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Jmusic Retour sur la conférence musiques d'anime à Japan Expo

Mardi, 01 Septembre 2015 à 19h00

Japan Expo met à l’honneur la musique japonaise, sans pour autant délaisser les amateurs de manga et d’animation. La conférence sur les musiques d’anime est le fruit de ce judicieux compromis consistant à donner la parole à deux figures importantes du milieu de la composition de musiques pour les supports de l’animation nippone. D’un côté, Kaoru Wada est chef d’orchestre et compositeur, les bandes originales d’Inu Yasha et Kitaro le repoussant sont deux exemples parmi tous ses travaux. Keiichi Itoh, lui, occupe un rôle plus particulier. Surnommé le « magicien du son », à juste titre, il est à l’origine de technologiques nouvelles dans la musique digitale au sein de grands groupes japonais et a aussi collaboré sur les animes Code Geass : Lelouch of the Rebellion et FullMetal Alchemist. C’est donc pour nous parler de leur travail que Messieurs Wada et Itoh (respectivement à gauche et à droite sur les photos ci-dessous) sont venus rencontrer leur public lors du seizième impact de Japan Expo.
  
  

  
C’est sur l’épique bande-originale d’Inu Yasha et ses sonorités de Japon féodal que les deux artistes sont entrés sur scène, sourire aux lèvres. Kaoru Wada ouvrit le bal, d’abord pour souligner son travail dans la musique d’anime, mais aussi pour solliciter son public et reconnaître les fans d’Inu Yasha dans l’assemblée. C’est d’ailleurs bien son travail sur cette bande-originale qui a fait l’objet du début de conférence. Dans le processus de composition, M. Wada expliqua avoir associé des orchestres à des instruments traditionnels japonais, trois en particulier : La flûte Shakuhachi, la flûte Shinobue et le Biwa (une guitare typiquement asiatique). Et parce que le public français n’est pas forcément familier à ces outils, ce sont des extraits sonores que M. Wada a proposé pour illustrer ses propos. La piste issue de la soundtrack d’Inu Yasha permettait alors aisément de comprendre la nature des instruments utilisés.
 
M. Wada confia ensuite sa passion de combiner des sonorités japonaises traditionnelles à des musiques purement occidentales. C’est ainsi qu’il mena un récital d’Inu Yasha en Allemagne, auprès d’un orchestre du pays, une explication appuyée par un extrait vidéo de ce même concert. Chaleureux envers son public, M. Wada confia le micro à son acolyte, Keiichi Itoh.




A la manière de M. Wada, M. Itoh a aussi sollicité son public mais cette fois pour Code Geass : Lelouch of the Rebellion qui a soulevé un bruyant engouement de la part des fans, et même refrain pour FullMetal Alchemist. « Même si c’est la première fois que je viens, j’ai l’impression de tous vous connaître ! » est la réplique du compositeur traduisant le mieux son enthousiasme. Avant d’entamer ses explications sur les compositions, c’est par une photographie de son impressionnant studio que M. Itoh a présenté son environnement de travail quotidien. C’est ensuite par une situation imagée que l’artiste souleva sa vision de l’importance de la musique dans les anime : « Quand vous marchez dans la rue et quand quelqu’un vous appelle au loin, vous reconnaîtrez la voix de la personne avant de la voir. Aussi, quand vous dormez, vous avez les yeux fermés mais vous entendez votre réveil ? Qu’est ce qui est important ? Vos oreilles qui continuent de fonctionner. Dans les anime, une dimension n’appelle pas la vue. Il est facile pour un comédien doué de traduire une émotion par une expression de visage, mais ce n’est pas possible dans les anime. Dans ces moments, la musique prend son importance ».
  
Messieurs Wada et Itoh n’étaient pas là par hasard et se connaissent depuis plus de trente ans. C’est sur le projet Hoshi Neko Full House que les deux artistes du son ont commencé à travailler ensemble. Dans cette collaboration, M. Wada écrit la musique et l’enregistre auprès de l’orchestre tandis que M. Itoh s’occupe du mixage et des différents aspects techniques, au sein même de son studio, pour aboutir aux « tracks ». Par exemple, si M. Wada cherche à créer une musique au son plus fort que les autres, c’est sous ses directives que M. Itoh respectera cette décision dans son mixage. M. Wada aime utiliser des instruments variés, allant de la simple guitare électrique au tambour africain. Sur certains instruments sortent des sons très faibles, noyés au milieu de la masse d’instruments. C’est pour les faire ressortir que M. Itoh intervient. Ce dernier apporte un nouveau parallèle étonnant, cette fois sur le discours du Président de la République. « Lors d’un discours, il y a une différence entre le son proféré et celui que les spectateurs entendent. Cette étape traduit exactement le mixage que j’effectue car malgré toutes les qualités de la musique de M. Wada, il est important de correctement l’amplifier. »



M. Wada aborda ensuite le vif du sujet, la composition de musiques d’anime, en s’appuyant notamment sur son travail sur Saint Seiya : The Lost Canvas, série en deux saisons adaptée du manga éponyme de Shiori Teshirogi. Avant d’entamer la composition d’une œuvre adaptée, il convient de lire le manga car à ce stade de la création, les images de l’anime n’ont pas été créée et les compositeurs n’ont que le support d’origine pour débuter leur travail. Lors de la lecture, il convient de faire travailler son imagination, de penser la musique à créer mais aussi des instruments à utiliser et à la manière de diriger l’orchestre. Les personnages de la série ont aussi leur importance car il faut composer des pistes qui leur correspondent. L’ambiance du manga est aussi très importante. Par exemple, dans Les enquêtes de Kindaichi, il a fallu veiller à créer une musique d’ambiance mystérieuse mais qui ne dévoilerait pas l’identité du coupable.
Dans le cas des musiques créées pour les films ou les publicités, le travail est différent car les compositeurs ont les images sous les yeux, chose qui n’est pas le cas dans l’animation adaptée de manga.
   
Les possibilités pour créer une musique d’anime sont énormes, et il est difficile de savoir vers quoi se diriger. En dehors des anime, il existe des films de monstre comme Godzilla, un exemple important pour M. Wada puisque le compositeur était son professeur qui a fêté ses 100 ans en même temps en même temps des soixante ans de la franchise. A cette occasion, un événement spécial a été organisé au printemps dernier : un concert d’un orchestre sur scène pendant diffusion des images. Pour appuyer ses propos, M. Wada proposa aux spectateurs de Japan Expo un extrait du fameux concert durant lequel le compositeur a dirigé l’orchestre. Ce genre d’événement est de plus en plus récurrent, notamment au Japon.


 
Et parce qu’un peu de promotion ne fait jamais de mal, M. Wada conclut la rencontre en attirant l’attention du public autour de deux projets. D’abord, son futur CD sur la franchise Ninja Scroll qui paraîtra en octobre. Puis, un projet pas des moindres puisque présenté directement aux spectateurs, la présence sur le salon du CD/DVD live du concert Inu Yasha mené en Allemagne. Mais c’est surtout sur un appel au rendez-vous sur la fameuse scène Ichigo que les deux compositeurs ont salué leur public et conclut la conférence sur un enthousiasme général.
  
  

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