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Ciné-Asie Chronique ciné asie - Le promeneur d'oiseau

Mardi, 16 Août 2016 à 16h00

La Chine d’aujourd’hui ou deux univers côte à côte : de l’un, les mégapoles rutilantes et ultra-modernes, de l’autre, les contrées sauvages et ses villages traditionnels. C’est à Pekin que vit Rexing, une enfant qui ne connaît pas le besoin : élevée dans un certain standing de vie qui semble ne rien pouvoir lui refuser. Ses parents sont dans les affaires… absents et fortunés ; d’ailleurs, ils doivent partir, et la bonne-à-tout-faire devant également quitter les lieux, ils ne savent pas à qui confier la petite peste-princesse capricieuse : celle qui passe la journée sur ses tablettes électroniques et qui n’a pas grande connaissance du monde.


Il sera demandé – un peu en dernier recours – à son grand-père, Zhigen, de s’en occuper. Mais ce dernier doit se rendre dans son lointain village natal afin de tenir une promesse : et si le silencieux grand-père accompagné de la bruyante petite-fille accomplissaient ensemble ce petit voyage dans les profondeurs de ce vaste pays-continent ?


Lors de la première partie du film, l’on peut observer un grand-père et une petite-fille qui – pour certaines raisons – ne se sont pas vus depuis assez longtemps et qui sembleraient presque pareils à de nouvelles connaissances l’un pour l’autre. Les relations ne sont pas au beau fixe. Il lui demande d’être davantage poli avec les personnes qu’elle peut rencontrer. Elle boude, n’hésite pas à le déranger et lui cause des maints soucis : elle ne dit pas bonjour, ni merci ; elle n’a pas faim avant d’avoir soudainement envie de se remplir le ventre ; la nuit tombée… elle cache les chaussures du vieil homme ; elle n’en fait qu’à sa tête… boudeuse-chapardeuse jusqu’au bout des ongles.


Puis, durant la seconde partie, à mesure qu’ils s’éloignent des banalités de la modernité, et s’enfoncent dans cette Chine d’un autre temps, la petite peste s’enivre d’un monde nouveau qu’elle découvre et n’aura pas imaginé : sur barque parmi les fleuves ; à travers les rizières à flanc de colline ; empruntant des chemins non cartographiés ; jusque dans des villages où il semble que le temps ne se soit arrêté et qu’il est pourtant ici une époque lointaine bien révolue. Elle change jusqu’à ne plus vouloir quitter son grand-père…


Le Promeneur d’Oiseau
est manifestement un film qui s’amuse des contrastes : il en est ainsi que pendant près d’une heure trente l’on suit les pérégrinations d’un grand-père et de sa petite-fille – deux générations qui ne sont pas nées dans la même chine – : entre ville et campagne ; parmi les eaux et les montagnes ; conversant le jour et la nuit ; sur complicité apaisée et chamailleries infantiles ; promesse à tenir et imprévu qui s’imposent ; superficialité-urbaine abandonnée et simplicité-nature retrouvée.


Il y aurait maintes choses à dires, surtout en ce qui concerne cet oiseau en cage qui doit être amené bien loin et qui se veut la symbolique et la cristallisation de quantité de choses liées au temps qui passe, aux liens qui se font et se défont… Il a pu être reproché par certains qu’il n’ait pas été davantage traité les disparités sociales en Chine – pour dire les choses gentiment – : tout cela n’est pas sérieux : ce n’est point l’objet du film ; d’ailleurs, les donneurs de leçons quant à la portée politique d’une œuvre ne sont couramment que ceux qui, avachi dans leur pittoresque tour d’ivoire, et suffisant d’un esprit étriqué, ne font rien si ce n’est le néant. Un film tourné en Chine, en chinois et avec des acteurs chinois, mais réalisé par un français. Le casting est franchement pas mal. La photographie est vraiment agréable et parfois superbe. La réalisation se veut épurée et maîtrisée. C’est fluide et se regarde avec grand plaisir.


En dépit de quelques raccourcis narratifs, « Le Promeneur d’Oiseau » se veut un film grand public et familial de très bonne facture ; lequel pourra laisser le regardant épris en son cœur d’un sentiment enthousiaste : un très agréable moment de dépaysement dans quelques contrées chinoises de premier choix porté par des personnages humbles. Des productions cinématographiques comme celles-ci, il en sera redemandé.

L'avis du chroniqueur
Alphonse

Mardi, 16 Août 2016
16.5 20

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