Stravaganza - la Reine au Casque de Fer Vol.1 - Actualité manga
Stravaganza - la Reine au Casque de Fer Vol.1 - Manga

Stravaganza - la Reine au Casque de Fer Vol.1 : Critiques

Stravaganza – Isai no Hime

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 19 Juillet 2016

Critique 1


L’Heroic fantasy est un genre qui se porte bien sur tous les médiums, même dans le manga dans une certaine mesure, par exemple avec la version des Chroniques d’Arslan signée Hiromu Arakawa. C’est maintenant au tour de l’éditeur Casterman d’enrichir ce registre via le marché de la bande dessinée nippone avec Stravaganza – La reine au casque de fer, un titre signé Akihito Tomi que nous découvrons pour la première fois en France, même si l’auteur a à son actif quelques œuvres, toutes avec un penchant coquin. Cette marque de fabrique, assumée chez le mangaka, on la retrouve aussi sur Stravaganza qui tire son épingle du jeu par son mélange entre heroic fantasy et grivois.

Le royaume d’Auroria est une terre humaine ordinaire dirigée par l’appréciée reine Viviane qui a la particularité de ne jamais montrer son visage aux citoyens qu’elle cache derrière un casque de fer. Les villageois ainsi que l’armée doivent pourtant rester sur leurs gardes dès qu’ils quittent l’enceinte du royaume, car au-delà des portes, des créatures violentes et sanguinaires sévissent et ne désirent rien d’autre que se nourrir. Cela n’empêche pas la reine Viviane, prenant alors l’identité de Claria, de s’aventurer hors des frontières, vêtues en simple citoyenne, et de s’exposer à mille et un dangers…

L’heroic fantasy se révèle donc sous un nouveau jour avec Stravaganza. Le titre d’Akihito Tomi est en effet particulier à plusieurs égards. Si on s’attend avec ce genre de la fiction à des récits épiques, sombres et violents bercés dans des ambiances médiévales, l’œuvre présente prend tous ces codes à contrepieds en proposant une approche plus fraîche et décalée. Stravaganza, c’est les aventures de la reine Viviane, ou plutôt l’intrépide Claria, n’hésitant pas à échapper à la monotonie de son règne en cherchant l’aventure dans un monde particulièrement hostile.
On trouve ainsi rapidement une certaine violence dans l’univers dépeint par le mangaka : le monde de Stravaganza est marqué par la loi du plus fort, et les faibles n’ont qu’à se retrouver massacrés ou dévorés par les créatures carnivores qui sévissent au-delà des frontières. Mais à côté de ça, une patte plus décalée subsiste tout le long du volume. Les aventures de Claria, même lorsque des personnages ou créatures sont violemment déchiquetés, gardent une aura constamment burlesque par la présence de gags et de rapports déjantés entre personnages, et reposent très souvent sur une dimension coquine qui apporte une aura légère à l’œuvre. Souvent, Claria finie en petite tenue quand il ne s’agit pas des autres dames du royaume d’Auroria, le tout agissant sur une pure ambiance cocasse et grivoise et n’apportent jamais un contenu véritablement érotique ou sexuel. L’âme de la série est alors évidente et entre barbarie de certains événements et légèreté de l’ambiance (et des tenues des personnages féminins), l’alchimie se révèle efficace.

Dans ce premier tome, il ne se dessine pas (encore ?) de fil conducteur à proprement parler puisque chaque chapitre conte une aventure de Claria au sein du royaume ou en dehors de ses frontières. Le lecteur se familiarise ici avec l’univers de la série, le rôle qui incombe à l’héroïne et sa psychologie qui la pousse à s’évader de sa destinée de monarque, en appuyant suffisamment l’ambiance et les codes de la série pour que chacun sache où il se trouve. La recette proposée est alors des plus efficace même si on attend de l’œuvre qu’elle s’étoffe au fil du temps. Le manga d’Akihito Tomi comptant pour le moment quatre opus au Japon et étant toujours en cours, il serait étonnant qu’il se cantonne indéfiniment à cette simple recette.

