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Manga Interview de Takahiro Ôba, dessinateur du manga Sky-High Survival

Lundi, 08 Mai 2017 à 18h00 - Source :Rubrique Interviews

Auteur que l'on découvre en France depuis l'année dernière avec le manga Sky-High Survival dont il réalise les dessins, Takahiro Ôba était, début mars, l'invité des éditions Kana et du salon Made in Asia à Bruxelles. Encore jamais interviewé au Japon, l'artiste donna sur le salon ses premiers entretiens avec la presse, et Manga-news a eu la chance d'être parmi les médias rencontrés. Voici le compte-rendu de notre interview.



Mr Oba, merci à vous d'avoir accepté cette rencontre. Pour commencer, pouvez-vous nous expliquer d'où vient votre désir de devenir mangaka, et quel parcours vous avez suivi pour ça ?

Takahiro Oba : Depuis tout petit j'aimais beaucoup dessiner, et dès la primaire j'avais un désir très vague de travailler dans le manga. Ce n'est qu'au collège que c'est devenu très concret. J'habitais alors en campagne, dans une petite ville de province, et j'ai appris que quelqu'un vivant non loin de là est devenu mangaka professionnel. Le fait de savoir qu'une personne habitant non loin de chez moi pouvait devenir professionnel m'a vraiment donné envie d'essayer. C'est comme ça qu'au lycée, j'ai commencé à envoyer des mangas à des maisons d'édition dans le cadre de concours. J'ai fini par gagner un prix assez important, et c'est là que j'ai décidé de quitter ma région natale pour aller devenir mangaka professionnel.


Y a-t-il des œuvres ou des auteurs en particulier qui ont vraiment forgé cette envie de devenir mangaka ?

Le premier manga que j'ai vraiment adoré était publié dans le magazine Shônen Jump, il s'agit de Kinnikuman / Muscleman.


On a lu que vous avez été assistant de Yuji Terajima, l'auteur d'Ace of the Diamond. Est-ce exact ?

C'est une erreur que l'on voit par-ci par-là sur internet, en réalité je n'ai jamais travaillé pour lui. Par contre, je le connais très bien car nous avons tous les deux été assistants pour le même mangaka, et depuis cette période nous sommes restés amis.



Qui était le mangaka pour lequel vous travailliez tous les deux ?

C'est Masaharu Inoue (ndlr, mangaka jamais publié en France, on lui doit notamment quelques séries sportives comme Marathon Man ou Trust! - Soukuu no Tasuki). A cette époque il était publié dans le Shônen Magazine de Kôdansha.


Vous commencez Sky-High Survival en 2013 sur un scénario de Tsuina Miura, que l'on connaît aussi pour son rôle sur Ajin. Comment êtes-vous arrivé sur ce projet ?

Tsuina Miura avait déjà écrit l'histoire sur environ 3 tomes, et il cherchait quelqu'un pour l'illustrer. C'est mon responsable éditorial qui m'a proposé ce poste, parce qu'il s'occupait aussi de Tsuina Miura.


Comment se déroule la collaboration avec M. Miura ?

On ne se voit pas très souvent. On se réunit une fois par mois avec nos éditeurs autour d'un dîner, et c'est là qu'on échange sur nos idées.


Vous arrive-t-il de donner des idées pour le scénario ?

Je fais des propositions au scénariste par exemple sur mes envies de faire telle scène ou de voir tel personnage. Parfois il m'écoute, parfois non. C'est lui qui décide.



Avez-vous en tête des éléments de scénario qui viennent de vous ?

Voici un exemple qu'on trouve dans le tome 5. Dans ce volume, il y a le personnage de l'homme assez âgé et armé d'une lance. Au début M. Miura voulait qu'il meure très vite, alors que moi je voulais qu'il reste plus longtemps. Je lui ai donc dit que ce serai bien qu'il survive plus longtemps.


Ce personnage est plutôt classe et dénote un peu dans la série grâce à son âge plus avancé.

Oui, et je pense qu'il est très intéressant pour l'histoire.


Pour le design des personnages, la mise en scène, etc, êtes-vous totalement libre, où M. Miura vous donne-t-il des consignes ?

C'est au cas par cas. Parfois il me donne des éléments très précis que je respecte, et dans d'autres cas il donne des éléments vagues que je peaufine ensuite moi-même.


L'une des marques de fabrique de Sky-High Survival est évidemment les masques. Comment est né leur design à la fois simple et facilement reconnaissable ?

Comme vous dites, c'est vrai que ce masque a un design très simple, et son design est né suite à de nombreux essais. J'étais d'abord parti sur un design avec plus de décorations, et bien que cela renforçait leur impact, en contrepartie ça ne faisait pas très peur. Au bout du compte, en discutant avec l'équipe, on en est arrivé à ce design plus épuré et qui est sans doute plus effrayant car en dehors des sourires qu'il y a dessus il est plus difficile de savoir ce que pensent les personnages qui se cachent derrière.



L'une des autres spécificités de la série est qu'elle se déroule sur des toits de gratte-ciel, avec ce que ça implique de vues vertigineuses, de décors urbains précis, et d'originalités comme les ponts suspendus entre les immeubles. Comment avez-vous procédé pour réaliser ces décors ?

En les expérimentant moi-même. Je suis allé plusieurs fois sur des toits de gratte-ciel, j'ai pu y ressentir la sensation de vertige, la peur que provoque la hauteur. J'ai également pris de nombreuses photos sur place, et je me suis aussi basé sur des livres spécialisés dans les vues aériennes.


La série est aussi parfois assez sanglante voire très sanglante. Vous pose-t-on parfois des limites sur ce point ? Savez-vous vous-même jusqu'où vous pouvez aller ?

J'ai une certaine liberté, mais il est sûr que si je me mets à faire des choses trop gores ça va poser des problèmes vis-à-vis de la prépublication en magazine. En fait, je m'applique surtout à montrer  ça selon l'histoire et la cohérence que ça lui apporterait : par exemple, s'il y a besoin d'une scène avec un rendu plus réaliste et marquant, j'insiste plus sur l'aspect sanglant. Mais sinon, il y a des passages où ce n'est pas nécessaire, et dans ces cas-là j'évite les effusions de sang.


La série a débuté sur l'application Manga Box de Kôdansha, qui a été lancée fin 2013 au Japon. Quelles sont les spécificités de ce nouvel outil de prépublication ? Qu'est-ce que cela change dans votre façon de dessiner ?

De manière générale il n'y a pas beaucoup de différences avec un magazine de prépublication traditionnel sur papier. C'est surtout le support de lecture qui n'est pas le même et qui peut influencer : l'application est faite avant tout pour de la lecture sur smartphones, il faut donc penser à la facilité de lecture sur ce support plus petit, et dans cette optique j'essaie souvent d'offrir un découpage avec des cases assez grandes. Il m'arrive aussi d'agrandir les bulles de textes pour qu'elles soient plus facilement lisibles. J'évite aussi les doubles-pages : le format papier permet facilement d'en faire, mais pas la lecture sur smartphone où on ne peut afficher qu'une page à la fois.


Comment est dessiné un chapitre de la série ?

J'utilise le manuel et le numérique. Je commence par dessiner à la main les personnages, les tracés, mais aussi l'encrage. Ensuite, je passe au numérique pour ajouter de l'ombre, de la lumière, des motifs... pour peaufiner les détails, en somme.


Interview réalisée par Koiwai. Un grand merci à Takahiro Oba, à son éditeur japonais, à son interprète, au salon Made in Asia, et à Stéphanie Nunez des éditions Kana.
  




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