Dvd Chronique série animée - Tonari no Seki-kun - The Master of Killing Time
Si, depuis août 2015, la publication du manga Séki mon voisin de classe aux éditions Akata fait le bonheur de pas mal d'amateurs de comédie, l'oeuvre imaginée par Takuma Morishige a d'abord été popularisée en France par son adaptation animée.
Composée de 21 épisodes de 7 minutes, la série Tonari no Seki-kun - The Master of Killing Time a été produite par le studio Shin-Ei Animation, plutôt habitué des comédies avec des oeuvres comme le génial Hare+Guu, mais qui a aussi d'autres cordes à son arc, par exemple la colorée série d'aventure Kaitô Joker. A la réalisation, on trouve Yuji Mutoh, un homme qui n'en est pas à son coup d'essai en tant que réalisateur, mais dont les réalisations ne sont pas parmi les plus connues en France (citons certains films de Shin-chan, Haunted Junction en 1997, Ultimate Girls en 2005, ou encore - honte à lui - Green Green en 2003).
La direction artistique est assurée par Shinji Kawaii (qui a notamment tenu ce rôle sur Slayers Revolution), tandis que la direction de l'animation et le character sont tenus par Masae Ôtake (entre autres directeur de l'animation sur Glass no Kamen et Kaitô Joker). Enfin, on retrouve à la prestation musicale Akifumi Tada, à qui l'on doit entre autres les musiques de Hare+Guu, Captain Tsubasa: Road to 2002 ou Samurai Gun. En somme, un staff qui, globalement, ne comporte pas de noms ultra connus, mais qui profite d'une expérience déjà longue dans l'animation, notamment dans le registre de la comédie. Nul doute qu'il n'en fallait pas forcément plus pour assurer le résultat sur une comédie en format court et aux épisodes indépendants comme Tonari no Séki-kun.
C'est en 2014 que le public japonais a pu découvrir l'anime, qui fut diffusé sur les chaînes TV Tokyo et AT-X du 5 janvier au 25 mai au rythme d'un épisode par semaine. C'est à cette même période que les spectateurs français ont pu la retrouver en simulcast en vostf sur la plateforme Crunchyroll, où elle est toujours disponible gratuitement.
Tonari no Seki-kun, c'est le quotidien scolaire d'adolescents normaux... ou presque. Nous y découvrons Rumi Yokoï, une élève qui se veut sérieuse et studieuse... mais qui doit tous les jours composer avec les frasques de son voisin de classe, Séki, bien moins occupé à écouter les cours qu'à se trouver de nouveaux jeux pour tuer le temps ! Dans chaque épisode, qui correspond à un chapitre d'une dizaine de pages du manga original, celui-ci amène en classe de quoi s'amuser : un jeu de go, de shôgi, des dominos, une voiture téléguidée, des éléments de tricot... Tandis que personne, pas même le prof, ne capte quoi que ce soit à la situation, Rumi, elle, ne peut qu'observer les délires de son voisin, délires allant souvent très loin puisque Séki, à l'imagination débordante, ne suit jamais l'utilisation de base de ses jeux, voire détourne l'utilité de ses objets de classe, à l'instar de sa gomme dont il fait un tampon.
Le concept de la série est on ne peut plus simple : chaque épisode, indépendant, suit le même schéma où Rumi réagit face aux nouveaux délires de Séki. Là où le manga, au bout de quelques tomes, se permet quelques passages en dehors de l'établissement, le cadre de l'anime, lui, reste exclusivement scolaire, ce qui peut s'expliquer par le fait qu'il ne puise sa source que dans les premiers tomes du manga. Donc, ne comptez pas, par exemple, croiser la famille de Séki que l'on découvre dans le manga à partir des tomes 4 et 5, ou suivre le voyage scolaire.
L'action est essentiellement située dans la salle de classe, mais s'offre de temps à autre quelques échappées ailleurs : en salle de chimie, en cours de sport (par exemple à la piscine)... Etant donné le choix de ce format assez linéaire et quelque peu restreint, il est évidemment important de savoir renouveler les situations, et de ce côté-là l'équipe de l'anime a simplement pu compter sur le talent du mangaka original qui fait des merveilles en sachant varier les plaisirs, mais aussi en offrant un certain comique de répétition délicieux autour de certains éléments qui reviennent de temps à autre. On pense notamment à la famille-robot, jouets avec lesquels Séki imagine une famille qui la suit dans certaines de ses aventures (quand ils n'en sont pas les acteurs, comme lors de la scène d'escalade !), et que Rumi trouve tellement mignons qu'elle ne peut s'empêcher d'être gaga devant eux et de vouloir les protéger ! Mais il faut évoquer également les quelques personnages secondaires qui reviennent de temps à autre, comme Maeda, le très sérieux et peu souriant voisin de devant que Séki que ce dernier exploite parfois sans qu'il s'en rende compte, ou, surtout, Gotô, la géniale camarade de classe qui s'imagine que Yokoi et Séki vivent en réalité une idylle romantique secrète.
Mais évidemment, la série doit avant tout son charme à ses deux personnages principaux, qui s'avèrent parfaitement campés !
Commençons par Séki, qui n'a rien du "cancre" habituel. Passant ses heures scolaires à tuer le temps, il ne se contente pas de jouer de façon basique, mais amène en classe toutes sortes de choses qu'il va souvent utiliser de manière détournée, comme c'est le cas pour les dominos avec lesquels il invente un parcours totalement improbable, le jeu de mahjong qui devient le théâtre d'une lutte historique, les robots avec lesquels il confectionne une jolie petite famille... Et pour parfaire ses idées, le jeune garçon n'hésitera pas à bricoler son bureau, à inventer de nouvelles choses... Il faut le voir en action pour le croire, et à l'instar de Rumi, on est plus d'une fois curieux de découvrir ses nouvelles idées ! Le roi de l'imagination est là, et il fait un bien fou, sans doute encore plus dans son pays d'origine où il pourrait représenter un idéal de liberté créatrice face à une société réputée comme trop castratrice.
Face à lui, Rumi, censée être son opposée tant elle se veut sérieuse... et qui est pourtant la première à toujours suivre Séki. Car quand on a un voisin comme ça, on a vite fait de se montrer curieux, et la pauvre jeune fille n'a pas fini de nous le prouver. A chaque fois, elle se fait embarquer bien malgré elle sans que Séki ne la cherche forcément, et la variété de ses réactions est un véritable moteur de l'humour. Parfois, elle tente de remettre Séki sur le droit chemin, et ça lui retombe souvent dessus d'amusante manière. A d'autres reprises, elle décide carrément de participer en bien ou en mal à ses délires, par exemple quand elle pense que le jeune garçon agit pour une bonne cause... et elle finira évidemment par tomber de haut. Et quand, en observant Séki, elle laisse vagabonder son imagination pour se créer des histoires, c'est souvent là qu'elle est la plus délicieuse tant elle est capable, elle aussi, de partir très loin dans ses trips, voire encore plus loin que Séki. De ce fait, plus que le contraire de Séki, Rumi est plutôt l'élément indispensable pour faire encore mieux ressortir la créativité de l'adolescent.
On pourrait également voir un peu ce "couple" comme une nouvelle interprétation du Manzai, cette forme d'humour typiquement nippone basée sur un duo aux caractères opposés, d'un côté le tsukkomi sérieux et rationnel (ici Rumi), et de l'autre le boke plus extravagant et outrancier (Séki). Cette vieille recette est ici efficacement reprise pour proposer des gags qui fonctionnent de mieux en mieux, sitôt que l'on s'est habitué au schéma.
