Dvd Chronique animation - Pokémon Generations

2016 a permis aux monstres de poche de fêter leurs vingt ans. Car si en France il a fallu attendre là toute fin des années 90 pour découvrir Pokémon, c'est en 1996 que la licence est officiellement née au Japon.
L'un des projets visant à célébrer cette deuxième décennie était Pokémon Générations, une série animée assez particulière, puisque constituée d'épisodes oscillant entre 3 et 5 minutes. Autre spécificité : le canal de diffusion, les 18 épisodes ayant été diffusés officiellement et gratuitement sur YouTube entre le 16 septembre et le 23 décembre 2016.
Avis aux amateurs, la série est toujours disponible sur la chaîne française Pokémon.


L'histoire de Pokémon Générations, ceux qui ont suivi l'ensemble des jeux la connaissent plus ou moins. L'intrigue ne suit pas Sacha, elle n'a d'ailleurs pas de vrai fil conducteur puisque chaque épisode adapte un événement phare d'un des jeux, ou présente une perspective totalement nouvelle de l'intrigue. Ainsi, le premier épisode s'apparente à un récapitulatif de l'aventure de Red et de son Pikachu au sein des six premières régions du jeu, quand le quatrième présentera plutôt l'invasion du repère de la Team Rocket à Acajou, par Gold et Peter. Oui, difficile de bien comprendre l'intérêt de la série pour ceux qui ne seraient pas friands des jeux, Pokémon Générations étant purement et simplement un cadeau fait aux fans, jouant à fond la carte du fan-service, pour les remercier de 20 ans de passion.


La série se scinde en plusieurs parties de trois ou quatre épisodes, dans l'optique de retracer quelques événements jusqu'aux versions X et Y incluses. Soleil et Lune ne font donc pas partie de l'équation, rien d'illogique puisque les versions sont sorties deux petits mois après le début de la série. Ainsi, chaque génération de fans trouvera son compte : les vieux de la vieille ont droit à une mise en images des deux premières générations, quand les plus jeunes fans pourront tout de même profiter des épisodes qui retracent les dernières salves de jeu en date. Avec Pokémon Générations, personne ne semble lésé, et tant mieux.


L'intérêt de la série vient aussi d'un contenu très varié, les épisodes s'enchainant sans se ressembler. Certains moments phares des jeux sont transposés à l'écran, par exemple l'ascension de Blue à la ligue Kanto, l'éveil de Kyogre par la Team Aqua, l'arrivée de Giratina, la naissance de Kyurem Blanc... Des moments emblématiques des jeux qui font plaisir à voir animés. Mais l'idée la plus originale vient des quelques épisodes qui traitent clairement les coulisses des intrigues.
A titre d'exemple, voir la police enquêter sur la Team Rocket en plein Kanto donne une crédibilité à l'univers que les jeux n'avaient pas, même refrain quand il s'agit de suivre les journalistes de Hoenn qui découvrent le combat spatial contre Deoxys, que certaines sociétés tentaient de passer sous silence. Pokémon peut être perçu avec un regard adulte, ce que font ceux qui suivent la saga depuis ces débuts, c'est donc naturellement une tonalité un peu plus mature qu'il fallait offrir aux plus vieux fans, ceux qui baignent dans l'univers des monstres de poche depuis près de vingt ans.


A noter la subtilité de l'adaptation concernant les personnages mis en scène. Tous ne sont que des figures secondaires, sauf quelques exceptions comme Blue, N ou A.Z. Les héros sont finalement peu montrés, ou alors vaguement et sans que ces derniers prononcent le moindre mot. Preuve que Pokémon Générations cherche à coller aux jeux : ce n'est pas à la série de proposer un héros, elle se doit simplement de montrer sa présence, mais de le laisser transparent, de telle sorte à ce que le protagoniste reste celui que le joueur a voulu incarner dans les jeux.
On saluera aussi le travail technique du studio OLM. Certes le groupe n'a plus rien à prouver depuis le cycle X et Y qui plaçait Pokémon au-delà de tous les autres anime fleuve de l'ère sur le plan technique, mais le studio n'a pas montré de baisse de régime sur cette production pourtant anecdotique, qui ne bénéficiera même pas de vente via support physique. Les épisodes sont beaux, les designs très fidèles à l'esprit des jeux aussi bien du côté des personnages que des environnements, preuve que la volonté est de coller aux jeux vidéo, d'en proposer un fragment d'adaptation.


La réalisation n'est pas en reste. S'il est certes accompagné par de bons animateurs vu la qualité du produit final, Daiki Tomiyasu a su faire de très bons choix narratifs pour présenter au mieux l'action, si bien que certains épisodes sont hautement spectaculaires, des séquences que le fan se repasserait volontiers à plusieurs reprises. La série se veut donc dans un esprit Pokémon que les passionnés ont longtemps attendu : quelque chose de nerveux, explosif et parfois sombre, ce que n'est pas forcément l'anime fleuve destiné au jeune public.

Autre point fort technique : le doublage français. Aussi incroyable que cela puisse paraître, cette petite série totalement secondaire a droit à un casting de haute volée qu'on n'oserait même pas espérer sur les grandes séries d'animation japonaise. Donald Reignoux, Guillaume Orsat, Marc Saez, Alexis Tomassian... Des noms que l'on voit rarement dans les anime et qui ne donnent que quelques répliques étant donné les courtes apparitions de leurs personnages. Aussi étonnant que cela puisse paraître, une série si courte se hisse parmi les meilleurs doublages d'animation japonaise.


The Pokémon Company a voulu faire plaisir aux fans, et l'effet est garanti avec Pokémon Générations que les passionnés des monstres de poche verront avec un grand plaisir, tant l'esprit des jeux est présent et la réalisation de haute volée. Mais on ne peut cacher une certaine frustration : étant donné une telle qualité et le fait qu'adapter les jeux de manière fidèle est possible, on se demande bien pourquoi une version animée plus fidèle n'a jamais vu le jour. Après tout, nombreux sont ceux qui rêvent d'une adaptation animée et la saga manga Pokémon Special...