Nous parlions de l’aspect léger, voire burlesque, de la série, et il faut avouer que le coup de crayon du mangaka joue beaucoup. Les personnages sont en effets dépeints par des silhouettes élancées, mais aux traits souvent arrondis, sans que l’auteur cherche à leur conférer une aura sérieuse ou menaçante. De plus, son goût pour la chair dénudée de la gent féminine se ressent par la succession de demoiselle ravissante qui montrent très souvent leurs poitrines. La touche grivoise, en plus d’être assumée, est rendue ravissante par le dessin du mangaka. Toutefois, Akihito Tomi démontre son sens de l’esthétique tant ses cases fourmillent de détails concernant les environnements où évolue Claria. L’entrée du lecteur dans l’univers de Stravaganza n’en est que plus facile et visuellement, la série se montre particulièrement séduisante.

Côté édition, Casterman livre une copie excellente. Le texte de Sébastien Ludmann est de qualité et la conception de l’ouvrage efficace grâce à son papier de très bonne facture et sa couverture cumulant un couché brillant avec un grain lui donnant une épaisseur séduisante.

Avec son premier tome, Stravaganza se présente comme une œuvre particulièrement attrayante. La fusion entre l’heroic fantasy et la touche décalée/coquine d’Akihito Tomi est réussie et confère à l’œuvre un charme certain. Reste à voir ce que le manga saura raconter maintenant que son univers et ses mécaniques sont installés, mais on reste curieux à l’idée de déguster la suite.


Critique 2


En les lieux d’un royaume lointain, dans les profondeurs d’une forêt, deux fées des eaux s’amusent aux abords d’une source ; mais une silhouette semble troubler leurs petits enfantillages ;… Elles disparaissent. Ce trouble-fête  n’est autre que Claria : jeune Bimbo blonde platine à la propension frivole. Elle aussi prend son bain, fait trempette… tandis que d’étranges lézards en armures se ramènent. Avec précipitation, la demoiselle se cache derrière un amas de fougères… et voilà qu’une plus encore imposante créature aux allures de yéti – appelé Wumba – fait son entrée et s’en prend à tout ce beau monde…

Voici donc le dernier pain chaud tout droit sorti de la collection Sakka des éditions Casterman qui, habituellement, nous pourvoi d’une sélection relativement cohérente et réfléchie et à laquelle il convient de prêter une certaine attention. Cette série a pu faire assez parler d’elle avant même qu’elle ne paraisse en France et elle divisera sans doute pour différentes raisons qui seront évoquées par la suite du présent commentaire : car il est en l’espèce oscillé entre quelques qualités bien présentes et un goût parfois mitigé pour le grivois… entre autres.

D’abord, en ce qui concerne le genre, s’agissant d’un récit héroïque s’inscrivant dans un univers fantastico-merveilleux – dit aussi « heroic fantasy » – il est retrouvé nombre d’ingrédients propres au genre : chevaliers, archers, endroits exotiques, cités retranchées, créatures gargantuesques, apparences sublimées et un certain manichéisme. Assurément, les fanas et les friands de la chose ne manqueront pas d’en prendre lecture, tant cela est assez rare sur le marché. A ce stade des opérations, il est délivré un récit plutôt ordinaire : l’épopée d’une reine dont le visage est inconnus de tous en ce qu’elle ne sort jamais du Palais royal sans arborer son fameux casque de fer, et qui, pour donner libre cours à ses envies, s’évade régulièrement en dehors des murailles de la cité sous la fausse identité d’une certaine Claria ; et, bien évidemment, il semble que les environs se fassent toujours plus dangereux eu égard à la recrudescence d’un bestiaire toujours renouvelé.

Puis, en ce qui concerne les qualités de l’œuvre, il pourra être soulevé nombre d’éléments. D’une part, un dessin de l’auteur vraiment intéressant, avec un trait fin, une action assez dynamique – bien que parfois manquant un peu d’une transcription aisément compréhensible –, des paysages travaillés, une mise en scène parfois très bien pensée : on ressent toute l’application graphique de Akihito Tomi dans son œuvre. De deuxième part, il sera hautement apprécié la lenteur de la narration afin de bien s’affairer à détailler certaines scènes, avec notamment une introduction toute en douceur en prenant le temps de s’attarder sur des choses simples : très appréciable. De troisième part, le principe du casque de fer semble recéler un certain potentiel. Et, de dernières parts, même si à la fin de ce premier tome, le lecteur ne saura sans doute pas vers quelle trame s’oriente le récit, une certaine quantité de choses a d’ores et déjà été posée par l’auteur afin de développer tout cela par la suite ; ce qui est grandement espéré par ailleurs.

