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Dvd Chronique série animée import - Level-E

Dimanche, 23 Août 2015 à 15h00

LEVEL E : le jour où la Terre continua

Les studios d’animation japonais ne s’intéressent pas qu’à des licences récentes pour produire leurs séries. Ainsi, un manga dont la publication s'est achevée en 1997, LEVEL E, a été adapté en 2011 en anime.


Here come the Men in Black

C’est bien connu, les extraterrestres épient et peuplent notre planète depuis bien longtemps, sous notre nez, pauvres Terriens aveugles (ou trop bêtes). Car si nous ne nous rendons pas compte que les aliens sont parmi nous, ces derniers  – issus de différentes planètes – ont bien conscience de l’existence de leurs pairs non-Terriens. Par exemple, les Doguriens et Dicksoniens pourraient poursuivre sur Terre les luttes séculaires qui les opposent si l’équilibre diplomatique précaire qui les lie n’était préservé grâce à des manœuvres dans l’ombre.


C’est dans ce contexte qu’arrive Baka Ki El Dogura, prince héritier de la planète Dogura, doté d’une intelligence hors du commun. Alors qu’il se rendait à une conférence de paix intergalactique où il était supposé discourir et assurer une ère de sérénité dans l’univers, son vaisseau s’écrase sur Terre. Amnésique, hébété, poursuivi par plusieurs groupes lui voulant plus ou moins de bien, ce Baka-Ôji (jeu de mots sur le nom du personnage, Baka, qui signifie imbécile en japonais) va alors se réfugier chez Yukitaka, un lycéen.


D’abord incrédule, ce dernier qui pensait commencer une nouvelle vie en devenant le nouvel espoir de l’équipe de baseball locale va se retrouver impliqué bon gré mal gré dans les aventures diplomatiques du prince, en lui évitant bien des problèmes avec les autorités scientifiques terriennes ou encore en le protégeant d’assassins aliens ne souhaitant pas qu’il s’exprime à la conférence intergalactique… Tout ça pour finalement se rendre compte que toute cette mascarade est en fait un coup monté par le Baka-Ôji pour tourmenter son équipe…

La confusion des genres

Avec ce prologue en trois épisodes, le ton est donné : contrairement à ce qu’on pourrait penser, le personnage principal sera donc ce mystérieux et facétieux prince extraterrestre, et pas Yukitaka. Il disparaît d’ailleurs à partir de l’épisode 4 pour ne réapparaître que dans les trois derniers. La série suit donc essentiellement les péripéties débiles de Baka-Ôji (doublé par un Daisuke Namikawa en forme) sur Terre, avec des histoires s’étalant sur un à trois épisodes chacune.


Cela permet une grande variété de contenus scénaristiques : on glisse ainsi d’une histoire de conspiration avec une agence à la Men in Black à un récit d’horreur, en passant par le super sentai ou le J-RPG. La parodie de genre est une des forces de LEVEL E. Malgré un nombre réduit de personnages récurrents (Baka-Ôji et sa suite de trois gardes du corps), le spectateur se laisse porter au gré des différents pastiches, grâce à une caractérisation impeccable des personnages secondaires. On sait dès les premières secondes qui a quel rôle, et surtout, on s’en souvient, ce qui permet une assimilation quasi immédiate dès que ledit personnage réapparaît à l’écran. Une force, a fortiori quand certains de ces persos n’apparaissent que dans un épisode – la sirène de l’épisode 10 en est le parfait exemple.


Malgré une non-continuité entre les différents arcs scénaristiques, l’ensemble de l’histoire reste cohérent et tient la route grâce à ce travail sur les personnages. Cependant, si la variété des genres et le système d’historiettes surprennent et plaisent au départ – on se demande quel plan invraisemblable Baka-Ôji va trouver pour enquiquiner ses proches ou les Terriens – ils deviennent, au bout d’un moment, aussi fatigants que ces épisodes des Simpsons où Homer quitte la centrale nucléaire de Springfield pour exercer un nouveau métier improbable (acrobate chinois, garde du corps de Mark Hamill, ambulancier...). C’est la limite principale de la comédie à sketches : on saute du coq à l’âne. Et c’est un peu pénible à la longue.


