Old Boy - Actualité manga

Old Boy : Critiques

Old Boy

Critique de la série manga

Publiée le Lundi, 22 Juillet 2013

Copie non conforme

Un an après le couronnement du film de Park Chan-wook au Festival de Cannes 2004, Old Boy revient sous sa forme originelle, à savoir le manga en 8 volumes de Tsuchiya Garon, mis en images par Minegishi Nobuaki. Toujours aussi brut de décoffrage ?!

Le pitch est redoutable. 10 ans qu’un homme est enfermé dans une pièce. 10 ans qu’il n’a aucun contact avec l’extérieur si ce n’est un poste de télévision et les plateaux repas qu’on lui glisse par une trappe. Pire que la prison. Surtout, qu’il ne sait pas pourquoi il est là. Puis, un jour, il est libéré toujours sans raison. Commence alors pour lui une quête de la vérité, ainsi qu’une rééducation à la vie. Les plus attentifs, et surtout les plus cinéphiles, auront déjà remarqué des différences entre le film et le manga. En effet, dans le long-métrage coréen, l’homme n’est pas un anonyme. Il s’appelle Oh Dae-Soo, et surtout le spectateur fait sa connaissance avant son enlèvement et son sa séquestration, ce qui n’est pas du tout le cas dans le manga. De même, pendant son enfermement, il apprend par le biais de la télévision le meurtre de sa femme, meurtre dont il est le principal suspect. S’il est aussi libéré sans explication dans le film, son calvaire aura tout de même cinq ans de plus que dans la version papier. Et surtout, le réalisateur Park Chan-wook aura décrit la vie de notre prisonnier, ses journées de musculation, son addiction télévisée, ses crises au bord de la folie, alors que l’auteur Tsuchiya Garon préfère y revenir par l’intermédiaire de flash-back.

Deux hommes en un

Mais ce qui frappe le plus à la lecture du manga est la différence de caractère entre les deux hommes, qui pourtant sont logiquement le même. Le « Old Boy » papier, malgré le regard menaçant en couverture, respire une certaine sagesse, une gentillesse et pose souvent un  regard attendri autour de lui. Bien entendu, il n’hésite pas à tester ses capacités physiques au détour d’une rue en provoquant des voyous, mais il semble toujours animer d’une certaine vigilance, voire une bienveillance. Cela vient principalement du fait que le lecteur partage ses réflexions, ses doutes, ses questions et ainsi son cheminement intérieur dans la recherche de la vérité. Qui lui a fait ça ? Pourquoi ? Les supports posent les mêmes interrogations, mais le lecteur les partage réellement avec cet anonyme. Il tombe en empathie. Alors que le « Old Boy » pellicule, magistralement interprété par l’acteur Choi Min-shik, incarne la violence à l’état pur, une rage du désespoir, qui empêche littéralement le spectateur d’éprouver une quelconque sympathie. Au mieux le trouve-t-il grotesque, perdu et a pitié de lui. Et la raison est la même que celle pointée précédemment, ou plutôt son inverse. Le choix du metteur en scène est de ne donner aucun renseignement sur les états d’âme de son (anti-)héros. Au contraire, il le considère comme une sorte d’animal, libéré de sa cage. C’est peut-être pourquoi il lui a donné un nom et une vie. Pour mieux le déshumaniser par la suite, et ainsi rendre plus forte, plus sensorielle, sa détresse. D’ailleurs, la forme rejoint bien souvent le fond dans son film, avec des exercices visuelles originaux et même agressifs : le plan-séquence lors du combat au marteau. Ainsi, une différence de taille sépare les deux œuvres. Alors que Park Chan-wook dresse le portrait d’un homme détruit par ses 15 ans d’emprisonnement, Tsuchiya Garon n’hésite à révéler la déception du commanditaire devant le bon état et l’aura du prisonnier à sa sortie. C’est d’ailleurs aussi pour cette raison qu’il continue à le suivre, le surveiller, pour mieux le faire tomber par la suite.

Errances

Ce que le film gagne en rage et dureté, le manga le récupère en atmosphère et émotion. La majeure partie du premier volume raconte ainsi la rencontre entre celui qui se fait appeler pour le moment Yamashita et une jeune serveuse. Leur relation s’installe doucement, puis la confiance et avec elle les premières confidences. Sous la forme de flash-back plus ou moins longs, celles-ci nous livrent des clés de compréhension sur le mystère entourant notre homme et sa condition. Puis, l’auteur prend un risque en mettant en pleine lumière le commanditaire. Et encore une fois, le choix du film de prendre un jeune pour le rôle est contestable, puisque dans le manga il apparaît sévère, méchant sous un trait de dessin anguleux. Une double narration se met alors en place, multipliant le suspense par deux. Surtout que rapidement, il ne fait aucun doute que les deux hommes, qui se flairent, auront le droit à une confrontation explosive. Mais il faudra attendre un peu, et jusque-là suivre les errances de Yamashita, qui deviennent bientôt une véritable croisade.

Jeu de piste(s)

Comme pour le film, la grande trouvaille de l’histoire d’Old Boy est la manière de remonter le fil du cours des évènements. Sans indice à sa sortie de prison, l’homme va devoir multiplier les ruses d’abord pour échapper à son ennemi, voire ses ennemis, puis pour les devancer. Comme par exemple faire tous les restaurants chinois de la ville pour trouver lequel fournissait les plats dans sa cellule. Ces petites brillantes font tout l’intérêt d’un manga comme Old Boy. On pense à Naoki Uraswa avec Monster ou 20th Century Boys, mais aussi à Buronson pour ses portraits d’homme sans concession. Malheureusement, son arrivée tardive sur nos contrées françaises, en fait après le film, dénature un peu l’œuvre. Elle perd énormément de valeur, puisque la résolution de toute de l’histoire est connue d’avance. Du moins le pense-t-on. Il y a donc toujours l’espoir de digressions, de changements de direction, d’initiatives différentes, comme c’est le cas dans ce premier tome, mais toujours est-il qu’il faut en quelque sorte faire un choix. Du moins ceux qui n’ont pas encore vu, ni lu le manga. Et aucun conseil à donner de ce côté-là. Au fan de juger par lui-même.


Hoagie


Note de la rédaction
Note des lecteurs
15.5/20

Evolution des notes des volumes selon les chroniques:

14.00,15.00,14.00,13.00,14.00,15.50

Les critiques des volumes de la série