Chronique Animation - Welcome to the ballroom- Actus manga
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Dvd Chronique Animation - Welcome to the ballroom

Samedi, 23 Décembre 2017 à 17h00

La danse est un sujet peu abordé dans le manga et l'animation. On pense souvent à la danse classique derrière ce terme, mais c'est en oubliant que la danse de salon est une discipline sportive regroupant différentes pratiques, le tango ou le foxtrot par exemple.

En entamant son manga Ballrom he Yôkoso en 2012, le mangaka Tomo Takeuchi aborde donc un sujet délicat, ne serait-ce parce que la danse symbolise le mouvement constant et que le manga est un médium présentant des planches statiques. Malgré quelques soucis de santé de l'auteur et des interruptions de la série, le mangaka atteint la barre des neuf tomes en juin 2017. 



Le mois suivant, en juillet, la diffusion une adaptation animée est entamée sous le titre international de Welcome to the ballroom
A la production, le réputé studio Production I.G., pour une série qui s'étale sur 24 épisodes. Une version réalisée avec une certaine complicité vis-à-vis de Tomo Takeuchi qui n'a pas hésité à donner quelques indications à l'équipe technique. Car l'anime a conclu le deuxième arc de la série avant le manga et afin que les intrigues restent similaires, le mangaka a donné quelques pistes de scénario. Il était donc question de donner lieu à une version très fidèle au manga, une aubaine sachant que les espoirs de voir celui-ci paraître en France sont assez minces... Heureusement que la série animée reste disponible chez nous, bien que de manière très timide via le système Amazon Prime Vidéo.


Collégien, Tatara Fujita n'a ni rêves ni passe-temps. Bien que ses professeurs lui suggèrent de penser à son avenir, le jeune homme ne sait pas dans quoi s'investir. Le déclic aura lieu suite à un concours de circonstances, lorsqu'il rencontrera Kaname Sengoku, un danseur professionnel qui va vite inspirer Fujita. En le suivant, il va découvrir la salle de danse de salon Ogasawara, lieu où s'entraîne aussi Shizuku Hanaoka, camarade de lycée pour laquelle le jeune homme n'est pas indifférent. Bien qu'inexpérimenté, c'est un monde entier que va découvrir Fujita qui va montrer quelques faiblesses, mais surtout une grande passion inespérée.


Welcome to the Ballroom (ou Ballroom he Yôkoso en japonais) fait presque figure d'OVNI à côté des productions actuelles, et surtout en tant qu’œuvre sportive. La danse de salon est un sujet assez atypique et dont les idées reçues empêchent peut-être de voir comme une pratique aussi intense que peuvent l'être le football ou le basket, idées qui viennent aussi du fait qu'à côté de ces sports très joués, la danse de salon reste méconnue. Aussi singularité de l’œuvre : le trait d'une grande élégance de Tomo Takeuchi, le dessinateur du manga, que le character-design de Takahiro Kishida a cherché à approcher le mieux possible, dans un souci de fidélité à l'oeuvre originale. En résulte des personnages fins, aux longs membres, et aux cous étendus, une marque de fabrique qui a même valu à la série quelques a priori de la part de certains amateurs. Quelques facettes différentes de ce qu'on a l'habitude de voir, mais qui, ainsi, attirent sans mal la curiosité. Et derrière cette porte si particulière se cache un anime sportif qui n'a pourtant rien à envier aux titres majeurs du genre, bien au contraire...


Car dans la forme, Welcome to the Ballroom the présente comme une œuvre sportive comme nous avons l'habitude d'en voir dans le manga et l'animation japonaise. Tatara Fujita incarne le héros inexpérimenté, mais qui cache quelques talents, on y trouve une poignée de rivaux, mais aussi un mentor de charisme, Sengoku, expert de talent dans son domaine. Comme toute œuvre traitant de discipline sportive, la série va flirter entre deux fronts : les entraînements et les compétitions, au nombre de deux dans l'anime qui se divise très clairement en deux arcs narratifs. Pas de quoi être effrayé dans la forme donc, d'autant plus que ce schéma reste très maîtrisé et a le mérite de subtilement développer la progression de Fujita sur un temps assez long pour une œuvre de 24 épisodes, à savoir une année.


