Sangsues Vol.5 - Actualité manga

Sangsues Vol.5 : Critiques

hiru

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 01 Avril 2016

Quand on compare les couvertures françaises de Sangsues conçues par Sakka/Casterman (les jaquettes japonaises sont différentes), on peut se dire que l'éditeur a bien joué son coup, car rien qu'en comparant les illustrations choisies pour le premier et le dernier volume de la série, on ne peut que constater tout le changement qui s'est opéré en Yoko. De jeune fille au regard hésitant et perdu qui semble se laisser ballotter par la vie et la société sur le premier tome, elle est passée sur le dernier volume à demoiselle plus vive et vivante, dotée d'un regard presque inquiétant et, surtout déterminé. Cette détermination, c'est celle de retrouver et sauver Kara, la "karapace vide", ou plus précisément Tsukinuma. Et en cherchant à sauver ce jeune homme dont elle s'est éprise, c'est elle-même qu'elle risque fort de sauver également. Mais sur sa route et celle de Tsukinuma, se dressent toujours de dangereux ennemis.

Dans le précédent volume, nous laissions Yoko en fâcheuse posture, en position de faiblesse face à Billy, l'un des gars de la bande de Tetsu. Mais quand Billy téléphone à son chef et que tombe l'information selon laquelle Makoto est au bord de la mort, touchée par des flèches d'arbalète, la jeune fille se métamorphose, comme le laissent efficacement voir les quelques planches de début de tome, ponctuées d'une mise en scène à l'impact fort où l'on retient le regard rond et complètement noir de la demoiselle dans un saisissant effet de zoom. A partir de là, la "nouvelle" Yoko nous régalera jusqu'au bout. Que ce soit en pistant Billy, en découvrant l'identité réelle de la sangsue aux cheveux rouges que traquait Kara, ou en se confrontant une ultime fois au violent Tetris, rien n'entachera sa volonté nouvelle, au fil d'une dernière ligne droite où les angles de vue, les aplats de noir, les contrastes noir/blanc et les décors urbains de Daisuke Imai font des merveilles.

Concrètement, il reste les quelques petites facilités typiques de l'auteur. Et une nouvelle fois, celles-ci concernent essentiellement le policier Satô, personnage qui pourra d'ailleurs apparaître un brin sous-exploité. Mais pour le reste, c'est quasiment du tout bon : entre arrivée des dernières révélations aussi concises que suffisantes et gestion habile des rebondissements, pas le temps de s'ennuyer dans le final de ce glaçant thriller urbain. Mais ce que l'on y retient surtout, c'est l'efficace portrait de ces personnages véhiculant discrètement des maux bien présents de l'étouffante société: la solitude de Nanashi, le sentiment d'abandon de Tetris, l'aspect vide d'un Tsukinuma ayant perdu confiance en lui et s'étant dès lors rabattu sur d'autres personnes qu'il suivait sans plus chercher à penser par lui-même... Il peut être extrêmement difficile de trouver sa place et de s'intégrer en société sans se sentir de trop ou sans aliéner sa pensée, et les sangsues de la série ne sont alors simplement que des exemples de personnes marginales, n'entrant pas dans le moule ou n'ayant pas pu y entrer. A l'image d'autres personnages de la série, Yoko faisait partie de ces laissés pour compte. Mais au fil de la série, au contact de Tsukinuma, de ses parents qu'elle a observés, et de bien d'autres personnages, elle a appris à gagner en volonté, à affronter la vie en face et à se faire entendre, au point de bouleverser quelque peu le monde des sangsues.

Au bout du compte, difficile de reprocher réellement quoi que ce soit à ce final visuellement fort, où Imai concrétise sans rallonge son petit portrait de société tout en offrant un divertissement qui fait le job jusqu'au bout sans s'égarer.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs