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Ciné-Asie Chronique ciné asie - Barberousse

Jeudi, 12 Octobre 2017 à 11h00 - Source :Chroniques Cinéma Asiatique

Akira Kurosawa est un cinéaste remarqué partout dans le monde depuis Les sept samouraïs en 1954. Il est régulièrement cité comme maître du cinéma japonais et un des plus grands cinéastes mondiaux, qui a inspiré George Lucas et Sergio Leone – nous-mêmes vous avons déjà concocté quelques chroniques qui vantent les qualités de ses films.
Et pourtant, il nous faut encore parler de son film le plus emblématique, souvent le plus apprécié des cinéphiles, et à juste raison. Il s'agit de Barberousse, sorti en 1965.



Barberousse est un tournant dans la carrière de Kurosawa. Il signe la fin de sa période d'or, grosso modo débutée depuis L'ange ivre en 1949. Durant ces quinze années, Kurosawa n'aura eu de cesse de préciser ses obsessions, et Barberousse en est le point culminant. Dernier film en noir et blanc, dernière collaboration avec Tôshirô Mifune, son film suivant, sorti tout de même après cinq années de blanc, sera un échec et le début de la traversée du désert, malgré toutes ses qualités.



Et donc, quelles sont ces obsessions dont nous parlons ? Il s'agit du concept très global qu'est l'humanisme. Cette thématique facilement fourre-tout est présente très tôt dans sa filmographie : L'ange ivre est la description d'une amitié inattendue entre un yakuza et un médecin qui essaie de le soigner ; Vivre est le portrait d'un fonctionnaire condamné qui va passer le peu de temps qui lui reste à aider des administrés dans le besoin ; Vivre dans la peur est l'histoire d'un homme à la sensibilité trop exacerbée pour le monde dans lequel il vit... Tels sont les sentiments humains décrits avec une grande justesse par Kurosawa. Il aura fait quelques détours vers des œuvres plus pessimistes (Le château de l'araignée en 1957, Les salauds dorment en paix en 1960), mais durant toutes ces années, on ne peut que constater à quel point il a eu à cœur de montrer un humanisme (ou une humanité, c'est selon) triomphant face à la violence, l'autorité ou la passivité. Et pourtant, ce n'était encore rien jusqu'à Barberousse.



Barberousse est tout simplement l'histoire d'un jeune médecin bourgeois qui va travailler dans un dispensaire des quartiers pauvres. Parachuté là contre son gré, il va d'abord se montrer peu enclin à travailler pour le médecin-chef des lieux, surnommé Barberousse. Il va finir par ne plus pouvoir supporter cette misère qui s'abat sur les gens de modeste condition et vouloir l'endiguer à tout prix.

N'y allons pas par quatre chemins : ce film est l’œuvre la plus puissante, touchante, et aboutie de Kurosawa à cette époque. Rien n'est gnangnan malgré la volonté évidente de traiter de sujets larmoyants. Barberousse est une fresque humaine jusqu'au-boutiste, qui le long de ses trois heures s'attache à écraser tout cynisme pour montrer aux spectateurs des émotions pures et des personnages profondément sensibles. La sincérité de son créateur est là à chaque coin du décor. Et ce qui est fort, c'est que plusieurs scènes de tension ne sont pas traitées comme des moments de suspense, un procédé visant juste à accrocher le spectateur, mais bel et bien comme une démonstration de force de l'humanisme des personnages.



Par exemple, certains y voient à redire dans la seule séquence d'action du film, où Barberousse écrase des malfrats qui veulent retenir une jeune fille dans un bordel. Ce qui paraît ridicule pour ces spectateurs (la pratique des arts martiaux) est en fait un procédé cathartique : Barberousse est tout simplement invincible à ce moment-là, car il a une bonne cause à défendre. Durant toute cette scène, le spectateur ne doute pas un seul instant de la victoire de Barberousse, et on ne peut que se réjouir de voir l'humanisme gagner.



Jean-Pierre Dionnet, spécialiste du cinéma asiatique, disait que Kurosawa ne lui apportait rien, car il cherchait trop à être universel, qu'il n'était pas assez représentant de sa culture et de fait était un cinéaste trop facile à aborder. C'est d'ailleurs ce que le public japonais lui a souvent reproché. Nous vous laissons juges pour savoir si l'universalité est une qualité ou non. Nous, nous avons tranché, en attribuant au film la note.
  

L'avis du chroniqueur
Raimaru

Jeudi, 12 Octobre 2017
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