Ce respect de la forme aurait pu être un défaut, notamment dans les phases d'entraînement qui sont souvent les moins passionnantes dans les mangas sportifs. Mais Welcome to the Ballroom parvient à captiver sans cesse en multipliant des thématiques qui sont traitées à tout moment.
Avec un sujet si peu traité, le récit avait toutes les possibilités pour traiter des thèmes divers et variés, ce qui est totalement le cas tout le long des 24 épisodes. Basiquement, Welcome to the Ballroom nous parle de rêves et d'ambitions, pas forcément à travers Fujita, mais aussi par le regard de ceux qui l'entourent, des individus aux personnalités et aux motivations bien différentes à chaque fois. Le casting de la série se montre alors d'une grande variété, plaçant pas mal de personnages à des rôles distincts, soit de mentor soit de rivaux, sans pour autant stéréotyper ce panel de personnages.


Shimizu est donc aussi bien une rivale qu'une amie pour le héros, et il en sera de même pour ses autres concurrents qui ne seront jamais traités comme de mauvaises personnes, malgré leurs caractères bien piqués parfois, ce en leur attribuant des développements humains dont le rapport sera toujours fait par rapport à la danse, en tant que pratique artistique et sportive, mais aussi en tant que rêve. En parallèle à la beauté esthétique de la série, il s'en dégage donc une belle philosophie, chaque personnage étant particulièrement savoureux à découvrir.

La palme du casting reviendra au binôme Fujita/Chinatsu dans la deuxième partie de l’œuvre. Assez opposés dans leurs vécus de danseurs ainsi que dans leurs psychologies, tous deux connaitront des difficultés à s'accorder, tout le propos du deuxième arc en fait, et de leur union naitra une sorte de poésie qui fera tout le sel des trois derniers épisodes, éblouissants dans leur aura.
Aussi, le duo apportera un thème qui fera tiquer rapidement les lecteurs dans les premiers épisodes, à savoir une certaine forme de sexisme dans les codes de la danse de salon. Une pensée juste qui aurait mérité d'être un peu approfondie, mais qui résonne particulièrement bien en Chinatsu qui déconstruit littéralement les codes de la pratique.


A tout ceci s'ajoute la réalisation de Yoshimi Itazu, très bien menée du début à la fin. Les seules limites dans la production de la série sont d'ordre technique, par exemple des plans fixes sur certains épisodes afin de réserver une meilleure qualité d'animation pour les moments majeurs de l'oeuvre. En dehors de ça, tous les bons choix sont faits pour apporter une puissance à la série : les choix esthétiques subliment souvent l'aura de la danse de salon, mais aussi le traitement des personnages, personnages mis à l'honneur dans le choix de mise en scène majeur qui se construit sur énormément de monologues internes, et ne cherche pas à mettre en avant la musique. Dans Welcome to the Ballroom, la danse brille grâce à ses danseurs et leurs états d'esprit plus que par une simple prestation, une idée qui ressort souvent dans la manière qu'a chacun d'évoluer au cours d'un morceau, et pas seulement Fujita. Si les personnages sont traités sur l'ensemble de la série, les développements lors des phases de danse sont plus intenses et pourvus d'une dimension plus noble, plus poétique, aboutissant à des séquences d'une grande puissance narrative. Certains passages parviennent même à laisser bouche bée, une belle performance de mise en scène qui pousse même à revoir certains épisodes plusieurs fois.


Du côté de la musique, on retrouve avec plaisir Yûki Hayashi, le même qui a travaillé sur les bandes origines de Haikyû !! et My Hero Academia. Le compositeur œuvre dans un registre différent ici, mais pourtant avec des sonorités qui ne représentent pas forcément l'idée qu'on se fait de la danse de salon. Certaines pistes sont orchestrales et s'accordent aux moments de danse, mais d'autres ont une facette plus digitale et apportent une autre dimension, mais servant toujours assez bien l'ambiance globale.

Alors, Welcome to the Ballroom s'impose comme une expérience animée à part entière. La série décortique un sujet suffisamment original pour qu'on s'y intéresse, le fait avec de véritables thématiques et dans une idée de créer des personnages profonds et attachants, tout en s'appuyant sur des choix de réalisation pertinents et une qualité technique globalement de très bonne facture. Dommage que l'anime soit réservé aux possesseurs d'Amazon Prime Vidéos, un tel titre aurait mérité de briller en tête des catalogues des éditeurs spécialisés comme Crunchyroll, Wakanim et ADN. De même que la série mériterait une édition physique, bien qu'on puisse rester sceptique à ce sujet.

