Critique CD - Dum Spiro Spero de Dir en Grey- Actus manga
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Jmusic Critique CD - Dum Spiro Spero de Dir en Grey

Jeudi, 18 Avril 2013 à 09h00

Aujourd'hui, via la critique de Kimi, revenons sur un album incontournable du groupe Dir en Grey : Dum Spiro Spero.




Chaque jour, de nouvelles étoiles naissent et meurent au creux de notre univers. Scrutant le ciel, une nuit, je me demandais : "Laquelle est la plus belle ?". Après tout, il y en a tellement. Tellement qu'il est difficile, même pour les plus brillantes de faire parvenir ses fascinantes lumières célestes jusqu'à nos yeux. C'est vrai, au final, celles qui obtiennent le plus d'attention sont celles déjà nommées, celles qui nous ont été présentées et dont on entend parler un peu partout dans le monde. Il est temps de donner un nom à cette nouvelle étoile, celle qui, malgré sa toute jeunesse, dans la nuit, était la plus belle. Je l'ai nommée pour vous. Cette étoile je l'ai baptisée Dir En Grey. Admettez-le, c'est une curieuse parallèle que celle-ci mais elle se vérifie. Le cours d'astronomie est désormais terminé, rangez vos cahiers et sortez vos flûtes à bec, c'est l'heure de la leçon musicale.

Tant de façons de décrire la noirceur, tant de moyens de l’atteindre, de la faire ronger l’auditeur, liquéfier son âme, trancher ses chairs. Il y a des albums parfois qui parlent, qui racontent une histoire, souvent banale, mais superbement représentative d’un malaise commun. La solitude (pourquoi…?), le froid (que fais-je ici…?), l’immensité d’une forêt béante et paradoxalement complètement animée (je suis seul…), les déferlantes de couleurs, de lumières rendant tout encore plus noir à une âme en peine, en proie à une souffrance interne (je veux partir…).
Un concept simple, mais déchirant, et humain. Terriblement humain...

Pour leur dixième opus, Dir En Grey s’est attelé à cette pensée, décrire l’antinomie d’une lumière enfonçant manifestement plus dans le néant, d’un chaos sonore rendant sourd le personnage torturé et blessé que chacun peut-être. En toute logique, nous retrouvons donc une certaine dualité entre l'ombre et la lumière sur la pochette de ce Dum Spiro Spero. Le visuel de l'album est relativement clair mais laisse dégager une inapaisable noirceur...

Avant de se pencher sur ce monstre qu'est Dum Spiro Spero, il faut se replonger dans le contexte politico-économique de l'époque. Revenons deux ans en arrière, en 2011. Le Japon a subit beaucoup de dégâts suite au séisme de magnitude 9.0 survenu sur la côte Pacifique du Tohoku, au tsunami s'étant abattu au bord de l'Asie orientale et à l'accident nucléaire qui s'est produit à la centrale de Fukushima. La population ayant survécu à ces désastres essaye, tant bien que mal, de remonter la pente. C'est dans cette atmosphère sombre, chaotique et colérique que jailli le nouveau disque de Dir En Grey, synonyme de véritable message aux yeux de la population japonaise, le quintet donnant une vision sincère du peuple japonais au monde extérieur et expliquant comment ce peuple relèvera la tête et avancera de nouveau vers l'avant. Le titre de l'album en lui-même est évocateur de cette réalité : Dum Spiro Spero (Tant que je respire, j'espère).

Un titre qui sonne comme une illusion au premier abord...

Dum Spiro Spero reprend le même schéma que son aîné, Uroboros, et commence avec Kyoukotsu No Nari, une introduction très pesante, un tantinet angoissante tout comme l'était Sa Bir au début d'Uroboros. Quelques notes de piano parviennent à nos oreilles puis les instruments entrent dans la danse et plonge instantanément l'auditeur en apnée. Kyô vient alors implanter sa voix hargneuse et quasi dans cette composition tortueuse et la fin de l'introduction laisse place au second titre de l'album : The Blossoming Beelzebub. Là encore, nous pourrions rapprocher ce titre à la très belle Vinushka, morceau phare d'Uroboros. La composition de The Blossoming Beelzebub reste en elle-même similaire à celle de Vinushka mais elle s'avère être différente sur quelques points. En effet, la première véritable chanson de ce nouveau disque arbore un rythme plus lent et nonchalant. La voix de Tooru Nishimura est plus lancinante que jamais et le chanteur de Dir En Grey mise davantage sur ses performances vocales, alternant passages très aigus et très graves. Il se permet tout les excès possibles et inimaginables et arrive même à donner la frousse à l'auditeur... Par ailleurs, The Blossoming Beelzebub ne possède pas vraiment de structure solide et est très décousue d'un point de vue musical. Les instruments s'entremêlent entre eux formant un son dérangeant, oppressant. Des cassures d'ordre rythmiques font également leur apparition et Dir En Grey arrive à compiler toutes ces composantes pour, au final, nous offrir une composition, pesante, suffocante et abasourdissante pour l'auditeur. C'est à se demander comment le quintet japonais arrive à renouveler sans cesse cet exploit...

