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Jeux Video Test rétro - Onimusha 3

Lundi, 23 Avril 2012 à 09h30

Nous vous proposons de découvrir notre test d'Onimusha 3, sorti sur PlayStation 2 en 2004.




Sorti en 2004 sur Playstation 2, Onimusha 3 est le volet le plus décrié de la série à cause de choix discutables, non en termes de gameplay, mais d'ambiance. Dans quel clan nous positionnons-nous ? Ceux qui l'ont apprécié ? Ceux qui ont été déçus ? Et bien si l'on vous dit qu'Onimusha 3 est un peu le Devil May Cry 2 (comprenne qui pourra) de la série Onimusha, vous aurez sans doute compris que la critique à suivre ne va pas être tendre.

Tout d'abord, accrochez-vous bien pour comprendre le scénario de cet opus. Les deux précédents volets se contentaient de vengeances (classique mais efficace), celui-ci ose le changement... plus que radical. Tout commence pourtant de façon excellente. Dans une cinématique qui fait encore pâlir celles des consoles next gen (oui, oui), Samanosuke, héros du premier Onimusha, combat des démons lors d'une bataille épique. Puis on se retrouve très vite face à Nobunaga. Alors que le duel a lieu, une sphère noire ressemblant à un portail apparaît. Pour moi, la saga Onimusha s'est éteinte avec ce nuage noir, pour revenir brièvement dans un quatrième volet peu connu, puis redisparaître. Explications...

Dans Onimusha 2, le seigneur Oda Nobunaga continue de vouloir étendre son pouvoir, sauf qu'il le fait cette fois-ci à l'échelle de la planète. On perd donc l'aspect à peu près réaliste des précédents volets. Nobunaga profite d'une faille spatio-temporelle pour envoyer ses démons...directement dans le Paris du XXI° siècle. C'est dans ces circonstances que le seul Français encore debout, le soldat Jacques Blanc (on repassera pour la caricature du prénom, digne des traductions d'Olive et Tom) est projeté 500 ans en arrière, dans le Japon féodal post-ère Sengoku. Mais alors qui protège Paris ? C'est Samanosuke, le héros du premier volet qui fait son grand retour, pour protéger notre capitale. Chacun devra trouver un moyen pour rejoindre son époque, tout en débarrassant les lieux visités des démons de Nobunaga. Pour ce faire, le gantelet des âmes leur sera d'une grande utilité. Ainsi, l'aventure alterne entre les événements se déroulant vers 1580 près du célèbre temple Honno-ji et ceux de Paris se situant en 2004. Mais les développeurs de Capcom ne se sont pas arrêtés là, en insérant une particularité de plus. Si Samanosuke reprend les traits de l'acteur nippon Takeshi Kaneshiro, Jacques Blanc est inspiré de Jean Reno. Pour une Playstation 2 qui commençait à être bien maîtrisée en 2004, la modélisation des visages est très réussie et on reconnaît sans peine que les héros sont le portrait craché des acteurs dont ils reprennent les traits.

Que l'on adhère ou pas, il faut hélas relever que maintes incohérences sont présentes, gâchant le peu qui aurait pu être sauvé. Primo, les deux héros se fondent dans le paysage local comme si de rien n'était...on repassera pour la complexité de la narration et des personnalités, totalement absente, et pour le réalisme des réactions et des situations. Par exemple, pas la peine de parler la langue locale, puisque notre version européenne, que l'on se situe au Japon féodal ou dans la France du XXI°s, reprend des doublages bien anglais. Ah, l'anglais, langue universelle, partout, de tout temps ! Bref, au-delà de l'ironie, tout cela est ridicule et n'a pas une once de réalisme... Seconde incohérence, Jacques Blanc sera aidé par le Samanosuke de l'époque... car celui ayant été téléporté à Paris est en fait le Samanosuke des années 2000. Je sais ce que vous vous dites : « gné ? ». Et bien oui : GNÉ ? Et ce ne sont pas un quelconque effort de ma part concernant l'explication de ce point qui enlèverait toute incohérence à cette aberration scénaristique.

Le gameplay n'a pas fait l'objet de grandes évolutions. En fait, le mode de combat de Jacques Blanc (un fouet-épée) sauve tout le reste. Les développeurs tentent tant bien que mal d'utiliser les failles spatio-temporelles à leur avantage. Ainsi, les époques sont étroitement liées et les conséquences d'une action faite dans un niveau par un héros pourra avoir des implications pour l'autre... Les énigmes sont ainsi plutôt intéressantes, mais tout reste trop rudimentaire. Et ce n'est pas quelques idées par-ci par-là (la transmission d'objets via des téléporteurs) qui relèvent le niveau. Pire, l'apparition d'un troisième personnage jouable, en la personne de Michelle Aubert, ne s'imposait pas... Vous aviez imaginé un fusil à pompe ou un lance-grenades dans Onimusha ? Jamais ? Moi non plus... et pourtant, c'est ce que vous y trouverez en dirigeant la mère Michelle.

Vous l'aurez compris, le plus gros défaut d'Onimusha 3, c'est son ambiance. En observant la saga, c'est bien simple, on observe une pente déclinante depuis le premier volet, pour finalement retrouver les sommets grâce à Onimusha Dawn of dreams (qui ne fait cependant pas partie de la trilogie originale). Mais dans cet épisode, on plonge littéralement dans le gouffre. Le nombre de répliques ridicules est incalculable. On ne peut s'empêcher de railler cet aspect en se rappelant par quoi commence Onimusha 3. La première chose que vous entendez en lançant une partie, c'est quand même : « Allô Henri ? C'est papa. Tu diras à Yvette, notre voisine, que je rentrerai tard ce soir ». L'excès de caricature nuit à la crédibilité. Dans les mangas et les jeux vidéo, les Japonais n'ont jamais été très perspicaces vis-à-vis de la culture française (mais on le leur rend bien, puisque pour beaucoup de gens, le Japon n'est que modernité et sous-cultures excentriques). Les situations présentées puent la caricature et la naïveté. Les personnages de Ako (la petite fée qui se charge de faire la transition entre les époques et les héros) et le fils de Blanc sont insupportables. Certaines scènes sont à mourir de rire : Jacques Blanc sur sa moto, son fils se réconciliant avec sa nouvelle maman (l'autre étant décédée lors d'un accident, comme c'est original) dans une scène avec effet bullet time.. Ou encore, lorsqu'en à peine quelques minutes de jeu, on part du Japon sur un navire espagnol, pour se retrouver dans les catacombes de Notre-Dame, pour monter ensuite dans un train en ossements, d'où sort une fumée rose bonbon, destination le Mont Saint-Michel. Oui, vous n'en n'êtes plus au stade du « gné ? » mais plus à celui du « WTF ? ». Il est temps de conclure, non ?




Graphismes :
Les cinématiques en images de synthèse et celles réalisées avec le moteur du jeu sont toujours au top. La diversité des environnements est louable, et la grosse nouveauté se trouve être la disparition de la 2D précalculée au profit de la 3D. Mais l'ensemble est assez déséquilibré. On profite de la cathédrale Notre-Dame, de l'Arc de Triomphe ou encore du Mont Saint-Michel, mais ceux-ci sont implémentés dans des décors vides, froids, impersonnels, peu dynamiques. Les environnements nippons ne sont quant à eux pas particulièrement originaux par rapport au précédent volet. Seule vraie amélioration par rapport à l'épisode 2 : l'animation et la fluidité des mouvements.

Sons :
Ce qui pouvait faire l'intérêt de la version nippone du jeu (mélange des langues française et japonaise) disparaît dans notre version européenne avec un anglais qui est une incohérence record en matière de narration dans le jeu d'action.

Jouabilité :
Trois personnages jouables, c'est plutôt un bon point, d'autant que le gameplay avec le fouet attaché à Jean Reno (pardon... Jacques Blanc) est vraiment intéressant... mais franchement logique (un soldat utilisant un fouet...).

Durée de vie :
Une petite dizaine d'heures suffisent avec une rejouabilité peu importante, en dépit des bonus et des deux fins différentes. La nouvelle quête débloquée est anecdotique. Notons que le boss de fin est carrément décevant.

Scénario :
Le parti-pris de la faille spatio-temporelle aurait pu être sympa, mais se retrouve pétri d'incohérences et surtout de fautes de goût impardonnables : histoire niaise, personnage en double, game design abracadabrantesque.

En résumé :
Onimusha 3 est avare en nouveautés et assez étonnamment imparfait en matière graphique à cause de l'apparition de la 3D. Mais ce sont surtout sa perte d'identité totale, son ambiance complètement à côté de la plaque, les personnages et répliques insupportables, des anachronismes et improbabilités en pagaille qui gâchent toute expérience de jeu. Heureusement que les quelques fondements du gameplay sont toujours là.


L'avis du chroniqueur
RogueAerith

Lundi, 23 Avril 2012
13 20

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commentaires

Nersup

De Nersup [129 Pts], le 23 Avril 2012 à 10h28

Je ne suis pas vraiment convaincu par cette critique. Il est vrai que les dialogues ne sont pas le point fort du jeu mais on en fait vite abstraction quand on joue à Onimusha c'est pour défoncer du démon avec nos armes sans cesse améliorées. L'auteur parle de perte de réalisme mais depuis le premier opus on se fritte avec des démons commandés par un humain qui devient lui aussi un démon alors que c'est un personnage historique quand même. Après niveau cohérence ça reste discutable mais niveau ambiance ce jeu est excellent dans les deux époques. Et le passage avec les armes à feu décrié par l'auteur se situe dans le présent avec une militaire sans pouvoir et c'est le passage le plus tendu du jeu. Sinon quant au choix de Jean Réno il est purement marketing puisqu'à l'époque il était très célèbre au Japon mais on s'en fout car il a quand même la classe.

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