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Ciné-Asie Critique Ciné Asie - Confession of murder

Lundi, 07 Juillet 2014 à 14h00

Voici la critique par RogueAerith du film Confession of Murder.




Alors que le délai de prescription de quinze ans applicable aux meurtres qu'il a commis est expiré, un jeune homme, Lee Du-seok, publie une autobiographie, « Confession of murder », dans lequel il se repentit et détaille ses actes horribles avec précision. Se mettant les médias dans la poche et divisant la société coréenne, il attire l'attention de l'inspecteur Choi, qui avait manqué de l'arrêter quelques années auparavant. L'affaire prend des propensions considérables puisque le livre s'écoule à plusieurs milliers d'exemplaires, et que le visage angélique du meurtrier, ainsi que son tempérament calme, emporte l'adhésion. Tandis que les proches des victimes vont tenter de lui faire la peau, d'autres se mettent à douter de l'identité de Lee. Est-il le vrai tueur ?




Sorti en début d'année 2014 directement en DVD et Blu-ray en France, plus d'un an après sa sortie cinéma en Corée du Sud, « Confession of murder » est réalisé par Jeong Byeong-gil. Ce dernier avait déjà réalisé un documentaire, « Action boys », filmant des jeunes cascadeurs qui essayaient de percer dans l’industrie cinématographique coréenne. Le synopsis de « Confession of murder », qui a de quoi attirer l'attention de n'importe quel amateur de thriller, et plus particulièrement de vigilante, ce genre de film typiquement sud-coréen reposant sur des critères bien définis : histoire de vengeance, violences physique et psychologique, retournements de situation... Un synopsis bien exploité ? C'est ce que nous allons voir.




Pour éviter tout malentendu : le synopsis est trompeur, même les connaisseurs pourraient se laisser avoir. « Confession of murder » n'est pas la suite du génialissime et mémorable « Memories of murder », de Bong Joon-ho. C'est dit.

Difficile en tous cas pour le réalisateur Jeong Byeong-gil de proposer un film aux accents vigilante après tout ce qui a été fait depuis le début des années 2000 : la trilogie de la vengeance de Park Chan-wook, « I saw the devil » de Kim Jee-woon, « The Unjust », « The Man from nowhere »...et encore, on a là que ceux sortis en France. Mais comme dit précédemment, le synopsis de « Confession of murder » est plus qu'alléchant, reposant le principe d'un criminel se permettant tout puisque la prescription est éteinte. Pourtant, le film peine à se trouver une identité bien à lui. La faute, principalement, à un ton vraiment curieux et quelques incohérences gênantes.




Effectivement, « Confession of murder » oscille en permanence entre sérieux et...quasi burlesque. Si on a l'habitude de voir des scènes exagérées dans ce genre de film, notamment pour dénoncer l'incompétence de la police ou mettre en avant la personnalité complètement excentrique des meurtriers, le film va ici plus loin en livrant des scènes parfois franchement décalées. Il en est ainsi des scènes d'action, qui au demeurant sont très réussies et assez impressionnantes, mais sont aussi beaucoup trop longues, ne servant guère l'évolution du scénario, et souffrent de ce côté totalement décalé. Un aspect qui se retrouve aussi dans l'omniprésence des médias. Si Park Chan-wook et Kim Jee-woon faisaient de la police leur tête de Turc, Jeong Byeong-gil s'en donne à cœur joie avec des journalistes sans limites, véritables sangsues guettant la moindre réaction, allant jusqu'à diffuser des débats entre retransmis en direct entre meurtrier et enquêteur. Les médias s'adonnent au voyeurisme le plus gras, ce qui ne fait que renforcer l'aspect burlesque, et plutôt irréaliste, alors que les révélations et les retournements de situation auraient été bien plus enthousiasmants avec un ton plus sérieux. Le résultat ? Une ambiance tantôt sérieuse qui suit un scénario qui tient ses promesses, tantôt série B avec des scènes too much. Les dialogues inégaux, avec des personnages secondaires horripilants, n'arrangent rien. Et que dire de certaines incohérences regrettables ! Si l'une n'apparaîtra qu'une fois LA grosse révélation faite (pas de spoil, vous verrez bien), on ne peut qu'être surpris devant l'aveuglement des personnages face au soi-disant meurtrier...dont l'âge ne coïncide pas du tout avec des meurtres commis quinze ans auparavant. Et pour cause, il est joué par le beau gosse Park Shi-hoo, véritable star dans son pays.




