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Manga Chronique série manga - Ultimo

Samedi, 11 Mars 2017 à 11h00 - Source :Chroniques Manga

S'il est un projet original, c'est bien celui-ci! Lorsqu'il a été évoqué, il a largement suscité la curiosité et tout était possible le concernant, le bon comme le mauvais!
Ultimo se trouve être l'alliance de deux mondes qu'on a longtemps crue éloigné voir opposé, mais qui ne le sont finalement pas tant que ça !


Au dessin on retrouve Hiroyuki Takei, bien connu pour son titre « Shaman King », qui fut à la fois un carton et un fiasco ! Shonen s'étant démarqué, il plonge peu à peu dans les méandres de la médiocrité et d'un scénario dont l'auteur lui-même n'avait plus le moindre contrôle!
Voilà que ce dernier s’est associé à un grand nom pour ce titre, mais il ne s'agit nullement d'un auteur japonais, mais de Stan Lee ! Oui, le même Stan Lee qui a donné naissance aux trois quarts des héros Marvel, le même Stan Lee qui apparaît dans tous les films de la franchise en tant que « Pape » du comics… Désormais vous comprenez pourquoi le titre suscitait tant d’intérêts avant même d'arriver chez nous !


La première question qu'on peut se poser c'est celle concernant la conception du projet...qui a été chercher qui ? Si c'est Takei qui a été chercher le grand Stan Lee, le simple fait qu'il ait accepté de collaborer est incroyable, si c'est l'inverse, on se demande bien pourquoi avoir choisi Takei, qui avait entre les mains un titre au potentiel énorme et qui s'est tiré une balle dans le pied on nous proposant une des pires catastrophes scénaristiques de l'histoire du manga avec Shaman King…
Mais avec Stan Lee au scénario, et avec le dessin précis et dynamique de Takei (on ne peut pas lui enlever ça), cela promettait d'être vraiment intéressant!


Au 12e siècle, un vieillard transportant d'étranges caisses de bois se fait attaquer par un groupe de brigands. Malgré les avertissements du vieil homme, les brigands ouvrent les caisses et y trouvent deux pantins ressemblant à des enfants : ce sont des Karakuridojis, des marionnettes vivantes dont le seul but est de répondre à une question existentielle : entre le bien et le mal lequel est le plus fort ? Ultimo est la personnification du bien et Vice est la personnification du mal. Le but du vieillard est de les laisser faire leurs expériences avant qu'ils s'affrontent pour répondre à la fameuse question.
A notre époque, Yamato, un lycéen grande gueule, mais attachant, trouve chez un brocanteur Ultimo, gisant telle une marionnette inanimée. Des souvenirs d'une lointaine époque ressurgissent et Ultimo reprend vie. Peu de temps après, ils sont attaqués en plein centre-ville par Vice qui s'est trouvé un nouveau maître… La bataille entre le bien et le mal peut reprendre…


Mais rapidement il va s'avérer que Vice et Ultimo ne sont que les deux premiers d'un grand nombre de dojis créés par Dunstan: six dojis du bien et sept dojis du mal vont rejoindre Vice et Ultimo pour se lancer dans "le choc des cent machines"!
Une guerre dont les enjeux sont des plus obscurs va se jouer à travers le temps, au fil des siècles, impliquant des guerriers de toutes les époques, passé et futur ne feront alors plus qu'un pour la lutte éternelle du bien contre le mal!

Le pitch de départ est particulièrement basique, l'opposition entre le bien et le mal n'étant ici qu'un prétexte pour opposer des robots aux pouvoirs incroyables...car soyons honnêtes, la simplicité du point de départ aurait pu être génial, mais cela n'est rien d'autre qu'une facilité déconcertante. Et c'est d'autant plus dramatique quand on sait que les comics doivent lutter contre ce cliché voulant qu'il ne s'agisse que de gentils affrontant des méchants depuis des années voir des décennies, un préjugé navrant, mais qui a donné naissance à des récits passionnants pour prouver que les histoires des comics sont bien plus complexes…


Et bien ici on saute à pieds joints dans ce cliché : opposer le bien et le mal pour les opposer et rien d'autre derrière.
Mais au fil des tomes tout ceci va quelque peu s'étoffer (sans trop jamais s'en éloigner non plus) pour une approche moins basique et manichéenne, mais plutôt philosophique, voire même bouddhiste des notions de bien et de mal: l'un peut-il exister sans l'autre? Ne sont-ils pas nécessaires l'un à l'autre?... Un questionnement qui fera sans cesse évoluer les rapports de force et va orienter les combats et relations entre les différents personnages!

