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Manga Interview - Kiyo Kyujô - Trinity Blood

Jeudi, 25 Mai 2017 à 18h00 - Source :Rubrique interviews

La vingt-troisième édition de Paris Manga & Sci-Fi Show s'est tenue les 25 et 26 mars derniers à Paris. L'un des invités phares de cette année était sans conteste Kiyo Kyujô, autrice du célèbre manga Trinity Blood, édité en France par Kana. Œuvre de vampires à l'esthétique gothique, le titre est populaire est point d'avoir bénéficié d'une adaptation animée par le célèbre studio Gonzo.
Durant ce week-end de Paris Manga, nous avons eu l'honneur de rencontrer la mangaka qui s'est livrée à sa vision de la série, son parcours et ses inspirations.



Bonjour Mme Kyujô, merci de nous accorder cette interview. Pour commencer, pouvez-vous nous parler de votre parcours ? Comment en êtes-vous venue à exercer le métier de mangaka ?

Kiyo Kyujô : J'étais en quatrième année de fac, je faisais mes études, comme mes amis. La seule chose que je n'ai pas fait comme tout le monde ensuite, c'est entrer dans la vie active. Pendant que mes amis allaient à leurs entretiens d'embauche, je continuais à dessiner mes mangas. Je peux vous dire qu'intérieurement, j'étais paniquée. J'ai publié des dôjinshis, et c'est le directeur de collection du magazine Gekkan Asuka qui m'a repérée. C'est cette personne qui m'a proposé de travailler sur Trinity Blood. C'était donc de la chance, je n'ai pas vraiment cherché à être mise sur les rails.

La pression m'a coûté pas mal de choses. Je voulais être mangaka depuis la maternelle, j'avais cette envie mais elle ne s'était pas concrétisée. Ça n'avait rien de concret. Au fil des années, ma culture manga et anime s'est accrue. Ça a plombé mes notes d'ailleurs, mes résultats en primaire et au collège n'avaient rien de très glorieux. Mais ça restait un rêve de longue date.



Est-ce que certains auteurs vous ont inspiré ou vous ont donné l'envie de devenir mangaka ?


Kiyo Kyujô : J'ai lu beaucoup de mangas, j'ai donc beaucoup de références. C'est difficile de dire quel auteur prend le pas sur un autre mais parmi mes préférés je peux citer George Morikawa pour Hajime no Ippo, Kazushi Hagiwara pour Bastard, ou Nobuteru Yuki. Quand je dessine mes mangas, je me dis que ce serait sympa d'arriver à leur niveau. Mais je me perds dans mes inspirations, car il n'y a pas un auteur qui m'a donné envie, plus qu'un autre, de devenir mangaka.


Votre manga phare est Trinity Blood, c'est une oeuvre adaptée du roman de Sunao Yoshida. Pouvez-vous nous parler du travail d'adaptation ? Qu'est-ce qui vous a séduite dans le roman ?

Kiyo Kyujô : Avant tout, c'est la personnalité des personnages qui m'a séduite. Chacun a son propre caractère et ses propres émotions, leur richesse est fantastique. Dans cette œuvre, il y a un contraste évident entre la profusion des dessins et leurs détails, j'essaye de rendre le tout resplendissant. Mais d'un autre côté, les personnages ont quelque chose de très humain. Ce n'est pas forcément décevant, on est face à une tragédie humaine qui leur donne un aspect réel. On a affaire à des personnages auxquels on peut s'identifier. C'est vraiment la richesse de Trinity Blood, ce qui fait que j'accorde beaucoup d'importance aux personnages.



Justement, comment créez-vous les designs des personnages ? Est-ce qu'il existe, dans les romans, une matière première comme les couvertures qui vous permettent de vous inspirer ?

Kiyo Kyujô : Concernant le character-design, je me base sur les illustrations qui proviennent des romans originaux. A partir de là, j'adapte à ma sauce afin de traduire ma personnalité. Mon travail d'adaptation consiste à me documenter sur le réel. Je ne m'inspire pas vraiment de mangas ou d'anime pour travailler, préfère m'inspirer du réel. Par exemple, en ce qui concerne les personnages avec de longues capes et les scènes d'action, je vais regarder des films occidentaux.


Et quelles sont vos inspirations en ce qui concerne l'esthétique gothique de la série ?

Kiyo Kyujô : Pour être honnête, je ne suis pas très douée en ce qui concerne les paysages. Quant à l'esthétique gothique, j'ai une affinité avec elle, j'aime beaucoup ça. En France, j'en ai profité pour aller voir des églises, j'aurais aimé y passer plus de temps... J'aime ce qui attrait à l'historique, ce qui a une âme, ça me touche beaucoup. C'est un peu comme si je faisais du repérage : je vais sur place, et j'essaie de m'imprégner des lieux que je visite. Je me documente donc, mais c'est peut-être un peu amateur. En tout cas, j'espère que le travail de mangaka me permettra de mieux connaître ces architectures. Pour le moment, ce sont surtout mes assistants qui s'occupent des paysages.



D'une manière générale, il existe beaucoup d’œuvres sur les vampires : littéraires, manga, cinématographiques... Est-ce que des titres vampiriques vous ont marqué ? Selon vous, comment Trinity Blood apporte sa pierre à l'édifice ?


Kiyo Kyujô : Pour mes vampires préférés, il y a ceux de Jojo's Bizarre Adventure et Tokimeki Tonight en ce qui concerne les mangas, Entretien avec un Vampire et Game Vampire pour les films. Ce sont quatre références que j'aime beaucoup. D'une manière générale, j'aime les histoires de monstre, ces récits où, parmi les humains, il y a quelque chose d'étranger qui vient s’immiscer. Je suis très éclectique là-dessus, j'aime aussi beaucoup les loups-garous, mais le vampire a quelque chose de spécial. Il a une présence plus marquée que les autres.

En ce qui concerne Trinity Blood, je ne pense pas être tellement dans le genre. Si mon manga est catégorisé en titre de vampires, je ne pense pas respecter les codes. Parmi tous mes personnages, le vampire est un être humain qui est tombé malade, ça ressemble à de la science-fiction et ces histoires de contamination. Je pense m'être affranchi des classiques du vampires, je dois être hors des stéréotypes et suis plus proche de Vampire Hunter. C'est plutôt à ce genre de titres que je m'identifie.


Interview réalisée par Takato et Koiwai. Remerciements à Kiyo Kyujô et son éditrice, à son interprète Takeuchi Ryoma, et à son agent, Emmanuel Bochew, pour l'organisation de la rencontre.

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