Ensuite, s’agissant des griefs qui pourraient être portés à l’égard de l’œuvre, ce sera sans nul doute et en premier lieu, l’aptitude assumée à mettre en scène le grivois – c’est à dire, selon l’expression consacrée dans le monde du manga, le… fan-service – sacrebleu… Cela s’inscrit bien évidemment dans une tendance générale que l’on aura notamment remarquée dans les titres « Ubel Blatt », « Fairy Tail », et « The Arms Peddler », lesquels se sont accoutumés sans grand mal du mauvais goût, voire parfois de l’indécence, et c’est peu dire. Ce n’est ici que le premier ouvrage de Stravaganza, et il sera souhaité que cette salacité bimboesque, unilatéralement hors-sujet et parasitaire, s’estompera par la suite, au risque de s’enfoncer dans un regrettable ridicule, car l’on peut paradoxalement apercevoir un certain professionnalisme de l’auteur.

Enfin, en dépit de certaines qualités, le présent tome paraît parfois un éloge indirect à la fadeur ;… D’une part, les situations et intrigues ne sont pas hautement créatives, originales ou de nature à nous subjuguer, notamment lorsque le protagoniste principal se met en quête, dans un bar à hôtesses, d’une clé qu’on lui aurait dérobée… au point de se demander l’intérêt réel de tout cela. D’autre part, les personnages ne marquent pas les esprits au point d’en faire une nette distinction, et sans qu’il s’en dégage une singularité voir un charisme particulier. Aussi, de manière plus générale, rien ici ne transcende le genre. Et si la sophistication de la matière s’apparente davantage à une structure type shonen, cela sera sans doute la présence d’un érotisme prononcé et de passages relativement sanglants et pas toujours habilement amenés qui justifieront peut-être la classification seinen, à défaut d’être galvaudé. 

Côté édition, il s’agit bien ici de la collection Sakka des éditions Casterman, avec la qualité d’usage. Fournie d’un papier de qualité. Un lettrage adapté. Une transcription du titre et une couverture soignées. La traduction est fluide et alterne volontiers entre l’argot et un langage davantage soutenu. Le plaisir de lecture est bel et bien présent.

Un premier ouvrage visuellement agréable, au récit ordinaire, à l’intrigue relativement imperceptible et aux personnages parfois anodins et dont il sera non aisé, à ce stade, de se faire une véritable opinion. Les amateurs du genre ne manqueront sans doute pas de se le procurer ; pour les autres, si vous n’avez point supporté les œuvres frivoles susdites, probablement demeurerez-vous dubitatifs face à cette prestation. Rendez-vous lors du deuxième pavé de cette fresque afin, peut-être, d’en extirper un avis davantage affirmé. Avec l’espoir chevillé au corps que l’auteur entame une prompte ascension.


Critique 3


Casterman ne publie pas énormément de mangas, mais quand l’éditeur le fait, on peut dire que ses nouveautés ne passent jamais vraiment inaperçues. Soit elles intriguent de par leur spécificité ou bizarrerie, soit elles attirent le regard de par leurs couvertures jolies ou insolites. Autant dire que leur nouvelle série de l’été, Stravangaza, intrigue déjà par sa couverture et par le genre dans lequel elle s’inscrit, à savoir l’heroic fantasy. L’éditeur lui-même vend sa récente œuvre comme étant un titre qui réinvente l’heroic fantasy sous un jour flamboyant, comique et grivois. L’heroic fantasy est un genre qui a ses propres règles et codes, on est dès lors des plus curieux de savoir ce que Casterman entend par « grivois » et « comique ».