Au fil des tomes nous découvrirons donc les autres dojis accompagnant Vice et Ultimo, chaque camp représentant quelque chose de bien précis: les six paramitas, vertues transcendantes du bouddhisme s’opposeront aux sept péchés capitaux du christianisme! Les auteurs iront donc piocher dans les croyances du monde entier afin d'insister sur l'universalité du bien et du mal, ce qui contribuera à apporter un peu plus de profondeur au titre!


Quinze dojis donc avec autant de maîtres, voire même davantage! Cela fait un sacré paquet de personnages à manier et à ce niveau les choses se corsent quelque peu... Certains seront sous-exploités du début à la fin, certains n'y feront que de la figuration et ne donneront pas la pleine mesure de leur puissance malgré une tentative évidente de tous les mettre en avant tour à tour au gré de multiples affrontements qui pour le coup apparaîtront comme inutiles, car laissés sans cesse en suspens!
On n'évoquera pas le fait que quinze dojis c'est quatre-vingt-cinq de moins que ce qui nous est vendu pour le "choc des cent machines", mais c'est déjà pas mal, d'autant que quelques surprises nous attendent à la fin!

Un des points intéressants du titre est le lien que créent les auteurs entre les « machines » et les humains. Chaque Doji étant accompagné d'un humain avec lequel il entrera en osmose et qui pourra même lui servir de pilote. En effet les dojis évoluent et possèdent plusieurs transformations, allant d'une forme animale géante au robot plus ou moins classe et imposant. Et bien entendu plus le titre va avancer, plus ces transformations seront imposantes et gigantesques. Mais au final les auteurs vont en faire trop et on finira par perdre le fil, à chaque tome sa nouvelle transformation, à tel point que cela en deviendrait presque lassant. Le titre souffre du syndrome trop commun de la surenchère.


Et si le trait de Takei est superbe souvent trop de précisions sur les machines les rendront souvent presque "illisibles".
En ce qui concerne les machines justement, ici on est plus dans un rapport de lien psychique qu'un « simple » pilotage. Au final on n’est donc pas très loin de Shaman King où chaque shaman se servait des pouvoirs de son esprit pour se battre, avec des évolutions du lien comme des fusions… Takei reprend donc ce qu'il maîtrise, d'autant qu'il semble à l'aise dans le design des machines et des corps robotiques, bien qu'encore une fois l'ensemble soit souvent trop surchargé!

Au niveau de la narration, on fait pas mal d'allers-retours dans le temps, ce qui est plaisant au départ, mais devient vite bordélique par la suite, on finit par s'y perdre et on ne sait plus trop à quoi se référer.

Comme on a pu le voir, bien que dessin soit précis et maîtrisé, ce qui n'a rien de surprenant, car malgré son ratage précédemment, le dessin de Takei s'est toujours montré sans faille, ce qui pose plus problème c'est le coté fouillis de la chose, c'est parfois un peu confus, voir brouillon (et sans spoiler, cela ne va pas s'arranger à ce niveau).

On a au final une série vraiment intéressante, avec de nombreux points accrocheurs dont le principal défaut est son coté brouillon, tant au niveau graphique que narratif. On prend donc beaucoup de plaisir à la lire, mais en gardant à l'esprit que l'ensemble est nettement améliorable!



KARAKURI DOJI ULTIMO ©2008 by Stan Lee–POW! Entertainment / Dream Ranch, Hiroyuki Takei / SHUEISHA Inc.

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