a quant à lui un lourd passé. Il prend du recul sur les événements ce qui lui permet de repérer et d'accorder de l'importance à des détails qui paraîtraient anodins à ses pairs. Il a aussi un côté cynique et répète à son équipier, comme un avertissement : « Tout change, Ryohei... tout change... ». Bien sûr, le tueur a lui aussi une psychologie complexe, et son intérêt pour Asami est très fort : « Vous êtes... différente... et […] cela à une énorme valeur pour moi ».
Richard Marazano profite également de cette série pour illustrer les difficultés dans les relations, familiales et amoureuses. Kotaro, le petit ami d'Asami, est assistant pour la réalisation de films d'horreur et les deux jeunes gens ont, comme beaucoup de nos jours, du mal à trouver un équilibre entre leur investissement personnel dans leur métier ou leurs études et l'évolution de leur relation qui en devient très houleuse. Le statut de flic et les désagréments que cela peut causer sont aussi mis en avant par le plus jeune coéquipier. Il a une femme et des enfants et soutient à son collègue que celle-ci comprend qu'il soit si peu présent. Pourtant, il fréquente régulièrement une prostituée, la seule à qui il confie ses pensées et ses doutes, car à sa femme : « Je ne peux pas lui raconter tout ça, elle ne comprendrait pas. ». D'ailleurs, tout au long de l'histoire, on ne le voit jamais avec sa famille.
Les dessins sont de style réaliste, parfois maladroit, mais dans l'ensemble efficace. Des ombrages très marqués viennent renfoncer l'intensité de certains passages. L'édition est de bonne qualité avec un grand format et un papier épais. En revanche l'ajout de notes de bas de page dès le tome 1 aurait été judicieux pour expliquer certains termes spécifiques, tels qu’hikikomori, qui ne parleront pas forcément à un lectorat qui ne connaît pas ou peu le Japon. En bref, un thriller de qualité, sombre et réfléchi, qui présente des personnages à la psychologie forte.