La réalisation en elle-même est tout à fait honnête et vise avant tout l'efficacité de l'humour. A l'instar du mangaka dans la version papier, le staff de l'anime crée souvent un décalage assez délicieux entre l'exubérance/l'ampleur des jeux de Séki, et le cadre tout à fait ordinaire et réaliste de la salle de classe. Les décors se contentent généralement d'être fonctionnels dans leur aspect normal, basique, plutôt réaliste, mais assez coloré, ce qui permet de créer un contraste loufoque saisissant dès que les deux personnages principaux partent dans leurs délires. A partir de là, l'anime n'hésite pas à s'emballer pour porter l'humour, que ce soit grâce à une réalisation qui aime soudainement se débrider (et cela dès l'épisode 1 avec le parcours de dominos, que la mise en scène présente d'une façon grandiloquente assez exquise), où à des protagonistes sublimés par leurs comédiens de doublage.
Ainsi, l'une des grandes particularités de Séki est d'être constamment muet : il ne parle pas, ne fait que grommeler et émettre divers bruits, et l'enjeu principal était sans nul doute de faire ressentir à travers ses "bruitages" ses diverses émotions tout en véhiculant l'humour que cela entraîne. Là-dessus, on peut vraiment saluer la performance de la "voix" de Séki, Hiro Shimono, un comédien bien connu pour de nombreux rôles (Conny dans L'Attaque des Titans, Aoba Kuronuma dans Durarara!!x2, Shibito dans Bobobo-bo Bo-bobo, Yukichi Fukasawa dans Baby Steps, Sôjirô dans Log Horizon, Sasuke Tsubaki dans Sket Dance...)
La palme revient néanmoins à Kana Hanazawa, la seiyû prêtant sa voix à Rumi Yokoi, et que l'on connaît notamment pour ses prestations dans Black Rock Shooter (où elle incarne l'héroïne éponyme), Bakemonogatari (Nadeko Sengoku), Angel Beats! (Kanade Tachibana), Blue Exorcist (Shiemi Moriyama), Deadman Wonderland (Shiro)... bref, une artiste à l'expérience certaine et dont les rôles phares se comptent par paquet. Sa tâche était importante, puisque Rumi est le personnage central, celui qui n'arrête pas de parler/penser face aux frasques de Séki, et qui a donc la mission d'animer constamment les épisodes. Hé bien, Hanazawa livre une copie parfaite, où elle s'applique à survitaminer les choses quand il le faut, en variant naturellement les tonalités (colère de Rumi quand Séki fait des choses qui l'agacent, passion ou bienveillance quand il fait des choses qui captent son intérêt, interrogations quand il commet des choses impossibles à cerner sur le coup...), tout en parvenant à offrir une pointe de charme à cette jeune fille.
A cela, il faut ajouter les musiques soulignant efficacement l'humour et le dynamisme, ainsi que le design des personnages, assez simple, et dont l'aspect un peu rond apporte également une petite touche plutôt chaleureuse, voire mignonne. Le trait de Takuma Morishige semble, de base, facile à animer, ce qui s'avère donc réussi ici. Notons aussi la pertinence du format court : les chapitres du manga faisant souvent environ 10 pages, la durée de 7 minutes permet au staff de rester fidèle aux gags sans trop s'étirer (ce qui aurait pu devenir lassant), tout en ayant le temps de souvent aller un peu plus loin, de prendre le temps de bien mettre en scène les gags et inventions de Séki. Ainsi, loin de n'être qu'une adaptation toute faite du manga, l'anime parvient à obtenir son propre intérêt en poussant généralement un peu plus loin les choses. Notons aussi que si l'on a aimé l'anime alors qu'on ne connaît pas encore le manga, prolonger le plaisir en lisant ce dernier est conseillé, puisque l'anime n'adapte pas tous les chapitres des premiers tomes (en plus de ne pas forcément les adapter dans le même ordre), et que le manga se poursuit en enrichissant peu à peu son petit univers.
De par son format en gags indépendants et linéaires ayant pour vocation première de faire rire ou simplement sourire, l'oeuvre pourrait demander aux lecteurs un petit temps d'adaptation. Mais une fois qu'on est dedans, c'est un bonheur, une ode à l'imagination, à la créativité et à l'amusement qui se dégustera peut-être encore mieux à petite dose, en se replongeant de temps à autre dans quelques épisodes pris au hasard.