L'avis du chroniqueur
Takato

Samedi, 23 Décembre 2017
18 20

commentaires

LaPlume

De LaPlume, le 01 Février 2018 à 18h01

Dans la mesure du possible mieux vaut être patient concernant les licences vu que les licences US laissent souvent  à désirer. C'est plus cher et ça ne vaut pas la qualité des éditions françaises à de rares exceptions près ( j'ai le manga Bride Stories en édition relié... mais c'est quand même à 13€ le volume et bien que la parution ait commencé bien avant celle de la France, la France a rapidemment rattrapé l'édition US qu'elle est sur le point de dépasser). La pire expérience dans mon cas ça a été l'édition US de Short Program de Mitsuru Adachi. La première édition chez Tonkam était finie et ça faisait des années que j'attendais que Tonkam republie les volumes... A force d'attendre j'ai craqué sur la version US... Et là, je reçois au sens propre, 3 volumes à des tailles toutes différentes, sans couvertures à rabats et comble du comble 1 volume dans le sens de lecture occidental... Le tout pour 15€ me volume... Vraiment le scandale quoi. Heureusement Tonkam a fini par republier 4 ans suivant cet achat désastreux et j'ai pu récupérer des volumes corrects mais ça m'a laissé un arrière goût amer.

J'ai eu le même délire avec la série Pluto de Naoki Urasawa, j'ai pas pu patienté et j'ai acheté l'édition US... mais bon, c'est pas nos couvertures avec jaquette, c'est souvent à même le carton donc pour les maniaques dans mon genre ça oblige à couvrir derrière. Heureusement c'est une pointure donc l'édition était quand même de bonne facture mais à mon avis ça vaut pas ce qu'on fait en France, ils ont pas le même respect que pour leur comics.

Pour welcome to the Ballroom, j'ai craqué sur l'édition US parce que marre d'attendre... et je viens tout juste de les recevoir... C'est du broché classique et sans avoir regardé tout en détail... Faut les couvrir et faut littéralement craquer son manga en deux vu que l'espacement entre les planches  quand les illustrations sont à cheval sur 2 pages laissent à désirer... A presque 12€ le volume c'est innadmissible m'enfin vu que y a que ça...


J'ai craqué sur Made in Abyss et j'avais acheté l'édition US qui sortait ce mois ci... et OH MIRACLE, je passe là 3 jours après achat et ça vient de se faire licencier chez nous. MERCI. Je n'aurais pas à avoir une édition US moche, j'ai pu annulé ma commande à temps. Bref... 

Des histoires d'éditions arrêtées en cours de route... A ma connaissance il y a eu Berserk, 7 Seeds et D.N ANgel ( vu que l'auteur fait un hiatus ad vitam eternam) mais bon ce sont des exceptions pas des règles. Après, il se peut aussi que les éditeurs ne soient pas interessé... Ce qui peut être étonnant vu les floppés d'étrons qui sort en librairie chaque mois m'enfin...

ume

De ume [712 Pts], le 25 Décembre 2017 à 10h46

Merci pour cette chronique, comme je sais qu'il ne sera pas édité en France, je ferais la série en anglais. De plus si c'est pour qu'elle soit arrêté en cours en France, je ne prendrai pas ce risque.

alliandra

De alliandra [2214 Pts], le 23 Décembre 2017 à 22h46

Très belle chronique <3 (et qui tombe vraiment très bien, c'est la série que j'attendais le plus chaque semaine depuis 2 saisons et ça fait un sacré vide, il me manque déjà)

C'est l'un des meilleurs animés de 2017 et il n'a même pas été licencié en France (pour de vrai je veux dire) j'enrage encore rien que d'y penser Sans parler du manga, personne n'est foutu de nous le licencier non plus, c'est desespérant ! Entre ça et Shouwa Genroku Rakugo Shinju, je suis amère et en colère mais je vais me rabattre sur les versions anglaises (je m'étais fixé 2018 comme limite à la naiveté mais voilà on y est :/)

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