Ciné-Asie Chronique ciné asie - Le Couvent de la Bête Sacrée
Réalisé en 1974 pour la Toei et classé 'pink-eiga', Le Couvent de la Bête Sacrée du méconnu Norifumi Suzuki est une plongée dans un univers clérical et carcéral, nourri de sévices commis au nom de Dieu.
Huit ans après La Religieuse (1965) de Jacques Rivette, adaptation du roman homonyme de Denis Diderot, le trop méconnu Norifumi Suzuki marquait le cinéma de genre par un flamboyant esthétisme de la perversion. Dans les sous-sols poisseux de ce couvent coupé du monde, la scène de pendaison d'une mère supérieure rappellera la mise à mort chorégraphiquement parfaite de la première séquence de Suspiria (1977) de Dario Argento.
Surfant sur un érotisme blasphématoire, lui permettant d'accoucher de plans absolument renversants, Suzuki nous fait vivre le calvaire de jeunes filles ravalant leurs pulsions au profit d'un culte personnifié par le révérend père Kakinuma, gourou maléfique à grosse barbe, plus proche de Shoko Asahara que d'un petit curé de campagne. Seul personnage masculin de cette traversée de l'enfer et traumatisé par le génocide de Nagasaki, Kakinuma, interprété par Fumio Watanabe, acteur vu chez Ozu et chez Oshima, est un être pétri de doutes et de contradictions, se servant de jeunes nonnes ingénues dans le but de satisfaire un besoin insatiable de vice.
Choqué par une humanité blessée, elle-même marquée par l'abandon de Dieu, ce personnage cache un secret effroyable à la jeune Mayumi interprétée par Yumi Takigawa (âgée d'à peine 19 ans lors du tournage), permettant à Norifumi Suzuki dans une approche manichéenne et grand-guignolesque, de saper les derniers piliers de pureté et de moralité de la religion chrétienne. La mécanique de l'horreur d'un scénario signé Masahiro Kakefuda atteint son paroxysme quand des bonnes sœurs décident de placer une représentation du christ sous les cuisses d'une jeune fille devant s'empêcher d'uriner.
De Buñuel à Sade en passant par Serrador, Suzuki digère chacune de ses influences et signe une œuvre au parfum d'éternité scandaleuse. Manifeste sexuel et sanguin, Le Couvent de la Bête Sacrée reste, trente ans après sa sortie, une œuvre majeure du cinéma japonais.
The Duke
Huit ans après La Religieuse (1965) de Jacques Rivette, adaptation du roman homonyme de Denis Diderot, le trop méconnu Norifumi Suzuki marquait le cinéma de genre par un flamboyant esthétisme de la perversion. Dans les sous-sols poisseux de ce couvent coupé du monde, la scène de pendaison d'une mère supérieure rappellera la mise à mort chorégraphiquement parfaite de la première séquence de Suspiria (1977) de Dario Argento.
Surfant sur un érotisme blasphématoire, lui permettant d'accoucher de plans absolument renversants, Suzuki nous fait vivre le calvaire de jeunes filles ravalant leurs pulsions au profit d'un culte personnifié par le révérend père Kakinuma, gourou maléfique à grosse barbe, plus proche de Shoko Asahara que d'un petit curé de campagne. Seul personnage masculin de cette traversée de l'enfer et traumatisé par le génocide de Nagasaki, Kakinuma, interprété par Fumio Watanabe, acteur vu chez Ozu et chez Oshima, est un être pétri de doutes et de contradictions, se servant de jeunes nonnes ingénues dans le but de satisfaire un besoin insatiable de vice.
Choqué par une humanité blessée, elle-même marquée par l'abandon de Dieu, ce personnage cache un secret effroyable à la jeune Mayumi interprétée par Yumi Takigawa (âgée d'à peine 19 ans lors du tournage), permettant à Norifumi Suzuki dans une approche manichéenne et grand-guignolesque, de saper les derniers piliers de pureté et de moralité de la religion chrétienne. La mécanique de l'horreur d'un scénario signé Masahiro Kakefuda atteint son paroxysme quand des bonnes sœurs décident de placer une représentation du christ sous les cuisses d'une jeune fille devant s'empêcher d'uriner.
De Buñuel à Sade en passant par Serrador, Suzuki digère chacune de ses influences et signe une œuvre au parfum d'éternité scandaleuse. Manifeste sexuel et sanguin, Le Couvent de la Bête Sacrée reste, trente ans après sa sortie, une œuvre majeure du cinéma japonais.
The Duke