Composée de 21 épisodes de 7 minutes, la série Tonari no Seki-kun - The Master of Killing Time a été produite par le studio Shin-Ei Animation, plutôt habitué des comédies avec des oeuvres comme le génial Hare+Guu, mais qui a aussi d'autres cordes à son arc, par exemple la colorée série d'aventure Kaitô Joker. A la réalisation, on trouve Yuji Mutoh, un homme qui n'en est pas à son coup d'essai en tant que réalisateur, mais dont les réalisations ne sont pas parmi les plus connues en France (citons certains films de Shin-chan, Haunted Junction en 1997, Ultimate Girls en 2005, ou encore - honte à lui - Green Green en 2003).
La direction artistique est assurée par Shinji Kawaii (qui a notamment tenu ce rôle sur Slayers Revolution), tandis que la direction de l'animation et le character sont tenus par Masae Ôtake (entre autres directeur de l'animation sur Glass no Kamen et Kaitô Joker). Enfin, on retrouve à la prestation musicale Akifumi Tada, à qui l'on doit entre autres les musiques de Hare+Guu, Captain Tsubasa: Road to 2002 ou Samurai Gun. En somme, un staff qui, globalement, ne comporte pas de noms ultra connus, mais qui profite d'une expérience déjà longue dans l'animation, notamment dans le registre de la comédie. Nul doute qu'il n'en fallait pas forcément plus pour assurer le résultat sur une comédie en format court et aux épisodes indépendants comme Tonari no Séki-kun.
C'est en 2014 que le public japonais a pu découvrir l'anime, qui fut diffusé sur les chaînes TV Tokyo et AT-X du 5 janvier au 25 mai au rythme d'un épisode par semaine. C'est à cette même période que les spectateurs français ont pu la retrouver en simulcast en vostf sur la plateforme Crunchyroll, où elle est toujours disponible gratuitement.
Tonari no Seki-kun, c'est le quotidien scolaire d'adolescents normaux... ou presque. Nous y découvrons Rumi Yokoï, une élève qui se veut sérieuse et studieuse... mais qui doit tous les jours composer avec les frasques de son voisin de classe, Séki, bien moins occupé à écouter les cours qu'à se trouver de nouveaux jeux pour tuer le temps ! Dans chaque épisode, qui correspond à un chapitre d'une dizaine de pages du manga original, celui-ci amène en classe de quoi s'amuser : un jeu de go, de shôgi, des dominos, une voiture téléguidée, des éléments de tricot... Tandis que personne, pas même le prof, ne capte quoi que ce soit à la situation, Rumi, elle, ne peut qu'observer les délires de son voisin, délires allant souvent très loin puisque Séki, à l'imagination débordante, ne suit jamais l'utilisation de base de ses jeux, voire détourne l'utilité de ses objets de classe, à l'instar de sa gomme dont il fait un tampon.
Le concept de la série est on ne peut plus simple : chaque épisode, indépendant, suit le même schéma où Rumi réagit face aux nouveaux délires de Séki. Là où le manga, au bout de quelques tomes, se permet quelques passages en dehors de l'établissement, le cadre de l'anime, lui, reste exclusivement scolaire, ce qui peut s'expliquer par le fait qu'il ne puise sa source que dans les premiers tomes du manga. Donc, ne comptez pas, par exemple, croiser la famille de Séki que l'on découvre dans le manga à partir des tomes 4 et 5, ou suivre le voyage scolaire.