Résonnent ensuite les premières notes de Different Sense, véritable critique envers le gouvernement japonais. Ce morceau enclenche réellement les tonalités rugissantes de Kyô au sein de ce Dum Spiro Spero. Dir En Grey continue avec ce morceau de déstructurer les bases mêmes de leur composition originelle. Le groupe arrive à incorporer de nouveaux éléments au sein de leur œuvre tout en gardant l'essence de leur travail. Tel une pierre précieuse, il la polisse pour la faire resplendir de mille feux. L'ensemble de la chanson est très homogène, le rythme est très vif et le refrain est terriblement accrocheur. Par ailleurs, l'imagerie utilisée dans le clip éponyme est on ne peut plus criante de vérité et met sur le devant de la scène les propos évoqués par Kyô. Un clip d'une intensité très maligne (mais inférieure à celle d'Obscure) qui demandera plusieurs visionnages de la part de l'auditeur/internaute pour en comprendre tout le sens.

Décrire et analyser chaque morceau de cet album reviendrait à rédiger une seule et même chronique pour chaque composition. Il y aurait tant à dire, autant donc aller à l'essentiel tout de suite : chaque titre de ce Dum Spiro Spero est en soi une petite perle que l'auditeur ne cessera de contempler et de cajoler. Dir En Grey arrive à tirer le meilleur de chaque musicien pour nous offrir un son unique en son genre, une résonance dont le quintet japonais à lui seul le secret. Dir En Grey s'enfonce encore plus dans une musique avant-gardiste et très complexe et tire son inspiration de groupes occidentaux comme Tool, groupe phare du métal progressif dont Maynard James Keenan est le leader et dont Kyô est un fan de la première heure. À l'instar de la musique occidentale, celle de Dir En Grey se différencie grâce à ses agencements rythmiques plus alambiqués et des thématiques encrées dans la culture du peuple japonais, que ce soit au niveau de leurs croyances ou de leurs idées.

Obscur. C’est le terme qui convient le mieux à ce Dum Spiro Spero. Car si la violence est bien présente, ce n’est plus le chantre de Dir En Grey. L’ambiance, l’obscurité et les émotions dissidentes que procurent l’écoute de cet album s'inscrivent dans les étapes qu'avaient franchi le quintet japonais avec Uroboros. Technique, créatif, viscéral, produit d’une main de maitre, sans carences ni temps morts, Dum Spiro Spero est un album impressionnant de la première à la dernière sonorité. Une création unique et personnelle de la part de Dir En Grey qui confirme avec cet album son statut d'électron libre au sein de la scène métal. Dir En Grey définit lui-même ses propres règles et continuera, à l'avenir, de s’afficher sur les sentiers de l’anti-conformité.

Voilà, le cours arrive à sa fin. Pour la prochaine fois, je vous demanderai de rédiger votre avis sur ce monstre qu'est Dum Spiro Spero. Écoutez le, prenez le temps de l'apprécier à sa juste valeur et laissez vous emporter. Et quand je dis "écouter" c'est tout seul, avec un casque sur les oreilles et dans le calme le plus total. Par la même occasion, vous ferez mieux de vous pencher sur les débuts du groupe car nous y reviendrons tôt où tard...

commentaires

Manga-News

De Manga-News [3732 Pts], le 18 Avril 2013 à 18h55

faut que je l écoute. la chronique donne envie en tout cas !

warui

De warui [119 Pts], le 18 Avril 2013 à 14h10

un de leurs meilleurs, de mon point de vue bien entendu. Merci pour cet article qui lui un bel hommage. 

The blossoming belzebuth est une oeuvre d'art, un chef d'oeuvre.

Lossehelin

De Lossehelin [2049 Pts], le 18 Avril 2013 à 09h19

Dum Spiro Spero.... Surement mon album préféré de Dir En Grey.... ♥

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