Dream Team

Comme dit plus haut, LEVEL E est inspiré d'un manga publié entre 1995 et 1997. Derrière la plume et le crayon de cette série à la publication saccadée (réalisée sans l'aide d'assistants), on a le fameux Yoshihiro Togashi. Fort du succès de son Yuyu Hakusho, et avant de se lancer dans Hunter x Hunter, deux shônen pur jus, Togashi s’est donc permis un écart un peu plus expérimental, touchant à plusieurs genres et brodant des histoires variées autour d’un même personnage fantasque.

Le temps n’a en rien fait perdre la saveur doucement absurde du manga, grâce à la réalisation de Toshiyuki Katô (qui, déjà à l’époque, avait un truc avec les séries en "E", puisqu’on lui doit Code-E et Mission-E). Le chara-design, qui conserve un peu de la patine old school de l’œuvre originale, est le fait de Itsuko Takeda (Honô no Mirage, Ristorante Paradiso). Enfin, la musique, notable pour son côté kitsch assumé, a été composée par Kunihiko Ryô (Tegami Bachi). L’animation du Studio Pierrot, comme d’habitude, n’est pas catastrophique, mais ne fait pas non plus tomber en pâmoison.


À l’image du générique d’ouverture – qui rappelle ceux de GTO dans la composition et les couleurs –, de nombreux éléments graphiques et sonores éveillent un sentiment de nostalgie chez l’otaku vétéran. Quand on regarde LEVEL E, on a l’impression de regarder un anime du début des années 2000 : expressions faciales et looks un peu datés, lignes de vitesse, lumières, usage un peu moche des images de synthèse…

On joue sur la surcharge là où, aujourd’hui, tout n’est que minimalisme et épuration. Forcément, ça passe ou ça casse. Mais ça ne trahit en rien le contenu du manga.

E.T., lol, home

On rit en regardant LEVEL E. On rit parce que les personnages sont bien écrits et qu’on leur fait dire n’importe quoi. On rit aux références plus ou moins avouées à la culture populaire contemporaine. On rit parce que les situations improbables sont bien amenées. On rit surtout de la perversion et du génie absurde du Baka-Ôji pour élaborer ses plans de tourmente. La comédie fonctionne bien, et c’est tout ce qu’on pourrait demander à un anime d’humour classique.

Mais la série se place un cran au-dessus, en n'hésitant pas à proposer des épisodes dramatiques surprenants et agréables à regarder.


La force de la série est donc aussi sa faiblesse : en voulant proposer un contenu toujours plus riche et différent, LEVEL E se perd, et perd en même temps son spectateur. On s’ennuie peu, c’est certain, mais à grosse dose, c’est épuisant. Pas le genre de série dont on se fait un marathon, quoi. Plutôt celui dont on regarde un arc scénaristique parce qu’il n’y a rien de bien à la télé le soir.

Cependant, même 14 ans après la parution du dernier des trois volumes que compte le manga, la série ne perd pas son charme, même adaptée pour le petit écran. Un exemple rare, d’une part parce que l’adaptation télévisée se fait généralement pendant ou dans la foulée de la parution des œuvres originales ; d’autre part parce que le thème (un extraterrestre faisant des siennes sur notre planète) est suffisamment intemporel pour être parlant pour tous.

Une belle surprise, donc, pour peu qu’on ait rien contre les aliens et les persos qui ont des expressions similaires à celles du sous-directeur Uchiyamada.


commentaires

SturmMagruserV

De SturmMagruserV [101 Pts], le 23 Août 2015 à 17h05

Cette année?! C'était pas il y a 2-3 ans? A part l'épisode au Kôshien un peu ennuyeux j'en garde un asez bon souvenir.

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