L'action est essentiellement située dans la salle de classe, mais s'offre de temps à autre quelques échappées ailleurs : en salle de chimie, en cours de sport (par exemple à la piscine)... Etant donné le choix de ce format assez linéaire et quelque peu restreint, il est évidemment important de savoir renouveler les situations, et de ce côté-là l'équipe de l'anime a simplement pu compter sur le talent du mangaka original qui fait des merveilles en sachant varier les plaisirs, mais aussi en offrant un certain comique de répétition délicieux autour de certains éléments qui reviennent de temps à autre. On pense notamment à la famille-robot, jouets avec lesquels Séki imagine une famille qui la suit dans certaines de ses aventures (quand ils n'en sont pas les acteurs, comme lors de la scène d'escalade !), et que Rumi trouve tellement mignons qu'elle ne peut s'empêcher d'être gaga devant eux et de vouloir les protéger ! Mais il faut évoquer également les quelques personnages secondaires qui reviennent de temps à autre, comme Maeda, le très sérieux et peu souriant voisin de devant que Séki que ce dernier exploite parfois sans qu'il s'en rende compte, ou, surtout, Gotô, la géniale camarade de classe qui s'imagine que Yokoi et Séki vivent en réalité une idylle romantique secrète.
Mais évidemment, la série doit avant tout son charme à ses deux personnages principaux, qui s'avèrent parfaitement campés !
Commençons par Séki, qui n'a rien du "cancre" habituel. Passant ses heures scolaires à tuer le temps, il ne se contente pas de jouer de façon basique, mais amène en classe toutes sortes de choses qu'il va souvent utiliser de manière détournée, comme c'est le cas pour les dominos avec lesquels il invente un parcours totalement improbable, le jeu de mahjong qui devient le théâtre d'une lutte historique, les robots avec lesquels il confectionne une jolie petite famille... Et pour parfaire ses idées, le jeune garçon n'hésitera pas à bricoler son bureau, à inventer de nouvelles choses... Il faut le voir en action pour le croire, et à l'instar de Rumi, on est plus d'une fois curieux de découvrir ses nouvelles idées ! Le roi de l'imagination est là, et il fait un bien fou, sans doute encore plus dans son pays d'origine où il pourrait représenter un idéal de liberté créatrice face à une société réputée comme trop castratrice.
Face à lui, Rumi, censée être son opposée tant elle se veut sérieuse... et qui est pourtant la première à toujours suivre Séki. Car quand on a un voisin comme ça, on a vite fait de se montrer curieux, et la pauvre jeune fille n'a pas fini de nous le prouver. A chaque fois, elle se fait embarquer bien malgré elle sans que Séki ne la cherche forcément, et la variété de ses réactions est un véritable moteur de l'humour. Parfois, elle tente de remettre Séki sur le droit chemin, et ça lui retombe souvent dessus d'amusante manière. A d'autres reprises, elle décide carrément de participer en bien ou en mal à ses délires, par exemple quand elle pense que le jeune garçon agit pour une bonne cause... et elle finira évidemment par tomber de haut. Et quand, en observant Séki, elle laisse vagabonder son imagination pour se créer des histoires, c'est souvent là qu'elle est la plus délicieuse tant elle est capable, elle aussi, de partir très loin dans ses trips, voire encore plus loin que Séki. De ce fait, plus que le contraire de Séki, Rumi est plutôt l'élément indispensable pour faire encore mieux ressortir la créativité de l'adolescent.
On pourrait également voir un peu ce "couple" comme une nouvelle interprétation du Manzai, cette forme d'humour typiquement nippone basée sur un duo aux caractères opposés, d'un côté le tsukkomi sérieux et rationnel (ici Rumi), et de l'autre le boke plus extravagant et outrancier (Séki). Cette vieille recette est ici efficacement reprise pour proposer des gags qui fonctionnent de mieux en mieux, sitôt que l'on s'est habitué au schéma.
La réalisation en elle-même est tout à fait honnête et vise avant tout l'efficacité de l'humour. A l'instar du mangaka dans la version papier, le staff de l'anime crée souvent un décalage assez délicieux entre l'exubérance/l'ampleur des jeux de Séki, et le cadre tout à fait ordinaire et réaliste de la salle de classe. Les décors se contentent généralement d'être fonctionnels dans leur aspect normal, basique, plutôt réaliste, mais assez coloré, ce qui permet de créer un contraste loufoque saisissant dès que les deux personnages principaux partent dans leurs délires. A partir de là, l'anime n'hésite pas à s'emballer pour porter l'humour, que ce soit grâce à une réalisation qui aime soudainement se débrider (et cela dès l'épisode 1 avec le parcours de dominos, que la mise en scène présente d'une façon grandiloquente assez exquise), où à des protagonistes sublimés par leurs comédiens de doublage.
Ainsi, l'une des grandes particularités de Séki est d'être constamment muet : il ne parle pas, ne fait que grommeler et émettre divers bruits, et l'enjeu principal était sans nul doute de faire ressentir à travers ses "bruitages" ses diverses émotions tout en véhiculant l'humour que cela entraîne. Là-dessus, on peut vraiment saluer la performance de la "voix" de Séki, Hiro Shimono, un comédien bien connu pour de nombreux rôles (Conny dans L'Attaque des Titans, Aoba Kuronuma dans Durarara!!x2, Shibito dans Bobobo-bo Bo-bobo, Yukichi Fukasawa dans Baby Steps, Sôjirô dans Log Horizon, Sasuke Tsubaki dans Sket Dance...)
La palme revient néanmoins à Kana Hanazawa, la seiyû prêtant sa voix à Rumi Yokoi, et que l'on connaît notamment pour ses prestations dans Black Rock Shooter (où elle incarne l'héroïne éponyme), Bakemonogatari (Nadeko Sengoku), Angel Beats! (Kanade Tachibana), Blue Exorcist (Shiemi Moriyama), Deadman Wonderland (Shiro)... bref, une artiste à l'expérience certaine et dont les rôles phares se comptent par paquet. Sa tâche était importante, puisque Rumi est le personnage central, celui qui n'arrête pas de parler/penser face aux frasques de Séki, et qui a donc la mission d'animer constamment les épisodes. Hé bien, Hanazawa livre une copie parfaite, où elle s'applique à survitaminer les choses quand il le faut, en variant naturellement les tonalités (colère de Rumi quand Séki fait des choses qui l'agacent, passion ou bienveillance quand il fait des choses qui captent son intérêt, interrogations quand il commet des choses impossibles à cerner sur le coup...), tout en parvenant à offrir une pointe de charme à cette jeune fille.
A cela, il faut ajouter les musiques soulignant efficacement l'humour et le dynamisme, ainsi que le design des personnages, assez simple, et dont l'aspect un peu rond apporte également une petite touche plutôt chaleureuse, voire mignonne. Le trait de Takuma Morishige semble, de base, facile à animer, ce qui s'avère donc réussi ici. Notons aussi la pertinence du format court : les chapitres du manga faisant souvent environ 10 pages, la durée de 7 minutes permet au staff de rester fidèle aux gags sans trop s'étirer (ce qui aurait pu devenir lassant), tout en ayant le temps de souvent aller un peu plus loin, de prendre le temps de bien mettre en scène les gags et inventions de Séki. Ainsi, loin de n'être qu'une adaptation toute faite du manga, l'anime parvient à obtenir son propre intérêt en poussant généralement un peu plus loin les choses. Notons aussi que si l'on a aimé l'anime alors qu'on ne connaît pas encore le manga, prolonger le plaisir en lisant ce dernier est conseillé, puisque l'anime n'adapte pas tous les chapitres des premiers tomes (en plus de ne pas forcément les adapter dans le même ordre), et que le manga se poursuit en enrichissant peu à peu son petit univers.
De par son format en gags indépendants et linéaires ayant pour vocation première de faire rire ou simplement sourire, l'oeuvre pourrait demander aux lecteurs un petit temps d'adaptation. Mais une fois qu'on est dedans, c'est un bonheur, une ode à l'imagination, à la créativité et à l'amusement qui se dégustera peut-être encore mieux à petite dose, en se replongeant de temps à autre dans quelques épisodes pris au hasard.