De façon générale, « Confession of murder » déçoit, car du fait de cette ambiance mélangée, il n'a pas la finesse d'un film signé Bong Joon-Ho, Kim Jee-woon ou Park chan-wook. Exemple ? La scène finale, très manichéenne, avec une dernière image franchement limite nous montrant les proches des victimes, souriants après que justice semble avoir été faite... On reviendra pour la profondeur dans la justification de la vengeance. Autre exemple ? Dans sa manière de dénoncer l'adhésion d'une partie de la société au personnage du meurtrier à la tête d'ange, notamment des jeunes filles et des femmes mûres, le film n'a pas la richesse dans la critique sociale d'un Sion Sono. L'exploitation de l'idée de départ, la dénonciation de la célébrité autour du meurtrier, et les paradoxes nés des situations où il faut le protéger des assaillants ne manquent cependant pas de piquant. Il faut de toute façon bien voir que l'idée de départ n'est pas si abracadabrantesque que cela. On pourrait même penser à ce drôle de fait divers, celui de Sagawa, étudiant japonais anthropophage qui avait dévoré une autre élève en France dans les années 1980, et qui, une fois libéré, est devenu célèbre au Japon, via des livres, des interviews télévisées... et des pubs pour de la viande !




« Confession of murder » ne brille d'ailleurs pas plus par d'éventuelles scènes plus intimistes, absentes. Les personnages manquent de travail. Pour résumer, l'ambiance qui ne sait pas choisir entre drame ou satire ruine un scénario pourtant efficace. Tout cela est vraiment dommageable, d'autant que le réalisateur a réussi à éviter la copie bourrine des ténors du genre. Exemple de la séquence d'introduction : si celle-ci rappelle fortement « The Chaser », la mise en scène dynamique et les angles de vue originaux, façon Jason Bourne, avec pas mal de caméras embarquées ou de travellings sous ecstasy, nous mettent dans l'ambiance dès le départ. Si le reste du film s'égare dans de l'action pure ou des séquences outrancières, l'introduction est une réussite incontestable et de nombreuses bonnes idées émergent ponctuellement.

S'agissant de la bande sonore, nous vous donnons l'ordre le plus absolu de préférer la VOSTFR, les doublages français ne pourront en effet que renforcer le côté burlesque déjà malvenu. Enfin, si on peut qu'apprécier ne serait-ce que l'effort d'une sortie en France, comment ne pas rester sans voix face à l'absence totale de bonus, si ce n'est une pauvre bande-annonce. Dire qu'aux débuts du DVD, le moindre film avait droit à son making-of, ses fiches, ses interviews... La transition vers le Blu-ray ne justifie aucunement des éditions aussi pauvres, vendues au prix fort ! Le film avait pourtant eu droit à un traitement favorable lors de l’édition 2013 de l’Étrange Festival.




Exploitant avec force une très bonne idée, intrigante et dérangeante, « Confession of murder » surprend en donnant trop souvent dans de l'action fun, là où on l'attendait plus sage, plus approfondie. Le cahier des charges du vigilante est rempli avec sérieux... mais c'est ce même manque de sérieux dans le ton et l'ambiance, qu'on aurait souhaité moins dilués, que l'on reproche au film. Comme si le cinéaste avait voulu mêler du grand spectacle à du vigilante réputé moins accessible, plus froid. Le mélange ne fonctionne guère, mais sur tous les aspects purement vigilante, on ne peut qu'être satisfaits : personnages principaux réussis, grosses interprétations, décors classiques du genre (pluie torrentielle, nuit inquiétante, rues crasseuses), narration claire et sans fioritures, scènes qui sortent du lot. Cinéaste à suivre, s'il se disperse moins et soigne plus le fond.
  

commentaires

Bibimbap

De Bibimbap [319 Pts], le 07 Juillet 2014 à 21h17

Merci :)

et dire que avant ma fnac avait tout une section Asie :'(

Je vais faire comme tu me le conseil, prendre sur amazon ou fnac :)

RogueAerith

De RogueAerith [395 Pts], le 07 Juillet 2014 à 18h57

Oui, oui, il est sorti. Normal que tu ne trouves pas en magasin, le rayon cinéma asiatique est 90% du temps le parent pauvre ! Sur internet, tu trouveras ton bonheur (Amazon, comme d'habitude...).

Bibimbap

De Bibimbap [319 Pts], le 07 Juillet 2014 à 14h07

Donc il est bien sortit ? impossible de le trovuer en grande surface ou Fnac :(

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