City Hunter - Spin-off: La vie pas si paisible d'Umibozu Vol.1 : Critiques

City Hunter Gaiden: Hayato Ijuin Shi no Heion Naranu Nichijô

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 30 Avril 2025

De par son statut de série cultissime et sa galerie de personnages hauts en couleurs et inoubliables, City Hunter de Tsukasa Hojo est typiquement le genre de manga qui traverse sans difficulté les âges et les générations (comme le prouvent encore les derniers films d'animation en date qui ont modernisé le cadre de l'oeuvre) qui peuvent être un terreau fertile pour divers spin-off et autres dérivés plus ou moins réussis, un bon exemple étant City Hunter Rebirth aux éditions Ki-oon qui, sur la base d'un concept inspiré de l'isekai, alterne entre phases sympathiques et passages parfaitement insipides. Panini étant l'éditeur de la série-mère en France, il n'y a rien d'étonnant à le voir lui aussi se pencher sur ces spin-off avec le lancement, en cette toute fin de mois d'avril, de City Hunter : La vie pas si paisible d'Umibozu, une série achevée en cinq volumes et qui, comme nous allons le voir, va pas mal nous éloigner des dangereuses missions de Ryo Saeba.

De Ryo, on n'entendra même parler qu'une fois dans le premier tome de cette oeuvre qui se centre sur le quotidien de notre cher Umibozu et de sa bien-aimée Miki en tant que dirigeants du café Cat's Eye au milieu des gratte-ciels de Shinjuku. Le contexte autour d'eux a beau avoir été modernisés avec une quartier qui a évolué ainsi que l'apparition des smartphones ou encore des réseaux sociaux, nos héros, eux, ne semblent pas changer et continuent sans faillir d'accueillir les clients... voire de les aider à résoudre leurs petits problèmes ! Des lycéennes qui pour la fête de leur établissement doivent recréer une discothèque de l'époque de la bulle économique (donnant lieu à un premier chapitre parfait pour faire la transition entre les années 80 de City Hunter et le présent de ce spin-off), une fillette à la recherche d'un chat errant pour lequel elle s'est prise d'affection, une policière tourmentée, une amie manipulée par un hôte, une adolescente qu'il faut discrètement surveiller... Telles sont les petites "missions" qui attendent Umibozu mais aussi Miki entre deux tasses de café.

Ici, la recette est on ne peut plus simple: au fil de ce premier tome d'un petit peu plus de 150 pages, chacun des cinq chapitres équivaut à une nouvelle petite affaire qui est très simple et sans prétention et qui permet d'explorer un peu plus l'autre facette d'Umibozu, ce grand costaud qui cache bien souvent un petit coeur tout tendre derrière ses allures de gros dur. L'un des buts affichés est clairement de jouer sur ce contraste, et tout a été étudié dans ce sens: non seulement l'oeuvre fut prépubliée au Japon entre 2018 et 2021 dans la revue numérique Comic Tatan de l'éditeur Coamix qui se destine essentiellement aux femmes adultes (on a pu y voir passer les séries Dans l'ombre de Creamy ou encore Mobuko no Koi, entre autres), mais en plus sa partie visuelle a été confiée à Est Em (ou Esutoemu), prolifique artiste qui officie beaucoup dans le josie et le boy's love depuis ses débuts il y a une vingtaine d'années et qui n'était jusque-là connue en France que pour le très joli one-shot Tango (sorti aux éditions H en 2010).

Concrètement, cela donne lieu à un style graphique qui demandera éventuellement à une partie des fans de City Hunter de s'habituer, car nous sommes assez loin ici du travail visuel de Tsukasa Hojo: à travers son assez élégante finesse de trait et sa part d'épure, Est Em amène une sensibilité différente, plus "féminine" (même si dire ça est plutôt cliché), et cela colle bien à la part elle-même plus sensible et douce que l'on connaît chez ce cher Umibozu. Mais cela ne veut pas dire pour autant que la dessinatrice dénature l'oeuvre d'origine, bien au contraire: elle sait se réapproprier cet univers sans trahir son propre style graphique, comme en témoignent plein de détail: l'allure immédiatement reconnaissable car ci iconique d'Umibozu, le portrait effectué de Shinjuku en tant que jungle urbaine où chacun(e) peut néanmoins trouver une place, l'évocation de personnages incontournables de City Hunter comme Saeko et bien sûr Ryo et Kaori, les clins d'oeil aux traits de caractère d'Umibozu (comme sa peur des chats, ou ses adorables rougissements quand sa bien-aimée le complimente) et de Miki (capable de piquer de grosses colères derrière sa douceur)...

Il y a alors de quoi se laisser avoir par cette plutôt agréable lecture. Sans afficher d'énormes ambitions, Est Em se réapproprie de manière assez efficace une certaine facette de l'oeuvre d'origine pour offrir une approche différente de l'univers imaginé par Tsukasa Hojo, facette qui a un charme différent du City hunter que l'on connaît mais qui a, justement, du charme malgré tout.

Côté édition française, enfin, la copie est convaincante pour cet ouvrage en grand format: la jaquette reste proche de l'originale japonaise tout en se parant d'un logo-titre reprenant la typo iconique de City Hunter et d'éléments rehaussés de vernis sélectif (dont les emblématiques lunettes noires d'Umibozu), le papier est à la fois souple, plutôt épais et assez opaque, l'impression est très correcte, la traduction de Xavière Daumarie est claire, et le lettrage effectué par Lara Iacucci est propre.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.5 20
Note de la rédaction