« Un écrin de verdure, havre des esprits, où chaque être vivant trouve sa place. Une forêt nichée au creux d’un royaume infime partie d’un univers. Et sous ses branches, une intrépide jeune fille. Ici débute son aventure... »

Stravaganza débute sous des auspices mystérieux. On retrouve ainsi une jeune fille en train de se baigner dans une rivière. Tout à coup, celle-ci se cache lorsqu’apparaissent des hommes-lézards. Il ne faut pas bien longtemps avant que ces derniers ne soient attaqués par un énorme monstre, mélange entre un yéti et un babouin, surnommé par les humains : « wumba ». La nouvelle série de Casterman démarre de manière explosive, intrigante et énigmatique. Par la suite, on découvre le Royaume d’Auroria, un monde qui semble être paisible à l’intérieur de ses murailles. Mais, à l’extérieur, c’est la loi de la jungle qui règne. La nature y est reine, composée de ses créatures et monstres en tout genre. On découvre également que la mystérieuse jeune fille vagabonde se faisant passer pour une certaine « Claria » n’est autre que la reine casquée du Royaume d’Auroria.

Ce présent opus se bornera à introduire l’univers et les personnages qui jonchent Auroria, que ce soit la reine casquée, Claria ou les autres protagonistes plus secondaires. Ainsi, on suit principalement le quotidien de la reine Viviane et de Claria, qui permettra d’étoffer et de dépeindre la réalité et la vie qui se déroulent au sein même de la cour et du Royaume d’Auroria. Chaque histoire aura son utilité, sa richesse et son lot de moments cocasses. Bien qu’on soit dans un récit d’heroic fantasy, Stravangaza aura pour originalité de nous proposer un ton plus léger et des instants plus humoristiques et/ou coquins. Cet aspect particulier de la série ne sera sans doute pas au goût de tout le monde. Néanmoins, l’œuvre l’assume pleinement. Ce sera juste une question pour le lecteur d’y adhérer ou de se prendre au jeu. Si ce n’est pas le cas, on vous conseille d’entrée de jeu de passer votre tour, au risque de vous agacer et de vous énerver pour pas grand-chose. Certains détracteurs pourraient cependant arguer que Stravangaza a pour seule intention que de montrer du cul et de mettre les jeunes femmes dans des situations « délicates ». Dire que ce serait le seul but du titre, ce serait être de mauvaise foi, tant le récit développe son univers, ses futures menaces et sa patte héroic fantasy. En outre, la reine casquée ou Claria aura plus d’une opportunité de remettre à sa place les pervers qui peuvent l’entourer.

D’un point de vue graphique, Stravaganza souffle jusqu’ici l’ardent et le un peu frisquet. Concrètement, le coup de crayon d’Akihito Tomi se montre précis et affûté. Il n’hésite jamais à mettre les formes de son héroïne en avant, mais il le fait toujours avec soin. De même, l’ensemble s’avère détaillé et riche, notamment au niveau des décors qui sont habilement travaillés sans jamais être trop chargés. Le seul petit bémol jusqu’à présent est lié aux scènes d’action pures et dures qui parsèment ce premier opus. Exigeantes pour le lecteur, elles laissent parfois une impression de flou quant à ce qu’il se passe exactement, ce qui va justement à l’encontre de l’effet que le mangaka cherche à produire. Un bon exemple de ces quelques errements est le combat contre les wumba. Gageons cependant que ce menu inconvénient s’effacera avec le temps. Après tout, lorsque les rixes s’avèrent un peu moins intenses, la clarté de l’action prend immédiatement le dessus.

En somme, Stravaganza se veut d’emblée original, divertissant et riche. Il aura pour particularité d’utiliser un ton plus léger et grivois à certaines occasions auquel le lecteur devra adhérer ou non. Pour notre part, on aura été séduit par l’esprit de la série et par l’univers spécial et original qui en découle. Maintenant il ne nous reste plus qu’à savoir si l’œuvre confirmera ses bonnes bases et dans quel sens l’intrigue ira. Affaire à suivre.


Critique 3 : L'avis du chroniqueur
titali

16 20
Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Alphonse

13.5 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs